Voici une sélection, ce 31 octobre 2025, des propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France à propos de la nomination du gouvernement puis de la démission du premier ministre.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Discours lors de l’évènement sur l’intégrité de l’information
dans le cadre du Forum de Paris sur la paix] Je voudrais juste en deux mots revenir à la source, parce que tout ça naît
en 2018 d'une initiative et d'un processus politique qui a été initié au Forum
de Paris sur la paix. Et c'est l'initiative de Reporters sans frontières qui
avait lancé un appel à la communauté internationale pour réaffirmer les
principes fondamentaux d'un espace global de l'information et de la
communication. Et 12 États avaient signé alors une déclaration d'engagement.
C'était en 2018. Et en le disant, je pense beaucoup à Christophe Deloire, à qui
tout ça doit beaucoup et qui a été un artisan très courageux pendant toutes ces
années de ces initiatives. Trois ans plus tard, en 2021, c'est à nouveau au
Forum de Paris sur la paix que nous avons vu naître le Fonds international pour
les médias d'intérêt public, qui est le bras armé de cette coalition. Et je
salue les coprésidents, Maria pour son investissement, Marc et toute l'équipe,
qui ont fait un travail remarquable pour que tout cela avance, et au fond,
qu'on bâtisse des choses extrêmement solides. C'est des coalitions d'acteurs
étatiques, mais aussi d'ONG, de journalistes, d'institutionnels, d'académiques,
qui permettent de donner une substance à ce pacte international sur
l'information et la démocratie, qui ont mis en place la défense de médias
indépendants, un processus de labellisation totalement unique. Et en 2018,
c'était un grand mot, parce que quand des dirigeants vous parlent de vérité,
ayez peur parce qu'à la première seconde, on va vous dire : Quelle
vérité ? La tienne ? Et donc c'est par une maïeutique qui est
justement celle qui consiste à avoir des professionnels indépendants qui vont
chercher la vérité, se confronter à d'autres dans un cadre qui garantit leur
indépendance et la transparence de ces débats que la vérité émerge. Mais elle
ne peut pas venir de gouvernants.
Et c'était toute la difficulté de cette initiative de se dire : nous, on
veut soutenir quelque chose, mais qui ne soit pas fait par nous, qui ne peut
pas être fait par nous. Et c'est la force de cette coalition, et c'est
exactement l'ADN du Forum de Paris sur la Paix, qui est une approche d'acteurs
multiples. Et donc ces mécanismes de coordination qui sont mis en place sont
très précieux, permettent de promouvoir des médias d'intérêt public, des
plateformes d'intérêt public, de la mobilisation que j'évoquais, et je veux ici
vous dire que la France renouvelle son soutien à l'IFPIM avec une nouvelle
contribution de 10 millions d'euros.
Mais au-delà de ça, tout ce qui a été dit par mes collègues et ce que je dis
là, au fond, c'est qu'on vit une crise multiple. D'abord, il y a encore un
énorme travail pour avoir des médias d'intérêt public et des médias
indépendants dans beaucoup de pays. C'est un combat pour que la démocratie
puisse exister. Ensuite, on a un deuxième problème, c'est que dans les médias
où ça a existé, on est confrontés, et Edi Rama le disait très bien, à un
processus que je qualifierais un processus de dégénérescence. Je vais y
revenir. Et en plus de ça, on est confrontés maintenant à un processus
d'ingérence qui vient de pays tiers. Et c'est cette bataille, cette triple
bataille qu'il faut mener et que, précisément, cette coalition d'acteurs permet
d'avoir. D'abord, on a besoin de continuer dans tous les pays où il n'y a pas
une infrastructure informationnelle libre et indépendante à la bâtir. Ça, c'est
notre première mission et c'est un des rôles de l'IFPIM, notre coalition, donc
d'aider et d'accompagner.
C'est très complémentaire du travail que fait Achille, qui est aussi
indépendant, avec une fondation qui pense, qui aide les oppositions, etc., et
qu'on détache des États, et donc de toute ingérence qu'on pourrait avoir. Parce
qu'on le sait bien, on ne peut pas forger une opinion libre et donc voter
librement, si on ne sait pas forger une relation aux faits, à l'offre politique
qui est là et qui soit non manipulée.
Donc, les médias jouent ce rôle, les médias libres et indépendants jouent ce
rôle essentiel. La difficulté, c'est que dans des pays comme les nôtres, on
avait l'impression que c'était maintenant une conquête de nos républiques
successives, que c'était formidable, qu'on l'avait acquis, nos concitoyens
étaient très bien informés, c'était libre, les médias étaient indépendants, on
l'avait garanti par des lois, l'apprentissage, la sédimentation de tant de
décennies. Patatra, ce n'est plus le cas ! Et ce n'est plus le cas, pas de
la faute des médias, ni d'abord celle des gouvernements, on a tous été
collectivement trop naïfs. C'est qu'on a laissé nos infrastructures
informationnelles et donc politiques se déplacer. Quand on a des enfants qui
sont exposés 4h40 par jour aux réseaux sociaux, quand on a les moins de 40 ans
qui s'informent très majoritairement sur les réseaux sociaux et de plus en
plus, quand on a ce temps d'exposition qui s'est accru pendant la période covid
et après, quand on a depuis deux ans maintenant l'IA générative qui arrive dans
nos démocraties. On ne peut pas faire comme si tout ça n'avait pas totalement
changé, parce que les gens qui nous informent, par lesquels on s'informe, ne
sont pas des médias libres et indépendants. Et la confusion est là. Et ce n'est
pas parce qu'on va chercher l'information par ces réseaux, qu'ils soient
TikTok, X, Instagram ou autres, qu'il n'y a pas un énorme problème à la clé,
c'est que ces gens n'ont pas sélectionné l'information comme des médias. Ils ne
l'ont pas vérifiée comme des journalistes. Mais surtout, ils n'ont aucune
responsabilité quant à cette information qu'ils me donnent et ils ne sont pas
faits pour partager de l'information. Et notre bêtise est là. C'est-à-dire que
ce sont des plateformes qui sont faites pour vendre de la publicité
individualisée.
C'est comme ça qu'ils gagnent de l'argent. Ils ne gagnent pas en vendant un
numéro de journal ou un abonnement. Ils vendent de la publicité individualisée.
Ce n'est pas un crime. Juste, c'est l'inverse de l'information. Et pour bien
vendre la publicité individualisée, ils doivent accumuler des données sur les
gens, et les vendre avec un consentement approximatif à des tiers qui vont
payer très cher, cette publicité, des annonceurs, mais surtout, ils sont mus
par un processus qui est de créer l'excitation maximale, qui créera le maximum
de trafic pour maximiser leur page de pub. Et donc, tout l'ordre de mérite qui
fondait nos démocraties, un rapport à l'argumentation, la vérité, est
complètement mis en l'air, puisque l'argumentation est moins forte que
l'émotion, et l'émotion négative est plus forte que l'émotion positive, puisque
c'est elle qui crée le plus d'excitation.
Donc ils maximisent l'efficacité économique du modèle tel qu'il est conçu.
C'est exactement ça. Et ça, c'est un processus de dégénérescence démocratique.
On a fait n'importe quoi, parce qu'on a totalement tort d'aller s'informer
là-dessus. Et c'est ce qui fait qu'aujourd'hui, on a des scientifiques
indépendants qui montrent qu'un jeune Français qui crée un compte TikTok sans
aucune caractérisation, qui tape le mot « Islam », au bout du troisième contenu
qui lui sera soumis, sera exposé à un contenu salafiste. C'est ce qui fait que
je vous défie, ouvrez aujourd'hui X en France avec un contenu libre, si vous ne
tombez pas immédiatement sur des contenus d'extrême droite, c'est que vous êtes
mal organisés, et des contenus d'extrême droite français ou du monde
entier.
Et de toute façon, ces plateformes ont décidé de rompre la neutralité
informationnelle puisque le possesseur de celle-ci s'est engagé dans le combat
démocratique et l'international réactionnaire. Donc ce ne sont plus des lieux
où on peut s'informer. Et donc on a besoin de rebâtir des anticorps
démocratiques exactement comme on l'a fait pour ce qui est de la France au XIXe
siècle face à la presse. Parce qu'à l'époque, on avait une presse qui
s'achetait très bien, mais il n'y avait pas de déontologie, il n'y avait pas de
responsabilité des éditeurs de presse, il n'y avait pas de profession qui
s'était organisée. Et donc, on doit reprendre le contrôle de notre vie
démocratique et informationnelle en régulant, et ça a été très bien dit, il ne
peut pas y avoir de l'anonymat pour tout le monde et pas de responsabilité. Il
doit y avoir une responsabilité. On l'a mis dans la directive des services, la
DSA. Il y a des contentieux qui existent face à Google, ça fait deux ans. On
est terriblement lent, donc on est inefficace et pas crédible. Derrière, on
veut la liberté, mais on ne veut pas la liberté pour des gens qui n'existent
pas. C'était très bien dit.
Les bots, les faux comptes devraient être interdits. Et si une plateforme ne
nous garantit pas qu'elle supprime ces faux comptes, elle doit être interdite
elle-même. Et on doit absolument avoir la transparence sur les algorithmes pour
voir s'il y a des biais, ils doivent être partagés. Et ce qu'on a fait
d'ailleurs avec la fondation Current AI, qui est une fondation d'intérêt public
qui complète totalement vos travaux, c'est de pouvoir avoir des tiers de
confiance qui challenge tout ça.
Aujourd'hui, dans nos démocraties, on n'a pas besoin d'aller chercher
d'ingérence, par ce processus de dégénérescence, notre système d'information ne
fonctionne plus. Et il crée mécaniquement un rapport à la vérité qui s'est
complètement diverti parce qu'on a du complotisme qui s'installe, parce qu'il
crée de l'émotion négative et il prend le dessus. Et donc, c'est un rapport à
la science, à la vérité scientifique. Et qu'il s'agisse de la santé ou du
climat, comme tu as très bien dit, on a des taux de confiance qui sont en train
de s'effondrer. Et donc, on a une inefficacité de l'action publique qui est en
train de s'effondrer.
Aujourd'hui, en France, les politiques vaccinales que nous avons à l'égard des
jeunes collégiens, nous inspirant d'ailleurs du modèle australien pour le
papillomavirus, le taux d'adhésion en deux ans a reculé parce que les contenus
complotistes sont diffusés partout sur ces plateformes. Grande chance que nous
n'ayons pas eu ce niveau de désinformation au moment du covid, mais ça
reviendra. Et donc le rapport à la science, le rapport au climat, pareil, est
en train de s'effondrer sur la base de fake news et donc la possibilité même
d'agir politiquement est dramatique.
C'est pourquoi, dans nos démocraties, on a un besoin vital de remettre de la
régulation et donc de réguler, d'avoir de la transparence, d'interdire ces faux
comptes, etc., d'avoir la transparence de l'algorithme, ou d'interdire les
plateformes qui ne nous la fournissent pas, et d'être beaucoup plus efficaces
et beaucoup plus vigoureux. Mais à côté de cette régulation, d'avoir de
l'innovation, et donc de permettre à des acteurs d'intérêt public, comme
l'IFPIM, comme notre coalition a des fondations libres, d'offrir des
infrastructures libres, garanties comme étant libres, et de garantir aussi
qu'on a un modèle économique qui est viable, qu'on a des infrastructures qui
garantissent cela, et un processus de labellisation indépendant qui n'est pas
dans la main des gouvernements, mais qui est un processus entre pairs avec des
gens indépendants qui garantit l'intégrité des informations, mais je dirais
aussi l'intégrité de l'infrastructure qui fournit cette information.
Enfin, le dernier point, c'est sur l'ingérence. Je le disais, ça a été très
bien rappelé par Madame la Présidente Maia Sandu, ça aurait pu être rappelé par
le Président de Roumanie, deux pays qui ont eu des processus électoraux
récents. Quand on a un système qui a tellement dégénéré et qui n'a pas
construit ses propres anticorps ou sa propre régulation, il peut être perforé
très facilement par tous les régimes autoritaires de la Terre. Et c'est
aujourd'hui ce qui est en train de se passer. Parce qu'en fait, aujourd'hui,
c'est très simple, et on a une complicité de deux choses qu'on pensait
impossibles. Le meilleur du capitalisme débridé avec l'héritier illégitime du
communisme. Aujourd'hui, les plus gros acheteurs de faux comptes de X et
compagnie, ce sont les Russes, pour venir déstabiliser les démocraties
européennes. Formidable cocktail ! Et nous, on est au milieu de tout ça.
