lundi 8 février 2021

Propos centristes. France – France relance en actes; covid19; gaz à effet de serre en baisse; politique agricole européenne; proportionnelle; enfants exposés à la pornographie ; justice sociale…

Voici une sélection, ce 8 février 2021, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.


► Emmanuel Macron (Président de la République)

La France a baissé ses émissions de gaz à effet de serre en 2019 de -1,7%. C’est au-delà de notre objectif ! C’est le résultat d’une écologie du concret et du progrès. C’est le fruit de nos efforts à tous. Avec la loi climat, préparée avec vous, nous allons encore accélérer.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Jean Castex (Premier ministre)

- 11 milliards d'euros ont déjà été dégagés dans le cadre de France relance: derrière ces chiffres, il y a des projets concrets et des actions déployées sur le terrain pour soutenir la croissance, l'emploi et investir dans la France de 2030.

- Si l'urgence est sanitaire, elle est aussi sociale. France relance lutte au quotidien contre la bascule dans la pauvreté avec 3 leviers : soutenir les revenus, développer des solutions d'insertion et d'activité, renforcer l'accès au logement.

- Lancé en juillet, #1jeune1solution a atteint ses objectifs : record historique de contrats d'apprentissage signés; malgré la crise, 1,2 millions de jeunes de moins de 26 ans ont été embauchés entre août et décembre sur des contrats d'au moins 3 mois.

- Grâce à France relance, la France de 2030 sera plus verte et plus respectueuse de son environnement. Près de 200 000 particuliers ont bénéficié de #MaPrimeRénov en 2020 : c'est autant de chantiers bons pour l'emploi et pour la planète !

- 88% des 1000 entreprises déjà soutenues par France relance sont des PME et des entreprises de taille intermédiaires. Les aides à l’investissement productif permettent de renforcer notre souveraineté économique tout en dynamisant notre industrie.

- Pour atteindre la neutralité carbone, l'État doit montrer l'exemple. C'est l'objectif du grand plan de rénovation énergétique des bâtiments publics engagé grâce à France relance qui soutient l'emploi local tout en réduisant notre empreinte écologique.

- Quantique, intelligence artificielle, hydrogène, biothérapies, bioproduction : Fran ce relance investit dans ces technologies-clés. C'est en étant plus résilient, indépendant et compétitif technologiquement que notre pays pourra sortir renforcé de la crise.

 

Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique)

- [Condamnation de l'Etat pour "carences fautives" dans la lutte contre le changement climatique] Cette condamnation concerne la période allant de 2015 à 2018. Nous y répondons avec des faits : en 2019, la France a tenu ses engagements climatiques et c'est une excellente nouvelle. Nous venons en effet d'avoir les chiffres stabilisés et je peux vous annoncer que nous avons, en 2019, baissé nos émissions de gaz à effet de serre de 1,7%, contre 1,5% fixés dans notre stratégie! On peut donc avoir de la croissance économique et en même temps, baisser nos émissions. Cela veut dire que les mesures que nous avons prises - le remplacement des chaudières au fioul par exemple - fonctionnent. Il nous reste beaucoup de chemin à faire, mais nous sommes sur les rails pour respecter nos engagements. Dans la période sombre que nous traversons, c'est une vraie note d'espoir et ça doit nous encourager à aller plus loin. Nos efforts payent. (…) Nous sommes désormais sur la bonne trajectoire et la loi Climat que je porte est l'une des briques qui va nous permettre d'accélérer. C'est la dernière grande loi du quinquennat sur ce sujet, elle vient amplifier toutes les lois prises auparavant et s'ajouter aux 30 milliards "verts" du plan de relance. Tout cela mis bout-à-bout nous donne les moyens d'atteindre nos objectifs à l'horizon 2030.

- Certes, cette loi climat ne permet pas à elle seule d'atteindre l'objectif de réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 puisqu'on ne partait pas d'une feuille blanche. Elle s'ajoute aux autres lois écologiques du quinquennat et aux décisions prises pour répondre aux propositions des citoyens : avec la loi de finance, des décrets ou avec France relance… Mais c'est une loi pivot qui fait entrer l'écologie dans la vie quotidienne des Français, qui va verdir notre modèle et notre société et jouer le rôle de catalyseur. Et puis dans ce texte, il y a quelques éléments quantifiables, mais aussi beaucoup d'autres qui le sont moins. Du côté des éléments quantifiables, on sait que la mise en place des zones à faibles émissions dans les grandes villes conduira à une baisse de 4,5 millions de tonnes équivalent CO2 d'ici à 2030 ; la compensation des vols aériens, ce sont 1,4 million de tonnes, la division par deux du rythme d'artificialisation et la fin des passoires thermiques, entre un et deux millions de tonnes pour chacune de ces mesures. En revanche, toutes les mesures d'ordre culturel, telles que l'éducation à l'environnement, l'affichage environnemental ou la régulation de la publicité, ne sont pas quantifiables. Or, nous pensons qu'elles vont créer un effet boule de neige. Regardez ce qu'il s'est passé avec les 150 citoyens de la Convention : ils le disent eux-mêmes, ils n'étaient pas forcément sensibilisés à ce sujet, ils ont rencontré des scientifiques qui leur ont expliqué les faits et la majorité d'entre eux a pris une claque dans la figure! Des citoyens éclairés ont une volonté d'agir et de faire changer les comportements qui est bien supérieure à toutes les lois.

- Dans notre pays, on dit toujours que ce n'est jamais assez. Moi aussi, en tant qu'écolo, je veux toujours qu'on aille plus vite et plus loin car on est dans l'urgence. Mais ce qu'on est en train de faire est unique au monde. Quel pays prépare une loi aussi globale sur tous les aspects de la transition écologique en pleine période de crise? On avance malgré ceux qui nous disent que ce n'est pas le moment. On va mettre un sérieux coup de frein à l'étalement urbain, réguler la publicité, informer le consommateur avec le carbone score qui indiquera l'impact climatique des produits, on va réduire les vols domestiques pour favoriser le train quand il y a des alternatives à moins de 2h30. On aura aussi 50% de produits durables et bio dans toutes les cantines collectives, même privées. L'écologie va devenir quelque chose de familier, de normal. On doit faire du covoiturage ou du vélo comme on va acheter sa baguette de pain. 

- Sur la publicité, plutôt que l'interdiction, nous avons fait le choix de demander aux annonceurs et aux médias de nous proposer des chartes d'engagement qui soient exigeantes et qu'on puisse contrôler. S'ils ne jouent pas le jeu, je serai favorable à ce qu'on mette en place des mesures contraignantes. J'encouragerais les initiatives des parlementaires en ce sens, mais je veux d'abord faire le pari de la confiance et de la responsabilité.

- Nous voulons que la rénovation soit facile pour les Français. Nous avons déjà simplifié l'accès aux aides, avec ma prime rénov et nous avons lancé une mission dont le but est de poser clairement les règles sur les financements, le parcours pour rénover son logement et les moyens de limiter le reste à charge pour les propriétaires et les locataires. Ses conclusions sont attendues avant le début des débats à l'Assemblée, le 29 mars. C'est très important car on sait que si on veut arriver à nos objectifs de baisse des émissions dans le bâtiment, on doit répondre à ces questions. Selon le résultat, je verrai s'il est nécessaire de compléter la loi. 

- Evidemment, je veux toujours faire le maximum pour l'écologie. Mais pour que tout le monde se l'approprie, il faut certes porter la plus haute exigence possible mais aussi la confronter aux contraintes des uns et des autres. C'est très facile de faire de l'écologie abstraite. Mais moi je veux que concrètement, on puisse mettre les choses en œuvre pour que ça nous permette de respecter nos engagements. Et ça, ça se fait en discutant avec des gens qui ont d'autres priorités. Car il s'agit bien d'emmener tout le monde vers l'écologie. On ne peut pas avoir raison tout seul dans son coin. Ce que je porte, c'est une écologie universaliste, pour tous.

- Tenir compte de ce que pensent les autres, cela ne veut pas dire faire du surplace ou accepter les reculs. C'est une grande leçon des Gilets jaunes. Je reste convaincue que la taxe carbone est un outil très pertinent. C'est une bonne solution, mais elle ne fonctionne pas sans mesures d'accompagnement. On s'est donc retrouvé avec une mesure très ambitieuse au départ, mais qui n'a pas pu être mise en place. C'est la même chose sur l'isolation des bâtiments. On peut dire qu'on interdit demain la vente de passoires thermiques. Mais que fait-on si les gens n'ont pas les moyens de rénover leur appartement avant de le vendre? Certes, on se sera fait plaisir en inscrivant une interdiction dans la loi, ceux qui ne regardent que les symboles seront contents, mais à la fin, quand je ferai le calcul de la baisse des émissions, le compte n'y sera pas! Il faut se donner les moyens de ses ambitions. Je préfère avoir une ambition moins haute mais y arriver, qu'avoir une ambition très haute et ne jamais rien faire. C'est une question de méthode. 

 

Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)

- La peur peut être le facteur de phénomènes très négatifs. Elle peut aussi avoir une dimension féconde et je pense qu’il faudra explorer cette dimension. Mais comme le dit le vieil adage, la peur peut être mauvaise conseillère et donc il peut y avoir, lorsque la peur collective surgit, des phénomènes d’emballement, des phénomènes d’accentuation de l’immédiateté de notre monde alors même que les enjeux deviennent beaucoup plus importants. Ce n’est pas la première fois que l’humanité est confrontée à une pandémie, et encore moins la première fois qu’elle est confrontée à la peur. Si on lit L’histoire de la peur en Occident de Jean Delumeau, on voit au contraire que la peur était la compagne de tout le monde, tout le temps, du XIVème au XVIIIème siècle. Ce qui n’est pas inintéressant comme point de comparaison puisque la fameuse peste de 1348 a décimé l’Europe et en même temps marqué une césure dans l’histoire européenne, dont ont surgi diverses choses ensuite. Donc la peur n’a rien de nouveau. Ce qui est peut-être nouveau, c’est le fait d’avoir assez peu peur dans les décennies précédentes, et l’on pourrait avoir une lecture de notre moment comme étant un moment qui met fin à une période de relative sérénité, période où la démocratie semblait avancer d’un pas certain. Mais en même temps, on peut penser que la peur est simplement une épreuve que nous avons à dépasser pour nous renforcer davantage. Par conséquent, quand une épreuve comme celle ci surgit, on doit allier à la fois la réflexion historique, qui est nécessaire, et la réflexion très concrète pour répondre aux problèmes qui se posent. C’est pourquoi il me semble qu’il y a une forme de méthode par rapport à l‘épidémie en l’occurrence, et à un phénomène de peur en général, qui est déjà de garder une certaine sérénité et une certaine mise en perspective historique et puis un certain choix dans les références que l’on a, pour prendre des décisions. Je vais vous donner un seul exemple qui est encore dans l’actualité, c’est un sujet pour lequel les scientifiques, chacun l’a bien vu, n’ont pas de certitudes absolues, et où la science avance à tâtons, mais elle avance. On voit les scientifiques s’exprimer de manière assez anarchique et fragmentée dans les médias, et ça a pu un peu troubler tout le monde, les décideurs comme l’opinion publique. Car l’on peut avoir le sentiment d’entendre une chose et son contraire dans la même journée et donc de perdre des points de repère, ce qui accentue la peur. Assez vite dans l’épidémie, c’est-à-dire à partir du mois de mars, face au fait que des gens disaient un peu tout et son contraire, j’ai considéré qu’il fallait se donner des points de repères fixes sur un tel sujet. Un peu comme, lorsque dans une tempête, on se dit que l’on s’arrime à un rocher ou à une étoile. Il y a donc eu la création du Conseil scientifique. Il y a aussi la Haute autorité de santé publique (HAS), il y a la société française de pédiatrie que je regarde avec beaucoup d’attention. Cela me fait trois phares dans la tempête, et je ne sors pas de ces repères, pour ensuite prendre des décisions, ou contribuer à la décision, qui est parfois du ressort du président de la République, sur une base un peu stable. Car si je devais me fier chaque matin à la dernière déclaration de la dernière personne en blouse blanche, je serais en train de faire du zig-zag en permanence. Par conséquent, se donner des balises, des points de repères, premièrement par l’histoire et deuxièmement par des repères que l’on se choisit, car ils nous semblent les plus fiables possibles dans la tempête, me paraît être la méthode à suivre dans ce type de situations.

