lundi 18 avril 2022

Présidentielle 2022. Propos de campagne de Macron du 18 avril – Mon projet est d’«extrême centre» / Bouleversements historiques de nos sociétés / Enfant de la méritocratie / Réforme des institutions / Culture, ciment de la République…

Retrouvez ici les derniers propos tenus pas le candidat représentant le Centre et l’axe central, Emmanuel Macron, lors de la campagne présidentielle.

> Nos sociétés occidentales vivent des bouleversements historiques. On a un bouleversement lié à la montée des inégalités dans la société occidentale et les dérèglements du capitalisme. On a une montée de l’angoisse climatique liée au dérèglement climatique, qui est parfaitement légitime et à ce qui l’emporte des conséquences géopolitiques.

> Un projet politique n'est pas une agrégation de causes, c'est une vision de la société, une lecture de la société, de la nation, de la géopolitique. (...) On pense entre groupes fermés. Ce n'est pas comme ça qu'on construit du commun. Pourquoi ? Parce que vivre en société, travailler le commun, c'est bâtir en permanence des compromis, c'est décider d'un rythme d'évolution entre des injonctions qui peuvent être contraires.

> La société serait encore plus fracturée [sans la politique du quoi qu’il en coûte] et donc, pendant deux ans, il y a eu une politique de protection.

> Il y a une solitude que beaucoup ont vécue, notre jeunesse en particulier, mais d’autres aussi. Je veux défendre l’action que nous avons menée, mais je suis lucide sur, aussi, ces limites et le fait que notre société sort avec des éléments de fragilité, de division qui ensuite conduisent à exacerber beaucoup de choses.

> Il y a une grille de lecture sociologique qui n’est pas juste parce que parmi nos compatriotes qui se sont portés sur le projet que je défends au premier tour, il y a beaucoup de gens de condition modeste, soit dans la ruralité, soit dans les quartiers également. Donc, je crois que c’est largement à débattre. Et ce que je n’aime pas dans ce choix, c’est qu’il y aurait au fond une élite éclairée et un peuple auquel on pourrait dicter des choses, qui auraient simplement des impulsions. C’est l’implicite derrière et je ne crois pas à ça. Ce qui est vrai, c’est que les grandes questions politiques se restructurent. Elle se recompose et elle se recompose aussi avec une société qui fonctionne différemment.

> De plus en plus de gens s'engagent pour des causes et le rapport au politique se structure de manière de plus en plus émotionnelle. Cette situation est extrêmement difficile à appréhender pour celles et ceux qui gouvernent.

> La question culturelle est un ciment de la République. Avec l’éducation artistique et culturelle, l’encouragement à la création et l'accompagnement des artistes, je m'y suis employé sans relâche depuis 2017. Cesont des réponses à cette espèce de diffraction de la question politique.

> Je ne suis pas fils d’archevêque. Je pense que c’est aussi une différence avec Le Pen, c’est-à-dire que j’ai un parcours de vie qui me semble être très conforme à l’idée de la méritocratie républicaine. Moi, je dois beaucoup à cela parce que j’ai été élevé par une enseignante de la République, ma grand-mère, et que je dois beaucoup à notre système républicain et à ses concours. Et donc, je crois à cet égard que je ne suis pas réductible à la caricature élitiste que certains voudraient faire. (…) Je ne me reconnais pas dans cette lecture, que ce soit une soit une perception de certains, soit une utilisation politique par d’autres.

> Il y a de la radicalité dans la société. Quand vous voyez le premier tour de l’élection présidentielle, les trois quarts des électeurs se sont exprimés, ce qui est quand même assez fort, se sont exprimés pour trois projets : un projet d’extrême droite, qui est une radicalité. Un projet d’extrême gauche avec Jean-Luc Mélenchon. Et ce que je qualifierai comme un projet d'extrême centre, si on veut qualifier le mien, dans le champ central.
Mais on voit bien qu’en tout cas, pour la première fois à ce point, ce ne sont pas les partis du champ républicain (comme le Parti socialiste ou la Droite) qui intègrent des formes d’éléments modérés qui se sont complètement effacés. Vous avez une radicalité dans la pensée et l’engagement politique. Et vous en avez une chez les abstentionnistes.
Je trouve qu'il faut collectivement réfléchir, intellectuels d'un côté et responsables politiques de l'autre, à reconsidérer notre démocratie par rapport à cette relation à la radicalité, ce que j'appelle cette volonté de pureté. Parce qu'à la fin, on vit tous ensemble.Et qui que ce soit, qui était à la tête de la République française, il réussir à faire vivre 67 millions de citoyennes et citoyens ensemble. Et ça ne peut pas être la radicalité.
Ça suppose des compromis. La question, c'est comment on arrive à créer de l'adhésion, du respect, de la considération entre des citoyens qui peuvent penser très différemment, en leur montrant que ce n'est pas une trahison de leurs convictions profondes, mais que ce sont d'indispensables compromis qu'on trouve pour vivre en société.

