mardi 5 avril 2022

Présidentielle 2022. Propos de campagne de Macron du 5 avril – L’Europe indispensable / Recul du chômage / Baisse d’impôts / Priorité à la santé / Réforme de l’Etat / Dette publique / Incompétence et démagogie de Le Pen…

Retrouvez ici les derniers propos tenus pas le candidat représentant le Centre et l’axe central, Emmanuel Macron, lors de la campagne présidentielle.

> L’Europe est un élément de la réussite de notre pays. Je suis le seul à porter cette idée européenne. C’est par l’Europe que nous construirons notre souveraineté environnementale et énergétique.

> Je veux porter un message de clarté. J’ai, pendant cinq ans, essayé de faire le maximum face aux crises. J’ai essayé de tenir mes engagements : on a baissé le chômage de manière historique, on a recréé de l’emploi industriel. Le projet que je soumets aujourd’hui aux Français, c’est celui que je veux réaliser, notamment sur le pouvoir d’achat pour lequel je propose des mesures sur la durée. Madame Le Pen, elle, fait des promesses sur des choses qui n’existent pas, comme la baisse de la TVA sur les taxis qui n’en ont jamais payée. C’est la candidature de l’incompétence et de la démagogie. Face à moi, à l’extrême droite, il y a un tandem dont on ne sait pas ce qu’il pense.

> Ceux qui s’apprêtent à partir à la retraite, dans quelques mois, ne sont pas concernés [par une réforme des retraites]. Il y a cinq ans, l’ensemble des études montraient qu’il n’y avait pas de problèmes de financement. Mais il est désormais établi, après la crise covid19, que nous avons un déséquilibre de notre système de retraites qui ne se rééquilibrera qu’à l’horizon d’une quinzaine d’années. Nous devons donc d’abord sauver le système par répartition, sans augmenter les cotisations des travailleurs et sans baisser les pensions. Nous allons aussi financer l’indexation des retraites, ce qui est important en période d’inflation, et la retraite minimale à 1100 euros. Seul paramètre, donc : la durée de cotisation. Nous allongerons de manière progressive l’âge légal, environ quatre mois par an. C’est la génération 1969 qui sera la première à voir l’âge légal de 65 ans. Nous ajoutons des mesures de justice : carrières longues, invalidité, pénibilité.

> C’est durant mon quinquennat qu’on a supprimé la taxe d’habitation, qu’on a baissé les impôts sur le revenu de cinq milliards, qu’on a augmenté de 100 euros par mois la prime d’activité pour les travailleurs au smic. Maintenant, il faut que la dynamique salariale soit portée. Il y a eu les hausses régulières du smic et il y en aura une, en mai, entre 2,4 et 2,6 %. Pour l’été, la prime pouvoir d’achat, qui était limitée à 1000 euros, sera triplée. Elle restera sans charges salariales et patronales et sans impôt. Enfin, la redevance télé sera supprimée.

> Les baisses d’impôts que je promets - 15 milliards d’euros sur le quinquennat - ne seront pas compensées par des hausses. Dans les 50 milliards, outre ces baisses, il y a les investissements pour l’éducation, la santé et l’appareil productif. Je les finance par la poursuite de la baisse du chômage, la réforme des retraites, les économies réalisées sur la solidarité à la source et l’amélioration de la performance de l’État.

> [Faux scandale des cabinest de conseil] Il y a un raccourci complet et coupable. Le président de la République ne passe pas commande de marchés publics, il n’y a pas de favoritisme dans l’État. Je n’ai jamais fait quelque intervention que ce soit. Le Sénat est parfaitement dans son rôle de contrôle parlementaire de l’exécutif. Après, il ne faut pas multiplier les fausses informations sur la base de ce contrôle. Le rapport a mis en lumière que certains cabinets ne payaient pas leurs impôts en France. Cela nous choque tous. J’ai plaidé depuis 2017 en Européen pour que ces cabinets, mais aussi les grands groupes de l’internet, paient un impôt minimal. On a gagné un accord avec plus d’une centaine de pays dans le cadre de l’OCDE et il va être parachevé avant l’été. Ces cabinets, mais aussi Google et Amazon, paieront leur impôt en France.

> J’ai doublé le nombre de maisons de santé comme je m’y étais engagé. Je présente, dès 2018, la stratégie Ma santé 2022 qui met fin au numerus clausus des médecins et à la baisse du tarif hospitalier. Donc on avait les réponses, simplement il faut dix ans pour former un médecin. L’épidémie a accéléré le problème. Dans le projet que je porte, l’effort du Ségur de la santé est complété par un investissement dans la prévention. Je la systématise pour les enfants et je prends un bilan de santé à 25, 40 et 65 ans pour tout le monde, pris en charge par la Sécu. C’est un formidable levier pour prévenir les pathologies lourdes. Ensuite, je souhaite qu’au niveau d’un territoire se mettent en place ces conférences d’action, avec les élus, les médecins et les hôpitaux pour définir les besoins. Il y a de l’intelligence collective sur le terrain ! Le problème, c’est qu’on applique des instructions qui sont compliquées car on a voulu, depuis Paris, prévoir toutes les situations. Il faut, au contraire, des objectifs et des leviers au niveau national et laisser le niveau local organiser les choses.

> Quand on décentralise, il faut donner le pouvoir normatif, les compétences et le financement.. Quand on décentralise le RSA sans en donner les moyens et sans capacité de légiférer, ce n’est pas de la vraie décentralisation. Ensuite, il faut territorialiser solutions et politiques. Je revendique d’avoir remis des services publics sur le territoire, d’avoir une politique d’aménagement du territoire par projet. Je n’ai pas perdu mon temps avec trois ans de débat sur une loi NOTRe. Pour simplifier le millefeuille, le conseiller territorial est une bonne idée. Une même personne sera conseiller départemental et régional. Chaque région choisira son modèle avec un barycentre régional ou départemental.

> La gestation pour autrui ne fait pas partie des valeurs de la République française. La dignité de la femme impose que la marchandisation de son corps ne soit pas possible. Je suis hostile à reconnaître la GPA en France. Je vous le dis en toute sincérité.