- Nous avons besoin de la raison, de la science et de nous fier au progrès, afin de nous projeter dans le futur d’une manière progressiste, c’est-à-dire d’une manière qui peut permettre de penser un avenir meilleur. Rappelons-nous qu’Hans Jonas écrivait en contrepoint des utopistes de son époque et de la pensée marxiste de son temps. Il a voulu détruire cette idée, considérée comme dangereuse, de progrès. Nous devons retrouver la notion de progrès alors même que beaucoup de forces intellectuelles, politiques et sociales ont cherché, depuis plusieurs décennies, à la rendre obsolète. Il y a comme une sorte de ringardisation du progrès, d’oubli même de l’importance de cette idée. D’abord parce que le XXème siècle a été un siècle de crise du progrès, avec la Shoah et les deux guerres mondiales qui ont semblé invalider le projet des Lumières. Mais je pense que nous sommes de ce fait partis vers une pensée critique qui, à son tour, devient contre productive parce qu’à force de critiquer le progrès on finit par, d’une certaine façon, être en support de différentes régressions. J’ai tendance à penser qu’il y a une forme d’auto-réalisation des choses, c’est-à-dire qu’à partir du moment où l’on développe des pensées critiques du progrès, on finit par créer de la régression dans la réalité des choses. Si l’on prend la situation actuelle, on voit bien que la science est salvatrice. Nous avons une capacité d’inventer un vaccin en des temps records et on voit bien qu’en effet, il faut prendre garde au fait que des compétences peuvent s’abaisser dans certains domaines. A cet égard, notre fierté dans le domaine de la biologie en France en a pris un coup et je pense qu’il faut maintenant investir dans les compétences, dans ces domaines comme dans d’autres. Cela passe par l’éducation et la recherche. Donc cette crise va peut-être remettre en selle la notion de progrès en remettant en selle deux choses fondamentales. D’une part le fait que la science peut nous aider vis-à-vis des enjeux écologiques, car ceux-ci sont réels et des solutions existent (je pense aux énergies renouvelables). D’autres part, les circonstances révèlent l’importance de l’Ecole. Si les enfants sont déscolarisés, c’est l’avenir qui est obéré, tant l’avenir personnel que collectif. Des premières études commencent à le montrer. Au moment où je vous parle, les Allemands ferment leurs écoles et nous, nous les maintenons ouvertes. La fermeture des écoles est en train de faire des dégâts sociaux et des dégâts à long terme, y compris sur la société, l’économie et la vie collective, probablement avec des conséquences géopolitiques importantes. Ainsi, dans un tel contexte, il est important de rappeler l’importance de l’Ecole, car elle est au fondement de tout le reste. Là encore, nous pouvons voir la face positive d’un événement négatif. Je considère qu’en 2020, la France a redécouvert son appétit, son désir et son goût pour l’Ecole. C’est une particularité française : nous sommes un pays qui, au XXème siècle, a acquis une sorte de goût pour l’Ecole bien particulier, constitutif de la consolidation de la République et qui fait que l’Ecole est au milieu du village d’une manière bien particulière dans notre inconscient et conscient collectif. C’est aussi quelque chose qui s’est un petit peu oublié, ou effiloché, au fil du temps. Les circonstances de crise que nous traversons révèlent toujours des choses. On a vu, au long de l’année 2020, le désir d’Ecole renaître : c’est pour moi quelque chose de positif. Il est né d’ailleurs comme souvent du fait de la privation, du 15 mars au 11 mai. Chacun a alors compris qu’être professeur était un métier, que l’Ecole était fondamentale, et donc nous avons vu revenir avec un certain enthousiasme les élèves comme les adultes vers l’Ecole. C’est ce qui fait qu’au mois de septembre dernier, nous n’avons pas eu de décrochage scolaire. Nous sommes un pays qui, en 2020, a eu moins de décrochage scolaire qu’en 2019. C’est contre-intuitif, mais c’est la réalité.

- Il peut y avoir une baisse du niveau liée au confinement, et nous l’avons d’ailleurs constatée puisque nous avons dorénavant les évaluations de début d’année qui nous permettent de le mesurer. Nous avons vu par exemple l’effet négatif sur ceux qui étaient en cours préparatoires l’an dernier. Pour ce qui est du CM2, l’ensemble du corps enseignant a fait en sorte que les dégâts ne soient pas trop forts en fin d’école primaire. Le fait est que ce désir d’Ecole, si essentiel pour notre pays, a été en quelque sorte revivifié. Dans le contexte actuel, où la France est l’un des pays qui réussit à avoir le plus de jours d’Ecole pour ses enfants, nous sommes en quelque sorte en train de nous distinguer positivement. Je suis toujours étonné de voir dans le débat public des gens, même très récemment, dire : « C’est bizarre, les autres ont les écoles fermées, pourquoi nous ne faisons pas de même ? » au lieu de se dire « C'est formidable que nos écoles soient ouvertes. » Nous avons réussi quelque chose : aujourd’hui la France n’a pas plus de contaminations que ses voisins, notamment que l’Allemagne, et pourtant nos écoles sont ouvertes. Bien sûr, c’est quelque chose que nous suivons au jour le jour, puisqu’il faut évidemment parfois prendre des mesures de fermeture quand cela est nécessaire, mais l’importance de l’Ecole, la centralité de celle-ci, fait qu’elle joue un rôle décisif pour chaque enfant, et qu’elle est le chemin républicain par excellence : celui qui permet de garantir l’égalité des chances et de bâtir l’avenir collectif. Cet affectio societatis pour l’Ecole s’est, à mes yeux, renforcé en 2020, et nous devons en faire un tremplin pour les temps qui viennent. En d’autres termes, le scénario positif qui peut être dessiné est celui d’une prise de conscience des enjeux, ce qui signifie une préférence pour le long terme contre l’immédiateté, ce qui n’a rien d’une préférence naturelle, et on le voit dans les décisions à prendre actuellement, par exemple avec l’investissement dans la recherche. Mais également une prise de conscience de la centralité de l’éducation dans nos sociétés et donc c’est ce qui semble possible actuellement. Toutefois, nous demeurons dans une situation fragile, tant biologique que sociale, et nous devons rester très humbles par rapport à ce qui va se présenter dans les semaines à venir. Mais nous voyons clairement que nous sommes à la croisée des chemins entre un scénario de résilience, de rebond, et je dirais même de prise de conscience, et un scénario au contraire d’effondrement sur nous mêmes parce que nous nous laisserions aller vers une pente fatale de désinvestissement de l’avenir.

- C’est vrai qu’il y a une stratégie, qui s’inscrit forcément dans la durée par rapport à toutes les pentes qu’il y a à remonter. La première c’est de dire que nos objectifs sont de monter le niveau général et de lutter contre les inégalités sociales. Les deux vont de pair, et il faut donc tirer le niveau vers le haut. Cela passe par la mesure la plus emblématique et profonde qui est le dédoublement des classes de CP et de CE1 et qui touche chaque années 320 000 enfants. Nous allons maintenant dédoubler les classes de grande section et de maternelle, en attachant une importance considérable à l’école maternelle où tant de choses se jouent déjà et qui nécessite que nous investissions. Du point de vue de la stratégie budgétaire d’ailleurs, je mets le paquet sur le premier degré parce qu’il y a des rattrapages à faire en la matière et c’est évidemment quelque chose qui produit des fruits, de manière progressive. Vous avez fait allusion aux enquêtes internationales qui sont inquiétantes sur les mathématiques. Elles reflètent des choses qui sont ancrées dans la durée car elles concernent des élèves d’une quinzaine d’années. Il faut donc reprendre ces enquêtes à la base. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais nous avons aujourd’hui posé des références pédagogiques, sous forme de fascicules de l’école primaire qui existent et sont disponibles, et des formations avec le plan Villani-Torosian en mathématiques. Nous affichons des priorités claires. Par exemple, l’apprentissage des quatre opérations doit se faire le plus tôt possible et ne pas être dilué dans le temps comme ça a pu parfois être prôné dans le passé. Tout cela nous permettra de remonter la pente. L’enjeu de la formation des professeurs est clé, d’où le fait que nous avons posé, dans la réforme de leur formation, le fait que plus de la moitié du temps de formation devait être consacré aux savoirs fondamentaux pour les futurs professeurs des écoles.
La stratégie dans le second degré insiste quant à elle sur la personnalisation des parcours, sur le fait que chaque élève doit trouver sa voie, d’où l’importance d’ailleurs de la réforme de la voie professionnelle qui commence à porter ses fruits. Le fait que le décrochage ait ralenti doit aussi beaucoup à la modernisation de la voie professionnelle et à l’investissement des professeurs de cette voie dans la lutte contre le décrochage et pour le désir d’études. Je pense aux classes de seconde « famille professionnelle » qui font qu’un élève a le choix entre plusieurs métiers à partir d’une famille professionnelle. La réforme du baccalauréat, à laquelle vous avez fait référence, dont je rappelle qu’elle est un mélange de contrôle terminal et de contrôle continu, ne vise pas à jeter par dessus bord le contrôle terminal, qui représente encore 60 % de la note finale (contre 40 % pour le contrôle continu). Le contrôle continu a des vertus puisqu’il permet de s’assurer d’un travail en continu de l’élève. Toutefois, en juin 2021, nous sommes obligés d’accroître le contrôle continu, bien que nous maintenons quand même l’épreuve de philosophie et le nouveau grand oral (si les circonstances le permettent…). Cette vision correspond finalement à l’idée que l’élève conquiert sa liberté au fil de son éducation et que la réforme du lycée lui donne plus de choix, d’où l’importance des nouveaux enseignements de spécialité. Je parlais hier avec un professeur de philosophie qui a choisi de donner l’enseignement de spécialité intitulé « Humanités, littérature et philosophie » et qui m’expliquait que cet enseignement a réenchanté l’enseignement de la philosophie, avec des élèves qui choisissent cette matière et ont davantage l’envie de l’approfondir, ce qui conduit à une hausse du niveau grâce à cette stratégie de personnalisation et d’approfondissement. Cette stratégie vise aussi à ce que les élèves soient mieux préparés à l’enseignement supérieur. Le thermomètre des difficultés de notre système éducatif est l’échec en fin de première année du supérieur des étudiants. D’une certaine façon, nous devons tirer les conséquences vers l’amont jusqu’à l’école maternelle. Cette réforme doit mieux préparer l’élève au baccalauréat, et à l’éducation supérieure.
J’utiliserai deux vilains ou beaux mots : il faut re-scientificiser l’Ecole et la re-républicaniser. Re-scientificiser l’Ecole, c’est ce que vous avez prôné : la recherche et l’esprit de raison doivent guider l’Ecole de la République. Par conséquent, nous avons réuni des scientifiques de haut niveau en permanence sur les enjeux, pour guider les politiques publiques, en créant par exemple le conseil scientifique de l’éducation, où les sciences cognitives ont de l’importance (sans monopoliser le sujet). Ce conseil nous aide énormément pour avancer sur un certain nombre de sujets. Par exemple, concernant les évaluations de début d’année des élèves de CP et CE1, nous sommes le seul pays au monde capable de faire cela pour 800 000 enfants, maintenant. Même les 6èmes le font, soit trois fois 800 000 enfants. Nous sommes le seul pays à le faire car nous sommes un service public national de l’éducation et parce que nous avons élaboré ce type de protocoles avec le Conseil scientifique. Re-républicaniser c’est évidemment considérer que l’on transmet non seulement des connaissances mais aussi des valeurs, et c’est la création du Conseil des sages de la laïcité, des équipes « valeurs de la République » dans chaque rectorat pour faire face aux problèmes d’atteinte à la laïcité et plus généralement de respect des valeurs de la République. Cela permet d’assurer une contre offensive et de réaffirmer la colonne vertébrale républicaine de notre Ecole. C’est donc sur ces deux jambes que nous avançons, qui sont évidemment cohérentes avec les enjeux que Jean-Pierre Chevènement a énoncés. Je suis en accord avec lui puisque c’est la question d’une vision de long terme de l’avenir d’un pays, la France, et d’un continent, l’Europe, et plus généralement du Monde. Cette capacité à investir dans le long terme réside dans la connaissance, mais également dans des stratégies industrielles et territoriales. Là aussi, le contexte actuel est à double tranchant, il y a des risques d’effondrement économique mais également des possibilités de rebond, avec notamment le plan de relance qui a une dimension européenne. Celui-ci doit nous permettre, et c’est déjà le cas, de déterminer des grandes priorités industrielles et d’y mettre les moyens. Pour terminer, et mettre en lumière l’articulation entre les deux sujets, nous avons depuis trois ans une stratégie industrielle qui a été redéfinie par le ministère de l’Economie, qui peut-être un jour se subdiviserait avec le ministère de l’Industrie et s’articulerait plus avec le ministère de la Recherche. Il y a donc des territoires industriels définis, les véhicules électriques par exemple, qui nécessitent des grandes concentrations de moyens en matière de recherche de d’industrie. Notre vision des campus professionnels du futur, donc des lycées professionnels, s’articule avec cette vision industrielle. Il y a deux jours, j’avais la conférence des recteurs avec les ministres allemands de l’éducation de chaque Land. Nous jumelons ces campus pour avoir une vision convergente de certains enjeux industriels. Ces sujets sont liés et, à chaque fois, on retrouve la question de raisonner et d’investir sur le long terme. Nous investissons aujourd’hui ambitieusement avec le Plan de relance et les Plans d’investissement d’avenir (PIA) sur des choses qui produiront des effets dans la durée.