Alors, on a créé des instruments, on fait retirer les contenus à la main, à la
pince à épiler, et on court après. Mais la mécanique est passée en
surmultiplié. On est dans l'ingérence sous stéroïde.
Ce qui a été fait en Roumanie à cet égard est terrifiant, avec une stratégie
d'aller chercher des verticaux, de créer des faux comptes, de créer des faux
contenus, de créer des faux médias sur la médecine parallèle, ou la religion.
De créer, du coup, après, des candidats qu'ils ont pluggés là-dessus et qui ont
créé ce cercle vicieux entre de l'IA, des réseaux sociaux et des systèmes
d'information complètement fabriqués. Et ça crée de la viralité et donc de
l'adhésion. Et donc, pour résister à cette ingérence, on a mis en place des systèmes,
VIGINUM. On essaie d'aider, mais on doit absolument mettre en place des
systèmes qui, dans la vie de nos démocraties, mais surtout au moment des
élections, garantissent l'intégrité de nos processus électoraux. Et ça, c'est
pourquoi l'IFPIM et la Fondation jouent un rôle très important, parce que c'est
exactement le rôle des journalistes. Et c'est à eux qu'on doit redonner le cœur
de cette vie démocratique. Mais ça veut dire qu'il faut le sortir de
plateformes qui acceptent de se faire payer par des tiers quand elles sont, y
compris des puissances étrangères qui veulent mettre en l'air l'intégrité de
nos processus démocratiques et qui viennent s'ingérer.
Voilà, je ne veux pas être plus long, mais je veux ici vous dire que nous, on
va porter un agenda beaucoup plus puissant de protection et de régulation en
Europe. Ce n'est pas un agenda qui est hostile à l'innovation. Je crois très
profondément dans l'innovation, mais je ne crois pas une seule seconde dans
l'innovation qui est au service des lumières noires. Et c'est exactement le
projet qui est à l'œuvre aujourd'hui. Et ce rapprochement
idéologico-technologique, on aurait tort de ne pas le voir. On est à un moment
où il y a des acteurs technologiques qui ne sont plus dans une situation de
neutralité politique. C'est leur droit, ce sont des chefs d'entreprise. Mais
nous, on n'a pas le droit d'utiliser leurs entreprises et leurs réseaux pour
céder à rien le cerveau de nos enfants, les émotions de nos adolescents et
l'avenir de nos démocraties. Et donc, c'est le cœur de cette bataille. C'est un
agenda, vous l'avez compris, de régulation qu'on va porter, de plus grande
efficacité de cette régulation, mais c'est aussi un agenda d'innovation de la
société civile et de son accompagnement. Et c'est en ça que, justement, votre
conférence sur l'intégrité informationnelle et les médias indépendants est
essentielle, parce que ce sont les tiers de confiance de nos démocraties qui
garantissent ces processus.
► Sébastien Lecornu (Premier ministre)
[Nota: Nous faisons figurer
Sébastien Lecornu dans cette liste alors qu’il n’est pas centriste mais
appartient à l’aile droite de Renaissance, parti centriste/central et qu’il
s’est toujours défini comme un homme de droite; c’est à ce titre que ses propos
sont retranscrits ici et du fait qu’il a composé un gouvernement d’axe
central.]0
> L’accès aux soins reste inégal dans certains territoires, avec des
délais trop longs pour consulter un médecin. À Carentan dans la Manche,
labellisation du premier pôle France Santé : un réseau qui fédère les
structures existantes pour rapprocher les soins du quotidien et garantir un
accès à moins de 30 minutes de chez soi. Chaque pôle labellisé comptera un
médecin et une infirmière, proposera des consultations sans dépassement
d’honoraires, restera ouvert au moins 5 jours par semaine et offrira des
rendez-vous sous 48h. L’État finance ce déploiement : 130 millions d’euros
supplémentaires inscrits au projet de loi de finances de la Sécurité
sociale pour permettre de déployer France Santé, avec notamment un forfait
de 50 000 € pour chaque nouvelle structure labellisée. Avec pour objectif
d'atteindre 2000 pôles d’ici l’été 2026. Rapprocher les soins du quotidien et
garantir l’accès à la santé partout sur le territoire.
> Il est essentiel que les enveloppes de la PAC soient maintenues intégralement. Ce sera une ligne rouge majeure de la France dans les négociations à venir. Rencontre hier avec Christophe Hansen, commissaire européen à l’Agriculture, à l’occasion de l’ouverture des négociations sur le budget de l’UE. La PAC doit rester une politique commune : simplification oui, mais pour tous, sans distorsion du marché ni concurrence déloyale. Elle doit soutenir le revenu des agriculteurs, maintenir les aides couplées et les aides spécifiques aux zones de montagne et aux territoires fragiles, et répondre aux besoins de chaque filière, y compris en outre-mer. Le gouvernement restera pleinement mobilisé pour soutenir les agriculteurs face aux défis actuels — droits de douane américains, revenus incertains, renouvellement des générations et concurrence internationale — et garantir la souveraineté alimentaire de la France et de l’Europe.
► Gouvernement
● Ministres
centristes/centraux
Laurent Nunez (ministre de l’Intérieur)
> 107 femmes tuées par leur
conjoint ou ex-conjoint en 2024. C’est insupportable. Je refuse la résignation.
Je le redis : la lutte contre les féminicides est une priorité du ministère de
l’intérieur. La mobilisation des policiers et des gendarmes est totale :
formation initiale et continue à la détection et prise en charge des victimes
de violences conjugales, grille d’évaluation du danger, dispositifs téléphone
grave danger et bracelets anti-rapprochement, intervenants sociaux en
commissariat et gendarmerie, psychologues d’aide aux victimes, partenariats
avec les associations. Nous sommes sur tous les fronts, de la prévention à la
répression.
> [Intervention à
l’Assemblée] Cet examen de la proposition de loi présentée par Mme la
députée Sylvie Josserand et ses collègues du groupe du Rassemblement national
ne constitue pas une première tentative, loin de là. Le rétablissement du délit
de séjour irrégulier revient régulièrement à l’ordre du jour des débats du
Parlement, et jusque dans le débat public.
La question du rétablissement du délit de séjour irrégulier est en fait aussi
vieille que son abrogation, votée – comme cela a été rappelé à l’instant – dans le cadre de la loi du 31 décembre
2012 relative à la retenue pour vérification du droit au séjour.
Il y a la loi, mais il y a surtout l’esprit de la loi – et
je veux rappeler en quelques mots celui qui avait présidé à ce texte défendu
par le ministre de l’intérieur de l’époque.
En effet, cette abrogation est trop souvent et trop rapidement, je le crois, présentée
dans les débats comme une sorte de totem
qui aurait été, en son temps, emporté par la gauche, ou comme l’illustration de ce qui serait une dérive laxiste dans la gestion de l’immigration
irrégulière en France. Cette présentation des choses, volontairement erronée,
participe d’une volonté de polariser le débat et de le passionner ; c’est
précisément ce que je souhaiterais que nous évitions aujourd’hui.
C’est la raison pour laquelle je souhaite, pour la bonne tenue des échanges à
venir, rappeler que l’abrogation du délit de séjour irrégulier en 2012 n’a pas
découlé d’une quelconque conviction partisane mais d’une pure mise en
conformité de notre législation avec la réglementation européenne, autrement
dit du respect de l’État de droit auquel il me semble que la grande majorité
des représentants de la nation sont attachés.
Ce délit était à l’époque sanctionné d’un an d’emprisonnement et de
3 750 euros d’amende, cependant la Cour de justice de l’Union
européenne en avril 2011 puis la Cour de cassation en juillet 2012 avaient
estimé que les peines d’emprisonnement qui servaient de fondement au placement
en garde à vue d’un étranger présumé en situation irrégulière étaient
contraires aux dispositions de la directive européenne dite directive retour du
16 décembre 2008. En effet, cette directive n’autorisait la sanction
pénale qu’à titre subsidiaire, c’est-à-dire uniquement lorsqu’il avait été fait
usage, sans succès, des procédures d’éloignement.
La priorité de la procédure d’éloignement sur la judiciarisation de l’étranger
en situation irrégulière me paraît d’ailleurs toujours être la réponse à
privilégier. Il convient de rechercher la réponse administrative consistant
dans la reconduite coercitive de l’étranger en situation irrégulière avant tout
autre sanction ; j’ai la faiblesse de croire qu’il s’agit d’un principe
largement partagé dans cet hémicycle, y compris par les cosignataires de cette
proposition de loi. C’est en tout cas dans cette logique que la Cour de justice
de l’Union européenne a jugé à juste titre que la peine d’emprisonnement était
contraire à l’objectif poursuivi dans la mesure où celle-ci limitait
l’effectivité de l’éloignement et était susceptible d’allonger le délai de
retour. C’est aussi la raison pour laquelle la proposition de loi du
Rassemblement national s’en tient plus modestement à prévoir une sanction
pécuniaire pour punir le séjour irrégulier, prenant acte du fait qu’on ne peut
passer outre le droit communautaire et l’État de droit – et
c’est une bonne chose.
Bref, en 2012, l’abrogation du délit de séjour
irrégulier ne relevait pas d’un choix politique ou idéologique. C’était
une obligation qui se serait imposée à n’importe
quel gouvernement au pouvoir à l’époque. En réalité, la loi du 30 décembre
2012 aurait caractérisé une dérive laxiste grave si elle s’était contentée
d’abroger purement et simplement le délit de séjour irrégulier sans pallier le
vide opérationnel ou procédural laissé par cette nécessaire mise en conformité
de nos textes. Évidemment, il n’en fut pas ainsi, ce que nul n’ignore ici.
Tirant toutes les conséquences des décisions précitées, le gouvernement avait
naturellement prévu dans la loi l’institution d’une retenue pour vérification
de situation d’une durée maximum de seize heures, portée par la suite à
vingt-quatre heures, qui est venue se substituer à la garde à vue de l’étranger
en situation irrégulière.
Vous me pardonnerez d’avoir pris le temps de ce rappel, mais celui-ci me
semblait capital pour tenter de dépassionner les débats qui s’ouvrent et éviter
l’écueil des postures souvent manichéennes que suscite ce sujet et que, à dire
vrai, la lecture attentive de l’exposé des motifs de cette proposition de loi,
qui soutient que le délit de séjour irrégulier a été « purement et
simplement abrogé par la loi du 31 décembre 2012 […] sous la présidence de
François Hollande » pouvait me faire craindre. On est rarement dans la
vérité quand on est dans la caricature – j’essaierai
donc de l’éviter.
Après ces propos liminaires, venons-en au contenu
de la proposition de loi soumise à la
discussion de ce jour. Vous l’avez
rappelé, madame la rapporteure, son article unique,
supprimé en commission, vise à punir le séjour
irrégulier sur le territoire national de personnes
majeures d’une amende de 3 750 euros, assortie éventuellement d’une
peine complémentaire d’interdiction du territoire français d’une durée de trois
ans.
L’examen en commission de la proposition de loi, la semaine dernière, a conduit
à la suppression de cet article unique, sur la base d’amendements convergents
de plusieurs groupes politiques. Je tiens à le dire, l’exposé sommaire de
certains de ces amendements invoquait une « pénalisation croissante du
droit des étrangers », « une criminalisation des existences »,
« une course à la xénophobie » impulsée par mes prédécesseurs, ou
encore « une chasse aux étrangers ». Je le répète : on est
rarement dans la vérité quand on est dans la caricature.
Le gouvernement, par mon intermédiaire, vous propose un éclairage plus
technique de cette proposition de loi, loin, je l’espère, des postures
idéologiques. C’est le privilège d’un gouvernement technique.
Certes, l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 6 décembre
2012 admet que la directive « retour » ne s’oppose pas à une
réglementation nationale réprimant le séjour irrégulier par une peine d’amende
pouvant même être remplacée par une peine d’expulsion, dans la mesure où cette
nature de peine n’a pas pour effet collatéral – c’est extrêmement important – de retarder la procédure de
retour. Néanmoins, on éprouve une difficulté à
distinguer la réelle plus-value opérationnelle d’un
rétablissement du délit
de séjour irrégulier
sanctionné par une peine pécuniaire par rapport à la procédure
existante de retenue pour vérification du droit de circulation et de séjour qui
avait été justement créée pour remplacer la garde à vue des étrangers en
situation irrégulière.
Cette procédure, prévue par les articles L. 813-1 et suivants du code
de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda), permet
déjà de documenter les profils concernés par une prise d’empreintes et de
photographies. Une délictualisation du séjour irrégulier sans peine
d’emprisonnement ne donnerait accès à aucun des pouvoirs judiciaires coercitifs
d’identification.
