mardi 1 juin 2021

Une Semaine en Centrisme. Emmanuel Macron est-il toujours «central»?

Emmanuel Macron

A l’approche des prochaines élections présidentielles, nombre de critiques estiment qu’Emmanuel Macron est devenu un homme de droite ou qu’il a décidé de faire la chasse aux voix de droite, suivant en cela la sociologie électorale du moment, afin de se faire réélire et qu’il a donc délaissé le Centre ou l’espace central.

On voit bien que cette analyse arrange bien les affaires de la Gauche – qui peut plus facilement mobiliser ses électeurs face à un représentant droitiste – ainsi que celles de la Droite – qui peut ainsi dénoncer un opportuniste et un affichage de façade pour également mobiliser les siens.

Qu’en est-il?

En 2017, Emmanuel Macron s’est présenté comme le candidat de l’«ailleurs», celui du «en même temps», c’est-à-dire du «ni Droite, ni Gauche» et du «et de droite et de gauche».

En réalité, il était le candidat de l’axe central (de la droite libérale réformiste à la gauche sociale-libérale en passant par le Centre libéral social), voire du Centre.

Ses réformes dénoncées pour certaines par la Droite (notamment celles touchant aux questions sociétales) et pour d’autres par la Gauche (notamment celles traitant des questions socio-économiques) ont validé ce positionnement.

La PMA pour toutes a mis la Droite dans la rue et la réforme des retraites a fait défiler la Gauche.

Tout cela n’est guère étonnant car le Centre et l’axe central ont évidemment des ennemis déterminés à gauche et à droite de l’échiquier pour une raison bien simple, la peur de ces clientélistes que leurs électeurs soient séduits par les politiques et les réformes centristes et centrales qui sont d’autant plus remarquables qu’elles marchent en s’appuyant sur le réel et non sur une vision idéologique fantasmée de la société.

De même que le «quoi qu’il en coûte» pour défendre le «modèle français» en matières sociale et économique pendant la crise sanitaire de la covid19 est un keynésianisme pragmatiste qui ressort d’une vision centrale.

Cette politique s’est appuyée sur des valeurs humanistes et dans le cadre d’une défense exigeante de la démocratie républicaine libérale avec souvent une volonté de juste équilibre.

On peut donc affirmer qu’en quatre ans, Emmanuel Macron est demeuré globalement fidèle à ses engagements politiques.

Bien sûr, il y a eu des accros à ce positionnement «central.»

Certains étaient déjà en germe dans sa posture lors de la campagne présidentielle de 2017 comme ces relents de populisme où affleurés des critiques de la classe politique et des élites dominantes.

D’autres sont apparus dans sa gouvernance comme des proximités coupables «à la mitterrandienne», notamment avec le populiste démagogue Donald Trump – heureusement révisée par la suite – et l’élucubrationiste (complotiste) de droite radicale Philippe de Villiers, ou, plus grave, dans le peu de préoccupation de certaines questions essentielles comme celles sur la protection des enfants, comme celle de la mise en place d’un vrai service public de l’information aux temps des fake news.

Mais cela ne permet pas de remettre en cause sa centralité, voire son centrisme qui ressemble beaucoup à celui de Barack Obama, de Joe Biden et de Justin Trudeau ou, de manière plus éloigné à celui de Tony Blair et de Bill Clinton sans oublier Helmut Schmidt ou Aristide Briand.

Rien ne permet donc d’affirmer qu’Emmanuel Macron a viré à droite.

Quant aux questions de sécurité qui, en ce moment et sans doute lors de la campagne présidentielle 2022 tiendront le haut du pavé, il faut tout de suite dire que tout centriste, tout représentant de l’axe central sait bien qu’il ne peut y avoir de liberté, d’égalité, de fraternité, de respect de l’autre sans sécurité.

Ensuite, le fait que la Droite lui reproche son laxisme en la matière et que la Gauche va jusqu’à parler de manière outrancière et irresponsable de régime autoritaire, illibéral voire plus, montre bien qu’il affiche une politique centriste en la matière.

Le constat, en 2021, est donc clair: Emmanuel Macron est demeuré fidèle à ses convictions et celles ressortent bien d’une pensée centrale et très souvent centriste.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.