dimanche 31 janvier 2021

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Les faux amoureux de la liberté et la covid19

La crise de la covid19 est-elle la manifestation d’une plus grande empathie envers l’autre ou d’une forte soumission vis-à-vis du pouvoir?

On peut se demander si cette pandémie a révélé que nous étions moins égoïstes, insensibles et autocentrés que ce que l’on pensait à l’heure de l’autonomisation égocentrique, assistée, irresponsable, insatisfaite et irrespectueuse de l’individu débridée ou si nous sommes apathiques et soumis, incapables de défendre notre liberté.

Bien sûr, les mécontentements, les manifestations, les comportements irresponsables voire les émeutes au nom d’un refus des restrictions que celle-ci implique pour sauver le maximum de personnes possibles et permettre au système de soins de fonctionner sont là et sont bien mis en évidence par les médias.

Néanmoins, prévaut encore majoritairement cette attitude de responsabilité qui montre l’autre pendant de cette histoire, celle où nous refusons de mettre en jeu la vie des plus fragiles mais aussi celle de nos proches (et la nôtre) avec des arguments de solidarité et de réelle préoccupation de ne pas permettre au virus d’être plus ravageur.

Le débat est ouvert et il montre une fracture évidente dans la population, n’en déplaise aux partisans d’une liberté à tout prix même à celui de la vie d’autrui.

Ceux-ci, au lieu de se réjouir d’une prise de conscience des individus à la santé quoi qu’il en coûte et d’une prise en compte salutaire de l’autre (et de soi), s’indignent et se désolent que nous ne soyons pas en révolte et même en révolution pour nous opposer au joug qui nous opprimerait et qui ne serait que le prélude à une société liberticide voire totalitaire.

Leur indignation à des mesures pour sauver des vies est à la hauteur de leur inconséquence, de leur bêtise voire de leur noirceur d’âme.

Quand on pense que certains mettent en balance le «droit» d’aller danser en boîte de nuit et la vie des autres…

Sauvons les vies et allons ensuite nous en réjouir en dansant!

Bien sûr, l’existence humaine est fragile et la mort fait partie de celle-ci.

Elle est quotidienne et ne se lasse pas de nous toucher massivement lors de catastrophes naturelles, d’épidémies et de guerres que nous initions.

Une mort qui ne saurait remettre en cause l’incontournabilité de la liberté de l’individu.

De plus, la pandémie de la covid19 n’est, pour l’instant, pas l’événement le plus mortel que l’Humanité ait eu à vivre (nonobstant le fait qu’une grave mutation du virus pourrait changer la donne) et le nombre de décès rapporté à la population mondiale demeure faible par rapport à celui du cancer, par exemple, qui, lui, fait de prêt de dix millions morts par an dont près de 160.000 en France.

En revanche, malgré les affirmations de certains, la covid19 tue plus que la grippe puisqu’en un an la première a ôté la vie à 2,2 millions de personnes au moins (le chiffre étant manifestement sous-estimé, certains pays mentant sur leur nombre de cas, voire sont incapables de faire un quelconque recensement sérieux) alors que le seconde, selon les dernières estimations de l’OMS, emporte, pour la même durée, entre 250.000 et 650.000 personnes.

En outre, la covid19 est trois fois plus mortel que la grippe.

En cas de forme grave des deux infections, un patient covid19  a ainsi trois fois plus de risque de mourir.

Ajoutons qu’en ce qui concerne la covid19, le principe de précaution si souvent brandi pour tout et n’importe quoi, a du sens puisque ce nouveau virus que nous connaissons encore mal encore peut, à tout moment, muter et devenir d’une létalité sans commune mesure avec ce que nous connaissons actuellement.

On préfèrerait donc que ces «défenseurs» de la liberté aient un peu plus de jugeote, voire simplement d’empathie et qu’il consacre leur ire et leur soi-disant indignation à tous ceux qui, par leurs comportements, mettent la vie des autres en danger.

Parce que la liberté qui tue n’est pas une liberté mais une licence.

Moi, défenseur sans hésitation de la liberté, je sais qu’elle ne peut pas toujours prévaloir sur les circonstances lorsqu’il s’agit de sauver des vies.

Parce que je ne souhaite pas que ma liberté soit criminelle et qu’elle porte la responsabilité de la mort d’innocents qui ont le tort d’être vieux ou fragiles.

Comme le disait cet amoureux inconditionnel de la liberté, Max Stirner, la «liberté illimitée» n’est en fait qu’une «licence effrénée».

Et celle-ci est un fléau tout autant dangereux que les pandémies.

 

 

 

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