Emmanuel Macron a donc décidé de recevoir le nouveau président syrien autoproclamé, Ahmed Al-Charaa, vainqueur de la famille des bouchers Al-Assad à la tête de ses combattants islamistes.
Certains s’en étonnent et s’en émeuvent, d’autres, sans s’en réjouir, estiment la démarche positive et nécessaire.
Qu’en est-il?
L’histoire de la France en Syrie est certes courte mais elle est toujours présente dans les deux pays même si le mandat au Levant de l’entre-deux guerres a surtout marqué les relations entre la France et le Liban.
De ce point de vue, Paris s’est toujours intéressé à ce qui se passait à Damas et Damas a souvent recherché une alliance avec Paris même si les dés étaient souvent pipés du côté des Al-Assad quand les présidents français les recevaient.
Recevoir Ahmed Al-Charra n’est donc pas pire que de recevoir un Al-Assad.
Bien sûr, celui-ci a longtemps entretenu des liens privilégiés avec Al-Qaida même s’il affirme aujourd’hui que les ponts ont été coupés ce que doutent certains.
En revanche, sa prise du pouvoir n’a pas provoqué les bains de sang et les massacres à grande échelle que l’on pouvait redouter envers les opposants ou les minorités religieuses même si des exactions se sont déroulées et s’y déroulent encore, sachant tout de même que le pays n’est pas entièrement pacifié des pro-Assad et de Daesh.
En recevant Al-Charaa, Macron veut l’empêcher de se radicaliser à l’extrême et il possède quelques cartes pour cela dont le besoin urgent et important d’une aide pour reconstruire un pays dévasté ainsi que pour assurer sa sécurité.
Pour autant, fallait-il donner un brevet de respectabilité pour un régime qui n’a rien prouvé jusqu’à présent dans un respect de la dignité humaine autrement que par n’avoir pas encore agi brutalement, ce qui n’est pas à exclure.
Il n’y a pas de réponses définitives dans le pour ou contre de cette visite.
Mais sans doute il convient d’entretenir des relations avec un pays qui quoiqu’il arrive compte au Proche-Orient et qui peut être un nouveau pôle de stabilité si Al-Charaa tient les engagements qu’il a pris, ce qui pourrait avoir un effet sur une paix dans la région au moment où les extrémistes l’ont mis à et à sang.
Et puis la France se sent responsable de la communauté chrétienne du pays, même si celle-ci avait fait allégeance à l’ancien régime qui assurait sa sécurité mais aussi des Kurdes, alliés des Occidentaux dans la lutte contre les islamistes et qui ont créé un territoire autonome.
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