lundi 9 décembre 2019

Vues du Centre – Contester la réforme des retraites n’est pas rendre service aux Français

Par Thomas Pape

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Thomas Pape est un centriste de longue date autrefois adhérent de l’UDF. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Mais existera-t-elle encore demain?...
Que la Gauche toute entière et l’extrême droite soient contre la réforme des retraites, rien de plus normal, le contraire eut été étonnant.
Ces deux pôles politiques, soit disant opposés mais manifestant désormais ensemble, sont ceux auxquels se rattachent la grande majorité de ceux qui bénéficient des régimes spéciaux des retraites et où l’on trouve les plus grand nombre d’opposants radicaux à la majorité actuelle.
Leurs positionnements avant tout clientéliste et politicien, qui jouent contre le pays, n’ont pas de quoi surprendre.
De même que ceux des syndicats qui ne défendent jamais l’intérêt commun mais les intérêts corporatistes de groupes particuliers.
Il faudrait d’ailleurs demander à leurs militants qui ne bénéficient pas des largesses des régimes spéciaux s’ils sont d’accord de les payer de leur poche pour d’autres.
Notons, au passage, la position des écologistes de gauche radicale d’EELV qui réussissent à soutenir une grève qui fait en sorte de polluer le pays à grande échelle en forçant les Français à prendre leur voiture...
Mais c’est vrai qu’ils ne sont pas à une ânerie de plus!
Mais que la Droite critique ce projet alors qu’elle est sensée lutter pour le régime que celui-ci porte et veut mettre en place est, non seulement, risible et pathétique, mais consternant, relevant au plus haut degré d’un comportement politicien assez lamentable.
Parce que cette opposition à la réforme et la grève – «très suivie» selon le quotidien de gauche Le Monde alors que la SNCF ne comptabilisait le 9 décembre que 17% de grévistes! – appelle trois remarques de bon sens pour tous ceux qui pensent avant tout de manière responsables comme les centristes.
D’abord, le problème n’est pas si l’on doit faire ou non une réforme des retraites mais que celle-ci est absolument indispensable, rien que pour, tout simplement, qu’il y ait encore des retraites dans le futur.
Ensuite, c’est de comprendre que la grève a pris comme prétexte les retraites mais qu’elle est en réalité un mouvement contre le gouvernement, donc qu’elle a pour but réel de contester sa légitimité obtenu dans les urnes.
Et, ici, tous les moyens sont bons avec, en particulier, la diffusion de fake news qui n’ont d’autre but que de créer une angoisse chez les salariés.
Enfin, ce n’est pas en infantilisant les Français en leur racontant des fables du genre «il n’y a pas besoin de réforme, tout va bien, le système est excédentaire et de toute façon on fera payer les riches quand il le faudra» que l’on parviendra à leur faire prendre conscience des vrais défis qui sont devant le pays.
Et il y a à craindre que quand ils se réveilleront – s’ils se réveillent un jour! –, il sera trop tard, un peu comme pour le changement climatique où ceux qui ont mis des gilets jaunes ont refusé de payer quelques cents supplémentaires pour participer au sauvetage de la planète…

Thomas Pape


Présidentielle USA 2020. Hillary Clinton espère que, cette fois, Sanders ne fera pas battre le candidat démocrate

Sanders et Clinton en 2016
Tout le monde sait que le soutien apporté par Bernie Sanders à Hillary Clinton lors de la présidentielle de 2016 n’en était pas vraiment un et que celui-ci a été fait du bout des lèvres incitant une partie des Américains situés à gauche de l’échiquier politique (dont certains membres du Parti démocrate) à ne pas se déplacer lors du scrutin pour voter pour la centriste et de permettre ainsi à Donald Trump de l’emporter.
Une responsabilité que le sénateur socialiste – non membre du Parti démocrate – du Vermont a toujours niée même si les faits et les chiffres disent le contraire.

Comme l’écrivait alors le site internet de CNN lors de la cérémonie officielle du soutien de Sanders à Clinton:

«Il semblait y avoir peu de chimie naturelle entre Clinton et Sanders et leur langage corporel était remarquablement rigide. Les deux ont évité tout contact physique après avoir d'abord marché ensemble sur scène, et Sanders, dans son discours de 30 minutes, a mentionné Clinton à plusieurs reprises par son nom sans reconnaître qu'elle se tenait à côté de lui en le regardant. Après avoir conclu son discours, Sanders semblait parti pour une simple poignée de main que Clinton ignora en lui ouvrant les bras et en lui offrant, au lieu de cela, une accolade.»

Récemment, lors d’une interview avec la star de la radio américaine, Howard Stern, Hillary Clinton est revenue sur cet épisode de la présidentielle d’alors.

Elle a expliqué que Bernie Sanders ne l’avait pas soutenu comme il le fallait et que c’était un des éléments de sa défaite.

