lundi 11 juin 2018

Actualités du Centre. Sortie de l’ouvrage «LE CENTRISME AMERICAIN» aux Editions du CREC

L’édition 2018, refondue et augmentée, de l’ouvrage d’Alexandre Vatimbella, Le Centrisme Américain, vient de paraître aux Editions du CREC.


Lire ci-dessous l’introduction et la table des matières:

Introduction
Il existe peu de littérature sur le Centre et le Centrisme en général, encore moins sur le Centre et le Centrisme aux Etats-Unis que ce soit en anglais ou en français. Cela est d’autant plus étonnant que les termes «centre», «centrisme» et «centriste» sont souvent mentionnés dans les médias écrits ou audiovisuels américains. Ils sont également souvent utilisés par les politistes et les politologues ainsi que par le personnel politique. Et ce n’est guère étonnant  puisque, depuis toujours ou, tout au moins, depuis le milieu du XIX° siècle, il y existe un courant centriste reconnu, des centristes et des politiques centristes assumés dans le paysage politique étasunien. Sans même parler du modérantisme bipartisan qui est une caractéristique de la politique américaine depuis l’indépendance du pays.

Ce Centre américain s’incarne souvent dans les termes tels que «modération», «consensus», «compromis», «bipartisan», tout ce qui est présenté comme une politique au centre, mais pas seulement car également dans ceux d’«équilibre», de «juste équilibre humaniste» qui définissent plus précisément le Centrisme. De même, les termes «centrisme radical» (Radical centrism) ou «milieu radical» (Radical middle) définissent parfois un centrisme américain au positionnement plus «européen», même si la distinction entre centrisme américain et celui du vieux continent prête à discussion (certains politologues conservateurs, par exemple, qualifient Richard Nixon de «centrist» et Barack Obama de «radical centrist» alors que le premier est essentiellement un homme politique de droite et le deuxième un vrai centriste…). Mais la confusion existe toutefois partout avec cette manie de certains médias autour du monde à qualifier de centre-droit ce qui n’est que de la droite modérée (ou non-extrémiste…) et à faire de même à gauche pour la qualification de centre-gauche.

Avec un régime présidentiel comme celui qui a cours aux Etats-Unis (même si le but des Pères fondateurs n’était pas forcément de donner un pouvoir plus important au chef de l’Etat fédéral), l’incarnation d’une politique s’est faite essentiellement, et dès le premier président élu, par l’hôte de la Maison blanche. En ce qui concerne le Centre, elle se fait par des personnalités politiques aussi importantes que les présidents républicains Abraham Lincoln ou Théodore Roosevelt et démocrates Bill Clinton ou Barack Obama.

Le choix entre deux centristes pour occuper la Maison blanche s’est même déjà présenté plusieurs fois au cours de l’histoire américaine et notamment lors des deux présidentielles avec Barack Obama du côté du Parti démocrate et John McCain (2008) puis Mitt Romney (2012) du côté du Parti républicain même si leurs positionnements centristes avaient quelques différences avec, d’un côté, un progressiste démocrate et de l’autre deux conservateurs éclairés.

En outre, toute une frange de la société s’estime orpheline d’un système politique où le «compromis» entre les deux grands partis (démocrate et républicain) assurait, selon eux, une coopération pour prendre des mesures «centristes». Depuis des années, des tentatives ont lieu afin de faire revivre cette époque bénie selon ses initiateurs. On peut ainsi parler de «American project» et, plus récemment, du «Centrist project» mené par un jeune homme politique, Nick Troiano, qui se sont dédiés à cette tâche. Le but actuel de ce dernier n’est pas de former un troisième parti hégémonique mais de créer un groupe central d’élus au Congrès qui serait indispensable pour obtenir une majorité et donc gouverner, afin d’obliger les deux grands partis à travailler ensemble.

Pour certains ce passé est largement enjolivé et fantasmé. Car, même s’il y a eu des périodes de «compromis», la politique américaine se caractérise souvent par des oppositions partisanes franches et frontales particulièrement fortes, parfois très agressives, voire violentes. Reste qu’il est vrai qu’il a existé, pendant très longtemps, une aile centriste puissante à la fois au Parti républicain et au Parti démocrate et que, surtout chez les républicains, elle a quasiment disparue – le déclin a commencé lors de la présidence Nixon (1969-1974) et s’est accentuée jusqu’à aujourd’hui –, alors qu’elle s’est maintenue chez les démocrates mais se trouve très contestée depuis l’opposition entre la centriste Hillary Clinton et le socialiste Bernie Sanders lors de la dernière primaire présidentielle du parti en 2016 et qui a aboutit à la candidature de la première nommée mais à l’élection du démagogue populiste, Donald Trump.

Dès lors, cet ouvrage se justifie par cette absence d’étude sur le Centrisme américain mais aussi et surtout parce que ce Centrisme est une réalité politique importante aux Etats-Unis. On peut même dire que la création d’une démocratie par les Pères fondateurs de la nation américaine et les rédacteurs de la Constitution se basaient sur une vision centriste de la politique ainsi que sur la volonté – et l’espoir – que le fonctionnement de la république se ferait au centre, surtout dans le modérantisme.