L’expérience du passé démontre également que l’existence d’un tel délit n’a pas
pour effet d’accroître la pression sur les étrangers qui se maintiennent
irrégulièrement sur notre territoire, comme vous envisagez pourtant, madame la
rapporteure avec les signataires de texte.
Mon antéprédécesseur, Gérald Darmanin, l’avait déjà souligné devant le
Parlement, chiffres à l’appui : en moyenne, entre 2007 et 2012, seules
600 condamnations pour délit de séjour irrégulier ont été prononcées par
an. En réalité, le nombre d’interpellations d’étrangers en situation
irrégulière a augmenté de manière significative après la suppression de ce
délit. Je donnais ces chiffres dans l’hémicycle à l’occasion de questions au
gouvernement : en 2014, il y a eu 111 345 interpellations ;
en 2023, 123 800 ; en 2024, 147 156 et, au moment nous nous
parlons, nous en sommes déjà à 145 648 pour l’année 2025.
Dès lors, la question de la portée de la disposition que vous proposez se pose
véritablement. Dans un contexte de saturation des juridictions judiciaires, il
est évident que ces dernières ne prioriseront pas le traitement pénal de ces
affaires, compte tenu de leur caractère opérationnel très limité.
Je parle comme ministre de l’intérieur, mais aussi comme ancien professionnel
de ces sujets – j’ai été
directeur général de la sécurité intérieure
et coordinateur national du renseignement. Ce qui compte, c’est le caractère
opérationnel des choses, l’effectivité
des mesures prises. Sinon, on reste dans le symbole.
Enfin, l’effectivité d’une délictualisation sanctionnée par une peine
pécuniaire à titre principal dépend directement et immédiatement des
perspectives de recouvrement de telles amendes. Taper aux portefeuilles, c’est
une idée judicieuse et efficace en bien des matières, mais ce n’est
véritablement dissuasif que pour les délinquants solvables, petits ou gros, qui
se rémunèrent sur le dos de leur activité délictuelle.
À cet égard, je ne crois pas que le séjour irrégulier soit un fonds de commerce
particulièrement lucratif, sauf bien sûr pour ceux qui l’exploitent dans le
cadre de filières ou de réseaux – mais ce n’est
pas le débat d’aujourd’hui.
Nous connaissons des succès dans
ce domaine, avec le démantèlement de très
nombreuses filières d’immigration illégale
et de traite d’êtres humains.
Pour l’ensemble de ces raisons, le gouvernement ne
soutiendra pas ce texte dont il mesure mal l’intérêt opérationnel et l’opportunité, au-delà
de ce qui serait l’envoi d’un signal de fermeté, certes indispensable en matière d’immigration
illégale, mais en l’espèce non suivi d’effets
tangibles. Cela reviendrait, en somme, à une posture simplement démagogique,
que nous refusons d’adopter.
Pour améliorer notre dispositif de lutte contre l’immigration irrégulière, je
préfère privilégier les négociations sur le projet de règlement
« retour », poursuivant l’investissement de mon prédécesseur. Cela
nous permettrait de satisfaire les objectifs opérationnels recherchés par la
pénalisation du séjour irrégulier, en autorisant par exemple la perquisition administrative
des appareils électroniques et la prise de biométrie contrainte pour identifier
les étrangers en situation irrégulière – c’est
important. Nous y reviendrons dans la discussion : la capacité à identifier les étrangers
pour améliorer les procédures de reconduite est un véritable défi
pour les forces de l’ordre.
Voilà une perspective d’évolution de notre réglementation qui recherche clairement la
pertinence opérationnelle plutôt que les totems. Mais attention : ne pas soutenir le rétablissement du délit
de séjour irrégulier, ce n’est en aucune manière l’autoriser. Si besoin était,
je répète ce que j’ai déjà eu l’occasion de dire devant la représentation
nationale, je ferai preuve de la plus grande fermeté dans la lutte contre
l’immigration illégale, en frappant à la tête les réseaux et en démantelant
toujours plus les filières d’immigration illégale.
Cette fermeté, je la montrerai aussi dans la poursuite de la hausse des
éloignements coercitifs, qui enregistrent déjà une progression de 24 % sur
les neuf premiers mois de l’année 2025. La France est le pays de l’Union
européenne qui expulse le plus d’étrangers en situation irrégulière vers des
pays tiers. Il n’y a donc aucun totem à emporter sur la question du
rétablissement du délit de séjour irrégulier, pas plus qu’il n’y en a eu pour
son abrogation en 2012.
> Hier matin, en conseil des ministres, j’ai présenté le projet de loi sur l’extension des prérogatives, des moyens, de l’organisation et du contrôle des polices municipales et des gardes champêtres. Avec ce texte, nous renforçons la coopération entre l’Etat et les collectivités, pour un continuum de sécurité plus efficace ! Les polices municipales auront des prérogatives élargies, des moyens nouveaux et une formation renforcée.
Catherine Vautrin (ministre
des Armées et des Anciens combattants)
> En Roumanie aux côtés des forces françaises déployées dans le cadre de
la mission Aigle de l’OTAN. Près de 3 000 soldats français participent à
l’exercice Dacian Fall 2025. Partout dans le monde, nos militaires protègent la
France et nos alliés. Ils démontrent chaque jour la réactivité et la solidité
de notre engagement commun pour la sécurité de l’Europe. Je veux leur redire ma
fierté et ma gratitude.
Lors de ce déplacement et face aux menaces hybrides, la Roumanie a réaffirmé sa
confiance dans l’industrie de défense française en décidant l’acquisition de
missiles Mistral 3. Ce choix renforce la sécurité de la Roumanie, celle de
l’OTAN et celle de la France.
> Plusieurs décrets publiés aujourd’hui au Journal officiel confirment le rattrapage de rémunération promis à nos officiers. Avec ces textes, l’engagement de la Loi de programmation militaire est tenu tant sur l’ambition de la réforme que sur son calendrier. Après les militaires du rang et les sous-officiers, les officiers voient à leur tour leur carrière reconnue. Une juste reconnaissance pour celles et ceux qui servent la Nation et leurs familles.
Roland Lescure (ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et
numérique)
> La croissance française rebondit de +0,5 % au troisième trimestre de
l’année.
Il s’agit d’une performance remarquable, supérieure aux prévisions.
J'en tire une conviction profonde : malgré les soubresauts politiques et les
incertitudes internationales, nos entreprises investissent, exportent, et font
progresser le pays.
Je tiens à saluer leur engagement constant et je suis convaincu qu'elles
portent en elles la clé de notre succès collectif. L’adoption rapide d'un
budget qui préserve la confiance des entreprises et des ménages sera capitale
pour maintenir cet élan.
Jean-Noël Barrot (ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères)
> [Déclaration sur l'intégrité de l'information et les médias d'intérêt
public] Je suis particulièrement heureux que cette conférence se tienne dans le
cadre de la 8e édition du Forum de Paris sur la paix. C'est en effet dans ce
cadre que le Forum pour l'information et la démocratie et le Fonds
international pour les médias d'intérêt public ont vu le jour. J'adresse mes
remerciements au président du Forum pour l'information et la démocratie, M.
Thibaut Bruttin, ainsi qu'aux co-présidents du Fonds international, Mme Maria
Ressa, M. Mark Thompson, pour leur mobilisation au fil des années et des
derniers mois pour nous permettre d'être rassemblés ici aujourd'hui. Chers
amis, sans plus tarder, je vous propose d'ouvrir les débats. Mme Maria Ressa,
vous êtes co-présidente de l'IFPIM, co-fondatrice et PDG de Rappler, et
lauréate du prix Nobel de la paix en 2021 pour vos engagements en faveur de la
liberté d'expression. Chère Maria, la parole est à vous.
Je vais maintenant vous livrer quelques-unes de mes réflexions en rappelant les
raisons pour lesquelles le Forum de Paris sur la paix et le président de la
République ont voulu consacrer une place importante au sujet qui nous rassemble
aujourd'hui. La vérité, chacun le voit, c'est que la démocratie est aujourd'hui
en danger. Et je dirais même en danger de mort. Puisque sous les coups de
boutoir des ennemis de l'extérieur mais aussi des ennemis de l'intérieur, c'est
désormais le consentement à la démocratie qui décline dans un certain nombre de
pays du Nord comme du Sud. Et c'est évidemment pour un certain nombre d'entre
nous, pour tous les participants autour de cette table, un véritable motif de
satisfaction. Alors on peut dénoncer les attaques provenant de l'extérieur, les
attaques provenant de l'intérieur qui visent la démocratie. Mais ce faisant, on
risque de se comporter comme spectateurs plutôt que comme acteurs du
redressement de ce bien commun auquel nous sommes si profondément attachés.
Alors il faut s'interroger sur les raisons pour lesquelles nous en sommes
arrivés là. Il y a pour moi une raison fondamentale qui est que l'on a
considéré, peut-être pendant trop longtemps et par habitude, que la démocratie
repose sur un pilier qui est un homme, une voix ou une femme, une voix. En
oubliant qu'en réalité, la démocratie, pour fonctionner, repose sur deux
piliers. Le vote, auquel chacun a droit, mais qui est exercé par des citoyens
qui sont pleinement éclairés et qui sont capables de discerner. Si vous retirez
le discernement, si vous retirez la faculté donnée aux citoyens d'être
éclairés, ça n'est pas la peine de leur donner le droit de vote car ils auront
les plus grandes difficultés à l'exercer en tant que citoyens. Et comme nous
avons oublié l'importance de ce second pilier, nous avons sous nos yeux laissé
le débat public, l'espace de la concorde civique ou l'espace où se soldent les
désaccords, être délocalisé sur des grandes plateformes de réseaux sociaux dont
les règles sont fixées non pas démocratiquement mais par des milliardaires,
souvent chinois ou américains, avec un certain nombre de conséquences majeures
sur la qualité du débat public lui-même. Première conséquence, l'enfermement
dans des bulles algorithmiques qui entravent la capacité des citoyens à
débattre entre eux et à solder sur la place publique leurs différends. Deuxième
conséquence majeure, ces espaces devenant le lieu où les citoyens consacrent
une partie importante de leur temps et de leur bande passante cérébrale, c'est
les journalistes qui ont été progressivement privés des ressources dont ils ont
besoin pour exercer, comme ça a été si bien dit à l'instant, pour exercer leur
mission, qui est celle d'éclairer les citoyens. Troisième conséquence, l'espace
public, au lieu d'être un lieu de rassemblement, de réunion, est devenu un
espace fragmenté, un espace fragmenté avec des failles au travers desquelles se
sont insérés ceux qui ont bien compris qu'en instillant la désinformation comme
un virus dans le débat public, ils viendraient à bout d'une manière ou d'une
autre de la démocratie.
Je veux donc dire un mot de ce virus de la désinformation qui nous pose un
problème démocratique et un problème collectif. Un virus qui se propage au sein
des démocraties et qui finit par les empêcher de fonctionner convenablement. Il
nous apparaît que pour combattre ce virus, il faut l'aborder de la même manière
qu'on le ferait d'un virus au sens littéral, au sens propre du terme : par la
détection, par le traitement et puis par les anticorps.
Par la détection d'abord, et c'est tout l'intérêt, toute l'importance de
disposer d'une presse pluraliste et indépendante, capable de détecter et de
contrer les manœuvres de désinformation qui sont déployées pour fragiliser la
démocratie. C'est l'un des sujets qui nous rassemble aujourd'hui. Ça n'exonère
pas la puissance publique de se doter aussi des moyens pour pouvoir attribuer,
pour pouvoir débusquer ces manœuvres lorsqu'elles interviennent. Il ne s'agit
pas pour la puissance publique de décider de ce qui est juste ou de ce qui est
vrai et de ce qui est faux. Ce n'est pas la question. Mais il s'agit pour la
puissance publique de pouvoir caractériser des comportements lorsqu'ils sont
inauthentiques et lorsqu'ils sont malveillants. Et c'est ce que la France a
fait sous l'impulsion du président de la République en 2021, en créant un
service interministériel dont le nom est VIGINUM et dont la vocation n'est pas
de distinguer ce qui, sur les réseaux sociaux, est vrai ou faux, mais est de
caractériser les ingérences numériques étrangères, c'est-à-dire des
comportements venant de l'étranger, manifestement inauthentiques, menés à des
fins malveillantes pour fragiliser la démocratie de l'intérieur. Et je pense
que ce modèle qui préserve l'intégrité de l'information est tout à fait
complémentaire avec l'action résolue d'une presse libre et indépendante et
d'une information pluraliste.