> Il y a eu une violence qui a débordé dans la rue (...) Ce que nous devons combattre c’est le mal à la racine, c’est comment des gens peuvent considérer qu’il est légitime et comment on peut, même dans le débat public, légitimer cette espèce de violence libérée, désinhibée. (...) On ne peut pas légitimer une espèce de violence libérée, même dans le débat public. (…) Il y a eu un début du mouvement social des gilets jaunes, qui a dit quelque chose de la question sociale et qui continue à me préoccuper, et que j'ai essayé, avec le grand débat d'appréhender, j'y ai apporté des réponses. Je veux continuer là-dessus parce que c'est la question des classes moyennes et populaires et celle de pouvoir vivre de son travail dans une société où les inégalités s'installent.

> Les forces de l’ordre doivent être encadrées par des actions déontologiques et par des procédures judiciaires.

> Il y a aussi une violence qui va avec la radicalité, et je pense qu’on ne peut pas expliquer aux gens qu’on accepte des poches de violence dans notre société.

> [Islamogauchisme] La liberté académique, pour moi, c'est indiscutable, et la liberté intellectuelle aussi. Par contre, ce qui est vrai, c'est que certains utilisent ce sujet pour fracturer la question de la République et du commun.

> Les idées neuves, c’est une très bonne chose qu’elles émergent dans le champ intellectuel. Il faut qu’elles émergent, qu’elles discutent, que les controverses se fassent, que les travaux avancent et que ça travaille dans la société. Et je pense que ce n’est pas le rôle du président de la République, en l’espèce, d’en être l’arbitre. Ce serait contraire à ce qui est un acquis important dans notre pays, qui est cette liberté académique, cette liberté intellectuelle.

> Je distinguerais deux choses. Il y a d’abord la recherche académique et les discussions qui se passent sur ce sujet, les travaux qui se font. Et de cela je dirais, en tant que président de la République ou candidat, très peu de choses (…) parce que je considère que la liberté académique est importante (…).Par contre, la question qui est légitime, c’est quand ça déborde dans le champ politique et que ça structure celui-ci. C’est le rapport des idées à l’idée de République et à ses fracturations. Et donc, la question n’est pas mauvaise. Je pense que la méthode et la manière dont le débat public s’est ensuite emballé n’ont pas permis de déboucher sur des choses. Mais je comprends très bien, pour en avoir beaucoup discuté avec la ministre, ses intentions étaient bonnes, c’est-à-dire pouvoir justement éviter les dérives. (…) Il ne faut pas lui faire de faux procès, et je trouve que la tension qu’il y a eue derrière montre, quelque part aussi, les ambiguïtés et les intentions cachées de certains autres.

> Une des choses sur lesquelles je me suis sans doute le plus transformé intellectuellement, c'est le rapport à la nature, c'est la pensée de l'écologie. Ce n'était pas quelque chose que j'avais suffisamment pensé. (...) Je ne dis pas que je suis au bout du chemin, mais sur ce sujet-là, j'ai beaucoup lu, j'ai essayé de beaucoup comprendre et de voir comment la pensée que je pouvais avoir de la société qui était la nôtre, de la nation, de notre aventure européenne, était compatible aussi avec cette pensée de la nature et des équilibres dans lesquels nous vivons.

> Je pense qu’il faut moderniser à la fois notre Constitution mais aussi notre fonctionnement institutionnel (...) Vous ne pouvez pas aller devant le peuple français si votre projet n’a d’abord pas été approuvé par l’Assemblée nationale et le Sénat de manière conforme (...) donc ce à quoi je m’engage, c’est de mettre en place une commission transpartisane y compris avec des forces politiques qui sont présentes au premier tour de l’élection présidentielle et qui ne seraient pas forcément représentées à l’Assemblée et au Sénat, ce qui est le cas du Rassemblement national aujourd’hui et que cette commission puisse proposer un projet qu’on fasse cheminer
On voit bien qu’un consensus se détache pour dire qu’il faut une Assemblée qui représente mieux des sensibilités politiques donc plus de proportionnelle. A titre personnel, je suis prêt à aller à l’intégrale (...) Il faut qu’on ait des voies et moyens pour que l’exécutif ne soit pas bloqué. Je ne veux pas refaire la quatrième ou la troisième République dont on a vu les limites. Elle était plus faible que la cinquième. Donc, il faut qu’on ait à côté d’un parlementaire, d’un fort, un exécutif fort.

