mardi 13 décembre 2016

Une Semaine en Centrisme. Bayrou et le MoDem en plein doute

Lors des dernières semaines de la primaire LR, François Bayrou avait quasiment disparu des radars médiatiques.
Après ses violentes passes d’arme avec Nicolas Sarkozy, son silence avait été interprété comme une volonté de ne pas causer un trop grand préjudice à la candidature d’Alain Juppé.
La défaite cuisante du maire de Bordeaux, sans doute due en grande partie à son soutien trop voyant et à ses déclarations très agressives, lui a en tout cas permis de réoccuper comme à son habitude les plateaux de télévision, les studios de radio et les colonnes de la presse écrite.
Mais pour dire quoi?
Car François Bayrou ne sait pas ce qu’il doit faire même s’il sait ce qu’il veut faire.
Son envie est évidemment de se présenter à la présidentielle.
Cependant, il est coincé entre un François Fillon dont il ne partage pas le programme mais qui est le candidat officiel de LR, formation avec laquelle le MoDem s’est allié lors des dernières élections et un Emmanuel Macron dont il est proche de ses propositions et qui séduit une grande partie de son électorat de 2007 mais qui est un concurrent direct.
Deux candidats d’ores et déjà déclarés qui ont réduit son espace électoral à peau de chagrin puisqu’il ne dépasse plus guère les 6%-8% dans les sondages actuellement.
Alors, en attendant de se déterminer, le président du Mouvement démocrate est partout afin de donner son opinion sur le monde mais surtout sur le programme de François Fillon, sur la candidature d’Emmanuel Macron et sur ses intentions présidentielles.
Il en profite également pour poser son personnage à la stature de présidentiable, notamment dans deux interviews, l’un au quotidien Les Echos et l’autre dans la Revue des deux mondes.
Et il vient de mettre son parti au diapason de son indécision.
Ainsi, lors de son dernier Conseil national, le MoDem a adopté une motion nébuleuse et verbeuse dans laquelle il affirme qu’il «a constaté que la préparation de cette échéance (ndlr: la présidentielle) est d’une grande confusion, et que donc le cadre définitif de cette campagne n’est pas encore fixé» et qu’il «demande donc aux responsables du mouvement, avant que ne se clarifient les conditions du scrutin, d’entrer dans une phase active de formulation de leur projet pour la France, qui puisse présenter aux Français une voie nouvelle et des choix qui les rassureraient et leur donneraient confiance» afin de permettre «aux Français qui vont entrer dans la réflexion pour cette grande échéance de retrouver de vraies raisons de s’engager».
Fermer le ban…
Le problème de Bayrou est de ne pas apparaître se dédire voire d’être une girouette qui va vers le vent qui souffle du bon côté.
D’une part en ne disant pas le contraire de ce qu’il disait sur Fillon hier.
D’autre part en critiquant Macron alors qu’il est d’accord avec l’essentiel de sa ligne politique.
Car ce que ses électeurs, ses sympathisants et ses militants voire l’ensemble des Français comprenaient dans son opposition frontale à Sarkozy, ils ne le comprennent absolument plus vis-à-vis de Macron sauf à penser qu’il a développé une jalousie à l’encontre de son cadet et qu’il est plus dans la réaction du vieux qui se fait pousser dehors par le jeune que dans une démarche réellement politique, ne supportant pas, de plus, qu’on lui vole ce qu’il estime être sien, l’espace centriste.
Bayrou joue en fait sa crédibilité qu’il rejoigne Fillon (en s’alliant avec quelqu’un dont il dit que le programme est dangereux) ou qu’il se présente (en réalisant un score très bas, loin derrière Macron).
Le fil est très ténu et risque de céder à tout moment à moins que ce ne soit l’équilibriste lui-même qui tombe après un faux pas.
Bayrou sait que sa carrière politique est plus qu’à un tournant, qu’elle est en jeu et les Français ne croient absolument pas qu’il ait besoin de réfléchir pour savoir s’il doit y aller.
Personnellement parlant, il le doit pour être cohérent avec lui-même.
«Politiciennement» parlant, c’est un aussi gros risque d’y aller que de ne pas y aller.
Quelle que soit la décision qu’il prendra, il y a en effet des chances qu’il la regrette amèrement.
Politiquement parlant, il y aurait plus de cohérence à s’allier avec Emmanuel Macron dont il est bien plus proche dans ce domaine qu’il ne l’était d’Alain Juppé.
Mais il sait que cette alliance pourrait sonner le glas final de ses ambitions.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC



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