samedi 23 mars 2019

Une Semaine en Centrisme. Pourquoi le Sénat s’en prend à un pouvoir centriste

Le Sénat
Dans une pirouette que l’Histoire affectionne – mais c’est aussi un exemple de politique politicienne –, le Sénat, fief des centristes contre la politique et la personne du général De Gaulle durant ses dix années de pouvoir, un affrontement qui culmina avec le référendum du 27 avril 1969, perdu par ce dernier qui démissionna alors des ses fonctions présidentielles (De Gaulle voulait ôter au Sénat tous ses pouvoirs législatifs et politiques) est devenu l’ennemi du pouvoir centriste actuel avec un improbable alliance de la Droite qui se réclame de l’héritage de De Gaulle et de la Gauche qui se réclame de celui de Mitterrand, les deux courants idéologiques les plus critiques vis-à-vis de la haute assemblée au cours de la V° République!
Mais tout cela a une explication bien prosaïque et très rationnelle.
Ainsi de la réforme des institutions où le président du Sénat, Gérard Larcher, s’est intronisé lui-même premier opposant à Emmanuel Macron en critiquant l’ensemble du projet de loi et en affirmant qu’il ne serait pas voté par la haute assemblée.
Ainsi de la commission d’enquête sur les agissements d’Alexandre Benalla dont le fonctionnement, les conclusions et le signalement à la justice de plusieurs personnes est un coup politique.
Dans un raccourci qu’aime si bien les médias, c’est la revanche de l’«ancien monde» contre le «nouveau» ainsi même que l’a lui-même  déclaré le sénateur Philippe Bas, le président de la commission et soutien inconditionnel de François Fillon lors de la présidentielle de 2017.
En effet, il n’y a là aucun courage politique, aucune dimension démocratique, seulement une démarche politicienne qui est d’instrumentaliser le Sénat pour attaquer de manière partisane le pouvoir en place.
La réflexion était simple pour l’opposition de droite.
Elle avait perdu les élections présidentielle et législative qui lui étaient promises sur un plateau mais Emmanuel Macron et sa majorité centriste étaient très peu présents, voire totalement absent, au niveau des échelons locaux.
Dès lors, dans une stratégie déjà utilisée avec un certain succès par la Gauche, la Droite a érigé les pouvoirs locaux où elle est majoritaire (avec l’aide, donc, de la Gauche au Sénat, émanation des pouvoirs locaux) en contre-pouvoir et base de sa reconquête du pouvoir.
Tout est donc bon pour utiliser l’échelon local que ce soit au Sénat ou avec les trois associations (sans aucun pouvoir autre que médiatique) des élus municipaux, départementaux et régionaux, toutes trois aux mains d’élus de Droite.
Quant à la Gauche, elle règle aussi ses comptes avec Emmanuel Macron au Sénat, lui, l’homme qui aurait trahi François Hollande et détruit le PS.
Là aussi, on est dans la vengeance politique avant tout.
Non, le Sénat ne défend pas les Français contre un président et un gouvernement pour qu’ils n’outrepassent pas leurs pouvoirs, il ne fait que de l’obstruction et de l’opposition partisane en vue de discréditer ceux qui occupent le pouvoir national afin de tenter de le récupérer.
Voilà comment le Sénat, place forte centriste pendant longtemps, est devenu la principale arme contre le pouvoir centriste en place.
Au moment où les populistes mènent une attaque de front contre la démocratie républicaine, ce genre de règlement de compte, à la fois minable, partisan et démagogique, sera certainement instrumentalisé par ceux qui rêvent d’abattre les institutions.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


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