> Notre État doit faire davantage confiance à la société. Cela commence par les relations entre l’administration et les citoyens : c’est le sens des transformations que j’ai engagées depuis cinq ans, et en particulier de la loi Essoc qui a créé un «droit à l’erreur» pour les usagers du service public. Mais plus largement, c’est toute notre vision de la puissance publique qui doit évoluer pour faire de la place aux initiatives des citoyens, des entreprises, du tissu associatif. J’ai porté cette vision à l’occasion du grand débat national et de la Convention citoyenne pour le climat, qui s’est traduite par la loi Climat et Résilience. Je souhaite aller plus loin encore, et changer de méthode pour lancer, en associant tous les Français, trois grands chantiers sur l’école, la santé et les institutions. Des conférences regroupant toutes les parties prenantes, usagers, professionnels, élus et citoyens, seront lancées pour définir ensemble les leviers pour parvenir aux objectifs que nous nous fixons.

> Au-delà même de l’État, c’est la puissance publique au sens large, avec les collectivités locales, avec la force du couple préfet-maire, qui sort renforcée de la crise. Il existe plus que jamais des attentes très fortes et un attachement très important à nos services publics. J’en tire en particulier deux leçons : d’abord, le besoin d’avoir une action publique beaucoup plus proche des citoyens, avec des administrations et des agents sur le terrain et dans les services déconcentrés. C’est aussi une condition pour être plus réactifs, plus pertinents. Ensuite, nous devons avancer vers une nouvelle forme d’action publique, qui différencie les réponses mais aussi les organisations en fonction des territoires.

> Dans les cinq années à venir, la boussole de notre action publique sera la proximité. Tout d’abord, cela devra s’incarner par la proximité des agents publics redéployés dans les territoires ruraux comme urbains. Moins d’agents dans les administrations centrales, et plus dans les services déconcentrés, au plus près des Français : je pense que c’est une règle de bon fonctionnement. Ensuite, c’est aussi la proximité des services publics, que nous devons continuer à rendre plus accessibles et d’une qualité encore meilleure avec les maisons France services, proximité, enfin, des communes et intercommunalités, à qui nous devons donner plus de moyens et de missions. Cette proximité amènera plus de simplicité, d’efficacité, de rapidité. Nous devons nous concentrer sur les résultats de l’action publique vus par les citoyens et les usagers. Si nous avons fait de nombreux progrès ces dernières années, je souhaite aller encore plus loin. C’est pourquoi nous conduirons notamment une transformation profonde de nos administrations en versant automatiquement les aides (prime d’activité, allocations familiales, APL, RSA) à ceux qui y ont droit, pour éviter le non-recours et la fraude. Ce sera la solidarité à la source, après le prélèvement à la source.

> Nous devrons continuer à associer les citoyens, les entreprises, les associations, tout le tissu social lié à la conception des politiques publiques, comme nous l’avons fait dès le début du quinquennat avec la loi Pacte par exemple, et ensuite avec la loi Climat et Résilience issue de la convention citoyenne. Mais la consultation en amont ne suffira pas : avant que chaque réforme majeure soit lancée, ses modalités seront discutées avec les citoyens et les usagers des services publics. Là est la clé d’une réforme réussie afin de faciliter sa mise en œuvre, et nous assurer de sa réussite.

> Pour beaucoup de nos concitoyens, le fonctionnement et l’action de l’État demeurent trop complexes, trop lents, parfois loin des préoccupations du quotidien. Nous devons donc poursuivre ce mouvement de simplification et de plus grande proximité : disposer d’un service public à moins de 30 minutes de son domicile avec des agents polyvalents, capables de renseigner les usagers sur toutes les démarches ; avoir un numéro de téléphone unique du service public pour répondre à toutes les questions et accompagner sur toutes les démarches et les difficultés rencontrées ; s’engager sur des délais de réponse courts. 

> Pour réussir la transition écologique, pour refonder notre école, pour adapter notre société au vieillissement de la population, nous avons besoin de mobiliser toutes les énergies, de l’État, des collectivités locales aux associations, en passant par les acteurs privés. C’est la méthode des grands “chantiers” que je souhaite porter.

> Je crois que nos concitoyens attendent des résultats rapides, concrets, adaptés à leur situation et à leur territoire. Pour cela, il faut donc permettre aux services de l’État, collectivités locales et opérateurs de faire évoluer leur organisation comme ils le souhaitent, au plus près des réalités locales. Je porterai la mise en œuvre du droit à la différenciation, qui permettra à chaque territoire de revenir sur les organisations territoriales établies s’il le souhaite.

> Le débat français sur la décentralisation me paraît souvent mal posé, voire caricatural. L’attente de nos concitoyens porte plutôt sur l’efficacité, la lisibilité de l’action publique que sur le nombre d’échelons et l’organisation administrative, et donc sur la capacité à décider au plus proche du terrain. L’enjeu, c’est la proximité et c’est cet objectif qui doit guider notre réflexion et les réformes que nous avons à conduire. C’est à cette aune que je souhaite rapprocher les grandes régions des bassins de vie, rapprocher le département et la région pour une plus grande simplicité et territorialisation de nos politiques publiques. Cela passe aussi par une plus grande confiance – plus de missions et plus de moyens – accordée aux communes et intercommunalités, qui accompagnent les citoyens au quotidien et qui pourraient prendre en charge complètement la politique du logement, qui constitue une préoccupation majeure du quotidien.

> Toujours dans un objectif de plus grande proximité, j’ai souhaité donner une nouvelle impulsion à la déconcentration, c’est-à-dire renforcer la capacité d’action de l’État au plus près du terrain : en inversant la tendance des vingt dernières années, qui consistait à réduire systématiquement les effectifs du niveau départemental ; en donnant plus de moyens et de souplesse de gestion aux préfets et en leur permettant de prendre 95 % des décisions administratives sans en référer au niveau central. Nous devons aller plus loin et poursuivre ce mouvement qui redonne du sens et de la cohérence à l’action de l’État en faisant du préfet le chef d’orchestre de tous les services de l’État dans les départements, en renforçant les effectifs des services déconcentrés, en développant, là où elles manquent, de nouvelles sous-préfectures pour retrouver ce lien direct entre l’État et les citoyens. Enfin, nous poursuivons le mouvement de déconcentration enclenché pour faire déménager des services administratifs depuis Paris et la région parisienne vers des villes, que ce soient des métropoles, des villes moyennes ou des petites villes de province. Beaucoup d’élus y sont prêts, nous aussi.

