mercredi 30 septembre 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. A la recherche de «vrais» centristes

Avec les récents développements politiques, politiciens diront les mauvaises langues ou tout simplement les déçus, on est en droit de se demander s’il existe encore des «vrais» centristes dans le paysage politique français.
Les accords pour les régionales entre l’UDI, le MoDem et LR mais encore plus les déclarations des leaders centristes semblent démontrer un infléchissement certain à droite des partis qui se disent centristes.
Pour une école de pensée attachée aux thèses du politologue Maurice Duverger, cela n’est guère surprenant puisque le Centre ne serait qu’un appendice de la Droite peuplé de modérés voire, pire, d’opportunistes.
Mais pour les analystes qui estiment que les centristes ne sont pas solubles dans la Droite (ni la Gauche), la question est posée.
On peut faire une première réponse.
Comme les «vrais» socialistes, communistes, conservateurs, anarchistes, fascistes, etc., les «vrais» centristes n’existent pas et n’existeront jamais.
On n’a jamais connu un homme ou une femme politique qui épousaient à 100% les thèses officielles d’une idéologie politique, si tant est que l’on puisse définir très exactement celles-ci.
La «pureté» totale du Centrisme défendu par ceux qui se veulent des centristes n’est pas plus possible.
Il existe, certes, des valeurs et des principes centristes mais ils sont interprétables et personnalisables.
Néanmoins, ces remarques préalables n’épuisent pas pour autant notre interrogation.
Car s’il n’existe pas de «vrais» centristes au Centrisme «pur», si l’on se dit centriste ou du Centre, c’est que l’on défend une vision politique précise et que cette défense est prioritaire par rapport à d’autres proximités, à droite ou à gauche, que l’on peut avoir par ailleurs.
Force alors de reconnaître que les derniers développements démontrent une «souplesse» des centristes qui peut également être vue comme un simple opportunisme ou un manque de conviction dans ce que l’on affirme défendre et croire.
Bien entendu, certains diront qu’il s’agit plutôt d’un pragmatisme, d’autant plus que cette qualité fait partie intégrante du centriste.
Et on pourrait les suivre si celui-ci avait un fondement politique et non simplement électoral et «patrimonial» (avoir des élus puis des postes, une fois au pouvoir) comme c’est plutôt le cas actuellement.
En s’attachant aux déclarations exclusivement politiques, sans les confronter aux actes qui malheureusement les contredisent, on s’aperçoit malgré tout que des fondamentaux du Centrisme s’y retrouvent chez certaines figures centristes actuelles.
C’est le cas, par exemple, chez Jean-Christophe Lagarde.
Malheureusement, ses propos qui font souvent références à l’humanisme, base même du Centrisme, ont tendance à s’égarer dans une agressivité politique qui ne fait pas partie de la culture centriste.
Mais c’est aussi le cas, à un degré moindre, chez François Bayrou, même si le discours a souvent varié et qu’il soit actuellement, selon les dires même du président du MoDem, plus proche du gaullisme.
Jean-Christophe Fromantin et même Yves Jégo ou Laurent Hénart possèdent également quelques fondamentaux du Centrisme.
En revanche, on perçoit un éloignement du Centre de plus en plus grand chez Hervé Morin et certains de ses amis du Nouveau centre dont on ne serait pas surpris de les retrouver à LR après la présidentielle.
Pour autant, ce tableau partiel montre des centristes prêts à faire beaucoup de concessions sur leurs centrismes respectifs afin de conclure des alliances fructueuses.
Si cela permet de les teinter fortement de Centrisme grâce à des compromis gagnant-gagnant (en termes politiques et non électoraux), tant mieux.
Si cela n’est que des compromissions et des renoncements afin d’obtenir quelques récompenses, on peut se montrer inquiet pour les idées centristes dans les temps qui viennent, c’est-à-dire jusqu’à la présidentielle et jusqu’aux législatives de 2017.
A moins qu’un sursaut ne survienne, les centristes droits dans leur botte seront sans doute une denrée plutôt rare sur la scène politique dans le laps de temps qui nous sépare de ces rendez-vous électoraux.
Heureusement, le Centrisme, lui, demeurera, quoi qu’il arrive, une référence politique essentielle à défaut de trouver des serviteurs à sa hauteur.