mercredi 29 décembre 2010

Une semaine en Centrisme. 2011, l’année de tous les défis pour le Centre


En 2011, la crédibilité du Centre sera en jeu. Ainsi que sa capacité à peser sur l’élection présidentielle de 2012 (et à en récolter les fruits lors des élections législatives).
Mais 2011 est aussi une année d’espoir pour les militants et les électeurs centristes. Ceux-ci attendent enfin une refondation qui permettrait à leurs idées d’avoir beaucoup plus de poids et aux partis à qui ils accordent leur confiance de peser sur la vie politique française.
La situation actuelle du Centre est un clair-obscur qui recèle des potentialités mais également d’énormes risques.
L’année qui s’achève a vu les centristes sur le devant de la scène politique mais leurs petites querelles et leurs divisions ont encore été plus importantes que leurs projets communs. Les leaders des différentes formations ont pu formater des discours dans lesquels ils prenaient acte de la nécessité d’une refondation du Centre tout en la remettant au lendemain.
Justement, le lendemain, c’est 2011…
On va être fixé très vite sur les réelles volontés en la matière puisqu’un rapprochement entre le Nouveau centre et le Parti radical pourrait être acté dans le courant du mois de février. Ce rapprochement pourrait prendre la forme d’une confédération, de la création d’un nouveau parti ou d’une simple déclaration de bonnes intentions. Cette dernière option est pour l’instant la plus vraisemblable.
Cependant il ne s’agira, au mieux, que de la première pierre de la réunion des centristes de la majorité présidentielle. Il faudra, ensuite, que les autres centristes de cette majorité s’agrègent (ceux de l’UMP et la Gauche moderne), d’une façon ou d’une autre, à cette initiative afin de lui donner le poids nécessaire.
Ensuite, ce sera au tour de la réunion de tous centristes qui devra être menée. On peut estimer qu’il sera possible d’aboutir avec l’Alliance centriste de Jean Arthuis si l’initiative des centristes de la majorité présidentielle a une réelle visée d’indépendance. De même avec Cap 21 de Corinne Lepage. En revanche, la possibilité de voir le Mouvement démocrate participer à cette refondation centriste est beaucoup plus aléatoire.
François Bayrou, qui s’est recentré (au moins dans le discours) affirme bien qu’il est pour une telle refondation tout en ajoutant qu’elle se fera autour de lui et dans le Mouvement démocrate. C’est une façon de fermer la porte à tous ceux qui n’y sont pas favorables, c’est-à-dire tous les autres partis centristes sans exception!
En revanche, l’organisation de primaires pour désigner un candidat unique du Centre pour les présidentielles pourrait permettre de contourner les antagonismes, notamment celui, très exacerbé, entre le Nouveau centre et le Mouvement démocrate. Bien sûr, à l’inverse d’Hervé Morin, François Bayrou a rejeté ce mode de désignation pour l’instant. Néanmoins, il pourrait être forcé à y participer s’il existe une forte pression de la base centriste et des sondages.
Restera alors à convaincre les Radicaux de gauche qu’il y a là une chance historique de permettre à toutes les composantes du Centre de peser sur la politique française.
Il est, c’est vrai, plus facile d’écrire un tel scénario que de le réaliser. Reste que l’absence de résultat sur cette question fondamentale pour l’avenir du Centre dans les prochaines années serait catastrophique pour le Centrisme et sa crédibilité vis-à-vis des citoyens. Et pendant ce temps, la politique de la France se ferait sans aucune capacité du Centre à réellement peser sur elle au moment où tant de défis capitaux pour l’avenir du pays sont à relever.
Il est bien évident que la refondation centriste devra s’appuyer pour être pérenne sur une vision commune, sur un projet commun, sur une plateforme électorale commune. Bizarrement (ou non!), les diverses positions sont moins conflictuelles dans ce domaine que les querelles de personnes… Les réflexions programmatiques ont commencé dans tous les partis mais elles prendront une importance au cours de 2011 à l’approche de la présidentielle. La volonté de toutes les composantes centristes de donner un tour plus social à la politique gouvernementale et à lutter contre les déficits des finances publiques ainsi que pour réformer en profondeur la fiscalité sont des bonnes bases de travail.
L’année qui vient ne se limitera cependant pas à la seule préparation de 2012 au niveau électoral. Les élections cantonales et sénatoriales montreront déjà si le Centre peut s’unir et/ou peser sur le futur du Sénat. Assez présents au Palais du Luxembourg, les centristes pourraient devenir le groupe pivot encore plus qu’actuellement puisque la Droite devrait perdre des sièges et la Gauche en gagner. Une position qui pourrait leur permettre d’influencer davantage sur les orientations politiques de la haute assemblée.
Il y a un autre défi que devra relever le Centre… celui de ne pas se faire phagocyter par la Droite et la Gauche. Avec la proximité des présidentielles, les appels du pied ne vont pas tarder ainsi que les tentatives de débauchage. Ne soyons pas naïfs, certains réussiront car les opportunistes existent dans chaque camp et donc chez les centristes aussi (même si les mauvaises langues diront, «surtout» !). La faculté de résistance du Centre à ces sirènes intéressées montrera également la capacité des centristes à se considérer comme une vraie force politique autonome.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

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