> Les crises que nous traversons montrent que plus que jamais, nous avons besoin d’inscrire l’action de l’État dans le temps long – c’est le sens de l’horizon que j’ai donné à notre politique de transformation industrielle, technologique et écologique avec France 2030. Nous devrons adopter cette méthode dans tous les domaines.

> Nous savons que dans certaines situations, les usagers sont face à des blocages administratifs qui peuvent être particulièrement douloureux ou injustes, du fait de cas très spécifiques. Je développerai les médiateurs des usagers du service public, qui pourront jouer un rôle de protection des usagers qui se trouvent dans ces situations, afin de les accompagner et de régler les cas les plus complexes.

> Avant de vouloir produire autrement de la norme, nous devons continuer ce travail de réduction, de simplification de nos lois et règlements. La complexité administrative reste un obstacle à l’exercice des droits, en particulier par les citoyens les moins bien armés, et représente un coût sur le plan économique pour nos entreprises.

> Pour réduire durablement le stock de normes complexes, nous devons avoir une approche globale et très ambitieuse : limiter les textes de loi les plus importants aux objectifs à atteindre et renvoyer les outils et conditions de mise en œuvre aux textes réglementaires, qui seront drastiquement simplifiés dès la première année. Je souhaite ainsi qu’en début de mandature, un travail important de simplification des normes existantes soit engagé en commençant par un travail de déclassement des normes qui sont aujourd’hui inscrites dans la loi alors qu’elles relèvent du pouvoir réglementaire et en engageant sur cette base un travail de fond de révision et de simplification de nos textes par les administrations. C’est un changement culturel important mais cela requiert aussi un immense travail de concordance des bases de données, de rapprochement des systèmes d’information, etc. Cette réforme sera un accélérateur pour la transformation numérique de l’État !

> Numérisation et humanisation doivent nécessairement aller de pair. Pouvoir accéder à des services numériques simples et de qualité reste une attente des Français. Mais dans le même temps, toutes les démarches dématérialisées, au bénéfice de nos concitoyens familiers du numérique, devront aussi être réalisables dans les accueils des services publics – que ce soit en préfecture, à la CAF ou auprès de maisons France services – et par téléphone. C’est cet “aller vers” auquel nous sommes si attachés, le service public du dernier kilomètre et même du dernier mètre, qu’il s’agisse d’un écran ou d’un contact de proximité.
Cela se matérialisera par un grand chantier d’automatisation des aides : pour simplifier les démarches, parfois répétitives et inutiles, pour lutter contre le non-recours, pour faire gagner du temps aux usagers et aux agents, nous ferons en sorte que les citoyens qui ont le droit à certaines aides puissent les recevoir automatiquement. C’est un changement culturel important, mais cela requiert aussi un immense travail de concordance des bases de données, de rapprochement des systèmes d’information, etc. Cette réforme sera un accélérateur pour la transformation numérique de l’État ! Il faudra bien sûr, sans relâche, amplifier l’effort pour connecter nos concitoyens les plus éloignés du numérique : achever la couverture en fibre de l’ensemble du territoire ; accompagner directement ceux qui sont les plus éloignés des usages numériques par la médiation numérique, grâce aux conseillers numériques France services.

> La manière la plus simple de redonner de la force à la décision publique, c’est de lui redonner de la légitimité et de la clarté. Il faut pour cela adopter un principe de responsabilité fort, ce qui implique, je crois, de sortir de cet enchevêtrement de compétences, partagées parfois entre quatre niveaux de collectivités, qui perd nos concitoyens. C’est le sens de la réforme territoriale que je souhaite engager en rapprochant régions et départements. C’est aussi pour cela que je souhaite que nous posions le principe d’une plus grande responsabilité dans la conduite de nos politiques publiques. À titre d’illustration, il faut sortir de l’enchevêtrement et de l’illisibilité de la politique du logement et donner plus clairement des responsabilités aux intercommunalités.   

> La loi de transformation de la fonction publique a déjà prévu que le temps de travail des agents publics soit harmonisé avec le privé, à 1607 heures. C’est une mesure d’équité. Après une longue période de concertation avec les partenaires sociaux, à laquelle j’étais attaché, l’obligation est effective depuis le 1er janvier 2022. Certains métiers, compte tenu des spécificités des services publics, pourront cependant avoir un temps de travail adapté. En parallèle, le gouvernement s’engage à faire respecter strictement la loi en matière de paiement des heures supplémentaires et de temps de pause pour les agents de première ligne les plus sollicités.

> La loi de transformation de la fonction publique adoptée en 2019 a fait profondément évoluer le dialogue social au sein de la fonction publique autour de 3 vecteurs : le conseil commun de la fonction publique ; les lignes directrices de gestion ; l’extension du champ de la négociation collective y compris dans la proximité. L’enjeu pour les prochaines années est tout d’abord de faire vivre le dialogue social dans ce cadre, et en particulier en plus grande proximité, de façon déconcentrée, sur les questions d’organisation et de conditions de travail. Au niveau national, des chantiers importants devront être portés à la discussion avec les organisations syndicales. Je pense notamment au chantier des rémunérations et de l’attractivité de la fonction publique, ainsi qu’à celui de l’accompagnement de l’évolution des compétences des métiers des agents publics.

> Je ne crois pas qu’il faille opposer contractuels et fonctionnaires. La crise sanitaire a rappelé que tous ont été et sont au rendez-vous, peu importe leur situation juridique. Elle a aussi montré que l’heure n’est pas à la suppression du statut de la fonction publique, qui n’a d’ailleurs pas changé la donne dans les pays qui l’ont mise en œuvre. Il nous faut en revanche continuer à donner de la souplesse de gestion pour les agents comme pour les encadrants. Plus largement, je crois que nous devons développer toutes les voies d’entrée et d’accès au service public, en valorisant l’apprentissage, par exemple, qui pourrait constituer une voie alternative au concours pour intégrer certains métiers du service public, mais aussi la validation de l’expérience pour offrir des parcours moins cloisonnés et plus diversifiés. Je l’ai fait avec la réforme de la haute fonction publique, cette philosophie de l’ouverture doit irriguer l’ensemble de la fonction publique.

