mardi 2 octobre 2018

Une Semaine en Centrisme. Mobilisation des partis centristes pour le «combat» des élections européennes de 2019

Les centristes sont désormais sur le pont pour les prochaines élections européennes mais, plus important, encore, pour défendre l’Union européenne et mener le «combat» (terme qui revient constamment dans leurs propos) contre les nationalismes et les populismes mais, surtout, pour un approfondissement de cette union.
D’Emmanuel Macron qui veut une large coalition d’un axe central pro-européen en France et en Europe à François Bayrou qui parle de combat essentiel en passant par Laurent Hénart (coprésident du Mouvement radical), Jean-Christophe Lagarde (président de l’UDI) ou Christophe Castaner (délégué général de LREM), tous sont monté au créneau ces derniers jours pour parler d’Europe.
Et que disent-ils?
Que l’Europe est en danger et qu’il faut se mobiliser pour la sauver, pour qu’elle ne tombe pas dans les mains des populistes et qu’elle reparte de l’avant vers plus de démocratie et d’intégration.
Pour cela, il faut une large alliance au centre pour Christophe Castaner qui «appelle ce qui veulent se battre pour l'Europe au dépassement politique» et indique qu'avec Alain Juppé et l'UDI, «les discussions se poursuivent»  pour une liste commune avec LREM et le MoDem.
De son côté, Laurent Hénart lance un appel: «Engageons un combat collectif pour sauver l’idéal européen, la plus grande inspiration de l’Occident, ce mode de présence sur la terre qui nous importe bien davantage que nos différences idéologiques.»
Car, selon lui, «l’Europe peut mourir au printemps prochain» et que «quarante ans après la première session du Parlement européen élu au suffrage universel, sous la présidence de Simone Veil, il est de plus en plus évident, pour les Français qui chérissent l’idéal d’une construction continentale humaniste, que les élections de mai «seront les plus dramatiques de notre histoire contemporaine.»
Ainsi, si Jean-Christophe Lagarde se réjouit que «pour la première fois depuis longtemps, la campagne européenne va se jouer sur des enjeux européens», c’est pour pointer du doigt que l’enjeu sera crucial pour l’Union européenne et son avenir.
Quant à François Bayrou, il parle du «grand combat européen» qu’il va falloir livrer en mai 2019 (date des élections au Parlement européen), le «combat le plus important de notre destin», selon lui.
Il pointe du doigt, notamment, les ennemis extérieurs de l’Union européenne:
«Tout le monde a dit que l'Europe était en danger, que l'Europe était au risque, qu'elle était en train de se décomposer intérieurement, qu'elle était au bord de l'implosion, qu'il y avait le Brexit… mais tout ceci répond à un plan précis qu'un grand nombre de puissances dans le monde veulent que l'Europe disparaisse!»
Et bien sûr, il y a le président de la république, européen convaincu, qui, dans une interview récente a affirmé que «pour les élections européennes, je ferai tout pour que les progressistes, les démocrates et ceux dont je porte la voix – je l’espère incarnée par une liste la plus large possible en France – se fassent entendre.»
Car il s’agit bien d’«un combat de civilisation, un combat historique» face «aux extrêmes» à qui, il ne faut rien «céder».
Un Emmanuel Macron qui ne ménagera pas ses effort pour les prochaines européennes: «je m’impliquerai, car je crois à une campagne pour une Europe de l’ambition et de l’avenir, des démocrates et des progressistes.»
Lors d’un discours prononcé le 4 juillet dernier à Berlin, le philosophe allemand et infatigable défenseur de l’Europe unie, Jürgen Habermas disait:
«Une Union européenne capable d’agir politiquement ferait du cœur de l’Europe – actuellement en pleine désagrégation – la seule force susceptible de lutter contre la destruction de notre modèle social si vertueux. Dans sa constitution actuelle, l’UE ne peut qu’accélérer ce dangereux processus de déstabilisation. Si l’Europe se désagrège – répondant en cela au désir d’un Trump –, c’est parce que les peuples européens ont parfaitement conscience, de façon toujours plus vive, et ô combien réaliste, qu’il manque la ferme volonté politique d’enrayer cette logique délétère.»
Il semble que les centristes français aient entendu son appel.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


