Voici une sélection, ce 24 novembre 2025, des propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France à propos de la nomination du gouvernement puis de la démission du premier ministre.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> Robert Birenbaum était entré en Résistance à 16 ans, aux côtés de Missak
Manouchian et de Marcel Rajman. Il avait ainsi porté au plus haut la lutte pour
la Liberté, l’Égalité et la Fraternité. Homme de dévouement, il fut toute sa
vie fidèle à cet engagement initial. Il est et demeurera un exemple pour tous.
J’adresse à sa famille et à ses proches mes condoléances.
> Protéger les forêts, c’est un devoir. Un devoir éthique. Un devoir pour réussir notre agenda climatique et en matière de biodiversité. Le Gabon et la France y sont engagés.
> [Déclaration lors de la rencontre avec
le Président de la république du Gabon]
(…) Le 30 août 2023 a été un tournant dans l'histoire politique du Gabon et
vous avez ouvert une nouvelle ère fondée sur le renouveau, l'inclusivité, la
pluralité des opinions que nos deux pays partagent profondément. C'est pour
cette raison que la France a dès les premiers instants soutenu la transition.
Vous avez voulu une transition ouverte à toutes les forces politiques, à toutes
les sensibilités. Vous vous êtes donné des délais et vous les avez respectés.
Je veux le dire ici avec beaucoup de force, c'est ce que je dis partout où il y
a des situations déstabilisées, je donne le Gabon en exemple et ce que vous
avez su faire. C'est ce chapitre que vous êtes en train de clore en cette fin
d'année de transition politique. Mais à chaque fois que vous avez pris des
engagements vis-à-vis des Gabonaises et des Gabonais, vis-à-vis de la
communauté internationale, vous les avez respectés. Vous avez également
souhaité que cette transition soit rapide, en effet. Et c'est le peuple
gabonais qui, le 12 avril dernier, vous a apporté largement à la tête de
l'Etat, faisant de vous le premier président de cette nouvelle République,
après en avoir changé les constitutions et les termes. Vous l'avez rappelé, les
échéances nationales qui restent et locales vont permettre de parachever dans
les semaines qui viennent tout le processus. C'est aussi pour cela que je
souhaitais être à vos côtés aujourd'hui.
Je veux féliciter l'ensemble des Gabonaises et des Gabonais pour avoir écrit
les premières pages de cette nouvelle histoire et vous dire notre gratitude
pour cela. Ce nouveau Gabon, il est visible. Libreville se transforme, avance.
Demain, nous aurons l'occasion de voir plusieurs aspects de cette
transformation. La France est pleinement disponible pour accompagner cette
ambition. Je vous le dis ici aussi, dans la philosophie que nous avons portée
ces dernières années, vous avez eu l'amitié de citer le mot que j'ai eu à
Dakar, mais au fond, depuis ce que j'ai dit à Ouagadougou dès la fin de l'année
2017, je crois dans un partenariat réinventé et en effet dans une relation qui
soit respectueuse, où nous devons être exemplaires les uns et les autres et où
les situations doivent amener à des partenariats gagnants-gagnants.
Je soutiens totalement ce que le président de la République vient de dire,
c'est-à-dire que l'Afrique ne peut plus être un continent, de simple extraction
des ressources. On doit réussir à construire des nouveaux modèles, mais ce qui
suppose des investissements énergétiques, des transformations de pratiques,
mais où on valorise ou on transforme ces ressources de manière accrue. Donc
nous accompagnons ce partenariat gagnant-gagnant, respectueux des intérêts de
chacun, nous faisons sur un chemin critique qui doit être aussi cohérent et
compétitif. C'est exactement les discussions que nous avons eues avec nos
entreprises sur le financement, et on a fait avancer ensemble beaucoup de
choses, c’est pour ça, pardonnez-nous, que nous vous avons fait attendre.
Mais nous on souhaite accompagner en effet l'ambition que vous avez en matière
d'eau. Donc on va avancer pour aller plus vite. On souhaite accompagner votre
ambition en matière de gestion des déchets. Là aussi on va avancer plus vite.
En termes d'infrastructures, là aussi on va avancer plus vite, on a trouvé le
cadre. En matière de trains, c’est contrat à l’instant qui a été signé entre le
ministre et l'Agence française de développement qui va permettre d'avoir, grâce
à l'Union européenne et à la France, un accompagnement financier qui permette
de développer ce projet qui est extrêmement structurant. Et puis, en matière de
manganèse, avec les engagements que nous avons trouvés et ce cheminement qu'on
va d'ailleurs suivre ensemble tous les deux mois pour réussir à transformer
davantage et créer plus de richesses dans votre pays.
Vous le savez, il y a 85 filiales françaises qui sont présentes ici. Des
dizaines d'entreprises créées par des Français, souvent binationaux, qui
représentent plus de 12 000 emplois, majoritairement gabonais. Toutes, dans ce
nouveau cadre et ce nouveau Gabon, veulent investir encore davantage et adhérer
dans cet esprit de respect mutuel à ce partenariat gagnant-gagnant. Voilà
l'ambition que nous portons sur le plan économique, c'est s'inscrire dans le
projet qui est le vôtre et le faire avec esprit de responsabilité, honnêteté et
respect mutuel.
La sécurité est également un pilier historique de notre coopération. La récente
escale du porte-hélicoptère amphibie Tonnerre dans vos eaux en témoigne, de
même que la refonte de notre partenariat de défense. Vous le savez, j'avais
annoncé cela il y a quelques années, on en a surtout parlé, et ces deux
dernières années, nous avons totalement transformé notre partenariat de
défense. Nous l'avons réinventé, comme partout sur le continent. Il repose
maintenant sur une coopération réciproque, sur un travail de soutien,
l'expression des besoins par les armées gabonaises. La France y répond, avec
plus de formations, avec des programmes communs, des exercices communs, avec
des programmes d'équipement. Nous avons réussi à complètement changer la
philosophie. On a des programmes de formation au sein d'une base
franco-gabonaise. Nous voulons faire du Gabon une référence régionale,
notamment grâce à nos écoles nationales à vocation régionale, et à la création,
que nous sommes heureux de confirmer, de l'Académie de protection de
l'environnement et des ressources naturelles dédiée à la lutte contre le
braconnage et l’orpaillage illégal et à ce socle que nous avons décidé de bâtir
ensemble.
L'avant-dernier point, que je voudrais faire, c'est sur la protection de
l'environnement. C'est un axe fort que nous avons eu ces dernières années et
c'est aussi toute l'ambition que la France porte dans la région, mais aussi en
Amazonie ou dans l'Indo-Pacifique, de protection des forêts primaires. Nous
avons en effet ce partenariat pour les forêts du bassin du Congo qui est
important et nous en assurons la co-facilitation ensemble. La France affecte
intégralement les revenus de l'accord de conversion de dettes, 60 millions
d'euros, à la gestion durable des écosystèmes forestiers et au développement de
la filière bois-forêt. C'est d'ailleurs grâce à ce que nous avons bâti
ensemble, à cette facilitation, qu'on a pu lancer, lors de la COP 30 de Belém,
cet appel de Belém pour les forêts d'Afrique centrale, qui a été vraiment
consolidé par notre travail conjoint et que nous avons pu, compléter avec
d'autres adhésions. En effet, le Gabon reste très riche de sa nature et nous
voulons vraiment vous accompagner dans le travail exemplaire que vous avez
toujours su mener.
Je veux finir par un dernier point. La vraie richesse du Gabon, c'est sa
jeunesse, ce sont ses femmes et ses hommes. La créativité de ses artistes,
l'énergie de sa jeunesse, l'inauguration aujourd'hui du nouvel institut
français du Gabon, rénové après un an de travaux, illustre notre volonté de
continuer à faire rayonner votre culture, et soutenir l'entrepreneuriat
culturel.
Évidemment, l'éducation est aussi, pour nous, extrêmement importante. Avec
Campus France, nous accompagnons des centaines de jeunes Gabonais qui
poursuivent leurs études en France. Vous êtes plus de 5 700 à suivre au moment
où je parle d'un cursus universitaire. Mais notre coopération, elle est aussi
ici, avec la construction d'écoles, la formation, l'investissement dans la
jeunesse.