Tout en ajoutant qu’elle ne «détestait personne» et qu’elle avait été «déçue» par le sénateur du Vermont, elle a ainsi déclaré:

«Il m'a fait du mal, il n'y a aucun doute là-dessus, et j'espère qu'il ne le refera pas à quiconque obtiendra la nomination [pour 2020]. Une fois suffit.»

Ceci a évidemment fait réagir Sanders qui est à nouveau candidat à l’investiture démocrate pour la prochaine présidentielle qui a, de nouveau, réfuté ces accusations.

Cependant, cette éventualité existe bien car les propos du socialiste depuis quatre ans se sont radicalisés et il pourrait agir de même si le candidat désigné était centriste comme JoeBiden, Amy Klobuchar et évidemment Michael Bloomberg qu’il a déjà vertement critiqué, lu déniant la légitimité même de se présenter parce qu’en tant que milliardaire, on ne pouvait pas le laisser «acheter» l’élection…

Vues du Centre. La réaction clanique du MoDem face à la mise en examen de Bayrou

Par Jean-François Borrou

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.

François Bayrou
Vous n’avez jamais rien fait de répréhensible parce que vous êtes d’une honnêteté irréprochable, selon vos propres dires, surtout, vous n’êtes au courant de rien parce que vous ne vous occupiez pas de la gestion du parti, ajoutez-vous.
Mais, monsieur Bayrou, qui peut croire sérieusement une seule seconde que quelque chose puisse se passer à l’intérieur du Mouvement démocrate sans que vous l’ayez décidé ou, au minimum du minimum, sans que vous soyez mis au courant?!
Il suffit d’avoir été militant d’un parti que vous avez dirigé pour être halluciné par une telle assertion.
Votre défense à propos des faux attachés parlementaires européens de votre parti a, de plus, quelque chose d’indécent pour un homme comme vous qui ne cesse de répéter à longueur de journée qu’il faut être responsable, qu’il faut assumer ses actes et qu’il faut un monde politique propre et qui se présente encore comme un parangon de vertu, critiquant sans cesse ceux qui ont fauté comme Nicolas Sarkozy ou Bernard Tapie, par exemple.
Car, plus que ce détournement de fonds qui a assuré la survie du MoDem dans une période critique, c’est votre défense par vous-même et tous vos admirateurs transis, pardon, les dirigeants, les élus et les militants de votre formation qui est choquante.
Et, surtout, d’un ridicule pathétique quand on entend par exemple le chef de vos députés, Patrick Mignola, dresser le panégyrique de son patron, vous même – à moins que ce soit des éloges funèbres de votre carrière politique! – dont on a peine à croire les déclarations selon lesquelles que vous seriez, le messie dont la république à si besoin, la boussole qui lui permet de toujours indiquer la direction.
Le pire, monsieur Bayrou, c’est qu’en la circonstance, vous avez agi comme l’a fait Marine Le Pen pour les mêmes raisons, renflouer les caisses du parti et payez ses salariés avec l’argent venant de l’Union européenne grâce aux députés élus au Parlement européen, une pratique du RN que vous avez largement condamné et que vous avez raison de condamner.
Et c’est à cause de ce «splendide isolement» où vous l’avez constamment cantonné pendant des années pour votre unique ambition personnelle que le MoDem a du agir ainsi pour ne pas mettre la clé sous la porte.
Voilà qui n’est pas très reluisant pour le Centre que vous prétendez incarner même si vous n’en êtes pas le premier dirigeant auquel la justice s’intéresse.
Nous passerons rapidement, comme cela a été le cas pour vous-même, physiquement parlant, sur votre passage – que vous aviez accepté comme une récompense de votre vertu – place Vendôme en tant que garde des Sceaux…
Que vous défendiez votre innocence quand tant d’éléments sont contre vous, pourquoi pas, c’est votre droit.
Que cette affaire, si vous être jugé coupable, ne vous empêche pas de continuer à faire de la politique et à être élu après avoir purgé votre peine, si une est prononcée, pourquoi pas, non plus, vous n’avez certainement pas franchi la limite de l’acceptable, loin de là, à l’opposé d’un Jérôme Cahuzac ou d’un Patrick Balkany.
Mais on aurait aimé un peu plus de décence dans les réactions de vos troupes qui vous comparent à un martyr parce que l’on vous accuse de détournement de fonds à de quoi choquer.
Cela rappelle un peu les réactions claniques des membres du RN à l’égard des mises en examen de la famille Le Pen.
Parce qu’en plus, l’on se plaisait à penser qu’il y avait quelques uns des membres du MoDem qui avaient commencé à ne plus être des fans ardents mais des hommes et des femmes politiques plus libres et responsables, capables de s’émanciper de votre tutelle parce qu’ils avaient compris que ce n’est pas un homme que l’on défend quand on fait de la politique mais des idées et des valeurs, surtout quand on est centriste où l’on déteste l’être providentiel.
Ce sera sans doute pour une autre fois, s’il y en a une…

Jean-François Borrou