- La maîtrise du destin est à plusieurs échelles : c’est la maîtrise du destin individuel, meilleur outil contre la peur. Cela passe donc par l’éducation, qui permet la liberté. C’est le paradoxe de l’éducation que de mener à la liberté par de la contrainte. Cette question, si essentielle et éternelle, est plus que jamais centrale pour nous. C’est ce dont il s’agit lorsque le programme d’Emmanuel Macron évoquait une politique d’émancipation. Et c’est ce que nous faisons avec différentes politiques. Il y a également la maîtrise à l’échelle locale, avec la problématique dite de la France « périphérique » pour laquelle nous devons également avoir une réponse politique de maîtrise du destin. Je vous donne un exemple : nous venons de lancer les territoires éducatifs ruraux, soit une politique éducative prioritaire appliquée au monde rural. L’une des ambitions que je poursuis en partenariat avec les communes et les différentes collectivités, c’est que l’école rurale redevienne un élément d’attraction pour que des familles s’installent. Nous menons une politique qui mêle écoles attractives, numériques (avec le haut débit) et mobilité. Quand ces enjeux sont bien traités en milieu rural, on peut avoir une renaissance de certains territoires. La maîtrise du destin local est indissociable de la maîtrise du destin français, par souci de cohérence. La maîtrise du destin national passe par les sujets d’investissements et de défense. Cela nous renvoie notamment à une vision européenne de la défense dans un contexte de tensions géopolitiques révélées par l’actualité. Je pense par exemple à la question de l’achat des Rafales par la Grèce. La maîtrise de notre destin à l’échelle européenne est essentielle, on le voit avec le plan de relance. Il ne faut pas opposer souveraineté nationale et européenne puisqu’elles s’articulent, comme le montre l’exemple du plan de relance. Enfin, la maîtrise de notre destin mondial, puisque nous avons basculé dans un autre monde avec la mondialisation, importe. Nous ne pouvons pas avoir de vision nationale ou européenne sans prise en compte des enjeux mondiaux, comme le climat et le multilatéralisme. L’élection de Joe Biden est porteuse de différentes choses, plus ou moins bonnes, mais en tout cas du côté des très bonnes choses, il y a le renouveau possible du multilatéralisme et d’une meilleure maîtrise de notre destin à l’échelle mondiale.
Finalement, je crois à une relative netteté des leviers dans la maîtrise du destin. C’est pourquoi tous les discours sur l’impossibilité de la maîtrise du destin sont en réalité des discours faux. Il n’a jamais été autant possible de maîtriser son destin, cela est beaucoup plus possible qu’au XIVème siècle ou qu’au XVIIIème siècle. Ces capacités, même dans la période actuelle, sont réelles, à toutes les échelles, même à l’échelle mondiale. Les déclarations pessimistes sur ces questions sont contreproductives, et il faut être lucide sur toute une série de pentes très inquiétantes mais en même temps bien discernées. La volonté politique a encore de la place aujourd’hui : c’est précisément le rôle de la politique que d’exprimer une volonté, ou alors elle se nie elle-même.

- La République exorcise la peur par la foi en la raison. Elle est donc capable de partager des raisonnements. Aujourd’hui, l’immédiateté médiatique rend impossible le fait de partager un raisonnement. Je le vis en permanence : les décisions peuvent être immédiatement caricaturées, ce qui fait que nous n’avons pas les conditions du déroulement démocratique normal. Il en va de même avec le complotisme qui prête des arrières pensés à chaque mot. Aujourd’hui, nous vivons dans une société qui manque de confiance. Je crois qu’il s’agit du mot clé pour exorciser la peur. La confiance est l’indice d’une société qui va bien. Elle se mesure et constitue un concept politique. C’est pourquoi j’ai parlé d’Ecole de la confiance en arrivant au ministère, car si l’on veut une société de la confiance, cela commence par l’Ecole. C’est évidemment un processus qui prend du temps et qui nécessite de créer une sorte de cercle vertueux de la confiance, qui suppose l’exercice de la raison et une forme de modération dans la tonalité. Ce qui me frappe, c’est qu’il est bon que nous ayons des divergences – cela alimente la démocratie, mais cette tonalité de colère souvent radicale que nous voyons aujourd’hui participe à la construction d’un cercle vicieux de la défiance, qui ne permet pas d’élaborer un raisonnement. Il est donc évident aujourd’hui que nous devons recréer une logique de confiance, de manière plus horizontale et non pas verticale comme le lien qui a uni gouvernants et gouvernés pendant des siècles. Il faut donc réussir à créer de la décision collective et que les responsables politiques prennent leurs responsabilités. Je vous donne un exemple simple. Il y a une semaine, j’ai dû prendre la décision de passer au contrôle continu pour les enseignements de spécialité du baccalauréat. Nous devions les passer au mois de mars, en contrôle anonyme terminal. Je n’ai pas pris cette décision de gaieté de cœur. Mais pour prendre cette décision, j’ai fait une note de trois pages pour expliquer aux professeurs le pourquoi et le comment. Je pense que la plupart ont bien vu pourquoi cette décision avait été prise, et elle a été plutôt bien acceptée. A l’inverse, lorsque d’autres décisions arrivent de manière plus soudaine et sont moins expliquées, la compréhension est moins forte et peut conduire à des malentendus. Nous avons donc un devoir d’explication et d’écoute, mais également un devoir de décision qui ne doit jamais chercher à satisfaire un appétit immédiat, comme le calcul électoraliste en Allemagne dont vous parliez en matière de choix énergétique. Il faut à l’inverse penser à la construction de l’avenir. Je crois à la volonté politique dans ce contexte. Il y a une phrase de Nietzsche dans Le gai savoir que j’aime beaucoup : « Tu es perdu si tu crois au danger. », et nous pourrions le paraphraser : «Tu es perdu si tu crois à la peur.» A force de cultiver le pessimisme et l’inquiétude, on finit par l’amplifier. Je ne tiens pas un discours bêtement optimiste, mais un discours de la volonté. Il nous faut la confiance, la volonté et le courage de tous.

 

Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance)

- L’économie française a montré durant cette crise son immense capacité de résistance. Et elle montrera à la fin de l’année 2021 son immense capacité de rebond. Nous en avons la conviction.

- L’opération entre Suez et Veolia ne peut réussir que si elle est amicale. J’appelle une nouvelle fois les parties prenantes à retrouver le chemin de la raison et du dialogue. En ces temps difficiles, le capitalisme français ne peut pas être la guerre de tous contre tous.

 

Florence Parly (ministre des Armées)

- Mission Marianne : depuis septembre, un sous-marin nucléaire d'attaque (SNA Émeraude) ainsi qu'un bâtiment de soutien (BSAM Seine) ont navigué jusqu'à 15 000 km des côtes métropolitaines dans l’océan Indien et le Pacifique. Pourquoi une telle mission ? Pour enrichir notre connaissance de cette zone et affirmer que le droit international est la seule règle qui vaille, quelle que soit la mer où nous naviguons. Nation de l'Indo-Pacifique (~2 millions d'habitants), la France dispose de la 2e Zone économique exclusive mondiale (11 millions de km2 dont 9 se trouvent en Indo-Pacifique). Nous entendons protéger notre souveraineté et nos intérêts.

- Ce que j'annonce aujourd'hui est tout à fait normal, presque banal : nos militaires sont payés à l'heure et sans (mauvaises) surprises. Malheureusement ces dernières années cette normalité n'était pas assurée. Il était urgent de mettre fin à ce cauchemar.

- La Task Force Takuba continue de prendre forme. Les premiers militaires suédois sont arrivés au Mali. D'ici quelques semaines, l'ensemble du contingent suédois sera déployé.

 

Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur)

L'administration doit s’adapter à la société de l'image. Les forces de l’ordre doivent mieux communiquer sur les enquêtes et mieux répondre aux attaques.

 

Julien Denormandie (ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)

- Travailler sur les normes internationales sur les denrées alimentaires, fondées sur la science et les attentes du consommateur est essentiel pour assurer un commerce international fondé sur des règles équitables.

- [Nouvelle réforme de la Politique agricole commune européenne] L’enjeu est double : la PAC doit accompagner notre agriculture dans sa transition agro-écologique et elle doit renforcer notre souveraineté alimentaire. La PAC doit aussi être plus juste aussi en faisant en sorte que les mesures environnementales s’imposent à tous les pays européens et plus seulement à quelques-uns. Nous devons en effet éviter des distorsions de concurrence au sein d’un marché unique, comme cela a pu être le cas par le passé. La PAC doit être un instrument de notre souveraineté. L’Europe et la France sont trop dépendantes de certaines productions étrangères. Je pense notamment au soja et plus généralement aux protéines en provenance du continent américain, issues de modes de production qui aboutissent à de la déforestation et à une dégradation de la biodiversité.

- Il ne faut pas confondre le programme « Farm to fork », qui donne une vision d’une stratégie alimentaire globale à laquelle nous adhérons, et les objectifs de la Politique Agricole Commune qui tiennent compte du temps nécessaire aux transitions. La PAC est bâtie sur ce double objectif d’être plus juste et plus souveraine. Si certains la critiquent sur le continent américain, c’est peut-être aussi parce que nous cherchons à regagner notre souveraineté et à lutter contre ce système, organisé depuis 50 ans, de dépendance aux protéines du continent américain.

- [La transition écologique est un marqueur fort de la nouvelle PAC?] Oui, c’est vrai. Mais il faut être clairs : une transition, ça ne se décrète pas, ça se finance. Le budget de la PAC doit nous y aider. Dans le plan de relance, nous avons également débloqué plus de 215 millions d’euros pour les agro-équipements permettant d’accélérer cette transition. Cette dernière sera d’autant plus rapide qu’elle sera créatrice de valeur non seulement environnementale mais également économique. Nous devons collectivement mettre cette question de la création de la valeur au centre des débats. Je suis très attaché à cet objectif de création de valeur.

- La PAC doit agir sans aucune naïveté. Cela veut dire qu’au sein du marché commun, il n’est pas acceptable d’avoir des pratiques culturales qui ne sont pas les mêmes d’un Etat à un autre. La transition agro-écologique doit s’imposer à tous et pas simplement à quelques-uns. Or, jusqu’à présent, la PAC créait des systèmes à deux vitesses. L’une de mes grandes batailles a été de faire en sorte que tous les nouveaux dispositifs soient obligatoires pour les 27 Etats membres. Parce que nous ne pouvons pas supporter, moi le premier, que sur nos étals de supermarchés, on trouve un concombre produit en France avec des normes agro-écologiques plus exigeantes qu’un autre concombre à côté, venant d’un autre pays européen avec des normes qui ne sont pas les mêmes et avec un prix parfois inférieur. Et ce, sans possibilité de comprendre la différence parce qu’il n’y a rien qui ressemble plus a priori à un concombre qu’un autre concombre. Pour que cette transition soit juste, elle doit être réalisée en même temps par tous. C’est exactement ce que prévoit cette réforme.

- Grâce notamment à l’action de la France et d’autres pays, nous nous sommes mis d’accord sur un socle commun en matière de transition agro-écologique. Et bien, ce socle commun doit être transcrit dans toutes les discussions commerciales que nous menons à l’international. C’est un sujet que je compte porter lors de la présidence française de l’UE qui débute le 1er janvier 2022. L’un des défauts très forts du système commercial actuel, c’est qu’en fait, dans le domaine agricole, nous ne prenons pas en compte les pratiques culturales des pays depuis lesquels nous importons vers l’Europe. C’est précisément parce que nous souhaitons prendre en compte les pratiques qui aboutissent à la déforestation au Brésil que nous nous opposons à la conclusion de laccord tel qu’il a été négocié avec le Mercosur (marché commun des pays d’Amérique du sud). Sur ces clauses dites « miroirs », l’Europe ne va pas assez loin. Il faut bouger les lignes.

- La France est opposée au projet d’accord avec le Mercosur tel qu’il a été négocié. Ce document rappelait d’ailleurs nos lignes rouges : lutte contre la déforestation, normes sanitaires, pratiques culturales respectueuses de l’environnement… Le président de la République a été extrêmement clair sur ce sujet.

- [Baisse du budget de la PAC] Je ne peux paslaisser dire que le budget est en baisse. La proposition initiale de la Commission européenne, qui date de mai 2018, était effectivement en baisse. La France s’y est opposée frontalement et nous avons obtenu gain de cause en juillet 2020 avec une rallonge de 20 milliards d’euros. Au final, ce budget est stable sur 2021-2027 en euros courants par rapport aux dernières années de référence. Maintenant, après nous être mis d’accord sur les grandes lignes de la PAC au niveau européen, il nous reste à mettre en place la déclinaison nationale. (…) J’ai une vision très claire. Pour moi, la mère des batailles est celle de la souveraineté agricole. Et la PAC dans sa déclinaison nationale doit contribuer à cette souveraineté. Je pourrais reprendre l’exemple des protéines. Mais on peut parler aussi des zones intermédiaires où le défi est immense. C’est vrai aussi dans l’élevage où il existe de grandes difficultés dans la reprise des exploitations. Le travail en cours, en concertation avec les professionnels, les collectivités, est de décliner cette vision politique production par production, territoire par territoire, en prenant en compte les spécificités de chacun, ici la zone intermédiaire, là, la zone de montagne… Nous devons aboutir avant cet été à la finalisation de ce plan stratégique national.