Voilà, Monsieur le Président, ce que je souhaitais dire. La philosophie que
vous venez d'exprimer, nous la partageons. Nous souhaitons nous inscrire dans
cet esprit de responsabilité mutuelle. J'ai pu, tout à l'heure, à vos côtés,
sentir la chaleur de l'accueil des Gabonaises et des Gabonais qui m'a
profondément touché. Après ces deux ans de transition démocratique, vous allez
ouvrir au fond complètement cette page du Nouveau Gabon avec, je le sais,
volontarisme, vision et responsabilité. Sachez une chose, la France sera là, à
sa juste place. C'est-à-dire celle d'un ami qui veut vous aider à réussir avec
esprit de respect, considération et en partageant votre ambition. Je vous
remercie.
> Félicitations à mon cher ami Cyril Ramaphosa ainsi qu’à ses équipes pour ce Sommet du G20, le premier sur le continent africain. Main dans la main dans la perspective du G7 France !
> [Démocratie et numérique / Rencontre
avec les Français] Je
veux d'abord dire que c'est très émouvant pour moi d'être à vos côtés et
d'être, pas simplement à Arras, mais dans ce lieu qui a marqué la vie de la
nation ces dernières années, et deux ans presque jour pour jour, puisqu'on est
maintenant passé au mois de novembre, mais personne n'a oublié ce jour
d'octobre 2023, et on était avec une partie, évidemment, l'épouse de Dominique
et une partie de l'équipe pédagogique, mais je veux d'ici dire combien tout ça
a marqué la vie de la nation, cette attaque terroriste ici dans cette cité
scolaire.
Et vous retrouver pour débattre justement de la force
de notre démocratie à Arras dans cette cité scolaire, c'est pour moi tout un
symbole. Ce que d'ailleurs les profs font, la famille, c'est un engagement qui
est vraiment l'engagement de la République et de l'école, c'est-à-dire de dire
qu'on ne doit rien céder à la barbarie et à l'obscurantisme.
Au fond, si je pense que le débat qu'on a commencé à
avoir et qu'on va poursuivre ensemble aujourd'hui est important, c'est parce
que je crois qu'il touche vraiment à la vie de la nation. Nous nous sommes
installés, ces 10 dernières années, dans un système où, au fond, de plus en
plus, on s'instruit, on échange, on s'informe, on construit parfois les savoirs
et notre opinion publique à travers des plateformes, des réseaux sociaux,
maintenant des agents d'intelligence artificielle, parce que tout ça est un continuum
d'innovation, qui ont, des modèles, des intérêts économiques, des modèles
économiques qu'on n'a pas tout à fait compris au début. Et je pense qu'il y a
eu beaucoup de malentendus. Mais on a un peu délégué la vie de nos enfants, de
nos adolescents, de notre démocratie à ces systèmes.
Alors, il y a du très bon dans ces systèmes, c'est
pour ça qu'on les utilise. On peut accéder très facilement à de l'information,
à l'autre bout du monde, à des savoirs. On peut y partager, d'ailleurs, des
alertes et se faisant réussir à se protéger, à être une société plus en éveil.
D'ailleurs, Internet, comme les réseaux sociaux, a été au début pensé par des
gens qui voulaient avant tout propager du savoir et des expériences. Mais quand
on finit par s'enfermer en quelque sorte dans ces bulles, et on va y revenir,
je pense, dans le débat, quelque chose part de travers.
Je pense qu'il faut qu'on prenne collectivement
conscience que pour nos enfants et nos adolescents, la situation devient
problématique. Pour nous tous adultes, quelque chose est en train de changer
dans notre vie démocratique, c'est-à-dire la manière même dont on est en train
de se forger nos opinions, dont on est en train de construire nos opinions,
dans notre rapport à ce qui est une vérité, un fait ou pas, c'est en train de
bouger. On est de plus en plus vulnérables, à travers ces réseaux sociaux, mais
aussi le rôle maintenant qu'a l'intelligence artificielle, on est de plus en
plus vulnérable à des attaques informationnelles. Ce que vous venez de dire
très bien, en effet, le cerveau humain, le fonctionnement de nos démocraties
peut être manipulé par des ingérences qui utilisent ces informations. Sur tous
ces sujets, je pense qu'on a besoin d'une prise de conscience, parce que tout
ça a connu une accélération très forte. Et au fond, c'est autour des années
2015 qu'on a une ouverture, une démocratisation des grands réseaux sociaux.
Donc, on a 10 ans de recul.
Moi, j'ai fait ma première campagne présidentielle en
2017. Pour les plus jeunes, ça doit leur sembler Mathusalem. Mais en vrai, on
commençait sur les réseaux sociaux à faire campagne. C'était assez inédit.
Aujourd'hui, ça vous semble totalement banal. Donc il y a eu, en 2015, la
propagation : ça fait 10 ans qu'on a tous nos jeunes, nos ados. Et on a très
peu régulé, ils ont été complètement ouverts à TikTok à Instagram, Snapchat, X,
etc. Quelque chose s'est passé, on peut le mesurer. Puis, il y a une deuxième
phase très importante qui a été le covid, où, étant renvoyé au confinement, à
la solitude, le temps d'exposition aux écrans a beaucoup augmenté. Puis, il y a
eu ces dernières années une accélération des ingérences informationnelles.
2022, la guerre d'agression russe en Ukraine, l'accélération des tensions
internationales, tout ça a encore transformé les choses. Il faut qu'on voie
qu'en 10 ans, il y a eu vraiment une révolution de ces usages et de ce qui
s'est passé dans nos démocraties. Je crois que c'est vraiment aujourd'hui, le
temps, à la fois de la prise de conscience, mais également de l'action. C'est
pourquoi je trouve que ces débats sont très importants.
► Sébastien Lecornu (Premier ministre)
[Nota: Nous faisons figurer Sébastien Lecornu dans
cette liste alors qu’il n’est pas centriste mais appartient à l’aile droite de
Renaissance, parti centriste/central et qu’il s’est toujours défini comme un
homme de droite; c’est à ce titre que ses propos sont retranscrits ici et du
fait qu’il a composé un gouvernement d’axe central.]
> [Intervention à propos du Budget 2026] Merci à la presse de s'être
mobilisée pour me permettre de m'adresser aux Françaises et aux Français. Et ce
mi-temps, ce mi-parcours en quelque sorte des procédures budgétaires à
l'Assemblée nationale et au Sénat me permet de rendre compte à la nation de là
où nous en sommes. Alors, les recettes pour la Sécurité sociale pour 2026 ont
été adoptées, vous le savez, il y a de cela quelques jours, à l'Assemblée
nationale. Les recettes, c'est-à-dire la fiscalité essentiellement, pour le
budget pour 2026 pour l'État ont été rejetés il y a de cela quelques jours, et
ça m'amène évidemment à devoir faire un point devant vous de compréhension,
d'analyse également de ce que le Gouvernement en retient, et surtout de
proposition en méthode pour avancer et tenter d'éviter un blocage, étant
entendu qu'au moment où nous nous parlons, nous sommes dans quelque chose qui
est encore somme toute relativement normal.
Au fond, ce sera mon premier commentaire, on voit bien qu'il y avait quelque
chose d'assez attendu à cette première lecture à l'Assemblée nationale,
puisque, classiquement, sur un débat aussi long, aussi politique que la
question de la fiscalité, avec autant d'amendements, chacun cherche,
évidemment, à pousser ses propres convictions, à poser, en quelque sorte, son
drapeau idéologique, et avec, derrière, une difficulté de compréhension et de
cohérence globale de ce texte.
Evidemment, chacun cherche à se compter dans cet exercice, et on le voit bien à
un moment donné que cette cohérence nous manque et nous empêche d'avancer, mais
on la retrouvera dans un instant, évidemment, dans les deuxièmes lectures à
l'Assemblée nationale et au Sénat. Je pense que cette situation nous amène à
des points de vigilance. La première des choses, c'est que certains partis
politiques, certains candidats à l'élection présidentielle estiment au fond que
le compromis n'est pas compatible avec leur propre stratégie électorale et
qu'au fond, derrière, il y a une forme de cynisme qui est en train de se
dégager et qui peut mener à ce que certains errements idéologiques de certains
partis politiques bloquent la situation. Et ça, pour moi, c'est un point de
vigilance important. On l'a vu notamment dans les comportements de la France
insoumise et même parfois du Rassemblement national. Cela nous amène, à mon
avis, à plusieurs choses dans les temps qui viendront et à deux convictions.
La première, c'est qu'il y a toujours une majorité à l'Assemblée nationale
pour permettre de voter un budget pour l'année prochaine. Pour la première
fois, des députés se sont parlés, ont travaillé ensemble, ont trouvé des
chemins de compromis sur certaines thématiques, sur certains objets qui étaient
pourtant très difficiles de travailler il y a de cela maintenant encore
quelques semaines. La deuxième des choses, c'est que les parlementaires doivent
défendre le Parlement.