Après la détection vient le traitement. Il faut tenir pour responsables les
auteurs de ces actes malveillants qui veulent s'en prendre à l'intégrité de
l'information. C'est ainsi qu'au niveau européen, des régimes de sanctions ont
été mis en place à l'encontre des acteurs malveillants de la propagation
d'informations falsifiées sur le territoire de l'Union européenne. Et à titre
national, j'ai moi-même porté une loi pour la sécurisation de l'espace
numérique dans laquelle nous avons actualisé notre dispositif de répression
contre l'utilisation des hyper-trucages, des deep fakes, à des fins
malveillantes, puisque notre législation couvrait les montages, elle couvrait
les trucages, mais elle ne couvrait pas l'utilisation des deep fakes,
c'est-à-dire des hyper-trucages. Donc il y a bien sûr les auteurs malveillants
de campagnes de désinformation, mais il faut aussi tenir pour responsables ceux
qui fixent les règles des grandes plateformes de réseaux sociaux qui sont
devenues d'une certaine manière notre espace public. C'est la raison pour
laquelle en 2022, sous l'impulsion de la France, des règles européennes ont été
adoptées démocratiquement. C'est le règlement sur les services numériques, ce
que l'on appelle le DSA. Et je suis bien obligé de constater avec vous
qu'aujourd'hui, ces règles, dont l'Europe s'est dotée démocratiquement et
souverainement, ne sont pas respectées.
J'ai sous les yeux le texte du règlement sur les services numériques. Et je
vais tout de suite à l'article 28 sur la protection des mineurs en ligne :
" les fournisseurs de plateformes en ligne accessibles aux mineurs mettent
en place des mesures appropriées et proportionnées pour garantir un niveau
élevé de protection de la vie privée, de sûreté et de sécurité des mineurs sur
leurs services. " Est-ce qu'il vous apparaît, chers amis, que cette
obligation est respectée par les principales plateformes de réseaux sociaux
aujourd'hui ? La réponse est non. J'en viens à l'article 35 de ce règlement sur
les services numériques, qui prévoit que " les fournisseurs de très
grandes plateformes en ligne et de très grands moteurs de recherche en ligne
mettent en place des mesures d'atténuation raisonnables, proportionnées et
efficaces, adaptées aux risques systémiques spécifiques, tels que la diffusion
de contenu illicite par l'intermédiaire de leurs services, tel que tout effet
négatif réel ou prévisible pour l'exercice des droits fondamentaux, tel que
tout effet négatif, réel ou prévisible sur le discours civique, les processus
électoraux et la sécurité publique, enfin tel que tout effet négatif, réel ou
prévisible lié aux violences sexistes et à la protection de la santé publique.
" Est-ce qu'il vous apparaît que les grandes plateformes de réseaux
sociaux respectent cette obligation qui leur est faite par l'Union européenne ?
La réponse est non. J'en viens à l'article 40 pour rebondir sur les propos du
professeur Mbembe à l'instant : " les fournisseurs de très grandes
plateformes en ligne ou de très grands moteurs de recherche en ligne donnent
aux coordinateurs pour les services numériques ou à la Commission, à leur
demande motivée et dans un délai raisonnable, l'accès aux données nécessaires
pour contrôler et évaluer le respect du présent règlement. " Est-ce qu'il
vous apparaît que les grandes plateformes de réseaux sociaux ou les grands
moteurs de recherche donnent aujourd'hui l'accès nécessaire aux chercheurs pour
évaluer l'impact de leurs algorithmes ? La réponse est non.
Alors quelle doit être la réponse à la réponse ? La réponse à la réponse se
situe à l'article 51 de ce règlement. Ce sont des sanctions qui peuvent aller
jusqu'à des amendes jusqu'à 6% du chiffre d'affaires et en cas de manquement
répété à des restrictions d'accès sur le territoire européen. Et je le dis,
notre collègue commissaire européenne n'est peut-être pas encore arrivée, mais
je le dis, soit la Commission européenne prononce ses amendes après deux années
d'enquête sur certaines de ses plateformes de réseaux sociaux, sans quoi il
faut qu'elle restitue aux États membres de l'Union européenne la capacité de
prononcer ses amendes. Je vais même aller plus loin et je sais que le président
de la République s'exprimera en ce sens, je pense que ce règlement n'est
désormais plus suffisant et qu'il nous faudra sans doute, en vertu du principe
de précaution, envisager très sérieusement de restreindre l'accès des plus
jeunes aux réseaux sociaux tant qu'ils n'auront pas fait le travail nécessaire
pour que pendant cette période de la jeunesse où se forge la capacité de
discernement des futurs citoyens, ils voient leur capacité d'attention aspirée
par des plateformes dont la vocation est essentiellement d'engranger des
recettes publicitaires.
La détection, le traitement par la loi et les règlements et puis les anticorps.
Les anticorps, c'est le développement de la capacité de discernement. Nous
avons mis en place il y a deux ans en France, un module de formation pour les
élèves de 6e aux alentours de 13-14 ans pour les familiariser avec tous les
pièges qu'ils vont pouvoir rencontrer au moment où ils font leur entrée dans
l'espace numérique. Et puis bien sûr, les anticorps, c'est également la JTI
[Journalism Trust Initiative] qui permet de revaloriser les médias fiables,
pluralistes et indépendants. Je me félicite que ces travaux menés par Reporters
sans frontières aient été embarqués par Microsoft dans son moteur de recherche
pour valoriser, mieux qu'elle ne l'était auparavant, l'information fiable.
J'en viens à ce que nous pouvons faire ensemble aujourd'hui avec deux éléments
que je voulais partager avec vous. D'abord, c'est notre soutien collectif au
Fonds international pour les médias d'intérêt public parce que l'action de ce
fonds a montré ses pleins effets depuis 2022. Les 62 millions d'euros qui y ont
été consacrés ont permis à 100 médias dans 30 pays de résister en quelque sorte
à la poussée des désinformateurs, des ingénieurs du chaos qui, en Ukraine, en
Moldavie et dans d'autres pays, ont voulu, je dirais, peser sur les décisions
de peuples souverains, manipuler les élections, voire même conduire, comme ça a
pu être le cas en Roumanie, à leur annulation. Aujourd'hui, c'est 100 millions
d'euros qui sont nécessaires. La France y prendra toute sa part, le président
de la République y reviendra tout à l'heure. Et la France rejoindra le comité
consultatif aux côtés de quatre membres, le Brésil, le Chili, le Portugal et le
Luxembourg, que je remercie de leur participation. Donc c'est le Fonds international
qu'il nous faut soutenir.
Deuxièmement, c'est cette coalition de nations engagée sur le fondement d'une
déclaration politique que nous sommes en train d'adopter collectivement, qui
rappelle quelques principes simples : l'importance d'une information fiable,
pluraliste et indépendante comme un bien public, la nécessité de lui apporter
un soutien public, les menaces à l'intégrité de l'information qui représentent
un enjeu de sécurité nationale et collective, l'importance des coalitions et de
la collaboration multi-acteurs et multilatérale, et l'importance du Fonds
international pour les médias d'intérêt public.
Je veux remercier les 28 pays qui ont d'ores et déjà rejoint cette coalition de
nations engagées, l'Albanie, l'Arménie, dont je salue le Ministre des affaires
étrangères, l'Australie, l'Autriche, le Brésil, le Chili, la Croatie, le
Danemark, l'Estonie, la France, le Ghana, Monsieur le Ministre des affaires
étrangères, la Grèce, la Lettonie, Madame la Ministre des affaires étrangères,
la Lituanie, le Luxembourg, Malte, représentée également par son Ministre, la
Moldavie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, Sierra Leone,
l'Espagne, la Suisse, l'Ukraine, le Royaume-Uni, l'Uruguay et la Bulgarie.
J'espère que d'ici la fin de notre réunion, nous aurons amassé de nouvelles
signatures pour arriver à une coalition d'au moins 30 pays parce que nous en
avons besoin. Je le redis, le virus de la désinformation fait peser une menace
existentielle pour la démocratie et c'est notre responsabilité, notre devoir
vis-à-vis des générations qui nous ont précédées, qui ont ouvert la voie à ce
que nous puissions tirer les pleins bénéfices de la démocratie. Nous le devons
aux générations à venir et je crois que nous le devons à nous-mêmes.
> La Russie de Vladimir Poutine ces dernières années a failli à tous ses devoirs parce qu'elle a détourné la responsabilité que lui ont confiée les nations du monde il y a 80 ans au profit d'une aventure coloniale et impérialiste.
> Depuis mille jours, la Russie n’a réussi à conquérir qu’1 % du territoire ukrainien. Il faut être lucide. Vladimir Poutine est en échec, militairement, économiquement et politiquement.
> Les Européens ont décidé, dans le cadre de l’OTAN, de relever leur niveau de dépense militaire » et que « l’Union européenne consacre désormais 125 milliards d’euros à la défense.
> L'objectif pour les Européens aujourd'hui, c'est de rétablir la dissuasion, c'est-à-dire rétablir le bon niveau de défense pour écarter les menaces.
> C’est au Quai d’Orsay qu’a été initiée la construction européenne. Unis, nous étions plus forts, et cela nous a garanti huit décennies de paix. Nous ne nous laisserons pas intimider.
> [Algérie] Nous avons marqué à de nombreuses reprises notre disposition à un dialogue exigeant sur les sujets qui touchent à l’intérêt de la France et des Français. Pour un dialogue, il faut être deux, et pour l’instant, nous n’avons pas eu de répondant. Nos intérêts restent les mêmes : la libération de nos compatriotes, la reprise d'une coopération exigeante sur le plan migratoire, la coopération en matière sécuritaire, et puis sans doute les questions diplomatiques et consulaires.
> Les Etats-Unis se sont affranchis des règles du droit international, du droit de la mer dans une zone « où la France est présente.
> Le droit international, ce n’est pas du procéduralisme, c’est ce qui évite que s’engagent des escalades dont on ne sait pas jusqu’où elles peuvent aller.
> [Proche-Orient] La France veut que le plan de paix soit une réussite. (…) Nous travaillons en ce moment même, aux Nations Unies, avec les équipes américaines, pour que le mandat soit donné à une force internationale de stabilisation qui va permettre de sécuriser Gaza.
> La fonction présidentielle est la clef de voûte de la Ve République, elle doit donc être préservée. S'en prendre à elle, c'est prendre le risque de créer une instabilité qui nous affaiblirait.
> Avec le Togo, nous réunissons la communauté internationale à Paris autour d’une des pires crises humanitaires du monde : la situation dans la région des Grands Lacs. Ensemble, nous avons récolté plus de 1,5 milliard d’euros pour les populations civiles sur place. Nous poursuivrons nos efforts.
> Dans un monde traversé par les crises, la région des Grands Lacs peut devenir un symbole de résilience. Mais la paix n’est jamais un miracle : elle est le fruit du courage, de la constance et du respect de la parole donnée. Alors dépassons-nous, engageons-nous ensemble.
> L’action climatique n’est pas un motif de division, mais un levier de paix et de stabilité. En 2015, nous avons prouvé que la diplomatie pouvait porter l’espoir. En 2025, nous devons prouver qu’elle tient ses promesses.
Stéphanie Rist (ministre
de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées)
> [Intervention à l’Assemblée] En
cette Journée mondiale de lutte contre l’accident vasculaire cérébral. Il
s’agit d’un enjeu de santé publique majeur : chaque année,
120 000 personnes en sont atteintes et 30 000 en meurent. C’est
la première cause de mortalité chez la femme et de handicap moteur non
traumatique dans la population générale.
Face à cette maladie, il importe d’abord de renforcer la prévention. Chacun
d’entre nous doit connaître les signaux d’alerte : une bouche qui se
déforme, des troubles de la parole, un côté du corps qui marche moins bien, des
céphalées brutales. Il ne faut alors pas hésiter à appeler le 15 : cela
sauve des vies.
De plus, la détection des facteurs de risque doit être améliorée. Je pense
notamment à l’application du dispositif Mon bilan prévention, destiné aux
personnes qui ont entre 40 et 50 ans, et aux mesures de sensibilisation à
l’hypertension artérielle, dont le traitement en amont permet d’éviter
l’accident vasculaire cérébral.
Ensuite, l’offre de soins a été structurée en 140 unités neurovasculaires,
réparties sur le territoire national et soutenues par la télémédecine.
Malheureusement, cette réponse n’est pas suffisante. La Cour des comptes l’a
redit dans son rapport sur la prévention et la prise en charge des accidents
vasculaires cérébraux : une personne détectée sur deux n’est pas
hospitalisée dans une unité neurovasculaire.