- Pour moi, l’élevage, qu’il soit laitier ou allaitant, est un des éléments de notre souveraineté. Quel est le défi si l’on veut être souverains dans notre propre production de viande ou de lait ? Il faut permettre à nos agriculteurs de vivre de leur travail. L’enjeu est là. Il n’y a pas d’agriculture sans agriculteurs. Face à cette problématique, il y a plusieurs éléments. Le premier est la mise en œuvre de la loi Egalim. Aujourd’hui, on constate que si elle a changé le cadre de discussions, il n’en reste pas moins qu’elle n’est pas suffisamment appliquée et que certains ne la respectent pas. Lors de la dernière réunion avec les transformateurs et les distributeurs, j’ai annoncé avec beaucoup de fermeté que l’on allait démultiplier les contrôles de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes). Cette loi doit être totalement appliquée. Ce n’est pas une loi « à la carte ». Dans la vie, je crois à la confiance dans les acteurs. Mais la confiance n’exclut pas le contrôle. Et plus la confiance est altérée, plus les contrôles doivent être renforcés. C’est pour cela que nous sommes en train de démultiplier les contrôles. On ne laissera rien passer. A chaque fois, que l’on constate un prix anormal, qui, à l’évidence, ne respecte pas la loi qui vise à construire le prix en partant du coût de production, on lance une enquête. Et c’est par la démultiplication de ces enquêtes que l’on va rentrer dans le rapport de force pour mettre fin à un certain nombre de pratiques. On a créé une adresse mail signalement@agriculture.gouv.fr qui permet aux professionnels de signaler un prix anormal, un étiquetage où manifestement la viande n’est pas produite en France ou en Europe contrairement à ce qu’il y a marqué dessus. On systématise les remontées et on lance des enquêtes.

- Il faut continuer à renforcer la compétitivité de nos élevages grâce au plan de relance. Nous avons d’ailleurs une ligne de financement de 100 millions d’euros pour moderniser les élevages. Mais au-delà de la compétitivité du matériel ou de la production, nous savons que si nous voulons créer de la valeur, le principal défi est la constitution des filières. J’ai, par exemple, conscience de la situation très inquiétante de la situation des jeunes bovins et des broutards. Et je suis pleinement mobilisé.

- Il y a, dans le plan relance, une enveloppe de 80 millions d’euros pour financer la création de valeur à travers les filières. Après, il faut aussi que les filières s’en saisissent. Mon engagement, c’est de les accompagner dans leurs projets en créant de la valeur par la qualité dans les différents maillons et par la mise en valeur de cette qualité. La réalité, c’est qu’aujourd’hui, sur les broutards, nous sommes dépendants d’un marché pourtant captif, l’Italie, où les prix n’ont cessé de se dégrader. Pour créer de la valeur, il faut diversifier les débouchés.

- Le sujet le plus important à mes yeux est la problématique de la gestion de l’eau. C’est un combat essentiel. Quand je parle de souveraineté, le premier moyen de la regagner, c’est la question de l’eau. D’abord, on a déjà réussi à débloquer la situation sur un décret attendu depuis des années sur la question des volumes prélevables de l’eau. Deuxièmement, dans le cadre du plan de relance, nous investissons plus de 30 millions d’euros dans des ouvrages collectifs qu’on a identifié territoire par territoire et qui doivent être accélérés dans la concertation. Sur les ouvrages individuels, une ligne de financement de 70 millions pour l’adaptation au changement climatique est ouverte et opérationnelle dans le cadre du plan de relance. C’est un sujet compliqué. Depuis que l’Homme est sédentaire, la question de l’eau est source de conflit. Mais c’est précisément parce qu’il est compliqué qu’il faut le traiter et le faire avec courage. On travaille également sur le sujet de l’assurance-récolte qui n’est actuellement pas du tout développée pour les prairies.

- Ma vision politique repose sur deux jambes. Celle de la souveraineté, dont on a beaucoup parlé. Et celle des produits frais et locaux. Parce qu’il n’y a rien de mieux pour l’alimentation que les produits frais. Toutes les études le montrent. Enfin, on l’oublie trop souvent, quand on a le temps de cuisiner, ces produits sont également très bons pour notre portefeuille. Pendant les deux confinements, nous avons observé que les Français avaient eu tendance à consommer de plus en plus de produits frais via des circuits courts ou de la vente directe. Mon objectif avec cette plateforme fraisetlocal.fr est de donner à nos concitoyens facilement accès aux agriculteurs, aux éleveurs, aux producteurs autour d’eux. Actuellement, plus de 8.000 points de vente sont recensés à l’échelle nationale. Je crois également beaucoup à cette démarche car il nous faut renforcer de manière évidente le lien de confiance entre nos agriculteurs et les consommateurs et rien de mieux, pour ce faire, que de créer ce lien direct.

 

Amélie de Montchalin (ministre de la Transformation et de la fonction publique)

- L'opposition est trop pressée d'être en 2022. Mais avant 2022, il y a 2021 ! Rachida Dati, Gérard Larcher ou Anne Hidalgo passent leur temps à dire qu'il faut tout refonder et que rien n'a été fait. Nous sommes en février 2021 : où sont leurs propositions ?

- Notre état d'esprit avec le Président : tenir face à l'épidémie, et tenir nos engagements de 2017. Face à cela, des commentateurs spécialistes autoproclamés de la réforme de l'Etat expriment leur esprit de défaite : on préfère le concret au déclinisme!

 

Franck Riester (ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)

Les règles du commerce mondial doivent assurer la protection du consommateur et la concurrence loyale des producteurs.

 

Jean-Baptiste Djebbari (ministre chargé des Transports)

- Les scientifiques éclairent. Les politiques décident.

- Depuis 15 ans, l’Europe n’a pas su juguler le dumping social et fiscal dans l’aérien. La concurrence, oui. Mais je refuse que la reprise ne bénéficie qu’aux low-cost qui exploitent des zones grises du droit européen.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)

- La relance se poursuit : nous dévoilons 34 nouveaux projets de (re)localisation soutenus par France relance! 128M€ d'aides publiques avec un potentiel de 1.100 emplois créés et 3.000 confortés. Nos industriels français ont des projets, nous les soutenons !

- La crise de 2008-2009 a fait plonger l'investissement industriel de plus de 20%. En 2020, il diminue seulement de 13%, alors que le choc est bien plus violent. J'y vois l'impact de notre plan de relance. Les industriels continuent à monter des projets et à prendre des risques. Depuis septembre, plus de 4.700 entreprises ont déposé des dossiers : 1.000 ont déjà été retenues. Cela représente plus de 800 millions d'euros d'aides publiques pour 4 milliards d'euros d'investissements au total. 88% de ces entreprises sont des PME et des entreprises de taille intermédiaire. Et, surtout, près de 40% des projets portent sur une relocalisation : malgré les incertitudes, les entreprises veulent produire en France. A cela s'ajoutent 7.400 demandes de subvention pour l'acquisition d'équipements pour moderniser la production (robot, machine à commandes numériques, etc.).

- [Reconquérir notre souveraineté économique?] C'est maintenant qu'il faut agir. Nous avons lancé ces mesures de soutien dès juillet. J'ai mobilisé les chambres de commerce et d'industrie et les services de l'Etat pour appeler une par une les 33.000 entreprises industrielles du pays afin de leur présenter les soutiens dont elles pouvaient bénéficier. Quatre mois plus tard, près de 15.000 d'entre elles ont proposé des projets. C'est gigantesque! Depuis la Seconde Guerre mondiale, jamais un plan de soutien n'a été aussi massif.

- [Désindustrialisation] Nous sommes en guerre. Nous avons très vite armé nos industriels avec des outils de rebond et d'amélioration de leur compétitivité. Nous avons clairement choisi de soutenir l'offre pour créer de l'emploi en France. La réindustrialisation est un combat. Et nous ne l'avons pas perdu, loin de là. (…) Les dispositifs que nous avons mis en place ont été dépassés par leur succès. Il n'est pas question d'interrompre une dynamique qui fonctionne. Le Président de la République et le Premier ministre ont validé notre proposition, avec Bruno Le Maire [ministre de l'Économie], de dégager 1 milliard d'euros supplémentaires au sein du plan de relance pour l'industrie. Le contrat, c'est : "Vous modernisez, vous innovez, vous décarbonez, vous localisez des productions en France? Nous vous aidons!"

- Je ne crois pas à "l'effet falaise", qui voudrait que d'un coup toutes les entreprises en difficulté disparaissent. Nous accompagnons les plus fragiles avec des outils puissants. Et puis les restructurations se construisent sur le temps long, parfois jusqu'à dix ans.

- Il faut choisir nos combats. Si l'Europe veut rester le premier continent industriel dans les quinze années à venir, il faut investir massivement dans l'innovation et la recherche & développement, il faut moderniser nos lignes de production, relocaliser les productions critiques et assumer ces relocalisations.

- Les aides à l'investissement productif tirent nécessairement l'emploi. Le dispositif "Territoires d'industrie" va permettre la création de plus de 10.000 emplois directs, sans compter ceux que nous préservons. Les projets vont monter en puissance jusqu'en 2023 et leur impact se mesurera pleinement en 2025. La grande difficulté réside toujours dans la capacité à recruter des compétences industrielles. D'où les dispositifs "Transitions collectives" que met en place Elisabeth Borne, la ministre du Travail, afin d'éviter le passage par la case chômage.

- Nous restons très ouverts à des projets étrangers dès lors qu'ils offrent une vision industrielle et un ancrage territorial. Nous avons accéléré et simplifié les autorisations pour les usines. Nous proposons également des sites clés en main, par exemple sur des friches industrielles. Et nous continuons de faire le tour des investisseurs pour leur montrer que la France est une formidable terre d'accueil.

- Depuis trente ans, il est de bon ton de taper sur les labos pharmaceutiques. Les responsables politiques ont fait du médicament une des variables d'ajustement des budgets de santé. Nous sommes ainsi passés de la première à la quatrième place européenne en matière de production de médicaments. Je comprends la colère des Français. Il y a de quoi avoir honte. Les mêmes bons esprits qui nous donnent des leçons aujourd'hui sont pourtant responsables de ce décrochage. Pourtant, nous avons des équipes excellentes, des biotechs prometteuses et de grands acteurs reconnus. Depuis trois ans sous l'impulsion du Président, nous avons réinvesti dans ce secteur : loi de programmation sur la recherche, programme d'investissement d'avenir, comité stratégique des industries de santé. Nous avons inversé la vapeur… mais il faudra du temps.

- Si on prend les 230 vaccins en cours de développement, nous sommes avec Sanofi dans les dix premiers mondiaux. Et nous soutenons d'autres projets prometteurs dans les vaccins et dans les thérapies. Ce n'est pas satisfaisant de ne plus être les premiers, mais c'est la réalité. Et, malgré ce qu'on entend, l'Europe produit beaucoup de vaccins. BioNTech a ainsi rattrapé son retard. Et dans les prochains mois nous produirons en France une part significative des vaccins destinés aux Européens.

- D'ici l'été, nous fabriquerons quatre vaccins sur les six qui ont été validés par les autorités de santé européennes ou le seront – je l'espère – prochainement. Nos capacités industrielles vont augmenter en quelques mois. Cette crise est aussi l'occasion de nous moderniser en installant notamment des sites de production d'ARN messagers en France. En temps normal, il faut compter de douze à trente mois pour développer et stabiliser la production d'un vaccin. Là, ça sera fait en quelques mois. (…) Une première production devrait démarrer en mars pour Moderna, une deuxième en avril pour BioNTech, puis en mai et en juin selon les résultats obtenus par CureVac et Sanofi. Cela représente plus de 100 millions de doses en 2021 pour les trois premières usines que nous soutenons financièrement. De son côté, Sanofi s'est engagé à fournir 300 millions de doses à l'Union européenne. Le Président de la République l'a dit : il faut produire plus vite et plus fort. Et pour cela nous allons aider massivement le renforcement des capacités de production de vaccins et de médicaments. Nous remettons 300 millions d'euros sur cette priorité.

- Cela fait douze mois qu'Emmanuel Macron a pris la mesure du sujet vaccinal et quatre ans qu'il a décrété l'urgence industrielle en matière de santé. C'est son rôle d'animer l'écosystème et de nous faire réfléchir en dehors du cadre. C'est ce que nous faisons avec le "commando vaccins" que j'ai mis en place et qui mobilise toutes les compétences pour aider à créer des capacités de production. Quand on cherche, on trouve.

 

Marlène Schiappa (ministre chargée de la Citoyenneté)

- Violences conjugales: les forces de l’ordre sont en première ligne. Pour renforcer l’efficacité de la prise en charge des femmes au moment des plaintes, nous recrutons 2 intervenants sociaux en commissariat et gendarmerie par département.

- Les relations entre la population et les forces de l’ordre sont un enjeu de cohésion nationale.

- Dès qu’un homme est accusé de violences sexuelles, certains en profitent pour harceler les femmes de son entourage. C’est odieux et antiféministe.

- Il y a des associations qui sont des vitrines d'une idéologie islamiste radicale ;

- [Violences sexuelles contre les enfants] Nous avons allongé les délais de prescription jusqu'à 30 ans après la majorité.