Il y a quelque chose d'assez stupéfiant, au fond, de voir certains
parlementaires, certaines forces politiques parler déjà de Loi spéciale,
d'échecs, d'ordonnances, au moment où le Parlement peut se saisir, justement,
de cette responsabilité historique pour donner un budget à la nation. Et donc,
au fond, on le voit bien, il faut que celles et ceux qui veulent avancer arrive
à rompre les ponts et à ne pas se laisser contaminer par les forces politiques
qui, elles, promeuvent ce blocage. Alors, si au fond, il n'y a rien de
définitif dans tout cela, c'est tout de même une alerte pour la suite.
On le voit bien, certains sujets, puisqu’on va y arriver, d'autres nécessitent,
évidemment, d'y travailler. Alors en méthode, je vais recevoir l'ensemble des
formations politiques représentées à l'Assemblée nationale et au Sénat dans les
prochains jours avec, dans un instant, une réunion exceptionnelle des membres
du Gouvernement, ce soir une réunion des chefs des groupes qui soutiennent
l'action du Gouvernement. Et puis aussi, pour la première fois depuis le mois
de septembre, de nouveau un certain nombre de réunions avec les partenaires
sociaux représentant les syndicats salariés, mais également les représentants
du patronat.
Dans ces rendez-vous, dans ces réunions, nous allons poser 5 thèmes de
discussion, car si ce n'est plus le budget du Gouvernement, vous l'avez bien
compris, c'est le budget désormais du Parlement dans cette navette entre
l'Assemblée nationale et le Sénat, il appartient, néanmoins, au Gouvernement
d'assurer de la clarté pour nos concitoyennes et nos concitoyens, pour le monde
économique, mais aussi de la cohérence, notamment sur un certain nombre de
thèmes qui ne peuvent pas attendre l'échéance présidentielle de 2027.
Ça m'amène donc à détailler ces 5 thèmes, thématiques prioritaires pour la
France.
La première, évidemment, c'est que nous devons, dans le cadre budgétaire
global, garder une cible de déficit à moins de 5 % du PIB. C'est une priorité
absolue. Ça pose la question, évidemment, des économies, notamment des
économies de court terme, dont malheureusement, nous n'avons pas réussi encore
suffisamment à parler dans le débat public, mais également à l'Assemblée
nationale et au Sénat, et en se méfiant, là aussi, d'une opposition entre
parfois des impôts qui n'existent pas et qui ont rendu la copie insincère et
« invotable », en quelque sorte, à l'Assemblée nationale, mais aussi des
mesures d'économie qui pourraient être tout aussi insincères et ne pas exister.
Donc, ça va poser cette question aussi d'équilibre entre fiscalité et mesures
d'économie réelles, réalistes, et puis on le voit bien aussi, un débat qui,
dans le secret des Alcôves, commence à apparaître entre, au fond, un déficit
très réduit, mais avec beaucoup de fiscalité, ou au contraire, un déficit un
peu plus dégradé, avec moins de fiscalité.
Ce que propose le Gouvernement, c'est de revenir tout simplement aussi à une
logique de bon sens, c'est d'être capable de faire des économies et de
permettre justement de réduire cette cible de déficit public.
Ça posera aussi la question du train de vie de l'État, sur lequel je serai
amené à reprendre la parole prochainement.
Ça pose la question évidemment du succès de ce projet de loi de lutte contre
les fraudes sociales et fiscales, qui est un texte qui a été examiné sur la
proposition du Gouvernement au Sénat et qui arrivera prochainement à
l'Assemblée nationale.
La deuxième des thématiques sur lesquelles je souhaite que nous puissions
avancer avec les formations politiques, mais aussi avec les partenaires
sociaux, c'est évidemment la question de la réforme de l'État, de la
décentralisation, de la clarification des compétences, de l'exercice des
missions de services publics dans le pays.
Ça pose davantage la question, au fond, des économies à moyen et long terme,
mais il faut traiter certains mots à la racine, et on le voit bien que
l'enchevêtrement des responsabilités est un énorme enjeu. Les Congrès des
maires des régions et des départements de France se sont tenus récemment. Des
pistes importantes ont été posées et ont été mises sur la table. Donc, je tiens
à avancer rapidement pour un projet de loi qui pourrait être proposé au Conseil
des ministres dans les temps à venir.
Des thématiques que je souhaite poser dans le débat public rapidement, c'est la
question de l'énergie. C'est un enjeu économique, c'est un enjeu de
souveraineté, c'est un enjeu industriel, c'est un enjeu écologique, c'est un
enjeu d'aménagement du territoire, et puis on le sait, c'est aussi un énorme
enjeu de pouvoir d'achat pour les Françaises et les Français. Etre amené à
devoir clarifier la stratégie de la programmation pluriannuelle pour l'énergie
pour le pays. C'est un enjeu majeur. Il n'est pas sans impact sur les finances
publiques. Il n'est pas sans impact sur l'avenir d'EDF, de nos filières
souveraines en matière de production d'énergie renouvelable. Et le moment aussi
est venu de considérer la stratégie énergétique de nos territoires d'outre-mer avec
beaucoup plus de priorités que nous n'aurons pu le faire jusqu'à présent, sans
oublier évidemment la Corse.
Donc ça, c'est un thème important qui ne peut pas attendre les élections
présidentielles de 2027 et qui viennent s'enchevêtrer au fond en quelque sorte
dans les discussions budgétaires et sur lesquelles je souhaite pouvoir entendre
les différentes formations politiques pour prendre des décisions d'ici à Noël.
L'autre thématique, elle est d'actualité, elle est brûlante, elle est
essentielle, elle touche aussi à notre souveraineté et à notre modèle
productif, c'est évidemment l'agriculture, dans lequel nous savons l'actualité
liée à ce traité de libre-échange qu'est le Mercosur, mais également, et
peut-être tout aussi importante, la question de la négociation de la future
politique agricole commune avec Bruxelles, sur lequel nous devons poser les
premiers jalons dans les semaines qui vont venir, et sur lequel je tiens à ce
qu'un consensus le plus large possible puisse se dégager de l'Assemblée
nationale et du Sénat. Là aussi, on ne peut pas détacher la question de la
politique agricole commune, l'ensemble des questions agricoles, des questions
budgétaires.
Enfin, évidemment, la dernière thématique, c'est la question de nos sécurités
intérieures et extérieures. Intérieures, on le voit bien avec ce fléau qu'est
le narcotrafic, dont je rappelle que s'il devait ne pas y avoir de budget pour
l'année prochaine, ça serait quelque 1 400 créations de postes de policiers,
dont d'ailleurs la moitié sont potentiellement des enquêteurs sur ces questions
de narcotrafic, c'est la question des prisons de haute sécurité, autant de
sujets qui seraient retardés par une défaillance, en tout cas un retard dans
l'adoption du budget et sur lequel on ne peut pas dire d'un côté que c'est une
priorité majeure et de l'autre côté ne pas donner les moyens à celles et ceux
qui luttent efficacement contre le narcotrafic, de le faire.
Et puis la question de la défense, la question évidemment de nos sécurités
extérieures, qui ont occupé beaucoup les débats ces derniers temps, ces
derniers jours, sur lequel, vous le savez, l'augmentation de ces moyens est
absolument considérable puisque nous proposons, le gouvernement propose plus de
6,7 milliards d'euros pour l'année prochaine, c'est-à-dire que s'il y a un
budget, ces 6,7 milliards d'euros seront bien au rendez-vous, mais s'il n'y a
pas de budget, la défense, les armées, notre sécurité collective, les
industries de défense seraient en quelque sorte les premières victimes aussi
d'un échec de notre discussion. Et donc cette question de la sécurité
intérieure comme extérieure est celle qui me préoccupe le plus au moment où
nous parlons dans le cadre de ces discussions budgétaires.
Donc au fond de ces thématiques, nous allons essayer d'en tirer un consensus.
Je ne le pense pas, cela me paraît difficile. En tout cas, une majorité des
capacités à trouver des compromis.
Au fond, ce que nous allons essayer de faire dans les temps à venir, c'est non
pas d'isoler ces débats du reste, on a besoin de parler de tous les autres
sujets ou thématiques ou politiques publiques dont je n'ai pas pu les évoquer
devant vous ce matin, mais je vais demander aux formations politiques de se
positionner. Parce qu'au fond, l'échec de ce vote sur les recettes du budget de
l'État prive l'Assemblée nationale de discuter d'un certain nombre de ces
thématiques, notamment des sujets de sécurité ou de défense, d'agriculture,
d'énergie, je ne les récite pas tous, mais qui correspondent tout de même à des
priorités qui sont absolues.