Nous devons nous améliorer : c’est un engagement que je prends. Cela
passera notamment par le déploiement des maisons France santé, que le premier
ministre présentera dans les prochains jours : elles permettront de
rapprocher les citoyens de l’offre de soins sur tout le territoire.
Amélie de Montchalin (ministre
de l’Action et des Comptes publics)
> [Taxe Zucman] Quand le premier
contribuable de cet impôt paierait plus d'un milliard, qui pense que cette
personne ne prendrait pas le TGV, le Thalys ou l'Eurostar pour juste
s'installer de l'autre côté de la frontière ?
> On ne peut pas dire que depuis 2017, nous aurions eu une explosion des inégalités patrimoniales, la proportion est restée stable.
> Taxer les biens professionnels, c'est taxer une valeur fictive. Même si les entrepreneurs vendaient l'entreprise, ils n'en tireraient pas l'argent qui est exposé.
> [Intervention à
l’Assemblée] Non, le scénario n’est pas d’aller aux ordonnances. La loi
organique relative aux lois de finances (Lolf) prévoit que l’Assemblée
nationale dispose de quarante jours pour travailler sur les textes financiers,
après quoi ils sont transmis au Sénat. Or nous n’en sommes pas du tout au
quarantième jour. Aucun délai ne nous oblige à terminer nos débats demain.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale peut très bien être
examiné ; les travaux sur le PLF reprendront après, comme chaque année.
Ensuite, vous savez que le recours à une ordonnance, prévu par la Lolf, ne peut
intervenir que si le dépassement des délais est imputable au Parlement. Or rien
n’indique que vous ne travailliez pas ou qu’il y ait une quelconque difficulté
dans l’examen du texte. Les débats parlementaires sont menés de manière très
factuelle, posée et méthodique. Pourquoi, alors, parler d’une ordonnance ?
Certains cherchent un compromis et souhaitent, par leurs votes, définir ce
qu’ils jugent utile aux Français. D’autres ont voulu empêcher le débat. C’est
votre cas, puisque vous vouliez censurer le gouvernement avant même que nos
débats ne commencent ! C’est votre droit. Or le débat a lieu : nous
le poursuivons, nous menons les travaux et nous respectons les parlementaires.
Nous pouvons suspendre la séance si vous le souhaitez. Mais demander à
suspendre maintenant, alors que nous sommes prêts à travailler, prouve de façon
évidente que ceux qui ne veulent pas avancer, c’est vous.
> [Intervention à
l’Assemblée] La France veut que la justice fiscale progresse. À cette
fin, elle a créé des alliances au niveau mondial et ça, c’est efficace. Au
cours des derniers mois, nous n’avons pas cherché des petits effets ou à faire
les Don Quichotte sur Twitter, mais nous avons cherché à être efficaces.
Être efficace – vous n’en
avez pas parlé, c’est dommage –, c’est le
président de la République qui, en novembre 2021, a
permis à 140 pays de se mettre d’accord sur un impôt minimal mondial sur les
multinationales. Il rapportera cette année 500 millions dans les caisses
de l’État en espèces sonnantes et trébuchantes en application des conventions
qui existent déjà.
Certains disent que l’amendement qui a été voté hier rapporterait
25 milliards. Nous avons fait nos comptes : il va coûter à l’État,
car il ne respecte aucune convention fiscale.
Si le processus va à son terme au cours de la navette parlementaire et que la
loi est ainsi votée, il faudra remettre en question 120 conventions
fiscales, ce qui implique de se lancer dans des contentieux avec toutes les
entreprises et avec tous les pays. Cet amendement coûtera finalement plus cher
au budget de l’État qu’il ne rapportera d’argent.
Certains articles ont été appelés en priorité, mais l’article 3 sera
débattu dans les prochaines heures. Nous y travaillons. Peut-être y
parlerez-vous de chômage, d’emploi, de croissance ou d’innovation, car j’ai
étonnée que vous ne l’ayez pas fait dans votre question.
Pour nous tous ici, la fiscalité doit être justement répartie, elle doit être
proportionnée et chacun doit contribuer à la hauteur de ses moyens. Toutefois,
nous ne devons jamais être confiscatoires, ce qui serait contraire à la
Constitution, ni instituer une fiscalité qui empêcherait nos entreprises et nos
entrepreneurs d’embaucher, d’innover et d’investir parce que, sans eux, la
France n’a pas d’avenir.
> [Intervention à
l’Assemblée] Nous débattons des impôts depuis quelques jours, et nous
débattrons bientôt des dépenses. Un budget, c’est un choix collectif qui
requiert de sortir de l’incantation et d’entrer dans la décision. Pour nous
orienter dans les débats, nous avons, pour chaque sujet, une boussole : le
soutien de l’emploi et des entreprises. Vous avez cité les chefs
d’entreprise ; quelle est la majorité qui cherche à baisser les impôts
pesant sur notre production industrielle ? Nous ! La baisse de
la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises a été votée.
Quelle est la majorité qui cherche à soutenir l’investissement, la recherche et
l’innovation, comme nous y invite le prix Nobel d’économie Philippe
Aghion ? C’est nous. Cela s’appelle France 2030, soit
54 milliards d’euros d’investissement pour la recherche et pour l’avenir.
Quelle est la majorité qui se soucie du pouvoir d’achat des travailleurs et
veut faire en sorte de ne pas augmenter les impôts à tout va ? C’est nous.
Vous parlez de dépenses et d’économies. Oui, le premier ministre et le
gouvernement souhaitent travailler sur l’organisation de l’État pour le
rapprocher des citoyens. C’est ainsi que nous avons déployé France Services ou
encore France Santé pour répondre aux problèmes des Français non par des mots,
mais par des actions. Oui, nous faisons face à un déficit qui n’est pas
soutenable ; il serait bien trop coûteux de renoncer à nos choix
d’économie et de continuer à payer des créanciers, à payer un excès de dette.
C’est pourquoi le gouvernement et la majorité ont émis la proposition que tous
les ministères, hors celui de la défense, se serrent la ceinture, fassent des
efforts, réduisent leurs dépenses, pour protéger notre souveraineté et donner
le choix aux députés de demain. C’est en débattant et en travaillant que nous y
arriverons, pas en faisant peur aux Français ni en déformant la réalité par des
mensonges.
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier
ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte
contre les discriminations)
> [Salons de massage] Derrière
ces devantures, il est question de traite des êtres humains, de femmes
contraintes à des actes sexuels. Grâce à celles qui ont eu la force de parler,
la justice va passer. Mon objectif est très clair : la fermeture de 100 % de
ces lieux d’exploitation sexuelle et de prostitution. Nous ne laisserons rien
passer.
Mathieu Lefevre (ministre délégué auprès de la ministre de la Transition
écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le
climat et la nature chargé de la Transition écologique)
> Une usine sur deux qui ouvre dans notre pays est une usine verte grâce
aux efforts de réindustrialisation déployés par le président de la République.
> Le réemploi est une filière industrielle d’avenir. À Strasbourg, chez Uzage, premier centre européen du réemploi, 100 millions de contenants sont nettoyés chaque année et des dizaines d’emplois ont été créés avec le soutien de l’Ademe et de la Région grand-est. Des solutions concrètes et efficaces pour réussir la sortie du tout jetable.
Eléonore Caroit (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des affaires étrangères chargée de la Francophonie, des Partenariats
internationaux et des Français de l’étranger)
> [Taxe Zucman] Ce n'est pas en se reposant sur près de 2 000 foyers
fiscaux que vous allez résoudre le problème global".
> [Gaza] Il faut continuer d'appeler à un cessez-le-feu.
> Dans le contexte d'instabilité d'aujourd'hui, il est très important d'agir vers une désescalade.
David Amiel (ministre délégué auprès de la ministre
de l’action et des comptes publics chargé de la Fonction publique et de la Réforme
de l’État)
> La réindustrialisation ne peut pas être la variable d’ajustement de la
discussion budgétaire.
● Autres
ministres
Serge Papin (ministre des Petites et
moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir
d’achat)
> [Intervention à l’Assemblée] La
lutte contre les plateformes – Shein, Temu, Joybuy, mais aussi Amazon Haul et TikTok Shop – qui inondent notre pays de
colis bourrés de produits bas
de gamme – ce
qu’on appelle le social
shopping – est une priorité de mon ministère.
Ces plateformes ne respectent pas nos règles, ni écologiques, ni sanitaires, ni
commerciales. Leurs pratiques déloyales – c’est du
dumping – frappent de
plein fouet les commerces de centre-ville. Si les rideaux tombent définitivement, c’est en grande partie à cause d’elles. Je vous propose de mener la bataille sur deux aspects : éveiller les consciences et organiser la résistance.
Pour éveiller les consciences,
il faut sensibiliser : l’achat de produits sur ces
plateformes participe à la destruction de nos commerces et conduit à se mettre
soi-même en danger. Nous risquons d’en payer le prix plus tard, vous avez
raison de le dire.
Pour organiser la résistance, nous allons tripler les prélèvements effectués
par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression
des fraudes. Tant que les règles ne seront pas respectées, il y aura sanction.
La DGCCRF se coordonnera avec les douanes pour être plus efficace dans ses
contrôles. C’est en cours.
Enfin, et c’est sans doute le plus important, nous proposons d’instaurer une
taxe de 2 euros par article pour les petits colis. Nous souhaitons la
généraliser au niveau européen, qui est le bon niveau pour qu’elle soit
efficace.
Edouard Geffray (ministre
de l’Education nationale)
> Réussir l’École pour tous, c'est garantir la continuité des parcours
pour tous les élèves en situation de handicap. Un enjeu au coeur de mes
échanges, mercredi, avec le Conseil national consultatif des personnes
handicapées, et ce matin, avec ma collègue Charlotte Parmentier-Lecocq,
ministre déléguée chargée de l'Autonomie et des Personnes handicapées.
Un enjeu au cœur de mes échanges, mercredi, avec le Conseil national
consultatif des personnes handicapées, et ce matin, avec ma collègue Charlotte
Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l'Autonomie et des Personnes
handicapées.
Pour y parvenir, nous avons plusieurs axes de travail, notamment le
renforcement des liens entre les équipes de l'éducation nationale et celles du
secteur médico-social dans le cadre du déploiement des pôles d'appui à la
scolarité. Près de 500 existent déjà et nous avons pour ambition de couvrir
tout le territoire national.
L’inclusion scolaire n’est pas seulement un enjeu éducatif, c’est un engagement
pour une société plus juste. Merci à tous ceux qui y contribuent.
Maud Bregeon (porte-parole
du Gouvernement)
> On ne peut pas parler fiscalité sans parler emploi, croissance et État
de droit. Oui à un meilleur partage de l'effort et des revenus. Non à ce qui
casse la croissance et la création d'emplois.
Sébastien Martin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et
numérique chargé de l’Industrie)
> [Intervention à l’Assemblée] Concernant les restrictions d’exportation de
terres rares décidées par la Chine dans le cadre de la guerre commerciale avec
les États-Unis. Depuis le 2 avril, Pékin a instauré des contrôles à
l’exportation sur les aimants permanents et les terres rares et envisagé leur
extension dès le mois de novembre.
Avec le ministre des affaires étrangères Jean-Noël Barrot, nous avons constitué
une cellule d’appui à Paris et à notre ambassade à Pékin pour accompagner
concrètement nos entreprises et assurer la continuité des approvisionnements et
nous demandons à la Chine de reconsidérer et de différer ces nouvelles
restrictions. La question doit être portée aux niveaux européen et
international.
La réponse doit aussi être industrielle et souveraine. Depuis trois ans, nous
investissons pour reconstruire une filière française de terres rares. À
La Rochelle, Solvay a relancé la production de terres rares pour aimants
permanents. À Lacq, une nouvelle usine pour les terres rares lourdes est en
construction. En Isère, MagREEsource produit déjà des aimants recyclés tandis
qu’Orano et le CEA ont récemment lancé une ligne pilote sur leur site.
Par ailleurs, de nouveaux contrats d’approvisionnement seront d’ailleurs signés
dès demain avec le Canada et d’autres sont en cours d’examen avec le Brésil et
l’Australie. De même, je réunirai dans les tout prochains jours à Bercy
l’ensemble des filières concernées par ces risques de chute d’approvisionnement
en matière de terres rares.
Il y a la nécessité de sortir de la naïveté. Nous sommes dans un conflit
ouvert. Face à une situation d’agression de nos marchés, la réponse de la
France et de l’Europe doit être extrêmement ferme. Il faut insister sur la
nécessité de protéger nos frontières et de nous défendre, notamment grâce aux
mécanismes de préférence européenne.