- Dans une partie de la gauche, il y a eu un abandon des questions de laïcité.

- Il n'est pas question de mettre des amendes aux femmes qui portent le foulard.

- Le gouvernement n’a jamais proposé d’interdire le voile ni d’assortir cette interdiction d’une amende de 1500 euros ou d’aucun montant. Je démens formellement. Ce n’est pas et ça ne sera pas dans le projet de loi. (…) Attention aux manipulations : le projet de loi réel et complet du gouvernement est accessible à chaque citoyenne et à chaque citoyen. Ce projet de loi vise à conforter les principes républicains, point.

- Nous avons instauré des cellules locales de lutte contre l'islamisme (…) elles ont permis de faire fermer des associations et lieux de culte.

 

Nadia Hai (ministre chargée de la Ville)

- Les cités éducatives sont une méthode, du sur-mesure, pour répondre aux besoins spécifiques d’un territoire. Elles sont portées par un projet éducatif et répondent à une situation bien identifiée. Pour chaque enfant accompagné = un parcours adapté.

- Le renouvellement urbain est tout sauf un concept vague, c'est une réalité concrète pour les habitants. Avec le CIV, ce sont 2Mds€ de plus pour plus de mixité sociale, davantage d'équipements au service de l'amélioration du cadre de vie dans les quartiers.

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)

- A-t-on investi assez fort, assez tôt ? Nous devons faire mieux. L’Europe, ces dernières années, a pris du retard. Nous devons, comme aux Etats-Unis, mettre en place une agence européenne qui finance plus et plus en amont la recherche médicale et donc accroître nos capacités de production : c’est la mission confiée au commissaire Thierry Breton.

- L’Europe défend-elle ses intérêts ? Oui, nous ne voulons plus d’une Europe naïve. C’est pourquoi nous avons négocié fermement avec les laboratoires pour accélérer les livraisons, augmenter la production, en Europe.

 

Sarah El Hairy (secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement)

- [Proportionnelle] La confiance dans nos institutions, en notre monde politique est fragilisée. Il est impératif que notre démocratie soit renforcée, avec un mode de scrutin plus juste.

- Le projet de loi sur le respect des principes républicains défend notre laïcité, défend nos valeurs, notre liberté, notre vivre-ensemble. Il renforce les principes républicains, nous arme, dans un pays divisé, malade du séparatisme.

 

Cédric O (secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques)

- La question d’une meilleure régulation des espaces numériques est un sujet très important pour le gouvernement. Nous prenons des mesures d’urgence. C’est notamment le cas sur la haine en ligne dans le cadre du projet de loi confortant le respect des principes de la République, qui introduit des obligations de modération par les réseaux sociaux. Mais c’est un travail de longue haleine, car la meilleure protection contre la « face noire » d’Internet, c’est la formation, l’éducation et la sensibilisation. C’est vrai pour la haine en ligne, les fausses informations, et la protection des enfants. Sur ce sujet, nous avons besoin d’aider les parents à jouer leur rôle pour mieux protéger leurs enfants en leur donnant des outils.

- [Limiter l’accès au porno des jeunes] Le défi, c’est d’être efficaces sur un sujet sur lequel personne aujourd’hui dans le monde n’a trouvé de solution. Comme pour la lutte contre les fausses informations, ce qu’il faut, c’est mieux éduquer et former les gens. Nous assumons en tout cas de mettre sur la table tous les moyens pour cela. On ne peut pas dire que le modèle anglais, comme l’initiative prise par l’Italie [interdiction de TikTok aux moins de 15 ans] sont à ce jour des réussites. Il faudrait interdire des dizaines de milliers de sites, et les moyens de contourner les contrôles sont assez simples. Avec cette approche, il y a un risque de s’épuiser à courir derrière le problème. C’est pour cette raison que nous souhaitons nous concentrer sur les canaux et les appareils que les enfants utilisent, en sensibilisant les parents aux outils tels que le contrôle parental.

- Beaucoup de jeunes postent des contenus dénudés sur les réseaux sociaux. Que peut-on faire pour empêcher cela, hormis faire de la prévention et la sensibilisation ? On ne va pas mettre un mouchard dans chaque portable, et verser dans une société de la surveillance. C’est impossible de régler tous les problèmes par une approche uniquement technique. La base légale sur laquelle on régule aujourd’hui Internet date de l’an 2000. D’où l’urgence d’actualiser aujourd’hui notre cadre juridique sur les contenus haineux en ligne, sur la désinformation et sur les contenus pornographiques.

- Avec Adrien Taquet, nous avons participé à un dîner avec des scientifiques et des praticiens spécialistes de la question des écrans chez les enfants. Il y a un consensus sur le fait qu’au-delà d’un certain âge, le problème n’est pas l’écran en soi, mais comment on s’en sert. Il faut se garder d’accabler la technologie de tous les maux. Pendant le confinement, on avait besoin du numérique pour travailler, faire ses études, se soigner. Cela continuera et on va aller vers davantage d’écrans. Le fond du sujet, c’est de savoir maîtriser ces écrans.

 

Olivia Grégoire (secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale, solidaire et responsable)

- L'égalité des chances est un combat à chaque étape de la vie. On ne peut pas prétendre que tous les étudiants soient égaux devant les grandes écoles : il y a les études d'un côté mais il y a aussi tout ce qui est à côté, le prêt étudiant, le logement et même les vacances.

- Depuis 2017, nous avons augmenté de 100€/mois le minimum vieillesse, la prime d'activité ou l'allocation aux adultes handicapés. Nous avons aussi fait la mutuelle à 1€, le remboursement des soins auditifs, optiques et dentaires. Et j'en passe !

 

Adrien Taquet (secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles)

- De plus en plus de jeunes sont confrontés à la pornographie. Aujourd’hui, plus d’un enfant sur trois a vu des contenus pornographiques avant l’âge de 12 ans, et deux tiers considèrent que ça les a choqués. Il y a par ailleurs un décalage entre la perception des parents – seulement 7 % d’entre eux pensent que leur enfant a déjà vu du porno. Etre exposé à ce type de contenu trop jeune est une forme de violence, ça façonne des représentations chez un enfant, dans son rapport à l’autre, dans la création de son identité sexuelle, et dans la nature des relations fondées sur la domination masculine. Et puis ça a contribué à une banalisation de la sexualité, et à une forme d’hyper-sexualisation de la société.

- [Nous lançons] un portail qui agrège l’ensemble des contenus d’accompagnement à l’e-parentalité. Aujourd’hui centré sur la question de la pornographie, il pourrait concerner demain d’autres contenus (sur le cyberharcèlement par exemple). C’est un lieu unique sur lequel les parents pourront bénéficier de conseils et d’outils concrets pour mettre en place un contrôle parental et aborder ce sujet sans tabou avec leurs enfants. Un spot de sensibilisation destiné aux parents, et permettant une prise de conscience sur la réalité du phénomène, sera diffusé dès lundi sur les réseaux sociaux et les principaux sites de replays (TF1, M6, France Télévisions) pour officiellement lancer cette plateforme.

- [Protocole d’engagement contre l’exposition des mineurs à la pornographie destiné]  Les principaux réseaux sociaux, fournisseurs d’Internet, les moteurs de recherche, les associations de e-parentalité ont signé ce protocole. Quelques sites pornos l’ont également signé, comme Dorcel à travers leur association « Le Geste ». Le but était de mettre en place une solution intégrée de contrôle parental pour protéger les mineurs. Le contrôle parental est méconnu et sous-utilisé : un Français sur trois ne le connaît pas. Nous devons aujourd’hui faciliter son usage.

- Après la sensibilisation et la prévention, l’autre volet de notre politique porte sur la responsabilisation des éditeurs de sites pornographiques. Cela a donné lieu à des traductions législatives, avec la réaffirmation dans la loi depuis juillet 2020 [loi contre les violences conjugales] qu’un simple disclaimer n’est pas suffisant pour protéger les mineurs. Et nous avons créé des mécanismes pour contraindre les sites à respecter cette obligation.

- On s’efforce aujourd’hui à faire avancer ce sujet  en dépit du Covid19. Des groupes de travail se sont régulièrement réunis pour avancer collectivement sur ce sujet, un baromètre permettant de mesurer le nombre de téléchargements de contrôle parental sur différents supports a aussi été mis en place pour mesurer le développement de ces dispositifs. L’exposition des mineurs à la pornographie est  un vrai sujet de préoccupation pour le président de la République, et c’est pour cela qu’il nous a demandé de mener une action plus volontariste. (…) On fait le pari de la confiance avec les acteurs, avec l’objectif de les mobiliser. Et comme je vous le disais un baromètre et un sondage auprès des parents mesureront dans quelques mois l’utilité de cette plateforme. C’est la première fois que l’on dispose de data sur le sujet et que l’on parvient à réunir tous les acteurs pour travailler à une approche commune.

- D’après les chiffres de l’association e-Enfance, le harcèlement en ligne, et le revenge porn, ont fortement augmenté pendant le confinement. Des gamines de 12/13 ans n’hésitent pas aujourd’hui à envoyer  des photos de leur poitrine sur Snapchat, parce qu’elles n’ont pas conscience du risque d’envoyer des nudes. Tout l’enjeu de la plateforme que nous mettons en place, c’est d’accompagner au mieux les parents démunis face à ces pratiques.

- Au-delà des enjeux que soulève l’accès trop facile des plus jeunes à la pornographie, il y a tout un sujet sur l’e-parentalité. L’année dernière, pour le Safer Internet Day, nous nous sommes rendus avec Cédric O dans des classes de 8-10 ans à Bobigny. Ces enfants étaient évidemment tous très à l’aise avec ces outils. Ces générations de digital natives sont surtout des digital naïves car elles n’imaginent pas les dangers du numérique…

 

Gabriel Attal (porte-parole du gouvernement)

- Il faut sans cesse renforcer les mesures pour l’égalité des chances et contre les discriminations car elles sont essentielles à l’équilibre de notre politique, le fameux « en même temps ». Avec la lutte contre le séparatisme, une stratégie d’entrave et répressive contre l’islam radical est mise en œuvre. En parallèle, il faut aller plus loin pour favoriser l’inclusion de tous les Français dans la République. Cela suppose de mettre davantage de moyens en faveur des quartiers défavorisés, comme nous l’avons fait récemment, en déployant 3 milliards d’euros sur la politique de la ville. Nous n’avons eu de cesse d’agir dans ce domaine. La deuxième jambe de notre projet, axé sur le « protéger », est mise en place depuis 2017, notamment avec nos mesures en matière d’éducation, comme le dédoublement des classes. Dans le projet de loi « séparatismes », la volonté de lutter contre les stratégies d’éviction de l’école de la République relève d’ailleurs de la même logique.

- Quand j’échange avec des sympathisants de gauche en mettant sur la table toutes les réformes de progrès social depuis 2017, je me rends compte que l’enjeu porte avant tout sur notre capacité à porter politiquement ce bilan. Il peut y avoir le sentiment que le « libérer » serait plus assumé que le « protéger ». Or, sur le fond, tous les engagements qui ont fait vibrer les électeurs de gauche en 2017 ont été tenus, que ce soit sur l’école, la formation, le « zéro reste à charge » pour l’optique et le dentaire. Et depuis un an, la gestion de la crise sanitaire est purement sociale, le soutien aux précaires érigé en priorité.

- S’y ajoutent de puissantes réformes structurelles, comme le Ségur de la santé, qui représente un investissement historique de 15 milliards d’euros, avec une revalorisation de 200 euros par mois pour tous les soignants. Ces moyens colossaux pour l’hôpital public, toutes les majorités de gauche en auraient rêvé ! Idem sur la politique de la ville, avec le doublement du budget de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, passé de 5 à 10 milliards d’euros. Les électeurs de gauche ont donc encore plus de raisons de se retrouver aujourd’hui dans l’action d’Emmanuel Macron qu’en 2017. C’est d’ailleurs le cas pour une partie d’entre eux. Cela nous invite à en convaincre encore plus.

- La sortie de crise sera à la hauteur de sa gestion : un soutien absolu aux plus fragiles. Au-delà, je pense que cette épreuve nous invitera à une réflexion sur la place de la vie et des libertés en France. Regardons la culture, c’est sans doute l’un des sujets sur lesquels le plus de débats se sont cristallisés. Comme enseignement de cette crise, je considère que la question d’ériger la liberté d’accès à la connaissance et au savoir au rang de liberté fondamentale peut être posée.

- Que les choses soient claires : il n’y a pas aujourd’hui un millimètre de notre « bande passante » consacré aux élections. Notre seul enjeu, c’est de sortir la France de la crise et de réparer les fractures. Agir pour l’égalité des chances, c’est être fidèle aux engagements de 2017, pas préparer 2022. L’élection viendra en son temps et appellera, j’en suis sûr, à mobiliser très largement, dès le premier tour. En 2017, nous avons rassemblé derrière l’ambition de transformer le pays, après des années d’une forme d’impuissance des partis dominants qui se succédaient au pouvoir. Cette fois, l’enjeu sera de reconstruire le pays après la pire crise sanitaire, sociale et économique qu’a connu le monde depuis un siècle. Je suis convaincu que l’ampleur de ce défi permettra de dépasser les clivages traditionnels encore plus largement, dans un esprit de conseil national de la renaissance.