> Un nouveau contrat social doit refonder la relation entre l’État et ses agents, dans la continuité des récentes avancées sociales. Je pense naturellement à la protection sociale complémentaire ou au renforcement de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. La confiance passe nécessairement, d’abord, par une meilleure reconnaissance des agents publics. Nous devons leur offrir des carrières plus ouvertes, qui ne sont pas définies par le seul diplôme initial ; il nous faut ainsi mieux reconnaître et rémunérer l’engagement collectif et individuel ; il nous faut enfin renforcer les compétences par une formation tout au long de la vie.

> La création de l’Institut national du service public, qui remplace l’ENA, ainsi que l’ouverture des classes “Talents” partout sur le territoire pour faire en sorte que la haute fonction publique soit plus à l’image de notre société, marquent une rupture importante. Nous devons aller plus loin dans ce mouvement et offrir des parcours attractifs et diversifiés. C’est le sens de la création du corps unique des administrateurs de l’État pour limiter les cloisonnements, ainsi que de la création de la délégation interministérielle à l’encadrement supérieur de l’État (Diese). Au-delà de l’État, nous devons mieux faire travailler ensemble tous les acteurs publics et pour cela rapprocher les trois fonctions publiques. 

> Rendre attractives les trois fonctions publiques, c’est d’abord redonner de la fierté et valoriser le sens des métiers des agents publics. Une fonction publique attractive, cela se traduit aussi par des carrières plus ouvertes, moins cadrées par les rigidités du statut. Une prise en compte plus forte de la performance, des réussites collectives et du mérite des agents dans la rémunération constitue un puissant levier de motivation.
Afin de rehausser l’attractivité des trois fonctions publiques, nous proposons d’agir sur la progression de carrière et les rémunérations, fondées davantage sur l’évaluation professionnelle, les compétences acquises et sur la transparence. Nous engagerons avec les partenaires sociaux une refonte du système peu lisible, difficilement compréhensible et parfois inéquitable des rémunérations : clarifier le double volet indiciaire-indemnitaire, mieux prendre en compte l’enjeu de la performance collective, mieux soutenir la mobilité géographique des agents dans les territoires où la vie est chère…

> L’État doit retrouver des marges de manœuvre pour améliorer la situation des finances publiques, pour pouvoir intervenir demain et, en réalité, pour maîtriser notre destin. C’est ce qui a été fait de 2017 à 2019, en limitant le déficit public aux 3 % de PIB prévus par les traités européens, niveau qui était dépassé depuis plus de dix ans. Les règles budgétaires européennes doivent nous inciter à réduire nos déficits permanents par une maîtrise des dépenses publiques. C’est une ancre pour éviter la dérive des dépenses publiques, mais ce n’est pas une fin en soi. Ces règles européennes ne sont d’ailleurs pas intangibles et pourraient évoluer à l’aune des crises que nous traversons. Parallèlement, nous devons saisir les opportunités pour investir dans l’avenir et moderniser notre économie. C’est pour cette raison que j’ai choisi un grand plan d’investissement pour construire la France de 2030, avec un retour à un déficit inférieur à 3 % d’ici 2027.

> Le niveau actuel des dépenses publiques répond aux besoins des Françaises et des Français face à une des plus grandes crises que nous connaissons depuis un demi-siècle, pour relancer l’économie et pour accompagner les ménages les plus fragiles. Les résultats sont là, avec une croissance en 2021 de 7 %, la plus forte depuis cinquante-deux ans et la plus dynamique d’Europe. Les administrations publiques doivent se fixer un objectif de dépenses publiques, pour permettre un retour à la normale avec un rythme résolu mais raisonnable. Maîtriser ses dépenses, c’est avoir la volonté de modérer leur hausse et non de s’inscrire dans une politique d’austérité. Imposer un rabot budgétaire, supprimant les dépenses de manière indifférenciée, qu’elles soient performantes ou non, serait contre-productif. Chaque administration doit au contraire être responsabilisée pour sélectionner les dépenses inefficaces et les réformes structurelles doivent être poursuivies.

> L’endettement de la France doit être maîtrisé pour préserver sa crédibilité auprès de ses financeurs et sa capacité d’agir demain. C’est aussi une question d’équité intergénérationnelle. Pour ces raisons, notre cadre de gouvernance des finances publiques a été modifié et un débat au Parlement sur la dette publique a été institué. Le remboursement de la dette, issue de la crise sanitaire, s’effectuera sans hausse d’impôts, grâce à la croissance et aux recettes supplémentaires que celle-ci générera.

> Notre boussole collective doit être l’efficacité des politiques publiques, c’est-à-dire leur capacité à répondre aux besoins des citoyens, et cela au plus près de leur vie quotidienne. Avec la création du “Baromètre de l’action publique”, tous les Français sont désormais en situation de connaître l’avancée des grandes réformes du gouvernement dans leur territoire. Je souhaite aller plus loin et poser les résultats de l’action publique au centre du débat. Il faut d’ailleurs moins d’indicateurs et de rapports, et les concentrer sur les résultats concrets ressentis dans le quotidien des citoyens.

> Nous avons fait une réforme de l’assurance chômage, et une réforme de la fiscalité qui a relancé l’investissement et la réindustrialisation. Nous avons diminué de plus de deux points notre chômage, de 9,6% à 7,4%, et nous avons recréé de l’emploi industriel pour la première fois depuis plusieurs décennies. Nous sommes au début d’un mouvement historique, et c’est d’ailleurs frappant de voir comment, dans le débat public, le chômage a quasiment disparu. Pour autant, il faut aller plus loin, et je donne comme objectif le plein emploi pour les cinq ans qui viennent.
Soit un taux de chômage  entre 5% et 5,5%. Pour cela, il va falloir faire d’autres réformes du marché du travail et aller vers un système de flexisécurité. Il faudra continuer à moderniser le système d’indemnisation : plus le marché sera en tension, plus il sera réduit dans le temps, pour inciter à un retour rapide à l’emploi.
Ensuite, il faudra une meilleure formation des chômeurs pour leur permettre en trois mois, en six mois, une réorientation de carrière : c’est pour cela que nous avons créé France Compétences. C’est pour cela aussi que j’ai voulu France Travail : il ne s’agit pas de seulement changer le nom de Pôle Emploi, mais de créer dans chaque territoire un guichet unique pour Pôle Emploi, les missions locales, les équipes d’insertion, qui permettent de rapprocher au mieux les demandeurs d’emplois des offres d’emploi.

