La France n’a pas ou plus la culture du compromis et la nécessité du consensus qui sont deux principes de la démocratie républicaine libérale.
En revanche, depuis l’adoption de la Constitution de la Ve République, elle a connu une stabilité politique dans le sens où le président de la république et son gouvernement pouvaient s’appuyer sur une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Et lorsqu’il y avait des épisodes de cohabitation, les choses étaient claires avec une majorité législative qui partageait le pouvoir avec le président de la république, ce dernier s’occupant surtout de la politique étrangère du pays.
Lors des deux premiers épisodes de majorité relative pour un premier ministre, en 1988 Michel Rocard et en 2022 avec Elisabeth Borne puis Gabriel Attal, le gouvernement a pu néanmoins fonctionner plus ou moins normalement.
Mais cette stabilité n’est désormais plus de mise.
Ainsi, depuis la dissolution de 2024, les Français, par leurs votes, ont composé une Assemblée où trois blocs plus ou moins égaux (mais où l’union n’est pas systématiquement réalisée à l’intérieur de chacun d’eux), se partagent les sièges de députés.
Ce qui a déjà provoqué la chute de deux gouvernements et la nomination de trois premiers ministres.
Une des raisons de cette instabilité réside dans une polarisation très forte entre les trois blocs et le refus du compromis et l’absence de consensus.
Si l’on assiste ces dernières années à des clivages partisans de plus en plus durs – malgré les efforts d’Emmanuel Macron qui avec son «en même temps» a essayé de casser leur logique d’affrontement – la pratique politique en France est aussi déterminée par les règles de la Ve République qui a fait en sorte de diviser de fait le pays en majorité et opposition avec peu d’ententes possibles entre les deux.
Et ceux qui osaient essayer de travailler de manière transpartisane sont le plus souvent considérés par leur camp comme des traitres et par le camp opposé comme des opportunistes…
Dès lors, on peut effectivement considérer que ce sont les institutions de la Ve République qui ont empêché le compromis et le consensus qui se pratiquent dans beaucoup de pays démocratiques.
La volonté du nouveau premier ministre, Sébastien Lecornu, de casser les règles du jeu pour imposer un dialogue qui débouche sur le compromis est à saluer dans la situation présente même s’il a peu de chance de réussir.
Faut-il alors adopter une nouvelle constitution qui permettrait avec un autre mode de scrutin de favoriser le compromis et le consensus?
Il faut d’abord noter que personne ne sait vraiment encore s’il s’agit d’un épisode conjoncturel ou si c’est plutôt une transformation structurelle du paysage politique.
Dans le premier cas, la nécessité d’agir n’est pas vraiment de mise alors que dans le deuxième, oui.
Il est donc difficile de répondre à cette question sachant toutefois que la montée en puissance des extrêmes et des populismes menace à court terme de bloquer le fonctionnement normal de la démocratie républicaine libérale, quelles que soient des constitutions ou les modes de scrutin même si celle et celui qui ont été mis en place par la Constitution actuelle y participent peut-être plus qu’ailleurs.
Et si l’on a donc trouvé les «coupables», on n’a pas, en revanche, trouvé l’«antidote» miracle…
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