 

► Haut Commissariat au Plan

François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)

- [Proportionnelle aux législatives de 2022] Il s'agit d'une obligation démocratique et morale. Notre démocratie est bloquée, les Français y adhèrent de moins en moins. Des millions d'électeurs ne sont pas représentés au Parlement parce que leur vote va à des partis minoritaires. C'est une injustice inacceptable. Elle fait que les citoyens se détournent des élections. Et après, quand ils ne sont pas d'accord, ils n'ont plus qu'une issue : le blocage, la manif, la paralysie et souvent la violence. Si on avait des décisions prises et respectées, une adhésion des citoyens, une participation convenable, on pourrait dire : Ce n'est pas juste, mais au moins c'est efficace. Or, c'est le contraire. On ne peut pas continuer comme ça. Nous avons donc écrit au Président, avec tous les leaders de tous les courants favorables, d'un bout à l'autre de l'échiquier politique. C'est une démarche sans précédent. (…) Il y a une chose dont je suis sûr, c'est que le président de la République prend ce débat au sérieux, depuis longtemps. Par sa fonction, il est le garant des institutions. Il sait que la défense du « pluralisme » et de « l'équité » est garantie par la Constitution. (…) Je ne me lance pas dans cette bataille pour la perdre. L'expression conjointe de la majorité des courants politiques français, sur un engagement du président de la République, et auquel il réfléchit depuis longtemps, c'est un événement suffisamment rare pour qu'il change la donne. Cette démarche représente, et de loin, une majorité de Français.

- [Proportionnelle ferait entrer une centaine de députés RN à l'Assemblée] S'il y a suffisamment de voix pour que ces parlementaires soient élus, c'est qu'il y a des électeurs. Or pour moi, leur voix vaut celle d'un électeur LREM, MoDem, LR, PS, écologiste ou Insoumis. Il n'y a aucune raison qu'on ne les représente pas. Après, il y a la confrontation politique et c'est là qu'il faut porter le combat. Pour moi, je n'y manque pas.

- [Vote par correspondance] Il y a cent millions d'électeurs américains qui viennent de voter par correspondance! Idem en Allemagne ou en Suisse. Mais en France, il y a une espèce d'inertie générale, au gouvernement et dans l'opposition ! On promet, et puis on dit : « C'est compliqué, ce n'est pas le moment, l'opinion ne s'intéresse pas à ça, on fera ça la prochaine fois »… Et puis, on ne fait rien. C'est désespérant, exaspérant et pour moi inacceptable.

- [Crise sanitaire] Le sérieux des Français ne se dément pas, et leur espoir est dans le vaccin. Le président de la République, en essayant d'éviter le confinement, a pris une décision très courageuse. Les gens en ont été heureux. Ils disent : « Il fait ce qu'il peut ». C'est un sentiment très précieux.

- [Vaccins covid19] Les laboratoires français, pour l'instant, n'ont pas gagné la course. Mais deux sur les trois laboratoires vainqueurs sont dirigés par des Français expatriés. C'est frappant. Cela fait vingt ans que l'on voit des chercheurs partir, aux Etats-Unis notamment. Cette question de la place de la recherche en France exigera des réponses courageuses.

- [Bilan comme Haut-commissaire au Plan] La France a absolument besoin de se lancer à la reconquête. Reconquête de son appareil productif, reconquête de la recherche, reconquête de sa vitalité, de sa formation. Quel que soit le domaine que l'on aborde, on retrouve l'idée que la France n'est pas armée comme elle devrait l'être. Plus gravement encore, il y a ce sentiment que la France est déclassée et qu'on n'y peut rien. C'est le résultat de vingt ans de dérives, de fatalisme général. Ce fatalisme, voilà l'ennemi ! Les prochaines échéances électorales doivent permettre de présenter aux Français des décisions courageuses pour que nous retrouvions notre place dans le concert des nations.

- La dette doit aider à reconstruire. Il faut soutenir toutes les forces du pays, des entreprises aux familles, dans la guerre sur le front de l'épidémie. Et il faut un plan de reconquête, un plan Marshall, comme après-guerre. Pour ce plan, il faudra une capacité d'investissement nouvelle de l'Etat. L'accès à l'emprunt sans intérêt est une chance sans précédent. Mais prétendre par facilité qu'on ne la remboursera jamais serait une extrême imprudence. Le Commissariat au plan proposera une approche dès la semaine prochaine.

- Le plan de relance est précieux. Il soutient les secteurs fragiles de notre pays, il sélectionne des secteurs d'avenir à soutenir. Mais il n'épuise pas le sujet. Il faut maintenant identifier et traiter les causes de nos faiblesses nationales, et s'ingénier à reconquérir des secteurs entiers dont nous avons disparu sans raison ou dans lesquels nous sommes affaiblis.

- [Accords, aux élections régionales] Quand vous êtes l'un des deux piliers fondateurs de la majorité présidentielle, vous respectez cette alliance et vous faites en sorte que l'on vous respecte dans l'alliance. Je ne briserai pas les solidarités essentielles simplement pour des marchandages.

- [MoDem plaide pour un grand plan intégration] Un plan intégration, aujourd'hui, c'est de l'investissement dans l'humain plutôt que dans le béton. Il faut que chacun où qu'il soit et d'où qu'il vienne trouve l'espoir d'une vraie reconnaissance et d'un avenir : l'entrée dans l'emploi, l'école exigeante, du soutien et de la présence.

- [Loi 4D, décentralisation, déconcentration, différenciation et décomplexification] Ce texte qui crée enfin des souplesses dans les relations entre l'État et les collectivités locales, entre l'État et le terrain, on gagnerait à l'examiner sans retard.

- [Covid19] J'ai dit deux choses depuis le début : la première est que le confinement, c'est une décision de dernier recours, quand on a l'épidémie qui explose. Est-ce qu'elle explose aujourd'hui ? Les chiffres ne disent pas cela, ils disent que l'on est sur un plateau. Quand j'observe au jour le jour, parce que j'observe cela au jour le jour, on fait plusieurs milliers de tests par jour en moyenne à Pau. On a eu la courbe classique : au moment où cela allait très mal, on est monté à une contamination de 17 % dans les tests, puis on est redescendu peu à peu à 5 %. Par la suite, on a observé le même ressaut que partout ailleurs : on est remonté à 7,5 % puis on est descendu, en quinze jours, de 7,5 à 3 %. (…) Il y a lieu de faire attention, ce n'est pas la même chose. Pour moi, je l'ai défendu beaucoup comme vous savez, y compris sur votre antenne : mettre un pays sous cloche, fermer le pays, bloquer tous les liens sociaux, à mon sens, c'est un risque qui est aussi très important. (…) Je pense que notre devoir et notre responsabilité, c'est de vivre avec cette menace et de la contrôler tout en continuant à vivre. Que les écoles demeurent ouvertes, on va heureusement si j'ose dire, avoir les vacances dans le calendrier. Donc on va, je l'espère, avoir un freinage de l'épidémie. Ce que j'observe, c'est que la très grande majorité des Français sont assez sérieux. Ils font attention, ils mettent beaucoup d'espoir dans le vaccin. Je vous rappelle les polémiques sur le vaccin ! Quand j'ai demandé une carte de vaccination ou un passeport vaccinal, je me suis fait insulter et traiter de tout sur les réseaux sociaux. Du moment que l'on vérifie l'efficacité du vaccin et son innocuité, c'est la clef pour rouvrir la société, rouvrir la culture et rouvrir les universités. Si vous me demandez sur quoi je me fais le plus de souci, c'est sur les universités.

- Je pense que l'on peut rouvrir les musées avec toute la prudence nécessaire à l'entrée, en vérifiant que les deux mètres entre les visiteurs sont respectés. J'ai sorti en octobre, comme Commissaire au Plan, le premier rapport sur le thème : et si la Covid-19 durait ? Je crois qu'il n'y en avait jamais eu ni en Europe, ni en France. Parce que, dès ce moment-là, mon intuition était qu'il allait falloir changer notre genre de vie et on est en train de changer nos modes de vie : les gens ne s'embrassent plus… (…) Je n'ai aucune intention de faire des polémiques avec le gouvernement, j'ai toujours défendu l'idée que, dans les cas de risque grave, on doit se serrer les coudes et faire bloc. Je connais ceux qui prennent les décisions. Ils les prennent avec beaucoup de conscience, ils s'entourent de tous les avis et ils ont découvert que les scientifiques n'étaient pas toujours d'accord entre eux.

- Je pense que la décision politique n'est pas délégable, y compris à des experts, parce que la décision politique doit prendre en compte la totalité d'une société, des personnalités de ceux qui la forment et des risques encourus. Je dis que le risque du reconfinement est considérable dans certains lieux, certains milieux sociaux, certains âges.

- [Passeport vaccinal] Vous avez bien vu que, pour l'instant, le gouvernement n'est pas sur cette ligne, mais je profite de ma liberté pour défendre des lignes qui ne sont pas toujours celles des décideurs et je pense que c'est bien. (…) Mon idée est très simple. À partir du moment où le vaccin est efficace et sûr, alors la vérification auprès de chaque citoyen qui a pu être vacciné s'il le souhaite doit ouvrir des possibilités de réouverture des universités, de réouverture des lieux de culture. Après tout, c'est exactement ce que l'on fait tous les jours. Quand vous allez en Guyane, c'est-à-dire sur un territoire français, on vous oblige à avoir une carte de vaccination de la fièvre jaune. De plus, chacun des bébés que vous avez été, assez récemment pour certains, a dix ou onze vaccinations. Autrefois c'était le tétracoq, maintenant on y ajoute des vaccinations supplémentaires. C'est le cas de chacun d'entre nous.

- Je veux bien vous dire précisément, en étant optimiste : dès l'instant que nous aurons les doses de vaccin, on peut vacciner très vite une très grande majorité des Français. Je prends des chiffres précis. En France, il y a 22 000 pharmaciens d'officine comme l'on dit. Ils peuvent faire des vaccinations, ils ont l'habitude de les faire y compris contre la grippe. Il y a des médecins de ville. On peut monter très vite. Nous l'avons fait chez nous pour les tests, on a prélevé jusqu'à 2 000 personnes par jour. Ce n'est pas plus difficile de faire une piqûre de vaccin que de faire un test. (…) La question porte sur les doses, puisque l'appareil industriel, les laboratoires ont du mal à produire les vaccins. On vient de décider que l'on allait produire du nouveau vaccin à Pau et c'est très bien, parce qu'on sait que l'on va avoir plusieurs dizaines de milliers de doses disponibles supplémentaires.

- [Vacciner les étudiants en priorité pour leur permettre de reprendre une vie normale] C'est compliqué. Cela dépend du vaccin et des effets secondaires du vaccin. Il y a des médecins qui disent, non sans raison, qu'il y a des effets secondaires plus importants chez les plus jeunes que chez les plus âgés avec certains vaccins et c'est donc aux médecins de dire si c'est possible. Mais si c'est possible, alors je suis pour la vaccination la plus large et pour que l'on puisse rouvrir la vie, et notamment la vie des jeunes, des étudiants. Un mot sur ce sujet. Il y a des jeunes étudiants, au moment où ils entrent à l'université, qui sont extravertis, qui ont envie de s'amuser, de rire, qui rencontrent les autres et pour qui c'est facile. Et puis, il y a des jeunes garçons et des jeunes filles qui sont plus introvertis, qui ont plus de mal à rencontrer les autres, qui viennent souvent de milieux sociaux qui ne leur donnent pas ces facilités matérielles, de contact, de relations, de langue, etc. Et ceux-là souffrent beaucoup. (..) Je souhaite que l'on aille à une réouverture progressivement [des universités], mais à une allure soutenue dès l'instant que l'on aura des assurances du point de vue épidémiologique. Ce n'est pas normal que les jeunes soient enfermés dans des chambres d'étudiants et parfois seuls.

- Il y a un an exactement, alors que l'épidémie approchait seulement à pas de loup, si on avait dit qu'on allait avoir une épidémie qui va toucher la planète tout entière, qui va mettre l'économie de la planète par terre, des secteurs entiers en tout cas, comme le voyage, le tourisme, l'aéronautique et donc les entreprises qui vont avec, mais qu'on allait être assez fort pour trouver un vaccin dans les six mois et qu'en février 2021, dans un an, on aura vacciné plusieurs millions de personnes, personne ne l'aurait cru.

- [Vaccins covid19] Est-ce qu'on aurait pu faire mieux en Europe et en France, je suis sûr que oui. Mais, il y a des décennies qu'on laisse trop souvent filer la capacité industrielle du pays, y compris dans la pharmacie. Il y a des décennies que tout cela est délocalisé, il y a des décennies que, gouvernement après gouvernement, on ne prend pas à bras-le-corps cette affaire en réalité.