> Il y a des métiers qui sont en tension parce qu’ils ne sont plus assez attractifs. Nous l’avons vu avec la branche hôtellerie-café-restauration : la filière a commencé à changer ses règles, elle a travaillé sur les cycles horaires, par exemple pour que les employés puissent sauver au moins une journée dans le week-end. ça peut vouloir dire aussi réduire la carte pour avoir un menu plus simple et faire tourner le cuisines plus simplement… Tout ça passe par le dialogue social au nouveau de la branche et de l’entreprise. Il faut aussi de meilleures rémunérations. La prime du pouvoir d’achat et la défiscalisation des heures supplémentaires ont été très importants. Et je prends l’engagement de tripler cette prime de pouvoir d’achat qui pourra aller jusqu’à 6000 euros, sans charge pour l’employeur et sans impôt pour l’employé, quand les choses vont bien et quand on veut vraiment intéresser le salarié à la réussite de l’entreprise.

> Prenons le système actuel des retraites : vous avez un âge légal à 62 ans, un âge moyen de départ à 63 ans et demi, et un âge d’annulation de la décote à 67 ans. Il y a beaucoup d’injustices dans ce système. Je voulais un système plus simple, mais j’ai bien vu que cela inquiétait les gens. Je veux remettre ce système par points, mais en laissant le temps et en créant le consensus… On a aujourd’hui un système déséquilibré financièrement, ce qui fragilise notre système par répartition. Je le rappelle, nous les actifs payons la retraite de nos anciens. Nous sommes moins nombreux que leur génération, et ils sont plus nombreux que les anciens de leur génération : c’est cela qui crée le déséquilibre. On pourrait le payer avec du déficit public, mais ce ne serait pas juste : cela veut dire que nos enfants vont payer ces déséquilibres.
Ensuite, vous avez plusieurs manières de rééquilibrer. Soit vous baissez les pensions : je suis totalement contre, je veux au contraire indexer les pensions, car on repasse en phase d’inflation, et je veux que la retraite minimale pour une carrière complète soit d’au moins 1100 euros. Vous pouvez aussi augmenter les cotisations des actifs : je suis contre, car ça détruit de l’emploi et de la compétitivité. Il n’y a donc qu’une manière de faire, c’est de jouer sur la durée de cotisation. Les réformes récentes, comme la réforme Touraine (en 2014), ont allongé la durée de cotisation, c’est pour cela que l’âge moyen de départ est à 63 ans et demi. L’injustice de notre système est que les personnes qui ont eu une carrière hachée subissent la décote, et que beaucoup de femmes se retrouvent obligées de travailler jusqu’à 67 ans pour avoir une retraite complète. Donc je décale l’âge légal progressivement, ce qui est juste parce que ce sera le même pour tout le monde, mais en prenant en compte plusieurs facteurs évoqués par M. Romano. On va continuer de prendre en compte les carrières longues : les gens qui ont commencé à travailler tôt auront toujours un avantage ; les invalides continueront à partir à 55 ans ; on va supprimer les régimes spéciaux, pour les nouveaux actifs qui entrent dans ces régimes ; et on va prendre en compte la pénibilité des métiers, mais de la manière la plus individualisée possible, sinon on recrée des régimes spéciaux. Ce n’est pas parce que vous êtes dans un secteur déterminé que vous avez des troubles musculosquelettiques. Par contre, si vous avez pendant plusieurs années des tâches qui vous exposent à ces troubles, vous devez avoir un bonus. Cela suppose un réinvestissement dans la médecine du travail….
(…) Il faut être juste, regarder en détail la réalité des tâches, et voir ce qui est pénible et ce qui ne l’est pas. Transporteur routier, dans un camion, c’est pénible ! Nous devons aussi, par le dialogue social, repenser les fins de carrière, ouvrir l’immense chantier du travail des seniors. Dans la réforme que je propose, j’ouvre un espace de liberté en permettant le cumul emploi-retraite : il y a des gens qui ne veulent plus travailler 35 heures, mais 15 heures, 20 heures, rester dans la société, ils le pourront en continuant de cotiser pour leur retraite, et donc améliorer leur retraite. C’est donc une réforme de liberté, une réforme de justice, et elle sera progressive : le référentiel que je donne, c’est que les gens nés en 1969 auront la retraite à 65 ans. Et tout cela permettra de financer l’amélioration de la retraite et la pension minimale à 1100 euros.

> Les extrêmes se nourrissent des peurs, et les peurs sont là : climatiques, géopolitiques, l’épidémie… J’ai essayé d’apporter des réponses. Mais quand il y a des peurs et des grands changements, la stratégie du bouc émissaire marche beaucoup mieux. Pendant des mois, certains ont voulu faire croire que nos problèmes venaient d’une partie de la société. C’est faux, évidemment, mais ça nourrit les extrêmes, en particulier le Front national.

> Je ne suis pas dupe du ripolinage : nous avons un tandem qui est à l’œuvre, un tandem d’extrême droite qui divise et fracture la France, et ce tandem, je le combats de toutes mes forces. Avec beaucoup de respect : je combats les dirigeants, mais je veux continuer de parler à nos compatriotes attirés par ce vote. D’abord parce que je suis le président de tous le Français et parce que je veux leur dire que j’ai des réponses à leurs craintes. J’ai des réponses sur la sécurité : nous avons embauché 10 000 policiers et gendarmes, et la délinquance a commencé à baisser. Et sur le pouvoir d’achat : tous les instituts disent que le pouvoir d’achat n’a jamais autant augmenté que pendant les cinq dernières années. Là, on a une pression des prix depuis quelques mois, mais la France a une inflation deux fois inférieure à la Grande-Bretagne, trois fois inférieure à l’Allemagne. Pourquoi ? Parce que nous avons pris des décisions, beaucoup plus efficaces que la TVA à 5,5% sur l’essence. On a bloqué le prix de l’électricité, on a mis un bouclier tarifaire sur le gaz, on a mis en place le chèque inflation, on fait la ristourne de 18 centimes à la pompe… Tout cela, c’est un investissement de plus de 20 milliards !
> Le «politiquement abject» est ce discours ambiant que nous avons subi pendant des mois : on n'invite sur les plateaux que des gens qui pensent tous la même chose ! Et après, on dit qu’on ne veut pas de politiquement correct… Mais moi, je n’aime pas le politiquement correct, je suis pour la confrontation d’idées, dans le respect : je n’ai jamais moralisé les électeurs du Front national. Mais il faut dire les choses : on parle d’une dame qui est l’héritière d’un clan, qui est aux élections présidentielles depuis les années 60. Ce n’est pas un Rassemblement, c’est un clan ! Ce clan ose parler « d’africanisation » de la France, et ça ne choque personne ? On est dans un monde où l’on peut dire les pires atrocités sans contradicteur, sans personne pour dire que c’est faux. On a laissé les gens dire à longueur de plateaux dire des imbécillités sur le virus. Nous sommes dans un effondrement des consciences… je n’ai jamais oublié cette phrase de Blum, au début de la guerre : « j’ai vu soudain les esprits se dissoudre ». Quand j’écoute certains débats, c’est ce que j’entends, une forme de dissolution des consciences. Donc oui, il faut se battre, avec l’esprit critique, le rapport à la vérité qui permet un débat démocratique, républicain.