TABLE DES MATIERES

Introduction

Chapitre 1
Une volonté centriste dès l’origine

Chapitre 2
Le tropisme centriste

Chapitre 3
La sensibilité centriste aux Etats-Unis

Chapitre 4
L’histoire du Centrisme américain / De Washington à Obama, les présidents et le Centre  
- Le modérantisme des Pères Fondateurs
- Abraham Lincoln, le premier centriste
- Theodore Roosevelt, dans les pas de Lincoln
- Bill Clinton, centriste moderne
- Barack Obama, héritier de Lincoln et Roosevelt

Chapitre 5
Les différents centrismes américains
- 1 Le Centrisme de l’humanisme démocratique 
- 2 Le progressisme 
- 3 La Troisième voie («Third way») 
- 4 Le Centrisme «post-partisan» 

Chapitre 6
Bill Clinton et la «Nouvelle alliance» («New covenant»)

Chapitre 7
Barak Obama et l’«opportunité équitable» («Fair shake»)

Conclusion
La situation paradoxale du Centre depuis  le mandat de Barack Obama

Appendices
I - La disparition des «centristes» républicains
II - Et si les républicains avaient enfin  réussi à gauchiser les démocrates
III  Présidentielle USA 2016. La défaite  du Centre et du Centrisme aux Etats-Unis?
IV - Les 45% des Américains qui se disent «independents», sont-ils centristes?
V - Il est temps pour un parti centriste  aux Etats-Unis
VI - La droite radicale américaine en passe de gagner son pari de tuer le Centre

Citations sur le Centre et le Centrisme Américain

L’Humeur du Centriste. Trump est un malade mental ou, s’il le fait exprès, c’est encore pire!

Donald Trump
Faisons le bilan de la politique étrangère américaine (la politique intérieure est du même acabit…).
Les Etats-Unis ont seulement deux voisins avec lesquels ils partagent des frontières: le Mexique et le Canada dont le dernier est un de ses plus grands alliés.
Donald Trump a réussi à se fâcher avec les deux en insultant les deux nations et leurs dirigeants.
Les alliés historiques des Etats-Unis sont la France, le Royaume Uni et, plus récemment, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et tous les pays qui sont dans l’Union européenne.
Donald Trump a réussi à se fâcher avec tous ces pays à l’exception de la Pologne et de la Hongrie qui ont deux gouvernements extrémistes de droite, populistes et démagogues.
Les ennemis contemporains des Etats-Unis sont la Russie, la Corée du Nord, la Chine et l’Iran.
Donald Trump courtise sans cesse le leader russe Poutine (il vient même de demander la réintégration de la Russie dans le G7 pour qu’il redevienne le G8 alors que le pays en a été exclu depuis qu’il a annexé illégalement la Crimée), offre au dictateur coréen Kim ce qu’il a toujours voulu, une reconnaissance internationale et un dialogue bilatéral avec les Etats-Unis tout en restant une des dictatures les plus violentes de la planète et sans avoir vraiment fait de concession réelle (il peut reprendre son programme nucléaire quand il le voudra), offrant de surcroît une victoire diplomatique à la Chine communiste (et qui est le principal danger pour l’économie et le commerce étatsunien) qui a toujours milité pour que les Américains traitent directement avec la Corée du Nord.
Quant à l’Iran, il a réussi à casser un accord qui prévoyait un contrôle des activités nucléaires du pays afin que ses dirigeants ne puissent se doter de la bombe atomique, créant une instabilité des plus dramatiques.
Mais pourquoi?
Il y a bien sûr l’explication que monsieur Trump est un sombre crétin, ne connaissant rien au monde qui l’entoure et qui, en tant que fils-à-papa égocentrique narcissique et d’une suffisance sans borne, ne sait pas ce qu’il fait ou, en tout cas, est en train de créer sans s’en rendre compte, un monde qui pourrait imploser.
Mais il y a une autre explication, tout aussi valable et qui fait encore plus froid dans le dos: monsieur Trump serait un adepte de la stratégie du chaos et tout cela serait fait exprès.
Cette théorie du chaos, soutenue par nombre des personnages sulfureux et peu démocrates qui l’entourent ou l’ont entouré, veut sciemment «foutre le bordel» partout et tout le temps, afin, d’une part, de détruire l’Etat (et ce fameux fantasme trumpien d’un «deep state», un Etat profond qui, dans l’ombre, gouvernerait les Etats-Unis et le monde et dont on attend toujours qu’il nous fournisse le début du début d’une preuve de son existence) et tout ce qui empêche les plus forts (individuellement et collectivement) d’imposer leur propre loi, c’est-à-dire celle du chacun pour soi où, dans un darwinisme social des plus épouvantables, l’intérêt des plus riches seraient, non seulement, préservé mais développé.
C’est comme cela qu’il faudrait comprendre son action.
Que ce soit chez lui avec les dérégulations à tout va, les nominations d’incompétents ou de personnes chargées de détruire toute l’œuvre accomplie par ses prédécesseurs (et pas seulement Obama) et la volonté de bloquer sciemment toute action publique par l’enrayement de la machine administrative ou que ce soit à l’étranger avec les bonnes relations avec les autoritaires et les dictateurs (Kim, Poutine, Duterte, Xi), les fâcheries avec tous les alliés des Etats-Unis (sauf Israël), le renoncement à tous les accords internationaux signés, il est en train de détruire le régime de la démocratie républicaine dans son pays et de provoquer des tensions incroyablement dangereuses sur la scène internationale.
Cependant, que ce soit la première ou la deuxième explication voire un mix des deux (ce qui est sans doute là où l’on est le plus proche de la réalité de son agir), son comportement nous mène tout droit vers une redoutable catastrophe.
Face à cela, le monde civilisé, le monde démocratique, le monde de la loi, le monde de la coopération, tous ces mondes qui n’en font qu’un, celui de la démocratie républicaine, doit mener la bataille, sans faiblir, sans fléchir, sans compromission.
Et au premier rang doivent se trouver les centristes comme nous l’ont montré Emmanuel Macron et Justin Trudeau ces derniers jours.

Centristement votre.

Le Centriste