vendredi 4 mars 2011

Une semaine en Centrisme. Le Centre, la laïcité et l’héritage chrétien


Nicolas Sarkozy en a donc remis une couche. Il a déclaré, une nouvelle fois, lors d’un discours au Puy-en-Velay que le christianisme avait forgé ce que la France est aujourd’hui. Et il est exact que la France, «sœur aînée de l’église», pourrait difficilement nier qu’elle a été façonnée, en partie, par la vision chrétienne du monde et de la vie.
Néanmoins, il ne faut pas tomber dans un simplisme en la matière. Pendant des siècles, la religion chrétienne a plutôt été l’apanage des citadins alors que les campagnes demeuraient remplies de païens (d’où le mot paysan). Et il y a toujours eu des non-chrétiens sur le sol de France. Dire que celle-ci était une nation totalement chrétienne est inexact. Cela n’a jamais été le cas. Et n’oublions pas que Clovis n’accepte de se convertir que si le dieu de Jésus l’aide à gagner une guerre. Attitude peu chrétienne…
Bien évidemment, à l’inverse, notre pays est rempli de signes qui démontrent qu’elle était majoritairement chrétienne. Les noms de lieux, les églises et les cathédrales, les arts et la culture, la loi, etc.
Pour autant, si l’on prend les préceptes de Jésus, force est de constater qu’ils n’ont guère été suivis par l’Etat et la nation tout au long des siècles. Parfois, même, on a l’impression qu’ils ont été niés. On n’a jamais vu la France tendre l’autre joue quand elle était agressée!
Mais comment pourrait-il en être autrement dans un monde de violence et de rapport de force que nous avons connu tout au long de l’Histoire? Mangé ou être mangé a été souvent la seule alternative. Et qui pourrait reprocher aux Français d’avoir voulu privilégier la première solution à la deuxième…
Reste que le message des évangiles a plutôt été une source d’inspiration qu’un comportement et un agir quotidien. Même si certains, comme les démocrates-chrétiens ont toujours voulu qu’il soit au cœur de l’action politique. Mais ils n’ont pu échapper à l’impossibilité de calquer leur action sur celui-ci quand ils ont occupé le pouvoir, notamment avec le MRP après la seconde guerre mondiale.
Et cette inspiration est toujours très présente dans le centrisme qui, ne l’oublions pas, est un humanisme et un consensualisme dont les valeurs sont très proches des paroles de Jésus et dont un des courants est évidemment la démocratie-chrétienne dont sont issus de grandes figures du Centrisme tels Frédéric Ozanam, Marc Sangnier, Robert Schuman ou Jean Lecanuet.
Néanmoins, l’héritage chrétien n’a pas été le seul à avoir façonné notre pays, loin de là. De très nombreuses influences sont à la base de ce que nous sommes. Que ce soit la Grèce et sa démocratie ou Rome et sa république. Que ce soit la civilisation celte, que ce soit la civilisation germanique ou les influences juives pour ne parler que de quelques uns des héritages préchrétiens.
Quant aux héritages postchrétiens, il y a, par exemple, les cultures arabes, chinoise, africaines, vietnamienne, de l’Europe de l’Est, comme la Pologne, de l’Europe du Sud, comme l’Italie, l’Espagne ou le Portugal, et ainsi de suite avec leurs arts, leurs techniques, leurs visions du monde et leurs religions.
La France s’est enrichie au contact de toutes ces influences. Elle est devenue ce qu’elle est grâce à elles. Et ce qu’elle est devenue lui a permis d’être elle-même une source de référence et d’influence pour d’autres.
C’est évidemment ce «elle-même» d’ici et maintenant qui compte. Tout autant que sa capacité à s’ouvrir aux autres tout en demeurant elle-même. C’est ce qu’elle est aujourd’hui et ce qu’elle sera demain et non ce qu’elle était hier. Même si le passé fait partie de notre présent et inspire notre avenir.
Aujourd’hui et plus encore demain, la France existera par sa capacité à porter ces valeurs qui la définissent et par son assimilation des courants du monde entier et sa capacité à nouer un dialogue enrichissant avec ceux-ci pour en tirer la substantifique moelle tout en vivant sont identité dans la mondialisation.
Tout cela se fait par une adaptation continue car le monde est en mouvement et celui-ci ne s’arrêtera que le jour où il disparaîtra. Vouloir figer ce que nous sommes est non seulement stupide, vain mais dangereux. Se recroqueviller sur ce que nous étions hier n’évitera pas au monde de bouger. Et le pire est qu’il le fasse sans nous.
Oui, il existe bien des valeurs universelles humanistes - liberté, respect, solidarité, tolérance (portées d’ailleurs principalement par le Centrisme français) - qui ne souffrent aucune discussion.
Confondre intentionnellement humanisme et christianisme de la part de Nicolas Sarkozy n’est pas anodin. C’est, en outre, très dangereux car cela semble exclure les autres communautés à qui il ne faut pas demander de se convertir aux racines chrétiennes mais de respecter le pacte social, ce fameux lien social, constitué de ces valeurs humanistes. Car ceux qui ne veulent pas les respecter, ne respectent pas la vision de la dignité humaine portée par la France et les Français.
Des valeurs universelles laïques qui n’ont rien à voir avec une identité chrétienne figée de la France mais qui lui permettent d’intégrer la modernité, la mondialisation et tous ceux qui, venant d’ailleurs, souhaitent partager ce pacte social et qui sont les bienvenus.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC

Actualités du Centre – François Sauvadet regrette l’absence de centristes dans le remaniement ministériel et critique Bayrou


Dans une interview au quotidien régional Le Télégramme, François Sauvadet, président du groupe Nouveau centre à l’Assemblée nationale estime que le gouvernement est trop à droite et regrette que le remaniement, suite au limogeage de Michèle Alliot-Marie, n’ait pas permis un rééquilibrage.
En outre, il affirme que sa vision personnelle de la Confédération des centres n’incluse pas François Bayrou car son «ni droite, ni gauche » n’aboutit à rien. Extraits.
Comment jugez-vous le récent remaniement ministériel qui n'a laissé aucune place aux centristes membres de la majorité présidentielle?
(…) Nous avons besoin d'un centre qui participe davantage à l'action gouvernementale et qui rééquilibre de la sorte la majorité présidentielle et le gouvernement. Je regrette donc que la présence centriste soit insuffisante dans le nouveau dispositif.
L'autre caractéristique de la nouvelle équipe gouvernementale est qu'elle comporte davantage de chiraquiens que de sarkozystes historiques. Comment l'expliquez-vous?
Il y a en effet un retour incontestable des chiraquiens. Pour ma part, je souhaite qu'il y ait une aile droite qui occupe pleinement son espace politique. Mais, en même temps, on a besoin d'une vision plus humaniste qui porte le message de l'équité. C'est pourquoi je plaide depuis des mois pour la création d'une confédération des centres. On a pu mesurer, ces derniers temps, que les sujets que nous avons lancés sont désormais pris en compte. Je pense à la suppression du bouclier fiscal, que nous réclamons depuis trois ans; je pense à la réforme de l'ISF, dont je ne souhaite pas qu'il soit purement et simplement supprimé. Et c'est parce que nous n'avons pas pesé suffisamment au sein du gouvernement qu'on a perdu du temps.
Aujourd'hui, le centre a plus de leaders que de troupes. Qu'est-ce qui empêche la réunification de votre famille, de Bayrou à Morin en passant par Arthuis et Borloo?
Je n'inclus pas François Bayrou dans cette problématique. Il a fait le choix de l'opposition systématique, alors que nous avons choisi de participer à la majorité présidentielle. Pour ma part, je ne participerai à aucune opération qui nous ferait revivre ce que nous avons vécu avec François Bayrou, c'est-à-dire le ni droite ni gauche qui aboutit à se retrouver dans la position du spectateur et non pas celle d'un acteur.

Actualités du Centre – Grande Bretagne – Les Libéraux-démocrates humiliés dans une élection partielle


Avec 4,18% des suffrages et, surtout, une sixième position, les libéraux-démocrates (centristes) britanniques ont été humiliés lors d’une élection partielle. D’autant que, l’année dernière, lors des élections générales, ils avaient fini second dans cette même circonscription de Barnsley Central.
Non seulement ils ont été battus par les travaillistes qui remportent les élections mais également par le parti de droite Ukip (UK independence party), les conservateurs, le parti d’extrême-droite, British national party, et un candidat local indépendant…
Rappelons que les Libéraux-démocrates font partie de la coalition au pouvoir avec les Conservateurs et que leur leader, Nick Clegg, est Vice-premier ministre.
Une présence au gouvernement qui leur a fait perdre une grande partie de leur électorat, surtout par la politique d’austérité mise en place pour redresser l’économie britannique à la dérive mais aussi parce qu’ils ont adopté des mesures qu’ils avaient promis de ne jamais prendre s’ils parvenaient au pouvoir. Comme, par exemple, l’augmentation des droits d’inscription dans les universités qui a mis le feu au poudre dans les milieux étudiants l’année dernière et provoqué de nombreuses manifestations violentes.