De ces discussions, petit à petit, le Gouvernement n'exclut pas de les verser à
des débats spécifiques à l'Assemblée nationale et au Sénat qui pourraient
donner lieu à des votes ad hoc pour permettre justement de créer ce cadre de
compromis pour l'avenir. C'est ainsi d'ailleurs, nous allons démarrer avec les
questions de sécurité extérieure, les questions militaires, les questions de
défense, où je saisirai l'Assemblée nationale et le Sénat d'un vote dans les
tout prochains jours, sûrement la semaine prochaine, qui va permettre de
clarifier aussi ce que le gouvernement propose en matière militaire, mais de
permettre aussi aux formations politiques de voter et de dire si, oui ou non,
elles souhaitent s'engager vers un renforcement de nos armées.
C'est au fond aussi la suite de cette méthode, de cet entonnoir budgétaire dans
lequel nous nous trouvons, dans lequel les procédures budgétaires vont être
tenues sur la Sécurité sociale et l'État entre les deux chambres, mais sur
lequel le Gouvernement souhaite associer les partenaires sociaux et les
formations politiques avec une méthode un peu différente en marge qui va nous
permettre justement d'avancer et d'y arriver. On va y arriver, ai-je dit, dans
cette même cour de Matignon, il y a de cela quelques semaines. La réponse est
toujours : oui, nous pouvons y arriver à la condition d'y travailler, de sortir
aussi de cette situation de blocage politique que certains veulent installer
comme étant, au fond, une toile de fond à la prochaine élection présidentielle.
On doit défendre le Parlement. L'Assemblée nationale n'est pas un théâtre. Le
budget n'est pas un décor de fond de scène. La France n'est pas un tremplin. Chacun
doit évidemment désormais, avec responsabilité, sens de l'intérêt général,
regarder le budget pour 2026 avec beaucoup de sérieux, beaucoup d'engagement.
En tout cas, c'est ce que le Gouvernement va faire. Ce Gouvernement, vous le
savez, n'a aucun autre agenda, si ce n'est de permettre à la France d'avoir un
budget pour l'État et pour la Sécurité sociale pour l'année prochaine.
► Gouvernement
● Ministres centristes/centraux
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> Je me suis entretenu avec le ministre des Affaires étrangères ukrainien et
nos collègues européens. Les discussions à Genève avec les Etats-Unis ont été
constructives et utiles. Le travail se poursuit pour créer les conditions d'une
paix respectant la souveraineté de l'Ukraine et garantissant les intérêts et la
sécurité de l'Europe.
Stéphanie Rist (ministre de la Santé, des
Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées)
> France Santé : une mesure en laquelle je crois pleinement pour
renforcer l’accès aux soins partout sur nos territoires et permettre à chaque
Français d’être suivi par un professionnel de santé !
> Au Sénat, j’ai rappelé combien la vaccination reste essentielle : faire confiance à la science, combattre les fake news, et assurer l’engagement de tous, en particulier des soignants. Protéger la population, c’est notre responsabilité collective.
Amélie de Montchalin (ministre de l’Action
et des Comptes publics)
> L'urgence c'est que notre pays ait un budget le 1er janvier 2026 et pour
qu'il en ait un, il y a bien une chose qu'on ne doit pas faire, c'est d'appeler
à la démission ou à la dissolution.
> C'est soit la responsabilité, le ressaisissement, le vote et donc un budget pour les Français, soit une crise financière et économique, qui est un peu le pari que font certains... je ne peux pas me résoudre à ce choix.
> Il n'y a pas d'alternative pour trouver un budget à un compromis parlementaire et un vote. Il y a des alternatives pour effectivement ne pas faire défaut, la loi spéciale, mais ça ne peut durer que quelques semaines.
> On demande aux partis qu'on ne fasse pas la présidentielle de 2027 pendant le budget de 2026. On a besoin que la présidentielle reste la présidentielle.
> Ce budget est aussi bon pour assurer l'essentiel, notamment notre défense. (...) C'est pour faire face à de nouvelles menaces. Nous avons besoin de protéger notre pays.
> [Crédit d'impôt pour l'emploi à domicile] Pour moi il y a une ligne rouge, c'est qu'on ne change pas les règles pour les personnes en situation de handicap, pour les personnes âgées et dépendantes, et pour les familles avec la garde d'enfants.
> Je suis là parce que crois vraiment que quand une majorité de Français veut la stabilité, veut que nous ayons un budget, dans une démocratie, les hommes et femmes qu'ils ont élus sont capables, et veulent être les acteurs de ce compromis.
> Je veux remercier publiquement Gérard Larcher qui, en tant que président du Sénat, a mis tout son poids personnel et politique pour que le Sénat soit l'endroit où ce compromis que les Français demandaient puisse se mettre en œuvre.
> Je ne vais pas me lancer dans un règlement de comptes, la différence c'est que lui [Bruno Retailleau], il est sorti du gouvernement... Moi je suis restée, ma mission c'est de donner un budget à ce pays, d'être force de compromis.
> Je ne crois pas que les Républicains soient passés dans une opposition farouche. Je ne pense pas qu'au fond de lui, Bruno Retailleau pense que ne pas avoir de budget est une solution pour la France.
Marina Ferrari (ministre des Sports, de la
Jeunesse et de la Vie associative)
> [Violences dans le sport] Depuis 2019, plus de 2 400 signalements ont été
traités par la cellule Signal-Sports. 1 200 mesures d'interdiction d'exercer
ont été prononcées. Ce chiffre glace le sang. Il est aussi signe de l’ampleur
du travail engagé pour protéger les sportifs. Hier, j’ai réuni les associations
engagées à nos côtés, pour leur rappeler une étape de plus dans ce combat : un
affichage sur Signal-Sports est désormais obligatoire dans 330 000
établissements. Nous rendons ce dispositif visible partout, pour que chacun sache
où signaler et comment être protégé.
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du
Premier ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la
Lutte contre les discriminations)
> [Elèves voilées à l'Assemblée nationale] Ce qui me choque, c'est que des
enfants soient voilées.
> Légalisation du cannabis] Je considère cela comme une capitulation face aux narcotrafics.
> Soyons clairs : on ne peut pas pleurer sur la mort de Mehdi le matin et consommer de la drogue le soir. La lutte contre le narcotrafic, c'est le combat de tout un pays. La légalisation, ce serait une capitulation. Je m'y refuse."
> Tiktok est devenu le livre de chevet de nos enfants et adolescents. On doit les protéger des réseaux sociaux, les libérer de cette emprise, de cette arme de désinformation massive. Oui, il faut une majorité numérique à 15 ans.
> Avec un RN aux portes du pouvoir, on ne joue pas. On se met en ordre de marche et on se rassemble. Oui, il faudra une primaire pour garantir une candidature unique.
Marie-Pierre Vedrenne (ministre déléguée
auprès du ministre de l’Intérieur)
> À Ottawa pour la réunion des ministres de l’Intérieur du G7 Face aux
menaces - criminalité organisée, trafic de migrants, drogues, cybercriminalité
- aucune nation ne peut agir seule La France reste déterminée à renforcer la
coopération internationale pour agir efficacement.
Eléonore Caroit (ministre délégué
auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères chargée de la
Francophonie, des Partenariats internationaux et des Français de l’étranger)
> [Budget] Il faut arrêter de dire « ça y est », « tout est
plié », « c’est fini » alors que nous avons jusqu’à la fin de
l’année et pour la première fois un gouvernement qui s’engage à ne pas utiliser
le 49.3. C’est le débat parlementaire.
> [Budget] Laissons le travail se faire à l’Assemblée comme l’a promis le Premier ministre.
> Il y a une forme de rejet de notre politique de développement alors qu’elle est fondamentale. Lorsque vous investissez dans la santé mondiale vous prévenez l’arrivée de pandémies en France.
> Comment lutter contre le narcotrafic? Les réseaux mafieux sont des multinationales, si l’on veut une réponse efficace il faut le faire à l’échelle internationale.
> Bien évidemment qu’Aya Nakamura est une ambassadrice de la langue française. Le français est une langue vivante, qui se parle sur les 5 continents avec plus de 320 millions de locuteurs : Aya Nakamura est l’une des artistes les plus écoutées au monde, et elle chante en français
David Amiel (ministre délégué
auprès de la ministre de l’action et des comptes publics chargé de la
Fonction publique et de la Réforme de l’État)
> Oui, nous soutenons la production d'électricité souveraine en France pour
ne pas nous mettre dans la main de puissances étrangères.
► Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> L’absence de Shein aux auditions menées à l’Assemblée est inacceptable,
tout comme le serait le refus de répondre à la demande légitime de Sandrine Le Feur
en vue d'une audition de la commission du Développement durable. Refuser de se
présenter devant l’Assemblée ne fait que confirmer une chose : le Parlement
doit renforcer ses pouvoirs de contrôle, et vite. Le groupe de travail sur la
réforme du Règlement que j’ai lancé s’en est saisi. Parce qu’en France, on ne
se dérobe pas devant le Parlement.
> Protéger nos enfants face aux risques des réseaux sociaux est un impératif. Je saisis donc le Conseil d’État afin de garantir la sécurité juridique de la proposition de loi de Laure Miller visant à protéger nos enfants des dangers des réseaux sociaux, avant son examen à l'Assemblée.
► Partis politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne
sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus
retranscrits]
Gabriel Attal (député, secrétaire général de Renaissance, président du
groupe Ensemble pour la république à l’Assemblée nationale)
> Le pays doit avoir un budget avant la fin de l’année pour garantir
stabilité et visibilité à nos entreprises. Mais la stabilité ne peut pas se
faire au prix de l’instabilité économique et du chômage de masse. Or, c’est
bien ce que cette première partie coécrite par le RN et la gauche risque de
créer, avec un déluge de taxes et d’impôts venu de LFI et du RN et qui
toucherait tout le monde, de nos fleurons industriels tricolores aux épargnants
en passant par les petites et moyennes entreprises.
> Dans un contexte difficile, Sébastien
Lecornu fait tout pour assurer la stabilité du pays,
et nous le soutenons. Il a estimé que c’était la seule manière d’ouvrir un
débat budgétaire, le Parti socialiste en faisant une condition. Le 49.3,
utilisé à répétition, a fini par créer plus de défiance que de stabilité. Ces
dernières années, il a été perçu comme une forme d’arrogance, et c’est sans
doute cela que nous ont fait payer les Français : le mépris des opinions
différentes. J’en ai conscience. Le mérite que je vois à l’abandon
du 49.3, c’est que ce budget est un détecteur de mensonges pour la classe
politique. Et les oppositions l’ont fait exploser. Jordan Bardella explique sur
les plateaux qu’il est l’ami des entreprises, mais le RN vote 35 milliards
d’euros de taxes et d’impôts supplémentaires sur les entreprises. Il dit
défendre ceux qui travaillent, mais ses députés leur plantent des couteaux dans
le dos en refusant toutes les réformes de l’assurance chômage, le RSA sous
conditions, et a même voté contre les pénalités contre les plateformes chinoises
comme Shein.
Le RN et Jordan Bardella ont un programme
économique encore plus étatiste que la gauche. Et vous avez La France
insoumise qui explique être contre le RN, mais qui vote avec lui
35 milliards d’euros d’impôts. Nous, nous nous sommes battus, pour sauver
le crédit d’impôt recherche pour nos entreprises qui innovent, le pacte Dutreil
qui permet la transmission des entreprises familiales entre les générations,
contre la taxe Zucman qui était passée grâce au RN l’an dernier, pour baisser
les impôts sur ceux qui travaillent.
> Je ne peux pas dire d’un côté que je souhaite un compromis et, de l’autre, fixer des lignes rouges qui le rendraient impossible. La question à laquelle le Parlement doit répondre, c’est : où se situe l’intérêt supérieur de la France ? Il réside dans deux objectifs : donner un budget au pays, et ne pas renouer avec le chômage de masse et l’explosion fiscale. Ce sont nos deux boussoles. Et donc il y aura, forcément, dans le budget, des mesures que nous n’approuvons pas, mais qui pourront exister tant qu’elles ne nuisent pas aux intérêts fondamentaux de la nation que je viens de décrire. La France ne doit pas sombrer dans le fatalisme. Je dis aux épargnants, aux entrepreneurs, à ceux qui travaillent et aux Français en général : il y aura une lumière au bout du tunnel. Ce sera l’élection présidentielle de 2027. Elle permettra de revenir sereinement sur toutes les mauvaises décisions prises depuis la dissolution et de redonner un cap au pays. Un cap pro-entreprises, pro-croissance, qui allège la pression fiscale sur tous, et qui simplifie et modernise la vie économique de notre pays. C’est le cap que nous proposerons avec Renaissance.
> La meilleure solution reste un Budget voté qui soit le moins mauvais possible. Depuis un an, nous en sommes là : limiter les dégâts. Pendant que les États-Unis, la Chine ou l’Allemagne adoptent des budgets protecteurs et offensifs pour leurs industries, nous passons des semaines à ergoter sur des hausses d’impôts absurdes et à subir la majorité que forment la gauche et le RN lorsqu’ils votent ensemble pour asphyxier tout un pays d’impôts. Ce n’est pas à la hauteur de la bataille technologique et industrielle qui se joue dans le monde, et ce n’est pas à la hauteur de la place de la France dans le monde. Mais c’est la conséquence directe de l’incapacité de la classe politique à changer de méthode pour préserver les intérêts fondamentaux de la nation, en matière économique et fiscale, comme sur les autres sujets.
> Ceux qui affirment que le système [des retraites] peut rester tel quel mentent. Si nous ne le changeons pas, cela se fera au prix des investissements essentiels pour notre avenir : l’école, l’innovation, notre souveraineté productive. Et cela conduira à sacrifier les actifs et la France qui travaille. Avec presque 1,5 actif pour 1 retraité, la répartition seule ne tient plus. J’ajoute que le déficit des retraites est bien plus béant qu’on ne le dit. Car l’État paye chaque année plus de 40 milliards pour équilibrer notre système, déjà déficitaire. Il ne faut pas simplement ajuster notre système, il faut en changer. Et il faudra briser le tabou de la capitalisation. Nous avons fait des propositions très fortes sur ce sujet.
> On assiste à un délitement du respect, du civisme, de la notion même de règle. La délinquance des mineurs est ma plus grande inquiétude. J’ai fait adopter une loi, en partie censurée par le Conseil constitutionnel. Ce sera un débat central en 2027 : les mineurs de 2025 ne sont plus les mineurs de 1945. Le cadre juridique de 1945 ne fonctionne plus : il faudra donc changer la Constitution. Dans ce combat, l’école et les familles sont en première ligne. Quand l’école laisse s’installer l’impunité, elle prépare une société où la règle ne vaut plus rien. C’est pourquoi, lorsque j’étais ministre de l’Éducation nationale, j’ai fait de l’autorité un mantra fort : j’ai interdit l’abaya et le qamis, rétabli le redoublement, agi pour l’autorité des savoirs avec le « choc des savoirs ». Il faut aller plus loin : une échelle nationale des sanctions, un conseil de discipline dès le primaire, la mention des manquements à la règle dans Parcoursup. C’est dissuasif, et nécessaire.
> [Progression du rigorisme religieux chez une
partie des jeunes musulmans.]
Ce n’est pas une surprise pour ceux qui sont sur le terrain. J’ai proposé, seul
contre tous, d’interdire le voile aux fillettes. Un épisode récent à
l’Assemblée nationale vient pourtant de choquer tout le monde. C’est un échec
de la République, et il faut le reconnaître. Nous devons resserrer les
boulons : lutter plus fermement contre les réseaux fréristes et
salafistes, protéger les enfants des influenceurs rigoristes sur les réseaux
sociaux en interdisant l’accès aux moins de 15 ans, comme je le propose avec
mon groupe à l’Assemblée nationale, ou créer un délit de communautarisme. Et là
aussi, il ne faut pas seulement régler des paramètres : il faut
réinterroger notre arsenal et sa capacité à protéger notre pays de
l’intégrisme. La loi de 1905 est-elle suffisamment protectrice pour la
République ? C’est un débat. L’ambiguïté n’est pas une option.
> Je ne suis pas pour l’immigration zéro. Il faut accueillir moins pour accueillir mieux grâce à la « préférence travail » : si vous avez un emploi et respectez nos lois, vous avez vocation à rester en France. Sinon, non. Nous proposons aussi un système d’immigration à points, à l’image de ce qui existe au Canada. L’idée est de valoriser l’immigration de travail pour diminuer les autres motifs, par exemple le regroupement familial.
