samedi 3 février 2018

Actualités du Centre. Raffarin: «Je serai avec celui qui rassemblera au centre»

Jean-Pierre Raffarin
Dans un long entretien au quotidien Les Echos, l’ancien premier ministre de Jacques Chirac et toujours membre de LR, prend ses distances d’avec Laurent Wauquiez.
Le giscardien de centre-droit envisage même de quitter le parti de droite pour rejoindre un unificateur du Centre qui pourrait être, selon lui, Emmanuel Macron.
Extraits.
- Qu'est-ce qui a vraiment changé depuis l'élection présidentielle?
Le plus frappant est l'image positive que la France retrouve à l'étranger avec un président jeune, nouvel élu face aux populismes; un président qui donne le sentiment de pouvoir réformer. Avec une «concurrence» extraordinairement affaiblie: des Anglais qui veulent quitter l'Europe, Angela Merkel qui gagne les élections et peine à gouverner, Barcelone qui veut quitter l'Espagne, l'Italie dans une impasse, sans parler de l'imprévisibilité de Donald Trump. L'avantage comparatif de La France en Occident aujourd'hui est fort.
- Le clivage gauche-droite est-il vraiment mort?
Je crois que le pays était las d'une division idéologique qui lui faisait du mal. Il y a une demande de pragmatisme. Pour autant, est-ce la fin du clivage droite-gauche? Je n'en suis pas sûr. Les plis sont tellement formés qu'ils peuvent revenir. En réalité nous sommes dans une phase expérimentale. En 2018, la France est placée, par les Français, «en observation».
- C'est-à-dire?
Pour la majorité comme pour l'opposition, 2018 sera une année vérité. Beaucoup de gens ont envie qu'Emmanuel Macron réussisse. Et c'est mon cas. L'état du monde est trop inquiétant et la position de la France trop fragile pour que nous perdions du temps. Mais il y aura des difficultés à surmonter. Le président doit faire œuvre de pédagogie. Parler à la France entreprenante comme il le fait, est indispensable mais il ne faut pas oublier l'autre France, celle des catégories plus fragiles qui se sentent peu écoutées.
- Vous parlez d'Emmanuel Macron comme d'un président de droite...
Non, mais il mène une politique de centre-droit. Le giscardien que je fus trouve d'ailleurs que la direction est bonne. Giscard, c'était plus de libéralisme économique et une volonté de modernisation de la société. On s'y retrouve.
- Comment jugez-vous son style de gouvernance?
Il est entré très vite dans le costume présidentiel, ce qui lui donne une autorité naturelle que François Hollande n'a jamais vraiment eue. Il n'y a pas de question  il est à la hauteur. Il donne de la fierté aux Français. Mais le risque qu'il encourt, c'est la solitude. Il impose un rythme que peu de gens peuvent suivre. Le chef de l'Etat conduit mais il doit aussi entraîner.
- 2018 sera aussi l'année de la relance de l'Europe. Le sujet va-t-il accélérer la recomposition politique? Soutiendriez-vous une liste pro-européenne Macron aux élections européennes?
Si à la fin de «l'observation 2018», Emmanuel Macron a fait bouger la France et mené son programme au rythme annoncé, il faudra envisager l'avenir avec lui. Le clivage européen est majeur et il n'y a pas de négociation possible. Dans le match Européens contre souverainistes, notre camp sera celui des Européens. L'hymne européen joué le soir de la victoire de Macron a été un moment de vraie émotion. La droite nous en aurait sans doute privés...
- Pourquoi gardez-vous votre carte LR, quand vos amis Alain Juppé et Dominique Bussereau prennent leurs distances?
Je déciderai à la fin de 2018. Si je pars, je ne resterai pas sans adresse. Pour Macron comme pour Wauquiez, 2018 sera l'année de l'identité politique. On verra ainsi jusqu'où le premier ira à gauche et l'autre à droite. Je serai avec celui qui rassemblera au centre.
- Les Républicains ont-ils un espace politique?
Oui et je ne mésestime pas les qualités de Laurent Wauquiez. Mais je n'ai pas aimé sa conquête de LR par le versant de la droite raide. L'espace de l'opposition reste l'échec de la majorité. Mais les Français ne souhaitent pas le scénario de l'échec.
- Existe-t-il deux droites, comme le dit Valérie Pécresse?
Je partage en effet l'analyse des deux droites. Nous sommes les héritiers des Orléanistes et des Bonapartistes. Le rassemblement de ces deux droites est une condition nécessaire de toute victoire présidentielle. La singularité de l'époque est que les «Nouveaux Orléanistes» sont, avec le Premier ministre, au pouvoir.


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