jeudi 22 décembre 2022

L’année du Centrisme en France – Edition 2022. Deux victoires électorales mais un Centre en moins bonne posture

Le Centre et l’axe central ont donc remporté les deux élections principales de la démocratie républicaine en France, c‘est-à-dire l’élection présidentielle et les élections législatives qui, depuis la réforme du quinquennat se suivent à quelques semaines d’intervalles.

Emmanuel Macron est ainsi le premier président de la république centriste/central réélu (cela n’avait pas été le cas de Valéry Giscard d’Estaing battu en 1981 par François Mitterrand).

De même pour une majorité centriste qui si elles n’est plus absolue à l’Assemblée, demeure de loin la principale coalition du pays.

Ce sont des victoires incontestables malgré les déclarations inacceptables des extrêmes qui sont désormais, à gauche et à droite, dominantes et les vraies oppositions.

Reste qu’il est également évident que les centristes sont moins en capacité de faire adopter leur agenda même si le morcèlement de l’opposition leur donne une plus grande légitimité et leur permet de gouverner.

Bien évidemment, rien n’est donné et l’année qui vient sera de ce point de vue révélatrice de la marge de manœuvre de cette majorité relative à l’Assemblée.

Quant à la démission d’Emmanuel Macron, ce n’est que pur fantasme agité par les séditieux des extrêmes.

En revanche, la dissolution pourrait être l’arme ultime alors que, pour l’instant, elle agit plus en repoussoir des velléités de créer une crise politique à Gauche comme à Droite.

 

► Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a réussi son pari d’être réélu face à une Gauche et une Droite en déliquescence et des extrêmes populistes au plus haut.

Il a battu au second tour de la présidentielle une nouvelle fois Marine Le Pen évitant par là-même une catastrophe politique pour le pays.

Rien que pour cela, il est à féliciter.

Mais il n’est pas simplement le sauveur de la démocratie républicaine, il a également proposé un programme détaillé et des priorités fortes qui sont l’éducation, la santé et la transition écologique.

De même, il compte faire la réforme sur les retraites qu’il n’avait pu mener à son terme lors du premier quinquennat.

On ne sait pas encore s’il pourra mettre en œuvre d’autres réformes avortées comme celle des institutions avec l’introduction d’une dose de proportionnelle pour les élections législatives.

Mais sa présidence est aussi et évidemment impactée par l’agression de Poutine contre l’Ukraine qui a, certes, commencé lors de la fin de son premier mandat (le 24 février) mais qui continue depuis qu’il a entamé le second.

La France est totalement solidaire du peuple ukrainien mais Emmanuel Macron tente de jouer un rôle que l’on pourrait appeler de «gaullien» en référence à la politique étrangère mise en œuvre par le Général lors de sa présidence, c’est-à-dire totalement solidaire de l’Occident mais avec une touche d’indépendance.

Celle-ci a consisté à maintenir un lien avec Poutine et à converser avec lui.

Les résultats ont été plus que décevants et il ne sera sans doute pas le facilitateur de paix qu’il croyait pouvoir être.

Reste que ce n’est pas totalement un échec et que, sans doute, cette approche valait d’être tentée même si elle a paru parfois en totale discordance avec la réalité sur le terrain et la brutalité du régime russe, ce qui lui a été reproché par l’opposition, par les partenaires de la France, par le gouvernement ukrainien et même par une partie de ses troupes.

In fine, 2022 restera une très bonne année pour lui d’autant que sa majorité relative à l’Assemblée ne l’a pas empêché de gouverner, de faire passer des projets de loi et de faire voter le Budget grâce à l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution.

 

► Création de Renaissance

Le paradoxe de Renaissance, la parti qui a succédé au mouvement LaREM, est que s’il est moins dominant suite aux législatives au cours desquelles il a perdu plusieurs sièges de députés, il est, à l’inverse, certainement plus unifié et plus compacte en ayant gagné en cohérence, là où LaREM pouvait parfois ressembler à une auberge espagnole.

En 2017, les erreurs de casting avaient vu nombre de députés opportunistes, incompétents ou même élucubrationistes (complotistes) se faire élire sous l’étiquette En marche! bénéficiant ainsi de l’élection d’Emmanuel Macron et d’un recrutement à la va-vite de candidats pour les législatives d’alors.

Beaucoup ont ensuite trahi leurs électeurs  comme Aurélien Taché, Joachim Son-Forget, Matthieu Orphelin, Agnès Thill, Cédric Villani, Martine Wonner, pour ne citer que ceux qui sont devenus en même temps les plus virulents adversaires du parti qui les avait fait élire.