> Nous sommes à dix-huit mois de la présidentielle. Mais il faudra tout faire pour desserrer la mâchoire LFI-RN et éviter qu’ils ne soient au second tour. Pour cela, il ne suffit pas d’être contre les extrêmes, il faut un projet clair, de rupture et d’espoir. C’est ce à quoi je travaille.
> J’ai des divergences avec eux. Avec Bruno Retailleau, elles sont profondes : je suis pro-européen, alors que son parti ne l’est plus vraiment. Sur le plan économique, je suis plus libéral que LR qui reste dans un modèle daté. Et je crois qu’il faut vivre avec son temps pour pouvoir rassembler une majorité de Français. Avec Édouard Philippe, nous avons gouverné ensemble, mais il y a des différences : je plaide par exemple pour une rupture franche avec le système tel qu’il existe.
> Quand je dis que 2027 est loin, je parle de la question des candidats, pas de celle des projets qui doivent être travaillés dès maintenant. À Renaissance, nous travaillons : retraites, sécurité, justice, immigration, écologie… nos propositions sont sur la table. Cette présidentielle sera décisive. Voulons-nous devenir le Club Med ou l’Ehpad du monde, et pour le reste une colonie américaine ou chinoise ? Ou voulons-nous rester un pays pionnier, industriel et technologique ?
> Je ne renie rien de ce que j’ai fait avec le président. Je suis moi-même. Je suis profondément libre. Je ne me définis que par rapport à ce que je pense nécessaire pour le pays. Le monde a tellement changé depuis cinq ou dix ans qu’il faudra une vraie rupture de modèle. Pas contre quelqu’un, mais une rupture pour relever les défis qui arrivent. Tout a changé. Alors tout devra changer.
Agnès Pannier-Runacher (députée)
> Le débat budgétaire montre une réalité simple :
quand RN et LFI votent ensemble, ce sont plus de 35 Md€ d’impôts
supplémentaires qui s’abattent sur nos entreprises, nos PME et nos épargnants.
Une dérive fiscale qui affaiblirait notre économie alors que tous nos
concurrents renforcent leurs outils industriels. Ce n’est pas la voie de la
compétitivité, ni de l’emploi. Renaissance défend une ligne solide :
- protéger l’innovation avec le crédit d’impôt recherche;
- préserver la transmission de nos entreprises familiales grâce au pacte
Dutreil;
- refuser les hausses d’impôts qui découragent l’investissement ;
- garantir un cadre stable pour ceux qui travaillent et entreprennent.
Notre priorité est claire : préserver les fondamentaux économiques du pays et
éviter un choc fiscal dont les Français paieraient le prix. Renaissance
continuera de s’opposer aux surenchères des extrêmes et de défendre la
souveraineté industrielle, la stabilité économique et la protection des
Françaises et des Français.
Prisca Thevenot (députée)
> Notre famille politique est déterminée à préparer pour 2027 une rupture de
modèle pour le pays.
● MoDem
François Bayrou (président)
> [Discours en tant que président du Parti Démocrate européen lors du 21e
Congrès du PDE] Il n’y a rien de pire que les discours de conclusion des
congrès. Quand tout le monde a une journée pleine d’interventions et
d’éloquence dans l’oreille, et un peu dans les bottes, comme on dit en
français, et de voir le président répéter ce que les autres ont dit — et on
sait ce qu’il va dire à l’avance — c’est une épreuve que beaucoup d’entre nous
ont subie et que je ne voudrais pas vous infliger. Je vais essayer de dire
l’essentiel en quelques minutes.
D’abord, je suis très heureux d’être ici. Je suis probablement le seul dans le
même parti politique que nous formons aujourd’hui. Et je me suis engagé très
jeune, à l’époque où l’Espagne, c’était Franco. Et le président, tout à l’heure
— le lehendakari tout à l’heure — a rappelé ce qu’étaient les dates et les
anniversaires, et où les leaders de la démocratie chrétienne, c’était le PNV en
exil en France. Et nous avons construit avec eux le Parti nationaliste basque ;
nous avons construit avec eux l’Internationale démocrate chrétienne, qui
n’était pas du tout ce qu’elle est devenue depuis — je vais en dire un mot dans
une minute.
Et c’étaient des frères en exil. Et ces leaders de tout premier plan parlaient
fraternellement avec le jeune militant que j’étais. Nous étions voisins, mais à
l’époque les Pyrénées formaient une muraille infranchissable pour des raisons
politiques. Et donc, c’était pour moi une expérience extraordinaire : que eux,
et les militants et responsables de la démocratie chrétienne d’Amérique latine
; que les responsables chiliens, y compris ceux qui allaient connaître le sort
le plus tragique, étaient ensemble, avec le sentiment de porter un patrimoine,
un message et un héritage que personne d’autre, à cette époque, ne voulait
défendre — en tout cas en France.
Et donc cette fraternité d’armes — je le dis au lehendakari, je le dis à Aitor
— pour moi, c’est une des choses les plus précieuses, et c’est la raison pour
laquelle je ne me suis jamais, dans ma vie politique, laissé séparer du PNV.
J’ai voulu, depuis les premiers jours, que cette fraternité forgée dans l’exil
se perpétue dans la gestion politique et dans les succès. Et Dieu sait que le
PNV a eu plus de succès que nous, qui étions à l’époque les grands frères, mais
qui avons beaucoup à apprendre d’eux.
Et donc j’étais particulièrement heureux d’être ici, d’être à Bilbao. Que le
lehendakari ne se soit pas contenté de venir assister à un discours puis qu’il
soit parti ; il est resté tout du long. Et le discours remarquable que le
président du PNV a prononcé à la tribune ne fait qu’ajouter à cette gratitude.
Alors je voudrais vous demander de les remercier en les applaudissant, au nom
de cet engagement que nous avons partagé.
J’étais particulièrement heureux, Sandro, de voir le succès de ce congrès, le
travail remarquable d’élargissement. Nous étions, quand tu es arrivé, sept
partis politiques au sein du Parti Démocrate européen. Nous sommes aujourd’hui
quatorze partis politiques. Et c’est très important, parce que c’est la
garantie que nous sommes en train d’ensemencer, de jeter la semence sur des
terres nouvelles. Et c’est une chose infiniment précieuse, parce que c’est très
rare d’arriver à faire vivre, grandir, naître et renaître des partis
politiques.
La vie a fait — m’a réservé cette chance — que nous ayons pu… et permettez-moi
d’avoir à cet instant une pensée pour Marielle… si nous n’avions pas été là, à
quelques-uns très peu nombreux, très peu nombreux : Romano Prodi, Francesco
Rutelli, toi Sandro, Marielle et nous — cette famille politique aurait disparu.
Mais il n’est pas dans la nature des grandes familles politiques de
disparaître. Les vraies, pas les familles d’opportunité ; les familles qui sont
construites sur une colonne vertébrale de convictions, qui fait qu’en nous
écoutant toute la journée, chacun d’entre nous avait le sentiment qu’on lui
parlait dans sa propre langue, des problèmes qui sont les siens, des
difficultés, des enjeux, des menaces qui sont les nôtres. Donc j’étais très
heureux, Sandro, de cette organisation.
Et puis je me faisais une réflexion étrange : je me disais, qu’était en train
de naître ici un mouvement dont nous avons rêvé pendant plusieurs décennies,
avec ceux que j’évoquais là. Et ce mouvement était celui de la naissance, ou de
la reconnaissance, du grand
courant démocrate dans le monde, la global democracy, que chacun croit attaché à son propre pays. Les Américains croient que le Parti démocrate
américain est américain. Les Indiens — je suis particulièrement sensible à leur
présence, moi qui fus dans ma jeunesse un militant de la non-violence
gandhienne, de Gandhi — croient que le Parti du Congrès est indien. Les
Japonais croient que le Parti démocrate japonais est japonais. Eh bien, en
réalité, ces mouvements-là ne sont que le surgeon, la pousse, la repousse, dans
chaque pays, d’un mouvement qui est un mouvement universel, et qui est
aujourd’hui profondément en danger.
Ce que nous faisons naître — et Sandro l’a dit — c’est pour moi un rêve depuis
30 ans : que tous ces démocrates-là se reconnaissent entre eux et pensent
qu’ils ont à construire ensemble et à apprendre les uns des autres. On a
beaucoup de questions… On a vu dans le débat — et c’est rare de voir des débats
intéressants en politique — on a vu, dans le débat que Laurence animait, que
vous vous êtes dit des choses qui n’étaient pas uniquement tendres, qui
n’étaient pas uniquement de bonne composition. Et vous avez raison ; je vais
tout à l’heure essayer d’expliquer pourquoi. Mais c’était extraordinairement
intéressant, et c’est pour moi le prélude à la reconnaissance réciproque des
mouvements démocrates.