> [Intervention à
l’Assemblée] Concernant la
situation de l’industrie automobile et sur ses possibilités de diversification,
notamment dans le secteur de la défense. J’associe à ma réponse la ministre de
la défense, Catherine Vautrin.
Le gouvernement soutient fortement les investissements de la filière :
depuis 2020, plus de 2 milliards d’euros d’aides ont été orientés vers le
secteur de l’automobile, permettant de moderniser l’outil productif et de
réduire de 3,4 années l’âge moyen du parc machines. En ce qui concerne la
diversification, vous évoquez les initiatives lancées par deux
intercommunalités dans votre département ; cela souligne la nécessité que
l’État et les collectivités travaillent ensemble pour trouver les leviers de
croissance potentiels de la filière automobile. Outre les exemples que vous
avez mentionnés, je pourrais citer des entreprises de décolletage ou encore de
roulements à billes qui réorientent une partie de leur activité vers la
défense. Je note d’ailleurs que Catherine Vautrin et moi-même devrons nous
pencher sur les commandes de la DGA pour les rendre plus rapides et produire
des retombées dans les territoires.
Enfin, vous soulignez plus généralement la situation de notre industrie
automobile. Dans le cadre des discussions en cours au sujet des transitions et
de l’électrification des véhicules d’ici à 2035, il est nécessaire de faire
preuve de la souplesse nécessaire pour assurer ces objectifs, mais aussi de
défendre la préférence européenne. Nous voulons des véhicules fabriqués en Europe
et en France, dont les pièces et composants sont également fabriqués en Europe,
sans quoi nous ne pourrons apporter de réponse aux salariés inquiets
travaillant dans nos usines automobiles.
> [Intervention à
l’Assemblée] La France dispose
d’un écosystème d’intelligence artificielle particulièrement dynamique avec des
acteurs de référence comme Mistral, Safran, Hugging Face ou Aqemia. Ce succès
s’appuie sur notre excellence scientifique et sur la stratégie nationale pour l’IA
lancée dès 2018 et dotée de près de 3 milliards d’euros pour faire de la
France une puissance de l’intelligence artificielle. L’enjeu est clair :
permettre à nos entreprises d’innover, de grandir et de conquérir des marchés
en France comme en Europe. Comme vous l’avez indiqué, l’IA est un levier
essentiel de souveraineté, de compétitivité et d’efficacité publique.
Le gouvernement agit sur deux fronts. D’abord, il soutient l’écosystème avec
l’appel à projets Pionniers de l’intelligence artificielle. Ensuite, il
contribue à la diffusion de l’IA dans toute l’économie par la poursuite et
l’amplification du plan Osez l’IA pour les entreprises. Enfin, comme vous le
soulignez, la commande publique évolue pour favoriser les solutions françaises
et européennes, notamment en lien avec les conclusions du rapport que vous avez
présenté en septembre. Nous avons ainsi engagé des travaux pour faire évoluer
la commande publique afin que les administrations, les opérateurs et les
collectivités adoptent massivement des solutions d’IA souveraines. Ainsi, la
France confirme son ambition : une intelligence artificielle au service de
la croissance, de l’efficacité et de l’action publique.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> J’ai reçu à l’Assemblée nationale Ana Brnabic, Présidente du Parlement
de Serbie. La France appuie la perspective européenne de la Serbie et salue les
efforts entrepris. Nos pays doivent continuer de travailler ensemble pour la
paix en Europe et dans le respect du droit et des principes démocratiques.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, secrétaire
général de Renaissance, président du groupe Ensemble pour la république à
l’Assemblée nationale)
> Toutes mes félicitations à mon ami Rob Jetten qui, avec son parti D66,
arrive ce soir en tête des élections législatives aux Pays-Bas ! Une victoire
pour les idées pro-européennes, libérales et progressistes !
Thomas Cazenave (député)
> [Intervention à l’Assemblée] Disons-le
d’emblée, cette proposition de loi constitue l’archétype du texte d’affichage.
Elle traite pourtant d’un sujet important – l’immigration
irrégulière –, sur
lequel nous avons beaucoup légiféré, avec des résultats
trop peu visibles pour les Français.
Parce que ce sujet est sérieux, il faut le traiter sérieusement. Texte
d’affichage, car nous savons que s’il venait à être adopté, il resterait
inutile, inefficace ; vous empruntez le chemin de la communication facile,
laquelle ne manquera pas de nourrir un peu plus le sentiment de l’impuissance
publique. En d’autres termes, ceux qui, de bonne foi, pourraient être sensibles
à votre démarche n’en seront demain que plus méfiants envers les pouvoirs
publics. C’est tout le paradoxe : prétendre restaurer la confiance dans la
loi, dans l’autorité de l’État, par un énième texte déconnecté des réalités du
terrain.
Les faits sont connus, les faits sont têtus : en 2009, par exemple, plus
de 100 000 personnes ont été mises en cause pour séjour irrégulier – puisque ce délit existait alors dans notre droit –, 80 000 gardées à vue, mais seulement 597 condamnées pour ce seul motif, avec une
amende de 368 euros en
moyenne. Cela donne un taux de condamnation inférieur à 1 % ! Nul besoin d’étude
d’impact ; nous connaissons déjà les effets de votre proposition de
loi, ils seraient nuls ou presque. On comprend parfaitement pourquoi : qui
peut croire que la perspective de 3 750 euros d’amende dissuaderait
quiconque d’entrer illégalement sur notre territoire ? Qu’une personne en
situation illégale sur notre sol, sous la menace de cette amende, déciderait de
le quitter ? Qui peut croire que des personnes en majorité insolvables
craindraient la moindre sanction financière ? Pas nous ! Non
seulement cette proposition de loi serait inefficace, mais elle représente un
vrai risque de submersion bureaucratique, d’embolie de toute la chaîne
pénale.
Elle mobiliserait des agents de police pour constater l’infraction, des
officiers de police judiciaire pour les gardes à vue, des procureurs pour la
procédure pénale, des juges, des greffiers, des avocats en vue des audiences,
enfin les services de recouvrement, lesquels auront grand-peine à faire payer
l’amende à des personnes, je le répète, souvent insolvables.
On ne peut se ranger du côté des policiers, des gendarmes, dénoncer la lourdeur
de la procédure pénale, la surcharge de travail, le stock de dossiers,
s’inquiéter de ce que la justice est trop lente, et le lendemain défendre des
textes qui aggraveraient, complexifieraient l’action, le quotidien des
intéressés !
Voilà pourquoi ce délit a été supprimé en 2012, et non pas seulement parce
qu’il a été jugé contraire au droit européen, ce que vous semblez d’ailleurs
ignorer ; non par idéologie, mais parce que tout, dans son application,
démontrait son inefficacité. C’est pour cela, le ministre l’a rappelé, qu’en
2012 a été créée la retenue pour vérification du droit au séjour, outil
administratif plus simple, plus rapide, plus efficace. Les chiffres le
prouvent : environ 70 000 interpellations par an entre 2007 et
2012, 90 000 entre 2012 et 2017, 120 000 entre 2017 et 2022. Jamais,
donc, la capacité de contrôle de la police n’a été affaiblie par la disparition
du délit pénal. Dès lors, pourquoi vouloir revenir en arrière ? Pourquoi,
si ce n’est en vue d’un moment forcément fugace de communication sans
lendemain, recréer un délit dont l’inefficacité a été démontrée, que la justice
ne pourrait même pas absorber ? Pourquoi se payer le luxe de détourner les
moyens de la police et de la justice vers des démarches inutiles, au détriment
de véritables urgences comme la lutte contre la délinquance du quotidien,
contre la criminalité organisée ou contre les violences intrafamiliales ?
Ce n’est pas en multipliant les textes que l’on fait respecter la loi, mais en
la rendant applicable et la faisant appliquer. Dans le cadre du droit existant,
il y a encore beaucoup à faire. Cette proposition de loi ne renforce ni
l’autorité de l’État ni la maîtrise de l’immigration, elle détourne la
puissance publique d’une action utile, efficace, elle fera perdre à nos
policiers et magistrats un temps précieux. Pour toutes ces raisons, le groupe
Ensemble pour la République votera contre ce texte.
Emmanuelle Hoffman
(députée)
> [Intervention à l’Assemblée]
La France dispose d’un écosystème
d’intelligence artificielle reconnu comme le leader européen. Avec
1,4 milliard d’euros levés en 2024 et 781 start-up IA en 2025, nous
captons la majorité des investissements européens dans ce secteur. Mistral
rivalise avec les géants mondiaux.
Nous sommes fiers de nos champions comme Gleamer, Safran, Mirakl ou encore
Photoroom. Cette excellence est le fruit de nos talents, de la recherche
académique française et d’une stratégie nationale engagée en 2018. Or les
acheteurs publics ne représentent que 12 % du chiffre d’affaires de nos
start-up. L’État américain et la Chine structurent leur écosystème IA grâce à
une commande publique stratégique et assumée qui accorde la priorité à leurs
champions. L’Europe laisse sa commande publique dispersée, sans préférence
assumée pour les solutions européennes. Il s’agit d’un enjeu de souveraineté
fondamental. L’Europe doit valoriser les solutions européennes pour l’IA et le
cloud, au moins à prix et qualité équivalents : ce n’est pas du
protectionnisme, mais du pragmatisme.
Au niveau européen, le président de la République et Stéphane Séjourné mènent
avec détermination ce combat collectif pour l’autonomie stratégique de l’Union.
Le rapport de notre mission sur les effets de l’intelligence artificielle sur
l’activité et la compétitivité des entreprises françaises est clair : il
faut créer un guichet unique à Bercy pour orienter nos entreprises vers les
marchés publics, mobiliser la commande publique comme levier stratégique,
défendre à Bruxelles une préférence européenne. La Commission devrait publier
sa proposition fin 2025 : nous disposons donc d’une fenêtre décisive.
Laure Miller
(députée)
> Il m’est impossible de
commencer sans avoir une pensée pour Boualem Sansal, honteusement enfermé
depuis le 16 novembre 2024, et dont nous demandons la libération
immédiate, ainsi que celle de Christophe Gleizes.
Nous sommes réunis pour débattre d’un sujet grave et sensible, qui engage bien
plus que notre politique migratoire : celui de nos relations avec
l’Algérie, plus particulièrement de l’accord franco-algérien de 1968, dont les
effets suscitent de nombreuses critiques au-delà des clivages partisans.
Ce débat, parce qu’il touche aux relations entre nos deux peuples, doit être
abordé avec lucidité, sans tabou et sans excès. La position du groupe Ensemble
pour la République est connue et claire : oui, l’accord franco-algérien de
1968 pose plusieurs problèmes.
D’abord, un problème d’égalité de traitement entre ressortissants étrangers
résidant sur le territoire français. L’application des accords franco-algériens
crée une inégalité injustifiée en accordant aux ressortissants algériens des
avantages dérogatoires qui ne reposent plus sur aucune justification objective
– ni juridique, ni diplomatique.
Comme l’a démontré le rapport de Charles Rodwell, le texte de 1968, ses
avenants successifs et une jurisprudence constante ont progressivement instauré
des droits beaucoup plus favorables pour les ressortissants algériens – je
pense en particulier à la carte de séjour de dix ans, de plein droit, et dont le
renouvellement est automatique.
Dans le même temps, la
jurisprudence a affaibli certains garde-fous du droit commun : elle a notamment considéré qu’aucune disposition ne
permettait de retirer cette carte à des ressortissants algériens pour des
motifs d’ordre public.
Autrement dit, même dans des situations où un retrait de titre serait légitime,
l’administration est contrainte d’engager une procédure d’expulsion, beaucoup
plus lourde – beaucoup plus lente – et réservée aux cas les plus
graves.
Plus largement, l’ensemble des mécanismes de contrôle classiques – examen des ressources, durée de présence, conditions d’entrée, exigence d’intégration – ont été progressivement
affaiblis par la manière dont cet accord est
aujourd’hui appliqué.
Parallèlement, l’accord produit un effet paradoxal : il prive ces mêmes
ressortissants de certains avantages du droit commun qui leur seraient pourtant
plus favorables – je pense notamment au passeport talent.
Notre position est claire :
un ressortissant algérien ne doit avoir ni
plus, ni moins, de droits qu’un
autre étranger non communautaire. Il en va du
principe même d’égalité devant la loi.