Vues du Centre. Un idiot à la Maison blanche ou quand la démocratie a réellement commencé à sombrer

Par Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC

Donald Trump
«Idiot», «crétin», «incapable», «dangereux», ce ne sont pas des adjectifs à nous, ni ceux d’opposants à Donald Trump mais ils sortent directement de la bouche de ceux qui travaillent avec lui à la Maison blanche.
Il faut bien comprendre ce que cela veut dire quand vos conseillers affirment vous empêcher de faire des bêtises (comme provoquer une guerre), qu’ils vous cachent des choses, qu’ils refusent de transmettre vos ordres les plus inconséquents et qu’ils déclarent un peu partout que vous devriez être destitué.
Dans le fauteuil du bureau ovale, se trouve assis l’homme le plus puissant des Etats Unis, la première puissance mondiale, la plus vieille démocratie du monde, et cet homme est un «moron», un «abruti» (toujours selon ses conseillers).
Ce n’est pas un simple fait, mais un séisme qui a frappé la démocratie mondiale le 8 novembre 2016 et dont les répliques continuent de faire trembler le monde sans discontinuer depuis lors.
Bien sûr, c’est d’abord la faute à Trump.
Mais aussi au Parti républicain qui lui a permis de concourir sous ses couleurs avant de l’adouber sans trop de scrupules.
Sans oublier les plus de 60 millions d’électeurs qui l’ont porté au pouvoir.
On ne mésestimera surtout pas le système électoral américain qui permet, une nouvelle fois, à un candidat ayant eu moins de voix que sont concurrent (en l’occurrence trois millions!) de gagner un scrutin, ce qui n’est vraiment pas très «normal» en démocratie.
Et puis il faut citer les médias qui, tout en combattant Trump majoritairement, lui ont donné la parole, ont relayé tous ses mensonges, lui ont permis toutes ses insultes, pas du tout parce que cela faisait partie du débat démocratique mais parce que leurs audiences étaient boostées et leurs revenus publicitaires également donc, globalement, leurs chiffres d’affaires…
On pourrait, dans une provocation finale, y ajouter la démocratie républicaine qui n’a pu empêcher un tel personnage de se faire élire à la tête de la première puissance mondiale mais on préfèrera parler des dysfonctionnements de celle-ci à plusieurs niveaux que de l’incriminer dans ses fondements mêmes.
L’élection de Donald Trump est bien un moment pivot qui nous fait comprendre que la démocratie est attaquée en son cœur même, là où on pensait qu’elle était à l’abri d’une telle mésaventure.
Bien entendu, les Etats-Unis n’ont pas toujours été des parangons de vertu démocratique.
L’épisode George W Bush est le plus récent avant l’élection de Trump.
Cependant, jamais un populiste démagogue, incapable, menteur, foulant au pied toutes les valeurs de la démocratie (mot qu’il ne prononce pratiquement jamais) qui se veut ami avec les pires canailles de la planète (il vient même de déclarer que lui et Kim Jon-Un, le dictateur sanguinaire nord-coréen était «tombés amoureux l’un de l’autre»…) n’avait été élu au poste suprême.
De même, l’élection de Trump a dynamisé les forces anti-démocratiques dans de nombreux pays (comme la Pologne, l’Italie ou les Philippines) et les autocrates déjà en place (comme en Russie ou en Turquie).
Sans oublier que de nombreux populistes et extrémistes utilisent désormais les recettes de Trump (mensonges, insultes, menaces, promesses irréalisables) pour se donner de la visibilité comme Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou Laurent Wauquiez en France.
Et la polarisation qui en résulte rend fou une partie des médias qui, d’un bord à l’autre, se transforme en simple outil de propagande, s’inspirant largement de ce qui se passe sur internet (sur certains sites et sur la plupart des réseaux sociaux).
Tout cela, bien sûr, était en gestation depuis quelques années et les mouvements extrémistes et populistes ne sont pas nés avec Trump, ni même leur résonnance dans la société.
Mais les voilà parés, sinon d’une légitimité, en tout cas d’une visibilité et d’une aura qui semble difficilement à contrer pour l’instant.
Oui, l’installation d’un idiot à la Maison blanche a réellement déclenché un mouvement qui fait sombrer petit à petit la démocratie.

Jean-François Borrou
Alexandre Vatimbella