Nous, nous sommes un petit mouvement, mais central — j’y reviendrai. De même
que le Pays basque est une petite nation, mais centrale. Si l’on s’attache à
l’essentiel, c’est-à-dire à la reconnaissance de la vraie nature du pluralisme
et de la diversité culturelle en particulier ; si l’on s’attache à
l’essentiel, alors on comprend que ce qui se joue dans cette recherche partagée
est une des clés de l’avenir du monde. Je vais essayer de dire pourquoi, en
quelques phrases.
Vous avez souligné tous — chacun d’entre nous — nous avons souligné le
basculement de monde auquel nous avons assisté et dont nous sommes partie
prenante. Le lehendakari, à la tête du gouvernement basque ; moi, il y a encore
quelques semaines, à la tête du gouvernement français : c’est un basculement de
monde. Par quoi ce basculement de monde est-il marqué ? On l’a tous dit, et je
veux le répéter, parce que c’est la formule que j’ai prononcé le jour même de
l’invasion de l’Ukraine par l’armée de Poutine. J’ai dit — et la formule a
souvent été reprise — j’ai dit ce jour-là : « On vient de passer du monde
construit sur la force de la loi au monde construit sur la loi de la
force. » Et c’était la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale et
la chute du mur de Berlin.
Jusque-là, nous croyions tous — nous imaginions tous — que peu à peu, et
difficilement, une nation après l’autre, on allait vers le respect de la loi, y
compris entre les nations. Ce respect de la loi fondé sur un principe : qui est
que la loi protège les petites nations aussi bien que les grandes nations, que
ce n’est pas la puissance qui fait la justice. Nous imaginions qu’un monde
viendrait où la justice ferait la puissance. C’est ça qui a basculé sous nos
yeux le jour où Poutine a essayé d’envahir l’Ukraine.
C’est très important de le dire aujourd’hui, en ce vendredi 21 novembre, parce
que l’Ukraine et son président, Volodymyr Zelensky, sont placés aujourd’hui
sous une pression immorale.
On essaie aujourd’hui d’expliquer à l’Ukraine qu’il faut qu’elle cède, et que
si elle ne cède pas, elle y perdra tout. Alors, ils sont avantagés, évidemment,
les puissants : d’abord par leur capacité industrielle, militaire, financière,
politique, géopolitique ; et par le fait qu’il y a un de ces scandales, comme
il arrive qu’il y en ait dans tous les pays, chacun à leur tour. Mais vous
voyez bien qu’ils se servent de cela pour forcer Zelensky à plier.
Je lisais tout à l’heure ses déclarations, et visiblement il est devant cette
question. Je veux simplement dire au président ukrainien que son héroïsme
personnel a été l’image de l’héroïsme ukrainien, que nous n’avons pas
l’intention de l’oublier, et que nous voulons renouveler ici, à cette tribune,
le soutien, la volonté inébranlable de soutien qui est la nôtre, celle des
Européens, et précisément celle des démocrates européens pour l’Ukraine
martyrisée.
Donc nous avons vécu ce basculement de monde. Et je dois le dire — ceux qui
travaillent avec moi depuis longtemps le savent — depuis la première minute,
nous avons compris que ça ne s’arrêterait pas à la situation militaire entre la
Russie et l’Ukraine. Depuis la première minute, nous avons compris que quelque
chose s’était enclenché pour que le monde assiste, impuissant, au renoncement
général aux principes qui étaient les nôtres, et que nous affichions, que nous
affirmions, et que désormais nous acceptions de voir piétiner.
Alors nous savons très bien que c’est le même ordre que la Chine cherche à
imposer, par la force industrielle et commerciale, à l’univers entier, et
spécialement à notre Union européenne. Ce qui nous pose une question centrale
dans notre réflexion sur l’avenir de notre Union.
Nous savons très bien que c’est exactement ce qui se passe au Moyen-Orient,
dans le drame qui a commencé avec l’agression du Hamas et qui a continué avec
le combat militaire contre Gaza, en Iran, à Gaza. Nous savons très bien que ce
sont des enjeux de cet ordre. Et nous ne savions pas, nous n’imaginions pas,
que le président des États-Unis qui allait être élu se livrerait lui-même, à
l’égard de ses propres alliés, à un renoncement aux principes que nous avions
partagés, annoncés et soutenus ensemble contre toutes les puissances, et
notamment au moment de la guerre froide.
Ce qui s’est joué dans ces trois ans n’est qu’un enchaînement de causes et de
conséquences absolument désastreuses. Nous avons vu ça et nous comprenons
aujourd'hui, on l'a tous dit, que le cœur de cible c'est la démocratie et c'est
nous qui sommes le continent qui a voulu faire de la démocratie sa règle.
Et c'est la raison pour laquelle tu as eu parfaitement raison, Aitor, de
renvoyer cette question à la question de notre diversité européenne. Nous
sommes le continent qui a choisi de faire vivre ensemble, sur les mêmes
principes, non seulement des identités différentes, mais des identités
disproportionnées par le nombre. Nous avons affirmé le droit de chacun à
exister, à défendre sa culture et à s'entendre avec les autres. C'est un
immense sujet, je ne vais pas m'y attarder.
Nous avons en France, nous sommes les seuls à avoir des notions ou des combats
idéologiques sur ce sujet que nous appelons chez nous de la laïcité. Qu'est-ce
que c'est la laïcité ? Et elle n'est pas que religieuse, je vais essayer de
l'affirmer. La laïcité, ça part de la question de la tolérance. J'ai écrit des
livres sur un roi de Navarre, devenu roi de France. Et à l'époque, le roi de
Navarre, c'était le souverain du Béarn, parce que la Navarre avait été reprise
par tous ceux qui ne supportaient pas de voir quelqu'un de l'autre côté des
Pyrénées sur le trône à Pampelune. Henri IV a été le souverain de la tolérance
à l'époque où l'Europe et la France, plus que tout autre, étaient déchirées par
les guerres de religion. Et il a affirmé quelque chose qui, à cette époque, au
XVIe siècle, était impossible à entendre : c'était que dans le même État,
dans le même royaume, on avait les mêmes droits, quelle que soit sa religion.
C'est le premier pas de la tolérance.
Mais il y a un deuxième pas pour moi, qui est, que nous appelons laïcité —
laïcité, ça vient du grec, nos camarades grecs qui étaient là, c'est laïcos,
c'est le peuple, c'est ce qui fait un peuple en dépit des différences — et la
laïcité pour moi je la définis comme non seulement la tolérance, mais la
compréhension mutuelle. Et plus que la compréhension mutuelle, le souhait que
les autres demeurent ce qu'ils sont, même s'ils sont différents de vous.
Alors l'univers entier a oublié ça, des continents entiers, des états
continents entiers ont oublié ça. J'étais très frappé parce que notre ami
américano-italien — je ne le vois pas très bien à cause des éclairages — ce
qu'il a dit sur les sondages aux Etats-Unis, que presque la majorité, 45%, dans
un camp et dans une génération, croient que la violence est justifiée, y
compris si elle entraîne la mort de l'adversaire. Et cette justification de la
violence dans tous les domaines, les domaines de la vie internationale, et les
domaines de la démocratie ou du combat dans chaque pays, cette justification de
la violence, c'est précisément le sujet pour lequel nous avons construit ce
grand courant politique-là.
C'est parce que nous pensons que ce qui est en jeu, c'est le progrès de
l'humanité, sur le fait que, précisément, nous commençons, ou nous devons
affirmer, que ça n'est pas parce qu'on est profondément attaché à son identité,
à sa religion, à sa philosophie, à son engagement politique, qu'on doit
s'imaginer que le monde serait meilleur, si les autres disparaissaient, si les
autres étaient écrasés.
Ceci est l'engagement démocratique par essence. C'est-à-dire, non seulement
j'accepte que d'autres sensibilités que la mienne existent, mais je souhaite
qu'il y ait d'autres sensibilités que la mienne. On y est arrivé en matière de
religion. J'imagine qu'il n'y a plus de catholiques qui rêvent d'un monde dans
lequel il n'y aurait que les catholiques et dans lequel les autres confessions
chrétiennes, protestants ou orthodoxes ou évangéliques, je ne sais, auraient
disparu et les musulmans auraient disparu et les juifs eux-mêmes, les pères de
toutes ces religions, auraient disparu.