Au-delà de ces anomalies juridiques, l’accord a également un coût significatif
pour nos finances publiques. Le rapport Rodwell estime le surcoût administratif
et juridictionnel, lié aux facilités d’accès et de maintien sur le territoire,
entre 200 et 300 millions d’euros par an. À cela s’ajoute un surcoût
social, en raison de structures familiales plus dépendantes des minima sociaux
et des prestations telles que le RSA, la prime d’activité, l’allocation de
solidarité aux personnes âgées (Aspa) ou encore l’allocation aux adultes
handicapés (AAH) – estimé entre 1,5 et 2 milliards d’euros par an.
Pour toutes ces raisons, nous sommes favorables à la remise en cause de cet accord. Mais il faut le faire dans
l’ordre et dans le droit. Ce n’est pas un sujet tabou, c’est un sujet de
méthode. La méthode que nous propose le RN avec cette dénonciation sèche
ne manque en effet pas d’ironie puisqu’elle conduirait à un désordre juridique
pire encore que celui qu’il prétend vouloir corriger !
En effet, la disparition soudaine du régime conventionnel créerait un vide
normatif affectant des pans entiers du droit du séjour. Faute de règles de
substitution claires, les préfectures devraient statuer au cas par cas, en
fonction des principes généraux du code de l’entrée et du séjour des étrangers
et du droit d’asile (Ceseda) et des exigences dégagées par la Cour européenne
des droits de l’homme (CEDH). De son côté, le juge pourrait en outre réactiver
des normes antérieures encore partiellement en vigueur et maintenir des
dérogations par effet de rebond jurisprudentiel.
Dénoncer un accord international sans prévoir de cadre de remplacement, tel
celui proposé de façon claire, réfléchie et documentée par le rapport Rodwell,
c’est, sous prétexte de fermeté, proposer à la France de plonger dans
l’improvisation la plus incompréhensible de la part de gens obsédés par la
question migratoire.
Mes chers collègues, loin de moi l’idée de faire la leçon. J’entends chaque
jour des Français déçus par des politiques de tous bords qui ont failli,
parfois par optimisme, parfois par lâcheté politique. C’est un fait.
Mais voilà un parti politique, le parti lepéniste, qui renvoie dos à dos toute
la classe politique depuis maintenant quarante ans car le discours de madame
Le Pen est, à ce titre, exactement le même que celui de son père. Voilà
plus de quarante ans que vous courez après le pouvoir, quarante ans à nous
expliquer que, si vous gouvernez, tout sera réglé à coup de menton, quarante
ans à dénoncer, à vous indigner, à promettre et à prétendre diriger un jour la
France. Et puis voilà que, quarante ans plus tard, un parti obsédé par la
question migratoire, vient nous présenter une proposition de résolution
brouillonne et absolument pas aboutie.
Parler le langage du populisme est bien sûr confortable. Ça permet de faire le
buzz sur les réseaux sociaux, d’agiter les peurs, d’accuser les autres de
faiblesse. Mais, quand il s’agit d’aller au-delà des postures et de proposer
des dispositifs concrets, de travailler en somme, d’évaluer, d’anticiper, là,
il n’y a plus personne !
Chers collègues, sortir de l’accord, oui. Mais pas au prix du vide. Pas au prix
du désordre. Alors non, nous ne voterons pas cette proposition brouillonne et
inopérante.
Jean-Luc Fugit
(député)
> [Intervention à
l’Assemblée] Votre proposition
de loi prétend renforcer la transparence sur l’origine des denrées
alimentaires. Sur le fond, qui pourrait s’y opposer ? Nous sommes tous
attachés à la souveraineté alimentaire de la France et à ce que la transparence
soit garantie au consommateur, et nous avons tous à cœur la valorisation de
l’agriculture française, qui est certainement la meilleure du monde – notamment
dans mon département du Rhône.
C’est d’ailleurs pour valoriser l’origine
française qu’en 2016, par exemple, le gouvernement de l’époque avait promulgué un
décret sur l’origine du lait, dit décret
Lactalis. Or le Conseil d’État, dans sa décision du 10 mars 2021, a annulé
ce décret. Pourquoi ? Parce que le règlement européen Inco harmonise
intégralement l’information du consommateur sur l’origine des denrées
alimentaires. Le Conseil d’État a constaté qu’il était impossible pour un État
membre d’imposer seul une mention obligatoire d’origine, à moins qu’il ne
démontre que sont réunies deux conditions strictes prévues à l’article 39
de ce règlement : il doit exister un lien objectif entre l’origine
géographique et les propriétés du produit ; la majorité des consommateurs
doit attacher une importance décisive à cette information. Or, s’agissant du
lait, aucune de ces deux conditions n’était remplie. La même logique a
d’ailleurs conduit, plus récemment, à l’annulation des décrets de 2022 et 2024
sur les dénominations végétales. Les mêmes raisons ont prévalu : le droit
européen est d’harmonisation complète.
Autrement dit, alors que le Conseil d’État a annulé la création d’une
indication d’origine concernant une seule filière bien spécifique, en
considérant que cette indication était contraire au droit commun européen, vous
proposez aujourd’hui de généraliser une telle indication d’origine à tous les
produits alimentaires. Manifestement, vous pensez que, par miracle, cette loi
ne sera ni contestée, ni retoquée. Comme on dit : plus c’est gros, mieux
ça passe !
La réalité, c’est que vous savez pertinemment, madame la rapporteure, que le
verdict est sans appel : si votre proposition de loi était adoptée, elle
ne s’appliquerait jamais. Vous l’avez d’ailleurs reconnu lors de son examen en
commission, puisque vous avez indiqué qu’au fond, ce texte était – je
vous cite – « un texte d’appel. »
Soyons lucides : cette proposition
a pour seul but de faire croire que vous défendez le « produire français » alors que vous savez qu’elle
sera invalidée à la première contestation. Ce que vous faites aujourd’hui, c’est, une fois de plus, de
la pure démagogie, et votre loi est
un leurre politique. (Mme Sandra Marsaud applaudit.)
Votre méthode suscite l’interrogation : si le but de cette proposition de
loi est d’envoyer un message à la Commission européenne, pourquoi n’avez-vous
pas déposé une proposition de résolution européenne appelant à la révision du
règlement Inco ? Si le but du Rassemblement national est de changer les
choses, pourquoi perdons-nous notre temps à discuter de mirages
législatifs ? Pourquoi n’êtes-vous pas, en ce moment même, en train de
préparer une initiative au Parlement européen ? Vous y disposez désormais
d’un groupe nombreux et vous pourriez sans nul doute trouver des majorités sur
ce sujet.
Chers collègues du Rassemblement national, vous qui aimez à nous rappeler ce
que veulent les Français, dites à vos députés européens que ce que veulent les
Français c’est qu’ils siègent, travaillent et proposent des réformes. Au lieu
d’agiter des symboles ici, dites donc à vos députés européens de défendre au
niveau européen le projet de réforme que vous souhaitez !
Enfin, je tiens à vous dire que, si la révision du règlement Inco doit
effectivement se jouer à Bruxelles, cela ne veut pas dire que rien n’a été fait
au niveau national. Ces dernières années, plusieurs avancées ont été
obtenues : l’affichage obligatoire de l’origine de la viande bovine dans
les restaurants, grâce à la loi dite Bessot Ballot, du nom de notre
ancienne collègue ; l’affichage obligatoire de l’origine de la viande dans
les produits transformés, grâce à la loi Egalim 2 ; enfin, le
dispositif Origin’Info, créé par la ministre Olivia Grégoire, qui permet aux
marques volontaires d’indiquer l’origine des matières premières et auquel plus
de 120 marques ont souscrit.
En conclusion, soyons parfaitement clairs : notre groupe est totalement
favorable à l’indication systématique et obligatoire de l’origine de tous les
aliments.
Mais nous refusons de faire croire à nos concitoyens qu’une loi nationale
pourra effacer un règlement européen et de soutenir des textes d’affichage qui
décrédibilisent le législateur et le Parlement français.
Pour le groupe Ensemble pour la République, une bonne intention ne suffit pas
toujours à faire une bonne loi. Nous voterons donc contre ce texte.
● MoDem
Marc Fesneau (député, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> Par une alliance improbable, le PS, LFI, RN et Écolos font dérailler
le budget, au risque de le rendre invotable. Ils savent ce qu’ils font et le
font au détriment d’une vraie justice fiscale, défendue par les Démocrates.
Gâchis.
> Je ne suis pas un ultralibéral, mais enfin… On prélève, on taxe, on spolie. En additionnant l'« impôt universel » sur les multinationales, la taxe Gafam, la surtaxe de l'impôt sur les sociétés, d'autres mesures augmentant les prélèvements, et si on y ajoutait la taxe Zucman, on atteindrait 60 milliards d'euros supplémentaires à la fin de l'examen. Pour certains, ça relève peut-être de la formule, mais prélever tout l'accroissement de la richesse, ça s'appelle du bolchevisme.
> Les socialistes voulaient du rendement, ils en ont
trouvé en votant l'impôt sur les multinationales à 26 milliards ! On peut avoir
des dispositifs contre l'optimisation fiscale. Les députés Modem en ont
eux-mêmes proposés : sur la niche Copé, sur le pacte Dutreil ou le crédit impôt
recherche.
Empêcher le dévoiement de l'intention fiscale du législateur, aucun problème.
Taxer la fortune improductive, aucun problème : on avait d'ailleurs plaidé pour
le rétablissement d'un ISF sur la fortune improductive.
Mais on s'opposera à la taxe Zucman et autres « Zucman light » car on
ne veut pas toucher au patrimoine professionnel.
> J'ai dit que ce budget n'était pas votable. Par
personne d'ailleurs. Même les socialistes, avec toutes leurs taxes
supplémentaires, ne veulent pas le voter, ils ne veulent pas l'assumer. Chacun
doit prendre ses responsabilités. En permanence, les socialistes menacent de
censurer le gouvernement. S'ils n'ont pas la suspension de la réforme des
retraites, s'ils n'obtiennent pas la taxe Zucman, si, si…
On doit leur donner tout ce qu'ils réclament, mais, eux, ne veulent aucun
accord. C'est de l'inconséquence. Il faut savoir accepter un compromis.
> Utiliser le 49.3 après s'être engagé à y renoncer
serait un échec pour tous ceux qui font de la surenchère. Ce serait un 49.3 de
compromis, non pas pour forcer le Parlement, mais pour acter ce sur quoi il y a
un accord, par exemple la contribution différentielle sur les hauts revenus et
d'autres mesures contre l'optimisation fiscale et pour faire contribuer les
plus fortunés.
Ce sera préférable à un budget invotable. Je rappelle que si la première partie
du PLF n'est pas adoptée, le texte part immédiatement au Sénat sans reprendre
aucun amendement de l'Assemblée.
> Je n'aime pas trop la notion de cordon sanitaire. On s'emploie à battre le RN sur le fond et dans les urnes. Nous n'étions pas d'accord avec le texte, même si la relation franco-algérienne s'est profondément dégradée du fait du gouvernement algérien. Cette proposition de résolution est purement déclarative et inutile. Et est-elle de nature à améliorer la situation de Boualem Sansal ? Non, évidemment.
La gauche reproche à votre groupe et à Renaissance leur
faible mobilisation. Jeudi matin, 10 députés Modem sur 36 ont voté contre la
proposition de résolution et deux se sont abstenus.
Ne nous envoyons pas d'anathèmes. Il manquait aussi une cinquantaine de voix à
gauche, je ne leur en fais pas grief. Je rappelle que ce sont les voix
mélangées du RN et des groupes de gauche qui ont renversé les précédents
gouvernements. Jean-Luc Mélenchon appelle tous les matins les députés de Marine
Le Pen à voter la censure avec LFI.
Que la gauche cesse de pousser des cris d'orfraie !
Personne ne doit s'abstraire de ses responsabilités. J'étais moi-même en
déplacement en Allemagne pour honorer un engagement pris de longue date. Et on
n'avait pas forcément prévu que le vote de jeudi matin risquait d'être serré.
Ça arrive. Par ailleurs, nous sommes mobilisés jour et nuit à l'Assemblée nationale
sur les textes budgétaires.
Qu'un jeudi, jour de niche, à 10 heures, tous nos députés ne soient pas là
alors que nous allons encore siéger vendredi, la semaine prochaine et
probablement le week-end des 8 et 9 novembre, n'est pas tout à fait étonnant.
Bruno Fuchs (député)
> Présent lors de la Conf internationale de soutien à la paix dans la
région des Grands Lacs. La France à
l'initiative de cette rencontre montre sa capacité à rassembler et à créer des
dynamiques internationales. Face à la gravité de la situation, elle mobilise
les énergies pour la paix.
> Le RN veut faire de la politique étrangère un instrument de tribune. Dénoncer unilatéralement les accords franco-algériens de 1968 est contraire au droit international et nuit gravement aux intérêts de la France.