- Il est vital que l'on mesure que la France a des obligations qui sont plus importantes que celles de tous ses voisins. Pourquoi ? Bien sûr, comme tous nos voisins, nous devons faire face à l'obligation de solidarité en face de cette crise, de cette épidémie, soutenir les entreprises, soutenir les salariés qui autrement seraient au chômage, soutenir les familles, c'est très important. C'est, d'une certaine manière, une économie de guerre.  Deuxièmement, nous avons à penser la reconquête, notamment industrielle de la production au sens large du terme, du pays. (…) Je ne vais pas seulement donner un exemple concret, mais une certitude. Nous avons le contrat social le plus généreux du monde. Ce contrat social, cependant, s'il n'est pas financé par l’appareil de production permettant d'avoir des impôts et des salaires, il n'y a, écoutez-moi bien, aucune chance qu'il dure. Et donc, si nous sommes devant cette certitude-là, si nous voulons sauver le modèle social français, alors il faut faire de l'économique et de l'économique de reconquête.

- Vous avez vu, deux sur trois des laboratoires qui ont gagné la course au vaccin sont dirigés par des Français. Que s'est-il passé ? Ce que nous constatons tous les jours : nos chercheurs, nous les formons, nous les promouvons, nous leur permettons d'arriver à l'excellence et puis ils sont captés par les États-Unis en particulier ou d'autres pays, la Suisse ou autres. C'est une responsabilité nationale. Si nous ne sommes pas capables de regarder en face cette dérive à laquelle nous sommes exposés… Nous en aurons d'autres, chercheurs, mais cela est vrai en biologie, comme nous le constatons, mais également en économie. La Prix Nobel française d'économie vit aux États-Unis ! Il est d'urgence nationale que nous reconstruisions une capacité de notre appareil de recherche qui est, pour l'instant, fragilisé. (…) Ce sont deux choses et notamment une question d'organisation. Si vous regardez la recherche médicale, ce que je fais dans le cadre du plan, vous vous apercevez alors que c'est explosé dans des multiples organisations, chacune étant indépendante et travaillant pour elle-même. Où est la possibilité de fédérer tout cela ? De faire travailler ensemble ? Je prends un exemple très simple : la virologie. Dieu sait que nous sommes au cœur du sujet. Sur la virologie, les chercheurs dans le domaine sont à l'intérieur de peut-être une dizaine d'organisations différentes. Il faut dans tous les cas une entité pour les fédérer. Je ne suis pas pour les fermes mexicaines où nous sommes tous ensemble, mais où est l'impulsion, le suivi ?

- [«Plan Marshall»] Nous allons d’abord le définir. J'ai une idée d'ordre de grandeur des chiffres, mais le plus important, c'est que nous nous fixions des objectifs et nous organisions pour les atteindre.Que s'est-il passé pendant des décennies ? Pourquoi y a-t-il eu tant et tant de délocalisations ? Car nous avons cru en France, les Gouvernements successifs et l'opinion publique successive, ont cru que ce qui était bon pour les entreprises était bon pour le pays. Cela est vrai, la plupart du temps, cependant, l'intérêt général ne se limite pas à la somme des intérêts particuliers. Cette vision, qui est une vision de la responsabilité de l'État, capable de dire : « dans ce secteur, on est en train de faiblir, alors on va construire, attirer ». (…) Ce sera l'œuvre de la décennie dans laquelle nous sommes et cela devrait avoir un horizon au moins à 3 ans pour se fixer des objectifs.

- [Finances ce «Plan Marshall» par la dette] Il n'y a pas d'autres moyens de financer un plan. Vous savez, le Plan Marshall, celui qui a permis la reconstruction de la France après la guerre mondiale, à partir de 1945-1946, et où Jean Monnet, le Commissaire au plan, était évidemment au cœur de cette affaire, c’étaient des crédits américains. Ce sont les Américains qui ont financé le redressement de la France, contre l'engagement d'acheter américain : les machines-outils, les machines agricoles, etc.

- Les Français doivent être capables de financer eux-mêmes leur Plan Marshall. Comment le financer ? Car nous avons l'immense chance, grâce à la BCE et aux Banques centrales de la planète, de pouvoir emprunter à des taux à 0 % pour l'instant. (…) Nous avons la chance historique, sans précédent, aucune génération avant nous n'avait eu la chance, de pouvoir emprunter pour reconstruire la force, la capacité et la puissance de notre pays à 0 %. Simplement, il y a en effet des personnes qui disent, il ne faudra pas le rembourser. À mon sens, c'est une énorme faute de penser comme cela. Pourquoi ? C'est très simple : vous en êtes les témoins dans votre vie, à l'instant même où vous dites à quelqu'un qui vous a prêté : je ne vous rembourserai pas ; vous ne pouvez plus jamais emprunter un euro.

- Nous avons et aurons des impôts ; oui, nous aurons des taxes le jour où nous aurons une économie qui aura retrouvé sa puissance. L'urgence est donc de se rendre compte tous ensemble, État et entreprises privées que nous avons à rendre à la France, la capacité économique, industrielle, productive au sens large du terme, aussi bien dans l'agriculture que dans les services, dont nous avons besoin pour financer cette solidarité.

- Nous sommes dans un temps où la mode est de chercher des boucs émissaires, des coupables, des responsables et de clouer au pilori la terre entière. Quand ce n'est pas le Gouvernement, c'est la Commission, ou les entreprises privées. Je trouve que cette approche - pardon de le dire, je vais peut-être me faire mal voir, mais c'est ma liberté - est malsaine. Je trouve que l'approche qui consiste à être perpétuellement dans un temps de dénonciation de tout le monde… Si Yannick Jadot avait des idées différentes, je le respecte tout à fait, pourquoi ne l'a-t-il pas dit il y a 3, 4, 6 mois ? Il est Parlementaire européen, que je sache ! Il peut donc interpeller au Parlement européen. Je ne lui fais pas de procès et ne lui cherche pas querelle. Je dis que l'idée selon laquelle la politique, la réflexion commune, la recherche d'un chemin consiste à perpétuellement désigner des coupables, cette idée est une « dérive » de la démocratie. Je vais vous dire la définition que je préfère de la démocratie. Elle est d'un philosophe, Marc Sangnier qui disait : « La démocratie, c'est l'organisation sociale qui permet de porter à son plus haut la conscience et la responsabilité des citoyens ». Conscience et responsabilité des citoyens, de chacun d'entre nous.

- La transition écologique est une priorité pour chacun d'entre nous, à condition de trouver des réponses concrètes et précises et celles que je donne ici, c'est-à-dire la transition par l'hydrogène comme vecteur de l'énergie issue de la puissance électrique est en effet une réponse que je trouve absolument essentielle. Je prends un exemple précis pour montrer ce qu'il en est. J'ai reçu la responsable du Haut Conseil chargé de cette transition écologique, une jeune femme qui est en même temps en Angleterre où elle est aussi responsable de cette question, elle est également canadienne. Cette jeune femme dit qu’il y a une chose à faire : c'est électrifier la totalité du parc automobile français. Je trouve que tout cela, ce sont en effet des pistes intéressantes. Cela pose deux questions. La première : où trouve-t-on l'électricité nécessaire et combien représentent la quantité d'électricité à produire pour faire fonctionner à l'électricité tout le parc automobile français ? La réponse est qu'il faut augmenter la production électrique de la France d'un ordre de 35 % à 40 %. Comment fait-on pour augmenter la production électrique si l’on ferme les centrales nucléaires ?

- Je suis un défenseur de l'électricité décarbonée. (…) Le nucléaire, où nous avons la chance d'être présents qui si nous arrivons à régler les problèmes d'évolution, cela permet non seulement de fournir de l'électricité pour les voitures, mais permet aussi de fabriquer des cellules photovoltaïques.

- [Conventions citoyennes] J'ai émis des doutes sur le tirage au sort. L'idée que la démocratie doit s'en remettre au tirage au sort - excusez-moi de le dire, mais ma chance est d'avoir gagné la liberté de dire à peu près ce que je pense avec le temps - c'est une négation de la démocratie telle qu’elle a été construite, de la démocratie civique qui consiste à choisir des délégués pour vous représenter, en tenant compte de leur personnalité et de leurs idées. (…) Cette idée-là, qui est une idée que certains défendent ardemment, et tout le monde considère que, même si l’on en pense du mal, il ne faut rien en dire. Personnellement, je pense que ce n'est pas cela la démocratie. Je pense que la démocratie, c'est précisément choisir des élus qui vont vous représenter, en connaissant leurs personnalités et leurs idées.

- [Revenu universel] Si l’on trouve un moyen de le faire, naturellement tout le monde est pour, mais je ne crois pas qu'il existe d'argent magique. Je ne crois pas que l'on puisse faire croire à une société qu'il suffit d'ouvrir le carnet de chèque, je ne crois pas cela. Je pense que la solidarité doit s'exercer précisément en étant responsables.

- [Contribution exceptionnelle des plus riches en période de Covid19] Tout peut être imaginé de cet ordre-là. Il y a toujours eu des impôts, c'est même le travail du Parlement. Le premier travail du Parlement est de travailler sur la matière fiscale. S'il fallait, pourquoi pas… Mais il faut savoir ce que l'on appelle les plus riches. (…) Cela dépend si l’on parle du patrimoine et d'autres éléments. (…) Pour moi, 4 000 €, c'est la classe moyenne.

- [Quitter la majorité si la proportionnelle n'est pas votée] Je ne fais pas de chantage.

[Proportionnelle] Si c'était une lettre de M. Bayrou au Président de la République, j'imagine d’abord que je n'aurais pas besoin de lui écrire ! Nous pourrions le faire de vive voix, mais l'originalité de cette démarche de lettre est qu'elle a été rejointe ou partagée, c'est un mot plus exact, par les responsables de très grands courants politiques du pays depuis l'extrême gauche jusqu'à l'extrême-droit en passant par le centre et les écologistes. (…) C'est un sujet sur lequel l'alliance des citoyens est nécessaire. A-t-on souvenir qu'il y ait eu une démarche de cet ordre dans la vie politique française ? À mon souvenir non. Que des forces opposées se regroupent ou en tout cas, s'affirment solidaires pour dire : on ne peut pas continuer comme cela, avec un parlement dont les électeurs se détachent, ne participe plus aux élections et lorsqu'ils ont une difficulté avec une décision qui va être prise, ils n'ont plus qu'une chose à faire, manifester, aller vers les blocages, les grèves et les violences.

- [Absence de proportionnelle a généré les Gilets jaunes] Je pense que cela a joué un très grand rôle. (…) Tout d'abord, ils auraient pu présenter des listes et peut-être avoir des élus, ce qui change complètement l'approche. En revanche, l'idée que la représentation est réservée aux majoritaires - car c'est cela la vérité, hier PS et LR, UMP de l'époque avaient tous les sièges ou à peu près - aujourd'hui, on y ajoute LREM.

- [Proportionnelle] Le Président de la République, c'est l’un de ses engagements de campagne. (…) Cela fait partie de notre alliance [en 2017]. (…) Vous rêveriez que nous nous disputions, mais je vais vous décevoir, je n'ai aucune envie d'entrer dans ce genre de jeu. Je pense qu'une démarche aussi inédite que celle-là, des grands courants politiques qui représentent, additionnés, la majorité des électeurs du pays et qui disent : « Nous pensons que cela ne peut pas continuer ainsi et que nous aurions une démocratie enfin vivante et respectée, si tout le monde y avait sa place ». Pourquoi est-ce que je plaide pour cela ? Nous sommes en train de vivre une crise inédite ou tous les Français sont frappés, dont il faudra sortir. On ne peut pas sortir de cette crise s'il n'y a pas une responsabilité, une co-responsabilité de tous les courants politiques du pays. Tout le monde aura d'une manière ou d'une autre à prendre ses responsabilités à la fin de cette crise. Encore faut-il pour que cela arrive que tout le monde soit respecté. Nous ne le sommes pas. Pardon, vous savez que j'ai eu constamment des affrontements avec Mme Le Pen, mais cette dernière a été au deuxième tour de l'élection présidentielle et a fait 35 % des voix. Elle est revenue à l'Assemblée nationale un mois après avec six députés, soit 1 % des sièges. Elle fait 35 % des voix et revient avec 1 % des sièges… J'ai fait, en 2007, 19 % des voix et suis revenu avec 0,5 % des sièges. 

- Je ne suis pas dans la crainte et la terreur de ce qui pourrait se produire. Je cherche les moyens pour que cela ne se produise pas. Pourquoi Marine Le Pen fait-elle des voix ? Car ceux qui lui sont opposés sont décevants pour les électeurs. Je voudrais qu'il ne le soit plus et que tout d'un coup les citoyens français voient se dessiner à l'horizon un chemin auquel ils pourraient adhérer, qu'ils pourraient respecter et se dire « celui-là, nous comprenons, nous voyons ce qu'il veut, cela pourrait nous intéresser au fond et nous y sommes impliqués ». Encore faut-il sortir de ce genre de fantasme ! Je ne crois pas au pire. J'essaie de mettre en place ou de proposer que se mettent en place les conditions pour que les choses changent.