> [Crimes de guerre en Ukraine] Je ne veux pas préempter la justice internationale mais je pense qu’il y a aujourd’hui des indices très forts qui nous ont tous choqués. Il faut aujourd’hui que les autorités ukrainiennes puissent réunir tous les éléments pour aller devant les cours ukrainiennes et la cour pénale internationale si c’était celle-ci qui devait s’y substituer. Nous avons marqué notre disponibilité à aider à apporter une assistance technique en la matière. Un des combats que nous avons aujourd’hui sur tous ces théâtres de guerre pour continuer à tenir nos valeurs et à faire aussi en sorte que le travail des humanitaires puisse se faire et que les populations civiles soient respectées c’est de lutter contre l’impunité. Je pense qu’il n’y aura pas de paix sans justice.

> En 2005 les Français ont répondu « non » à un traité mais ils n’ont pas répondu « non » à plus d’Europe. Ils avaient dit « oui » à l’Europe de Maastricht par un précédent référendum. Je ne fais rien qui ne soit pas dans un mandat que les Françaises et les Français m’ont donné : d’une part celui de respecter notre Constitution, d’autre part celui de rester dans le champ des normes qui sont les nôtres et enfin le mandat démocratique qui m’a été donné il y a cinq ans et que je viens resolliciter aujourd’hui.
C’est l’Europe qui nous a permis ces dernières années de résister. S’il n’y avait pas eu d’Europe, il n’y aurait pas eu de vaccin aussi vite et en aussi grand nombre. Notre Europe, par la politique agricole commune, est aussi un soutien extraordinaire à notre agriculture. Ces exemples montrent que l’Europe est une terre de progrès, de convictions communes et d’avancées. Mais je pense qu’on arrive à un moment fatidique, parce qu’on a le retour de la guerre sur notre sol. On voit bien que nous est posée la question de l’adhésion de l’Ukraine, un processus est engagé avec les Balkans occidentaux. Son périmètre est une interrogation. Dans le même temps, on voit des pays qui ont du mal à respecter l’État de droit, nos valeurs et qui sont sous procédure. Et on a un groupe de pays qui veut aller plus loin. C’est pour ça que j’ai lancé cette conférence sur l’avenir de l’Europe-  qui était l’un des engagements que j’avais pris lors des Européennes de 2019- et qui va arriver à échéance au mois de mai-juin. C’est un formidable moment pour repenser nos équilibres, les missions que l’on veut confier à notre Europe, le périmètre que l’on veut lui donner. Je pense que pour notre indépendance, pour notre modèle à venir et pour protéger nos frontières l’Europe est essentielle. Si on devait en changer la forme, je reviendrais devant le peuple français.

> Je pense que si je suis réélu j’aurai en effet à traiter de la question des réformes européennes. Pour moi ce n’est pas un tabou comme je l’avais déjà dit il y a cinq ans. Je pense qu’aujourd’hui on a besoin de passer un cap supplémentaire. Si on arrive à créer ce consensus européen et qu’on a des traités nouveaux, j’irai à ce moment-là devant le peuple français.