Philippe Bolo (député)
> Téléphone portable, véhicules électriques, équipements médicaux,
robots, capacités militaires : toutes ces technologies nécessitent des
terres rares, omniprésentes, indispensables et stratégiques pour le numérique,
la mobilité, l’énergie, la santé et la défense.
La Chine, qui domine l’extraction et le raffinage des terres rares, a récemment
durci les exportations. Cette décision a provoqué une onde de choc
géopolitique, ravivant les tensions dans les relations sino-américaines. L’annonce
chinoise a suscité une réponse musclée de l’administration Trump qui a brandi
la menace de droits de douane de 100 % sur les produits en provenance de
Chine.
Cette incroyable prétention de Pékin à contrôler les terres rares, y compris
hors de ses frontières, est officiellement justifiée par l’exigence de
maintenir la paix mondiale. En réalité, elle révèle la stratégie de toute
puissance, patiente et méthodique, engagée depuis les années 1980 pour
maîtriser de bout en bout la chaîne de valeur des terres rares. L’étau se
resserre.
Au-delà des tensions sino-américaines, quelles seront les conséquences et
quelles seront les victimes collatérales du durcissement chinois ? La
situation doit nous alerter. La France et l’Europe n’échapperont pas aux
conséquences d’un marché bouleversement du marché des terres rares.
Si, demain, les approvisionnements sont bloqués, nos chaînes de production
s’arrêteront, nos industries stratégiques seront à la peine et nos capacités
d’innovation s’étioleront. Au bout du compte, c’est notre souveraineté qui
vacillera. La décision chinoise fera peser de lourdes incertitudes sur de
nombreux secteurs industriels français qui résisteraient difficilement à des
surcoûts, à des retards de production et à des difficultés d’approvisionnement.
Éric Martineau (député)
> L’origine des produits alimentaires constitue aujourd’hui un critère
de choix déterminant pour un grand nombre de consommateurs. Nos choix
alimentaires ne dépendent plus seulement du goût ou du prix : ils
traduisent une volonté de consommer de manière responsable, en tenant compte de
la qualité, de la traçabilité et de l’impact environnemental des produits.
Dans ce contexte, l’étiquetage de l’origine joue un rôle déterminant, car il
informe, oriente et responsabilise le consommateur. Lorsque l’on fait ses
courses ou que l’on fait le choix de se restaurer en dehors de son domicile, on
peut être confronté à des produits alimentaires aux origines plus ou moins
opaques.
La demande de l’indication d’origine émane des consommateurs, mais également
des agriculteurs et producteurs. J’y suis moi aussi favorable, comme la plupart
d’entre nous, je n’en doute pas. Faire la transparence sur les produits
présents dans notre assiette est important pour les consommateurs que nous
sommes tous, et permet de valoriser le travail de nos agriculteurs. Promouvoir
cette transparence est un objectif louable. L’interrogation est légitime, et
ces informations doivent être facilement accessibles, compréhensibles et
fiables.
La confiance est essentielle, et nous n’avons pas attendu votre texte pour
agir, madame la rapporteure. Je tiens à rappeler et saluer le travail de nos
ministres de l’agriculture, Marc Fesneau et Annie Genevard, qui ont travaillé
en ce sens. (Mme Blandine Brocard applaudit.) Les agriculteurs et
leurs organisations reconnaissent notre travail sur le sujet.
L’indication de l’origine est déjà obligatoire pour plusieurs catégories de
produits agricoles. C’est notamment le cas des viandes préemballées de bœuf, de
porc, de volaille, de mouton et de chèvre, pour lesquelles doivent figurer les
lieux d’élevage et d’abattage. Pour la viande de bœuf, qu’elle soit préemballée
ou non, le lieu de naissance de l’animal doit aussi être mentionné. Au début de
l’année, cette obligation a été étendue aux viandes servies dans la
restauration, y compris celles qui sont proposées à emporter ou à la livraison.
L’origine du miel, de l’huile d’olive vierge ou vierge extra, des œufs et du
vin doit également être précisée. Le pays de récolte des fruits et légumes doit
être indiqué. L’étiquette des produits issus de l’aquaculture doit mentionner
le pays d’élevage, et celle des produits issus de la pêche sauvage, la zone de
capture.
Pour les produits qui ne relèvent pas de ces catégories, la spécification de
l’origine – au
moyen d’un drapeau français ou d’une mention du type « Origine
France » – relève d’une démarche
volontaire des fabricants. Dans ce cas, les entreprises doivent respecter des règles strictes de transparence, de
sorte que le consommateur ne soit pas induit en erreur.
Cette proposition de loi du Rassemblement national prévoit de systématiser
l’obligation d’étiquetage de l’origine des produits et de l’assortir d’une peine d’un
an d’emprisonnement et d’une amende de 150 000 euros en cas de manquement. C’est très bien, mais le
dispositif proposé suscite chez nous plusieurs réserves.
D’une part, des dispositifs d’information des consommateurs sur l’origine des
produits alimentaires existent déjà. Je pense notamment à Origin’Info, lancé en
2023 pour détailler la provenance des trois ingrédients principaux d’un produit
transformé. La démarche repose sur le volontariat, je le concède, mais elle se
développe, l’objectif étant d’atteindre 10 000 références d’ici à la
fin de l’année. Soutenons le déploiement de ces dispositifs, qui montent en
puissance et dont les premiers résultats sont positifs !
D’autre part, les dispositions de ce texte dérogent au droit européen. Elles
sont inconstitutionnelles, et vous le savez. Inutile de faire croire aux
agriculteurs qu’il est possible de les appliquer, puisque c’est faux !
En l’espèce, légiférer uniquement en France n’est pas judicieux ;
sanctionner les manquements très lourdement l’est encore moins. C’est au niveau
européen qu’il faut renforcer l’information relative à l’origine des produits
alimentaires, en déterminant quelles doivent être les mentions obligatoires en
la matière. Le règlement Inco doit être revu, ce qui fournira l’occasion d’un
tel débat.
Au niveau français, dont il est question aujourd’hui, faisons notre travail
d’évaluation des politiques publiques existantes et formulons des propositions
respectueuses du cadre européen. Ne soyons pas démagogues et ne mentons pas aux
Français !
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (députée, présidente)
> Excellente nouvelle des Pays-Bas où notre parti Renew Europe, D66
arrive en tête des élections, devant l’extrême droite. Félicitations à Rob Jetten
pour sa très belle campagne ! L’autre belle surprise de ce scrutin vient de
notre autre parti VVD. Bravo à Dilan Yesilgoz . Les forces démocrates,
libérales et pro-européennes remportent ces législatives.
● Personnalités
centristes
Clément Beaune (haut-commissaire au
Plan)
> [Editorial : «Santé et environnement : une mobilisation
tous azimuts pour renforcer l’action publique»] Selon l’Organisation mondiale
de la santé, l’exposition à des facteurs environnementaux dans les pays développés
causerait autant de décès que le tabac. Longtemps marginalisée, la santé
environnementale s’impose aujourd’hui comme un enjeu central, même vital, comme
l’ont montré les débats massifs autour de la loi Duplomb ‑ ou l’émergence
rapide de la question des polluants éternels ‑ (PFAS). Ce vaste rapport en
cinq volumes constitue, en France, l’étude de politiques publiques la plus
complète et la plus à jour sur cette question de société. Originale et
importante par sa méthode, d’abord : elle provient, pour la première fois,
d’une demande de l’Assemblée nationale, via le Comité d'évaluation et de
contrôle des politiques publiques (CEC), présidé par Yaël Braun-Pivet.
Détaillée et importante par son champ, aussi : cette étude examine quatre
facteurs environnementaux, qui diffèrent par leur nature, leur impact et les
outils de politique publique afférents – les PFAS ; les pesticides ; les
particules fines (dans l’air) ; le bruit (parent pauvre des actions publiques).
Au-delà des recommandations particulières, nombreuses, contenues dans chaque
rapport thématique, quelques enseignements clés peuvent être tirés, pour agir
mieux. Le plus important, en termes d’action publique, est que l’efficacité est
possible, face à ces polluants ! Deux exemples le montrent, en particulier. Le
plus marquant concerne la qualité de l’air : les émissions de particules fines
ont diminué de 56 % entre 2000 et 2023 en France ; et entre 2005 et 2022, le
nombre de décès attribuables à ces particules a diminué de 53 %. C’est le fruit
de politiques volontaristes, principalement menées au niveau local ; le débat récent
sur les ZFE apparaît ainsi d’autant plus absurde que les politiques de
restriction de la circulation existent déjà, sont largement répandues dans nos
municipalités, et produisent des résultats puissants. Santé et environnement : une
mobilisation tous azimuts pour renforcer l’action publique La question des PFAS
l’illustre aussi : leur connaissance dans l’opinion a explosé à la suite
d’investigations médiatiques en 2022. Cette prise de conscience a conduit à la
loi du 27 février 2025, qui instaure leur interdiction progressive dans de
nombreux produits. L’étude de ces quatre facteurs environnementaux démontre
aussi la nécessité d’une combinaison incontournable de principes d’action : la
connaissance scientifique et la prise de conscience dans l’opinion et chez les
élus, préalable à toute action résolue ; des règles claires et des mesures
contraignantes, réglementaires ou fiscales, suivies et bien appliquées via des
contrôles et sanctions ; une répartition claire des compétences entre l’État et
les collectivités, qui fait encore défaut en matière de pesticides ou de bruit
notamment ; un accompagnement financier et technique, permettant les
transitions progressives en sortant d’une logique de stigmatisation (un enjeu
clé pour la réduction des pesticides en agriculture ou des particules issues de
l’automobile) ; une stabilité des politiques menées, ce qui explique les bons
résultats sur la qualité de l’air. Deux autres paramètres sont essentiels pour
réussir ce défi, qui fera l’objet d’exigences croissantes dans notre société. L’un
concerne la place de la science dans les processus de décisions. Nous formulons
à ce sujet plusieurs propositions. Il est essentiel que les études d’impact,
des projets d’infrastructure, des projets de loi ou propositions de loi
(actuellement exemptées de toute évaluation préalable) intègrent précisément
les impacts sur la santé. Science et confiance doivent aller de pair : d’une
cartographie publique des pollutions à la transparence accrue des décisions
(par l’Union européenne, l’Anses, etc.), en passant par un renforcement du rôle
de surveillance du Parlement et de la formation des décideurs, mieux partager l’information
et les choix, quitte à assumer des arbitrages inévitables (en matière de
transports, d’agriculture, d’emploi, etc.), est un facteur clé de mobilisation
générale et de réussite collective. Une convention citoyenne sur les questions
de santé environnementale aurait le mérite de mettre en évidence l’importance
et la complexité des choix. L’autre porte sur la dimension européenne, voire
internationale, des décisions à prendre. Saluons-le : beaucoup de nos règles
environnementales protectrices, sur la qualité de l’eau ou la réduction du
bruit, proviennent de décisions de l’UE, dans lesquelles la France a joué un
rôle central. Par souci d’efficacité (on a plus d’impact à 27), d’efficience
(il est utile de mutualiser la recherche scientifique en matière environnementale)
et d’équité surtout (il est indispensable d’appliquer les mêmes règles aux
agriculteurs français et à leurs partenaires/concurrents), développer les
règles comme les accompagnements financiers – PAC, Fonds social pour le climat,
etc. – à l’échelle européenne est plus que jamais une priorité. C’est par
l’Europe, la justice sociale, la prise de conscience collective et la
connaissance partagée que le combat vital pour la santé environnementale peut
être gagné !
> Félicitations chaleureuses à mon ami Rob Jetten, pour ce très beau résultat aux Pays-Bas ! La clarté contre l’extrême-droite, pour le climat et pour l’Europe a payé. Un souffle d’espoir, un exemple à suivre !
> Donald Trump a compris que les Européens avaient peur. C’est la leçon des « négociations » commerciales de l’été. Ce n’était pas un deal mais un test - de force ou de faiblesse. Notre marché européen est plus grand que le marché étasunien. Il faut se défendre sur le plan commercial et accélérer nos investissements de défense pour réduire nos dépendances.
Sarah El Hairy (haut-commissaire à l’Enfance)
> Nous travaillons pour que la France se dote d'un code de l'enfance
pour:
- reconnaître les enfants comme sujets, titulaires de droits,
- organiser nos devoirs d’adultes,
- repenser notre société à leur hauteur.
> Je crois à la chaine de protection alliant public & privé. L'État, les assos & les entreprises luttent ensemble pour protéger les enfants en ligne. Prevention, Protection et Accompagnement !

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