> J’ai un clivage profond avec la candidate d’extrême droite : c’est que moi, je suis pour réformer la Constitution dans les règles de la Constitution. Ce qui me paraît justement être la définition même d’appartenir au champ républicain. Là où Mme Le Pen, dans son projet, propose une réforme de la Constitution par référendum, ce qui n’est pas conforme à la Constitution, et ce qui est un problème. D’autres le font, dans d’autres pays. Ça se fait très bien en Hongrie et ça permet de changer un régime à la main.
En allant devant vous, l’implicite de la démarche de Mme Le Pen, c’est qu’au fond, une fois élue, elle considère qu’elle est supérieure à la Constitution puisqu’elle peut ne pas la respecter pour en changer les règles. Ça, c’est une rupture, et ça, c’est grave. C’est une opposition fondamentale.
De la même manière, quand elle se dit prête à soumettre un référendum pour revenir sur la peine de mort, ça n’est pas conforme à la Constitution. En ça, c'est une régression profonde sur ce qui est un acquis de la Constitution de la Ve République.

> Je ne veux pas qu’on dise que la culture est un sujet élitaire. On a renforcé la pratique de la culture à l’école. Parce que dans le système français, la place de la culture et des pratiques culturelles était souvent en dehors de l’école (...) On a mis l’éducation artistique et culturelle au cœur de l’éducation nationale en donnant plus d’heures dès l’école primaire et le collège.

> Au début, le pass culture était peu compris. On vous disait ça va être gadget, et puis ça n’a d’ailleurs pas très bien marché et on a réussi à complètement changer les choses au milieu du quinquennat. Et maintenant, c’est un immense succès. Il y a plus d’1,2 million de jeunes qui, grâce au Pass culture, accèdent à la lecture, au théâtre, à des pratiques parce qu’on a travaillé avec les professeurs et parce qu’on l’a ouvert aux jeunes de et parce que, justement, les professeurs l’ont non utilisé.

> Nous avons un statut des intermittents qui est unique au monde. On ne l'a pas simplement préservé, on lui a donné des dérogations pour que tous et toutes puissent continuer à vivre et à être accompagnés pendant cette période de crise où ils ne pouvaient pas forcément travailler. Et on a ensuite accompagné des artistes durant cette période pour pouvoir justement avoir des revenus. J'en suis très fier.

> Je veux défendre l'exception culturelle française en élaborant un nouveau système de financement afin de préserver un cinéma français très fort, une création musicale et une scène française vivante.

> Je veux défendre la politique que nous avons menée en France pendant la pandémie. Nous avons protégé les Français.

> Concernant la question de la fin de vie, une convention citoyenne sera organisée par le Conseil économique, social et environnemental, qui permette de proposer un projet qui sera soit soumis aux assemblées, soit soumis au peuple.

> Aucun pays n’a autant aidé les étudiants pendant la crise du Covid19. Un tiers de nos étudiants sont boursiers, on a fait le repas à 1 euro, on a baissé de 125 euros par an la Sécurité sociale étudiante. (…) Il faut réformer les bourses et les aides au logement pour mieux accompagner les jeunes qui vont étudier dans des villes où leurs parents n’habitent pas.

> Il faut repenser à ce que les citoyens britanniques, quelques heures avant le Brexit, se disaient. Ou ce que disaient les électeurs aux Etats-Unis en 2016 avant l’élection de Donald Trump. Le lendemain ils ont regretté de ne pas être allés voter.

> Si vous voulez éviter l’impensable ou quelque chose qui vous rebute, choisissez pour vous-même. La démocratie c’est le fruit de compromis permanents.
Il y a quelque chose qui s'installe dans notre démocratie qui est malsain, qui est de dire 'Si ça n'est pas exactement mes idées parfaitement, ça ne vaut rien'. (...) C'est aussi vieux que la démocratie, ce qu'on va vivre. Il faut sortir d’une espèce de fantasme de la pureté. il n’y a pas de projet politique pur.