- On vit avec une idée complètement fausse qui est qu'une fois élu, le Président de la République fait ce qu'il veut, une fois élu, et quand il a une majorité, il fait ce qu'il veut. Nous l’avons vu, les gilets jaunes, le mouvement contre les retraites, etc… Il n'y a pas de réforme qui peut être adoptée s'il n'y a pas adhésion du pays. Vous comprenez cela ? Ce qu'il faut chercher lorsque vous êtes Président de la République française, en sachant que celui-ci a plus de pouvoir qu’aucun président dans le monde, c'est l'adhésion du pays et le dialogue. Emmanuel Macron le sait bien.

- Je ne mène les combats que quand je pense qu'il y a une chance de les gagner.

 

► Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Stanislas Guerini (délégué général)

La loi confortant les principes républicains que nous défendons est une loi de liberté, pas de stigmatisation.

 

Pierre Person (député)

- Des articles semblent confondre la proposition de revenu universel et celle, que nous soutenons, de Revenu Universel d'Activité (RUA). Pour rappel le RUA correspond à la fusion de toutes les aides existantes en une seule qui serait versée automatiquement. Par là, il permettrait de lutter contre le non-recours aux droits, de simplifier notre mille-feuille d'aides, d'avoir une meilleure logique d'accompagnement et d'inclure les 18-25 dans notre modèle de protection sociale.

- Avec plusieurs collègues, nous adressons une lettre au Premier ministre pour lui faire part de nos propositions en faveur de l'égalité des chances. Nous devons prendre des mesures radicales pour agir contre les déterminismes culturels, sociaux et patrimoniaux. 40000 nouvelles places en crèches, réforme de la carte scolaire et des bourses, ouverture de la prime d'activité aux étudiants-salariés, mixité sociale dans les grandes écoles et la haute fonction publique, lancement du RUA...

- Le gouvernement agit comme nulle part ailleurs, en prenant en charge le chômage partiel et les pertes des entreprises. Mais nous ne devons pas abandonner la radicalité qui nous a menés au pouvoir : c'est en fait une question d'ampleur. Contre l'assignation à résidence, les déterminismes de naissance, le non-recours aux droits et aides, les dispositifs sparadraps ne suffisent pas. Nous ne pouvons pas abandonner les réformes structurelles sur lesquelles nous avons été élus. 

- Il faut améliorer l'accès aux crèches et aider les collectivités et associations à en construire davantage, réformer notre carte de sectorisation scolaire qui conduit parfois à une ghettoïsation, lutter en faveur de la mixité sociale dans le logement, simplifier le mille-feuille des aides sociales, se poser enfin la question des droits de succession… 

- [Pondérer le financement des collèges selon des critères de mixité sociale] Nous pourrions nous inspirer d'expérimentations locales se fondant sur le taux moyen d'élèves issus de catégories sociales défavorisées dans les collèges d'un département. Sur cette base, un système de bonus/malus serait mis en œuvre. En concertation avec les corps intermédiaires, il nous faut aussi revoir le zonage des établissements en réseau d'éducation prioritaire [REP]. Parce qu'on trouve des écoles dont le collège de rattachement n'est pas classé REP, qui n'ont alors pas les moyens de ce réseau alors qu'elles en auraient besoin. En surplus, le système des stages, parfois détournés en emplois à faible coût, mérite d’être transformé.

- [40.000 places supplémentaires en crèche] Dans les territoires ruraux ou les banlieues, les familles n'ont pas le même accès au service public. Il faut permettre aux enfants de sortir de leur cadre familial, et aux parents de pouvoir travailler. On a beaucoup fait au niveau de l'école – avec notamment le dédoublement des classes – mais il faut agir encore plus tôt, à la racine. Le rapport du psychiatre Boris Cyrulnik le montre : à quatre ans, un enfant issu d'un milieu défavorisé maîtrise seulement la moitié du vocabulaire d'un enfant de famille aisée et a entendu 30 millions de mots de moins.

- [Pass Culture, "on a pris du retard] On a pris du retard. C'est comme avec le revenu universel d'activité [RUA] : le volontarisme du Président a achoppé sur les réticences de l'administration, des propositions novatrices se sont mues en énième rapport. Sortons du joug de la bureaucratie technocratique, mettons en œuvre nos promesses ! Pour les Français, c'est incompréhensible qu'on soit capable de créer le prélèvement à la source pour l'impôt, un dispositif unique et automatique, et qu'on ne puisse pas faire la même chose pour les aides sociales, grâce au RUA. 

- Le prêt pour les jeunes est une réponse simpliste à un problème complexe : l'endettement ne corrige aucune inégalité, ce seront encore les plus pauvres qui devront s'endetter et payer leur situation sociale. La Garantie jeunes est utile, elle a eu des effets très positifs durant cette crise, mais on ne traite pas tous les publics. Certains jeunes ne rentrent dans aucune case et n'ont donc aucune aide. Ou ne savent pas qu'ils y ont droit : aujourd'hui, il faut un doctorat en aides sociales pour comprendre les critères d'attribution! Si on avait mis en place le RUA, on n'entendrait moins parler aujourd'hui de précarité de la jeunesse : une seule aide, versée automatiquement, à tous. Je ne peux pas accepter qu'un jeune salarié de 18 ans ait moins de droits qu'un salarié de plus de 25 ans. L'exécution de cette promesse fait clairement défaut. Il est indispensable que le Premier ministre fasse tout son possible pour relancer le processus, car aujourd'hui, le compte n'y est pas. 

- [Révision du système d'attribution des bourses étudiantes] Là encore, une proposition du ministère de l'Enseignement supérieur allait dans ce sens… mais n'a pas abouti. Trop de familles de la classe moyenne gagnent trop pour percevoir ces aides, sans pour autant pouvoir aider suffisamment leurs enfants étudiants : on a un vide à combler. Le mécanisme des tranches est archaïque et en partie injuste, il doit être profondément réformé. 

- Aujourd'hui, votre adresse de domicile fait office de conseiller d'orientation : elle décide de votre école, de votre accès à l'université, de votre insertion professionnelle. L'égalité des chances, ça n'est pas qu'une question pécuniaire. L'histoire sociale de chaque individu crée un biais. Par exemple, les enfants d'ouvriers arrêtent en moyenne plus tôt leurs études, parce qu'ils se disent que ce n'est pas pour eux, n'ont pas les informations et l’aide nécessaires. L'émancipation libre et éclairée est un leurre ; notre famille politique a parfois trop tendance à penser qu'il suffit de vouloir pour pouvoir. (…) Améliorons l'information sur l’existence de ces écoles en amont, imposons des quotas d'étudiants boursiers dans les grandes écoles, repensons les concours d'entrée pour éviter les matières trop discriminantes, créons des classes préparatoires "égalité des chances". Nos systèmes de sélection sont trop élitistes. 

- Nous avons été élus sur la promesse de changement dans la formation de nos élites. Il va falloir accélérer. Ce n'est pas qu'une question de mixité, mais aussi de démocratie : quel corps plus que la haute fonction publique devrait être méritocratique? Aujourd'hui, on a sept fois plus de chances d'intégrer une grande école et huit d’intégrer l’ENA quand on est issu des catégories socio-professionnelles les plus favorisées. C'est la preuve que nos grands corps reproduisent les inégalités de notre pays et de ses élites.

- Notre politique économique - et on devrait le dire - est de gauche! Notre réponse à la crise est keynésienne, pas libérale. On est en train de dire : "On mutualise tous les risques, chacun financera, via la dette, le soutien au restaurateur qui ne peut pas rouvrir." Sur l’égalité des chances, je le dis au gouvernement : nous avons agi, c’est incontestable, mais il nous reste un an pour faire encore plus en matière de justice sociale, pour accélérer là où nous n'avons pas été assez radicaux. 

 

● UDI
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]

Jean-Christophe Lagarde (président)

Il y a un truc incroyable avec ce « nouveau monde » qu’on nous annonçait. Alors que la France est quasi lanterne rouge du monde occidental pour la vaccination contre la coivd19, le gouvernement nous explique chaque jour combien il se félicite de ses succès... Ça fait pire que vieux monde: ridicule.

 

● Mouvement radical

Bernard Fialaire (sénateur)

Déception qui m’envahit à l’issue du débat sur la loi de bioéthique. Constat d'une droite la plus conservatrice devenue réactionnaire. Privation d'un débat. Image négative que la droite envoie du Sénat.

 

► Autres

● Organisations centristes
Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)

 

Pascal Canfin

A tous ceux qui passent leur temps à critiquer le retard européen sur le Royaume Uni, les chiffres du Financial Times sont à regarder : 1% de la population de l’Union a reçu deux doses et est totalement vaccinée. Au Royaume Uni: 0,74%!

 

Bernard Guetta

[Panique au Kremlin]
M. Poutine vient de jouer contre son pays et, accessoirement, de se tirer dans le pied. M. Poutine perd décidément la main, panique et s’aveugle car qu’a-t-il fait alors que l’Union européenne lui envoyait le chef de sa diplomatie pour tenter d’éviter que l’affaire Navalny ne compromette toute action commune des 27 et des Russes sur leurs terrains d’intérêts communs ?
Au lieu de constater que les Européens condamnaient, bien sûr, évidemment, cet acharnement judiciaire contre Alexeï Navalny mais restaient désireux de ne pas totalement rompre avec Moscou, il les a publiquement maltraités, pour ne pas dire giflés. Il aurait pu recevoir le chef de la diplomatie européenne pour marquer qu’il souhaitait lui aussi que des ponts restent ouverts entre l’Union et la Fédération de Russie. Ce geste ne lui aurait rien coûté mais il s’en est abstenu. Josep Borrell n’a pu voir que son homologue, Sergueï Lavrov, qui s’est surpassé dans son rôle de bouledogue et, cerise sur le gâteau, avant même que cette visite ne s’achève, Moscou a annoncé l’expulsion de trois diplomates européens, coupables d’être allé observer de visu les manifestations de protestation contre la persécution du Robin des bois russe.
C’était tout ce qu’il ne fallait pas faire car ça lui rapporte quoi à M. Poutine ?
S’il avait eu une once d’habileté, il aurait pu insister, comme il l’avait récemment fait, sur sa volonté de valoriser les terrains d’entente avec l’Union. Il aurait pu s’inspirer de ce qu’a su faire M. Xi, en décembre, quand il a signé un accord avec l’Union qui la distancie des Etats-Unis sur les rapports avec Pékin. Maintenant qu’il a perdu son ami Trump, M. Poutine aurait ainsi pu en revenir à la traditionnelle volonté russe de tenter de « découpler » les deux rives de l’Atlantique. Il aurait au moins pu rester aussi sourd que la direction soviétique lorsque François Mitterrand avait pris la défense d’Andreï Sakharov en plein dîner d’Etat au Kremlin mais non !
M. Poutine a joué au fier-à-bras, à la terreur de cour de récré. Cela ne lui rapporte qu’un aveu de panique dont la raison est simple.
En ayant eu l’audace inouïe de rentrer à Moscou, Alexeï Navalny s’est imposé en égal du président russe. Pour la première fois en deux décennies de pouvoir, Vladimir Poutine a en face de lui un chef de l’opposition qu’il lui sera difficile de faire assassiner maintenant qu’il a échoué à l’empoisonner. Il en est surpris, désarçonné et cela au moment même où il s’embourbe lentement mais sûrement en Syrie, perd pied dans les Etats sortis de l’Empire russe et voit sa popularité reculer parce que le niveau de vie baisse en Russie et qu’il devient un homme du passé.
Il y a vingt ans, Vladimir Poutine avait su séduire l’immense majorité des Russes en se présentant comme le vengeur d’une Russie tout autant humiliée par la perte de son Empire que par le hold-up sur les propriétés supposées collectives des temps soviétiques. Il était en cela l’homme de la revanche sur le XX° siècle finissant, mais le XXI° siècle s’est désormais ouvert.
Les Russes de moins de quarante ans n’ont pas plus connu l’Empire que les Français ou les Britanniques ne vivent à l’heure de leurs possessions perdues. Le hold-up qui indigne les Russes n’est plus non plus celui des privatisations frauduleuses de 1991 mais de l’invraisemblable corruption régnant aujourd’hui aux plus hauts niveaux de l’Etat.
M. Poutine a fait son temps et le sent si bien qu’il panique et fait tout ce qu’il ne faut pas faire en isolant son pays de l’Europe et le condamnant à un tête-à-tête avec la Chine dont personne ne veut en Russie, pas plus les grandes fortunes, que l’appareil de sécurité et les classes moyennes urbaines. Une fin de règne s’ouvre en Russie. Elle peut être longue et douloureuse mais elle s’est ouverte et l’Union européenne doit désormais s’atteler à parler directement aux Russes pour leur dire sa volonté de coopération économique et de stabilisation continentale. C’est de l’après-Poutine que l’Union doit entreprendre de poser les jalons.

 

● Personnalités centristes
Jean-Pierre Raffarin (ancien premier ministre)

- La violence, voilà l’autre virus qui fait pandémie. Celui-là inocule la division. Là, le seul vaccin c’est la République.

- Le projet d’éradiquer la pandémie par la vaccination impose de multiplier les capacités de production de vaccins. Tant que des pays seront exclus de la vaccination la menace persistera. La bataille est industrielle maintenant.