> Il y a un ensemble dans le projet que je porte pour répondre aux défis à la fois de la baisse des émissions de CO2 et de l’amélioration de notre biodiversité. En cinq ans, on a doublé le rythme de baisse des gaz à effet de serre. Ce n’est pas suffisant, il faut aller beaucoup plus loin. Pour moi, il y trois grands leviers. Le premier est d’accompagner et d’accélérer les révolutions d’usage à la fois sur le plan de la production et de notre modèle de vie. En accompagnant la révolution agricole : on va avoir besoin d’une agriculture qui produit plus à cause de la crise alimentaire qui suit la guerre en Ukraine mais le faire en respectant l’écologie. Pour cela il faut plus investir, l’injonction ne suffit pas. C’est ce qu’on a fait avec la nouvelle PAC, dans le plan de relance et France 2030. C’est la même chose quand on décarbone notre industrie : on ne va pas supprimer de l’emploi mais on investit avec nos industriels pour les aider, par exemple, à remplacer un four qui fonctionnait avec du charbon ou du gaz naturel par un système à hydrogène.
Il faut accompagner également les gens pour aller vers des mobilités plus douces ou moins polluantes  : on a construit 13.000 km de pistes cyclables et je veux continuer à démultiplier ce plan vélo en lien avec les collectivités locales. Il faut aussi les accompagner dans leurs plans de transports en commun de la même manière que nous avons rénové le plan transport en commun national en réformant et en investissant quasiment 60 milliards (reprise de dette et investissements nouveaux) dans la SNCF : ce qui nous a permis de rouvrir des trains de nuit et plus de 7.000 km petites lignes ferroviaires.
Enfin il faut accompagner ceux qui n’ont pas d’autre choix que de prendre la voiture : en 5 ans, un million de Français ont changé de véhicule grâce au dispositif de conversion prime électrique (électrique, hybride, ou essence et diesel dernière génération beaucoup moins polluants). Je veux qu’on démultiplie cet effort mais beaucoup de nos compatriotes n’ont pas les moyens d’acheter un véhicule électrique : il faut mettre en place un système de leasing avec un reste à charge de moins de 100 euros par mois qui permettrait de s’y retrouver très vite sur le prix du plein quand on est un rouleur important. Mais il faut aussi déployer des bornes plus encore qu’on ne le fait et développer une filière industrielle française de l’hybride et de l’électrique beaucoup plus forte. On a déjà trois giga-factories de batteries en France. Je veux qu’on ait aussi toute la chaîne de production, ce qui permettra la conversion de notre empreinte industrielle automobile qui est si importante pour vos régions.
L’économie circulaire est aussi importante. Le recyclage des matériaux – y compris rares - permet d’éviter du gaspillage, de la pollution, de l’émission, de l’importation. C’est écologie et souveraineté. Nous développons cette filière, j’en veux pour preuve la construction annoncée ces derniers jours en Seine-Maritime d’Eastman, l’ancien Kodak, qui va créer en France la plus grande entreprise d’économie circulaire.
Si on sait accompagner tous ces changements d’usage avec des investissements et une politique d’attractivité, on va créer à terme des centaines et à terme des milliers d’emplois. C’est la même chose dans l’industrie avec la décarbonation.
Le second levier est la préservation des écosystèmes en sachant concilier les tensions d’usage, terrestres et maritimes très importants pour le pays.
Le troisième est l’énergie. Nous avons une chance historique car nous émettons moins de CO2 que nos voisins grâce au nucléaire. Nous avons la seule stratégie permette de nous passer des énergies fossiles. Ceux qui misent sur le tout renouvelable ne pourront pas se passer des énergies fossiles car le renouvelable est intermittent. L’exemple allemand en est une parfaite illustration. Quant à ceux qui disent aller vers le tout nucléaire, leurs nouveaux réacteurs n’arriveront pas avant 2035. Pour réussir face à l’électrification des usages, ma stratégie de production électrique, repose sur trois piliers. 1. la sobriété énergétique : réduire la consommation par la rénovation thermique de 700.000 bâtiments par an que en m’appuyant sur la prim’rénov et les conversions de véhicules. 2. Développer le renouvelable avec un très grand plan solaire et éolienne offshore et atténuer la production pour l’éolien terrestre car on sait que c’est moins acceptable. 3. Le nucléaire : une première tranche de six réacteurs et une deuxième de huit qui doit nous permettre d’être pleinement souverains. Si on fait cela on sera la première grande nation à sortir du fossile et on le fera sans dépendre des autres.
> Il peut y avoir un appel à la conscience collective. On a déjà fait beaucoup de messages de ce type sur le tri sélectif, le gaspillage d’eau… Couper l’électricité quand on n’est pas dans une pièce, ne pas chauffer inutilement sont des mesures de sobriété énergétique dont il faut faire la pédagogie car c’est bon pour la planète, bon pour le portefeuille et bon pour réduire notre dépendance car nous dépendons encore d’importations d’énergies fossiles. L’idée n’est pas de mettre de la contrainte à ce stade. Il faudra peut-être se préparer à d’autres scénarios si on a une guerre massive ou une coupure de gaz complète en Europe, mais je ne veux pas agiter des peurs car on n’en est pas là. Cette pédagogie doit commencer dès le plus jeune âge, c’est pourquoi je crois beaucoup aux éco-délégués dans les jeunes classes et les enfants sont souvent les plus grands facteurs de conviction des parents. Ensuite il faut être apporteurs de solutions pour aider les gens à être plus sobres et à déclencher des changements de pratiques Au moment de la crise des « gilets jaunes » on a bien vu que ce qui les met en colère ou dans des situations impossibles c’est le sentiment de ne pas avoir de solutions.

> Je veux «remédicaliser» la gouvernance des hôpitaux. Dès 2018, nous avons décidé de sortir progressivement de la tarification à l’activité et commencé par la baisser à l’hôpital et à réinvestir en faisant progresser le tarif hospitalier. La crise covid19  nous a pris en quelque sorte de vitesse. Le Ségur a été le programme le plus massif et le plus ambitieux d’investissement dans nos hôpitaux depuis les années 1960 : c’est plus de 8 milliards d’investissement par an dans les salaires. Deux millions de fonctionnaires et assimilés du monde médical et paramédical ont eu une augmentation de salaires. Pour tous nos hospitaliers, ça a été au minimum 183 euros par mois en plus et pour certaines professions jusqu’à 400 euros par mois en plus. Et à côté de ça, on a investi 19 milliards d’euros dans les hôpitaux (équipements, infrastructures…) Mais Mme Larue a raison de dire qu’aujourd’hui quelque chose ne vas pas.
Quand certains hôpitaux disent qu’ils manquent de lits c’est d’abord parce qu’ils n’arrivent pas à recruter parce qu’on n’a pas assez formé historiquement. Depuis 2018, j’ai mis fin au numerus clausus. Pour les médecins ça va prendre du temps, pour les infirmières et les aides-soignantes on est en train d’arriver à notre politique de réouverture. Ensuite ce n’était pas assez attractif et on a amélioré l’attractivité avec ces augmentations et il faut continuer de le faire. Et puis il y a eu un effet fatigue et découragement avec le Covid et enfin un effet perte de sens que j’entends chez beaucoup de nos professionnels. C’est pourquoi sur la base du Ségur je veux investir en redonnant plus de pouvoir aux médecins. A l’hôpital, je veux sortir complètement de la tarification à l’activité et gérer à l’échelle d’un bassin de vie nos objectifs de santé.

Investir dans la prévention santé dès l’école
Pour cela je veux d’abord investir dans la prévention santé dès l’école en finançant par la Sécurité sociale des diagnostics à 25, 40 et 65 ans pour prévenir des cancers du sein pour les femmes de manière beaucoup plus systématique ou les cancers colorectaux pour les hommes. C’est un investissement de la nation qui permet d’éviter du soin lourd. On a un système qui soigne mieux que les copains mais la santé est moins bonne parce qu’on prévient moins.
Deuxième pilier, je veux trouver une gouvernance du soin au niveau d’un territoire. A l’hôpital les médecins doivent retrouver du pouvoir pour gérer les choses au niveau du service car c’est l’unité qui a du sens. Les pôles ont bureaucratisé et complexifié en voulant mutualiser et ça n’a pas marché. Il faut remettre de l’humain, du sens et remédicaliser la gouvernance.
Enfin, il faut casser les barrières entre l’hôpital et la ville. Pour lutter contre les déserts médicaux, il faut que les gens puissent s’organiser plus librement. Les jeunes médecins veulent pouvoir travailler ensemble (on a doublé les maisons de santé pendant ce quinquennat), ils veulent parfois travailler entre la ville et l’hôpital, ils veulent même parfois quand ils ne sont pas hospitaliers pouvoir être salariés. Je veux multiplier les postes d’assistants administratifs pour dégager les jeunes de ces tâches. On doit aussi pouvoir confier à un infirmier ou pharmacien de référence des tâches comme le renouvellement d’ordonnance pour permettre aux médecins de prendre davantage de patients.
Il faut redonner des souplesses qui font sens sur le terrain. Il faut donner les bons financements et moyens aux élus, aux médecins, tous les paramédicaux, aux associations de patients à l’échelle d’une ville ou d’un territoire sont en quelque sorte les codépositaires d’avoir une continuité de soins et de lutter contre les déserts. Si on sait le faire à cette échelle ça marchera. Il faut donc casser les silos qu’on a mis en place et arrêter de tout gérer avec des circulaires depuis Paris.