> Une convention citoyenne, ça marche très bien quand la question est précise. Sur la fin de vie, c’est le cas. Cette méthode permet de construire du consensus sur un sujet qui divise et qui inquiète.

> Nos compatriotes veulent être associés aux décisions quand ça touche leur vie comme l’école et la santé. Il faut que l’Etat fixe des objectifs nationaux, des moyens au niveau national et laisse, au niveau de la commune et de l’intercommunalité, les gens construire la solution entre eux. Si on laisse les gens s’approprier les sujets, ils se sentent associés. Ils n’ont pas le sentiment que ce sont des circulaires qui tombent de Paris.

> Nous avons une démographie qui fait qu’on vit de plus en plus longtemps et qu’on rentre plus tard dans le monde du travail. Pour pouvoir financer le système et conserver le système par répartition, il faut soit augmenter les charges pour ceux qui travaillent, je le refuse ou alors dégrader les retraites. Moi, au contraire, je veux les augmenter en les indexant sur l’inflation et en mettant la retraite minimale à 1 100 euros. (…) Il n’y a qu’un moyen de réussir, c’est de travailler davantage: aller vers le plein-emploi et travailler un peu plus longtemps en décalant de quatre mois par an l’âge légal. (…) Quand vous regardez les pays qui ont fait des réformes de retraite, le taux d’activité des seniors suit le décalage. Mais vous ne pouvez pas faire le même travail jusqu’au bout.

> Les régimes spéciaux de retraites ne correspondent plus à une réalité de pénibilité du travail. Il faut que ces critères soient beaucoup plus individualisés et correspondent à vos tâches.

> Pour aire  des réformes de société ou économiques, la société est tellement fracturée, parfois désorientée, il faut aussi de la bienveillance. Il faut une méthode différente, une manière de faire au niveau plus local.

> Le quoi qu’il en coûte n’était pas dans l’ADN de ce que j’avais proposé en 2017. On l’a fait en associant les partenaires sociaux.

> Depuis les massacres que nous avons tous découvert à Boutcha et dans d’autres villes, la guerre a pris une autre tournure, donc je n’ai pas reparlé de manière directe à Vladimir Poutine, mais je n’exclue mais de le refaire pour autant. Et ce, pour deux raisons. La première, c’est que nous devons toujours préparer le jour d’après, la paix. Et elle ne peut se faire sans discuter avec la partie russe. Et je pense que c’est le rôle de l’Europe, et de la France aussi, en tant que membre du Conseil de sécurité, et puissance dotée, puisse en parler». La deuxième, c’est que nous avons vocation à être parmi les garants, de ce jour d’après. C’est important que les puissances européennes y soient et ne laissent pas à d’autres le soin de discuter. La géographie et l’histoire sont têtus, et la Russie est là, en Europe.

> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Les crimes de guerre sont clairs, et ils sont à établir politiquement et juridiquement.

> Pour l’écologie, on a été deux fois plus vite sur ce quinquennat que les deux précédents. Il faudra aller deux fois plus vite sur le prochain.

> [Septennat] Lorsqu’on regarde les Affaires étrangères, la Défense par exemple, sont les domaines réservés du Président. Or il y a un besoin de temps long.

>Le Pen est bien d’extrême droite, il n’y a pas de doute. Il y a un processus d’effacement progressif pour arriver au pouvoir mais je vois ce qu’elle défend. Les mots ont un sens. C’est une famille, un clan qui défend les mêmes idées depuis huit élections présidentielles. On a changé parfois la façade mais ce sont les mêmes idées, qui sont même parfois plus dures sur la question de l’asile ou sur l’Europe. En 2017, elle nous expliquait que 90% de son programme n’était pas applicable sans une sortie de l’Europe, mais elle a gardé le même programme.

> Mon prochain premier ministre sera en charge du climat. Il faut dire que c’est au cœur de la politique. Ce n’est pas un choix symbolique. Il aura auprès de lui un ministre en charge de la planification écologique, et un ministre en charge de la planification territoriale.

> La France a déjà tous ses modèles agricoles, je ne suis pas pour un modèle unique. Il faut garder cette richesse. Pour continuer à nourrir le peuple français et pour faire face à une transition démographique du monde agricole, il faut chaque année 20.000 nouveaux agriculteurs. Il faut investir sur la formation et l’aide aux jeunes agriculteurs qui s’installent.

 

 

 

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