La question est de savoir si la société peut décider de mettre fin à l’existence d’un individu si celui-ci le demande.
Si l’on prend le point de vue de l’individu, celui-ci peut disposer de sa vie sachant par ailleurs que le suicide n’est pas un délit en France sauf en cas de mise en danger d’autrui.
Si l’on prend le point de vue de la société, celle-ci existe d’abord pour assurer la sécurité de tous ses membres, donc leur vie.
Mais elle est aussi là pour, dans les sociétés démocratiques, assurer à chacun la liberté de choisir sa vie et donc sa mort si celle-ci, évidemment, ne met pas en jeu d’autres que lui.
Néanmoins, respecter la liberté de choix n’implique nullement d’aider quelqu’un à mettre fin à sa vie.
C’est là tout le débat du projet de loi sur la fin de vie – ainsi que celui sur les soins palliatifs – qui a débuté à l’Assemblée après avoir été avorté lors de la dissolution de l’été dernier, puisque ce texte veut légiférer sur l’aide que la société peut apporter à un individu qui a décidé de mettre fin à ses jours.
Au-delà de tous les garde-fous qu’il convient de mettre en place pour éviter les abus et les détournements criminels, la discussion est de savoir quels moyens la société peut-elle apporter à une personne qui se retrouvent à la fin de son existence et qui veut mourir en paix et sans souffrance.
On voit bien que ces moyens vont à l’encontre de sa mission première, assurer la sécurité de tous ses membres mais ils sont en accord avec la liberté de vouloir de mourir dans la dignité.
Il faut donc que la société navigue entre ces deux principes qui, dans ce cas d’espèce, se confrontent avec, malgré tout, une dimension humaine qui fait toute la différence, la souffrance et la détresse d’une personne en fin de vie qui sont bien réelles et qu’il faut soulager.
D’où lui offrir la possibilité de mettre fin à ses jours avec le concours d’autres mais, bien sûr, sans aucune obligation pour ces derniers, on pense aux membres du corps médical qui doivent pouvoir choisir d’être ou non impliqués dans cette décision sachant que leur mission première est de soigner et de guérir, donc de préserver la vie.
Alors oui, notre vie nous appartient même si la société peut prétendre avoir un droit de regard du fait de son «investissement» dans chaque existence mais, non, la société ne peut obliger personne à donner la mort par compassion, elle doit juste permettre à quelqu’un, dans un cadre bien précis, à aider un de ses congénères en fin de vie à partir dans la dignité qu’il aura choisie.
Quant aux arguments philosophiques ou religieux qui prétendent que l’on ne doit pas aider quelqu’un à mourir notamment parce qu’une puissance quelconque aurait créé la vie, ils sont, certes, à respecter mais uniquement pour ceux qui les font leur – et qui n’auront donc jamais recours à cette aide – mais ne peuvent tout aussi évidemment s’appliquer à ceux qui ont d’autres références existentielles car, ici, personne n’oblige personne à mourir mais donne uniquement une possibilité.
[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.