> Je n’ai jamais méprisé les Françaises et les Français. Si je les méprisais je ne me battrais pas pour eux et avec eux. Je n’ai jamais considéré que c’était des petites phrases, comme si face à quelqu’un je sortais le bon mot que j’avais préparé. C’est le fruit d’une spontanéité qu’on décontextualise. Quand on remet dans le contexte, la familiarité ne signifie pas provocation. Mais il y a une chose qui m’importe c’est de ne pas blesser. Après avoir utilisé le terme « illettré » quand j’étais ministre, je suis allé chez GAD m’excuser les yeux dans les yeux aux hommes et femmes que j’avais blessés parce que je n’ai pas le droit de faire ça.
Avec les autres phrases, je ne pense pas avoir blessé. J’ai choqué des gens, mes oppositions les ont utilisées pour faire un portrait chinois qui n’est pas mon tempérament. Je suis plutôt un affectif, un tactile qui aime convaincre et qui dis les choses en essayant de trouver des solutions. Ce qui m’a amené en politique, qui fait que j’ai pris tous les risques, que j’ai mis toute mon énergie il y a cinq ans et que je la remets en remettant ma confiance au pied de nos compatriotes c’est avant tout une série d’indignations. Il y a des choses qui me sont insupportables comme de laisser notre pays fracturé par les extrêmes et les nationalistes ou qu’on laisse des inégalités s’installer en pensant les réduire en empêchant certains de faire. Moi je fais ça pour corriger les inégalités à la racine et lutter contre cette assignation à résidence qui m’insupporte. C’est ça qui m’a poussé en politique, donc c’est tout sauf des petites phrases.

> Je pense qu’il ne faut pas tomber dans une forme de scepticisme démocratique qui consisterait à dire « les gens ne tiennent jamais leurs promesses ». Ce que n’ai pas réussi à faire durant ces cinq ans ? Un, la réforme des retraites. Elle a été votée en première lecture puis il y a eu la crise Covid. Et deux, la réforme institutionnelle parce que je n’ai pas eu la majorité pour la porter. Je crois que l’essentiel du reste, je l’ai fait. Nous n’avons pas un système à proprement parlé présidentiel, à l’américaine. Notre système est mixte avec un parlement qui est ensuite élu, qui peut d’ailleurs ne pas donner une majorité au président et des régulations qui sont là qui font que ce serait faux de penser qu’un président peut tout. Moi, je suis assez attaché au système de la Ve république. Je pense qu’il faut améliorer le système pour qu’il représente mieux les différentes sensibilités politiques. Il faut de la proportionnelle. Je préfère que les tensions et les discussions soient dans l’hémicycle que dans la rue.
Il faut aussi clarifier la responsabilité politique. Pendant la crise Covid, nous avons vu cette tentation de notre société qui va jusqu’à judiciariser la responsabilité des politiques dans les crises. Or, je pense que lorsqu’on décide on doit être responsable mais devant des gens qui représentent le peuple sinon on crée des déséquilibres entre le pouvoir politique et l’autorité judiciaire. On doit trouver les moyens de mieux associer le peuple de manière régulièrement ; peut-être faut-il revoir le rythme de nos élections législatives, reposer la question de l’articulation entre la présidentielle et les législatives…

> Je me battrai pour avoir une majorité à l’Assemblée parce que je veux agir ! Je suis clair dans mes propositions et la majorité actuelle l’est aussi. Les propositions sont toutes sur la table. J’ai le sentiment que c’est moins clair chez les autres… Si le tandem de l’extrême droite devait aller ensemble aux législatives, il faut qu’il nous explique s’il fait la retraite à 60, 62, 64 ans ? S’il fait de la « remigration » ou pas ? Ils ont dit tout et son contraire.

> Je vais faire comme je l’ai fait avec la taxe d’habitation : je veux baisser les impôts. Durant le quinquennat qui vient de s’écouler, je les ai baissés de 50 milliards d’euros, moitié ménages, moitié entreprises. La taxe d’habitation n’a pas été remplacée par un autre impôt et nous avons compensé cette recette à l’euro près aux collectivités locales.
Pourquoi je veux supprimer la redevance audiovisuelle qui représente 138 euros par ménage ? D’abord parce que cela ne correspond plus aux usages. Les gens regardent la télé sur les smartphones ou les ordinateurs et de moins en moins sur les téléviseurs. Ensuite parce que c’est assez injuste : que vous soyez très modeste ou autre, vous payez 138 euros. D’ailleurs, il y a beaucoup d’exonérations déjà payées par l’État : près de 700 millions d’euros sur 3,9 milliards d’euros de contribution à l’audiovisuel public.
Troisième point : c’est inefficace car c’était un impôt que l’on payait avec la taxe d’habitation. Comme on ne paye plus la taxe d’habitation, c’est complètement idiot de conserver l’envoi des mêmes fiches fiscales et des mêmes équipes pour les instruire. On va dégager de l’efficacité du côté des services publics en supprimant la redevance. Je gagne plus d’emplois publics en faisant cela.
À côté de cela, je préserve l’indépendance et la neutralité de l’audiovisuel public qui n’est déjà plus financé uniquement par la redevance. C’est le budget de l’État qui va garantir son financement.

> Il faut être très clair : moi j’ai supprimé la taxe d’habitation, je supprime la redevance télé si les Français me font confiance. La redevance était raccrochée à un impôt local mais était reversée à la nation. Ce n’est donc pas une moindre recette pour les communes. Donc les communes n’ont aucune justification de toucher à la taxe foncière. Si elles y touchent, il faut sanctionner vos maires qui s’amusent à faire ça.

 

 

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