Tout cela n’est plus de mise et il y a donc cette unité qui était absente sous la précédente législature même si cela n’avait guère gêné LaREM qui possédait alors une large majorité absolue au début puis une large majorité avec ses alliés.

La cohérence est évidemment un élément déterminant dans cette configuration de majorité relative à l’Assemblée où il n’est guère possible de perdre des voix.

2022 a été, de ce point de vue, un test réussi.

A noter que le nouveau patron du parti macroniste est Stéphane Séjourné – qui était déjà le président du groupe Renew Europe au Parlement européen – un proche du Président de la république et dont l’objectif est de faire de Renaissance, non seulement un vrai parti politique et non plus un mouvement citoyen mais de le pérenniser pour les années à venir et de pouvoir demeurer une force importante de l’après-présidence de Macron (ce dernier ne pouvant se représenter en 2027 mais pouvant demeurer actif dans la vie politique).

 

► Le jeu toujours ambigüe d’un Bayrou ambitieux

C’est difficile d’exister dans une majorité lorsque votre partenaire possède la majorité absolue en siège l’Assemblée.

Mais il semble que ce soit encore plus difficile d’exister quand vous et votre partenaire de la majorité n’avaient plus qu’une majorité relative à l’Assemblée.

C’est ce que doit se dire François Bayrou qui peine à se rendre indispensable et le MoDem qui a du mal à exister dans cette Assemblée, où justement aucune majorité absolue n’existe.

François Bayrou essaye malgré tout d’exister ainsi que le Mouvement démocrate mais ce n’est guère facile et souvent inaudible voire hors de propos.

En jouant à périodes répétées au trublion – ses dernières prises de position tonitruantes sur la réforme des retraites étant une nouvelle tentative – fait, sans doute, quelque bruit mais il n’est guère crédible puisque, sur le fond, il est généralement totalement en accord avec la politique suivie par le Président de la république et son gouvernement.

Autre problématique du MoDem, c’est d’organiser l’après-Macron alors même que l’actuel Président de la République est celui qui a tiré le parti de son inexorable déclin et sans doute disparition.

Si François Bayrou pense toujours à devenir président en 2027, il lui faudra s’imposer face à ses partenaires de la majorité puis aux Français.

Et les deux semblent hors de sa portée actuellement.

 

► UDI, début de la fin ou d’un renouveau centriste

L’UDI s’est enfin débarrassé d’un boulet mais aussi de celui qui faisait lien dans une organisation qui n’a de parti que le nom tant l’UDI se réduit à un simple cartel électoral depuis des années.

Jean-Christophe Lagarde a donc quitté la présidence de la formation créée par Jean-Louis Borloo et lui a succédé son fidèle second, Hervé Marseille, jusque-là président de l’Union centriste, le groupe de sénateurs centristes qui a la particularité de regrouper ceux du MoDem et ceux de l'UDI alors que le premier est dans la majorité présidentielle et la seconde dans l’opposition…

Reste à savoir si Marseille a une quelconque ambition véritable pour l’UDI ou s’il va continuer à en faire ce cartel voire même n’être que celui qui tient la place au chaud à Lagarde.

Pour résumer, l’UDI va-t-elle s’enfoncer dans le néant jusqu’à disparaître ou va-t-elle, à l’inverse renaître de ses cendres?

Question dont on n’a pas la réponse mais que n’ont pas non plus ses membres!

A noter qu’Hervé Marseille a indiqué que l’UDI était un parti libre qui pouvait conclure des accords avec la majorité présidentielle et ne pas être un simple appendice à LR tout en rappelant qu’elle était dans l’opposition et qu’elle faisait bien partie de la majorité sénatoriale de droite avec LR.

Plus opportuniste dans ce positionnement politicien, tu meurs!

 

► Le Parti radical, résilience d’un indispensable à la vie politique française

Le Parti radical appartient donc à la majorité présidentielle et possède, au gouvernement, une ministre de plein exercice, Dominique Faure, qui s’occupe des collectivités locales et de la ruralité.

C’est peu et c’est beaucoup à la fois pour le plus vieux parti de France dont on n’image pas qu’il disparaisse.

Il est une sorte de constante dans un paysage politique instable et il rappelle par sa présence les fondamentaux de la République.

Rien que pour cela, il demeure essentiel à cette dernière.

 

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

 

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