Alors je sais qu'il y a des continents entiers sur lesquels cette question de
l'identité religieuse n'est pas réglée. Et il y a des continents entiers dans
lesquels le droit de croire n'est plus reconnu. Et il y a des continents
entiers dans lesquels le droit de changer de religion expose aux plus graves
condamnations jusqu'à la mort.
De la même manière, il y a des continents entiers dans lesquels, des
continents, en tout cas des pays entiers dans lesquels, la condition de la
femme, je voudrais que dans chacune de nos manifestations, les femmes afghanes
et les femmes iraniennes aient leur place. Elles à qui on interdit de se
montrer, à qui on interdit de sortir, à qui on interdit désormais de faire des
études, à qui on interdit désormais de chanter. Et vous voyez bien que cette
question, non seulement de l'acceptation, mais de la volonté de voir les autres
vivre selon ce qu'ils sont, est une question centrale pour nos sociétés et pour
l'humanité. C'est à ce carrefour-là que nous sommes, les pires des dangers et
les plus importantes des chances.
Aitor, je t'écoutais tout à l'heure et depuis le début de l'après-midi, je l'ai
dit dans l'oreille à Sandro, je suis frappé par quelque chose que je vais vous
dire crûment et que nos interprètes me pardonnent : je me dis que c'est le
dernier congrès où il faut des interprètes. J'espère qu'il y en aura beaucoup
qui feront d'autres tâches. Mais l'intelligence artificielle avec un micro à la
boutonnière et une oreillette à l'oreille fera, Aitor, que la question des
langues officielles en Europe elle va être dépassée par les progrès nouveaux
qui sont ouverts. Tu pourras parler basque, je pourrais parler béarnais, en
tout cas je suis sûr de pouvoir parler français, et nous n'aurons plus ces
efforts démesurés pour avoir une seule langue qui s'impose à toutes les autres,
ce qui n'est pas tout à fait ma philosophie des choses.
Quelque chose est en train de changer. Je veux à cette tribune et pour finir
dire qu'il faut bien qu'il y ait un parti de l'optimisme démocratique, de
l'optimisme civique. Il n'est pas vrai que la loi de la force a déjà gagné la
partie. Ça n'est pas vrai. Ce que les pays qui se livrent à la loi de la force
vont perdre dans ces affrontements inhumains va être considérable. Et je crois
que nous, nous pouvons défendre l'idée qu'au contraire, nous construisons
quelque chose qui est de l'ordre de l'union des cultures, des États, des
générations.
Il faut qu'on s'habitue à une idée qui est assez souvent écartée aujourd'hui.
C'est quelle est la vraie nature du conflit en démocratie ? Les conflits
sont naturels. La plupart des orientations et des puissances qui s'expriment
pensent que le conflit s'est fait pour le triomphe des uns sur les autres, pour
l'écrasement des uns par les autres.
Et moi je crois le contraire. Je crois que le conflit peut se résoudre dans
quelque chose qui ressemble à un chemin nouveau qu'on trouvera à partir de la
compréhension mutuelle. Les conflits, y compris religieux, y compris culturels,
y compris identitaires, y compris de génération, s'il y a quelque chose qui
caractérise dans certains de nos pays — en tout cas la France aujourd'hui — la
situation, c'est que les générations les plus jeunes sont sacrifiées. Elles
sont sacrifiées par l'accumulation de dettes, elles sont sacrifiées par des
déficits impossibles à corriger, elles sont sacrifiées par des institutions qui
ne fonctionnent plus, et elles sont sacrifiées parce que ce que nous leur
devons, l'éducation par exemple, n'est pas tout à fait à la hauteur de ce que
nous voudrions.
Nous avons un projet de société qui est en réalité un projet de civilisation et
que nous voulons partager avec ceux qui, comme nous, rencontrent les
difficultés des temps. J'ai été très heureux qu'à Bilbao, ce congrès nous
permette de vérifier que nos intuitions nous soudent, nous réunissent et qu'un
grand courant est en train de naître dont nous croyons qu'il peut changer la
face du monde.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement
européen)
Bernard Guetta (député)
> Les États-Unis n'ont pas à imposer à l'Ukraine les conditions de la
Russie. Quand on prend ce "plan", on voit non seulement que les
Ukrainiens devraient accepter l'occupation des terres conquises par la Russie,
mais qu'ils devraient leur en donner qu'ils n'ont même pas conquises. Peut-on
imaginer une chose pareille ? Le "plan de paix" de Donald Trump
transforme ce qu'il resterait de l'Ukraine en un protectorat russe. C'est
inacceptable.
> [Opinion : Il
faut une direction politique à l’Europe] Ce « plan de paix » américain nous appelle, nous les Européens, à renoncer
à l’idée que les Etats-Unis seraient toujours nos alliés et à nous doter d’une
direction politique qui ne soit pas limitée à l’Union.
Les faits, d’abord.
Donald Trump préfère les dictatures aux
démocraties et la preuve en est qu’il a volé au secours de la Russie au moment
même où son économie commence à souffrir de la guerre et qu’il avait voulu
tordre le bras à l’Ukraine à l’instant précis où elle est affaiblie par une
retentissante affaire de corruption.
Il préfère l’agresseur à l’agressé et la
preuve en est que son plan ne demandait pas l’ombre d’une concession à Vladimir
Poutine mais exigeait de Volodymyr Zelensky qu’il abandonne des territoires
occupés par la Russie et lui en cède d’autres, qu’il réduise d’un tiers ses
effectifs militaires, s’engage à ne pas rejoindre l’Otan et à ne pas même
s’associer à la Défense commune quand l’Union européenne lui ouvrira ses
portes.
Donald Trump ne veut pas assurer une paix
durable en Europe mais s’entendre avec Vladimir Poutine et la preuve en est
qu’il avait voulu laisser l’Ukraine sans défense face à une Russie dont les
positions se seraient renforcées.
Il joue, en un mot, la Fédération de
Russie contre l’Union européenne et la preuve en est que c’est dans le dos de
ses alliés européens qu’il était allé négocier avec le Kremlin un accord qui
les auraient affaiblis avant de bien vite les menacer.
Que Donald Trump soit tenu par les
services russes, mû par une connivence idéologique avec Vladimir Poutine ou par
la volonté de s’attaquer au concurrent économique qu’est l’Union n’importe
ainsi plus guère.
Pour Donald Trump, nous ne sommes plus
des alliés des Etats-Unis mais des adversaires à diviser et marginaliser. Face
à l’impérialisme de Vladimir Poutine, nous ne pouvons pas compter sur
l’Amérique et la première conséquence à en tirer est qu’il faut cesser de nous
sous-estimer.
La liste de nos faiblesses est longue
mais, forte d’un niveau de formation sans pareil, de ses libertés et d’un
marché de 450 millions d’habitants, l’Union européenne est plus que jamais un
pôle d’attraction. Non seulement beaucoup de pays souhaitent en devenir membres
mais le Grande-Bretagne, la Norvège, le Canada, le Japon, l’Australie et bien
d’autres encore s’en rapprochent toujours plus, face à Trump, à Poutine, à Xi
ou aux trois.
Nous avons à serrer les rangs avec les
pays candidats et à organiser une Entente démocratique avec ceux qui nous sont
proches ; à nous affirmer en puissance politique sur la scène internationale ;
à accélérer notre réarmement et à utiliser les avoirs russes pour armer
l’Ukraine. Pour ce qui n’était qu’un marché commun, la tâche est vertigineuse
mais nous nous armons et armons l’Ukraine, apprenons à parler d’une même voix
et avons déjà organisé, sous pilotage franco-britannique, un front commun des
démocraties qui entendent le rester, la Coalition des volontaires.
Tout cela est bien trop lent,
affreusement et dangereusement insuffisant, mais nous relevons assez le défi
pour que les Etats de l’Union et leurs partenaires politiques aient
immédiatement su trouver une parade commune à ce plan américain d’inspiration russe.
Il est bien de vouloir faire taire les
armes, ont-ils dit à l’unisson, mais… Mais tout reste à étudier avec les
Ukrainiens et nous-mêmes et notamment les garanties de sécurité que les
Etats-Unis seraient prêts à donner à une Ukraine que leur plan aurait désarmée.
Les Européens et leurs partenaires ont su
conduire la Maison-Blanche à accepter des discussions puis d’importantes
concessions. Nous avons largement contribué, nous les Européens, à renverser la
vapeur mais ne nous faisons pas d’illusions. Les institutions européennes ont
été conçues pour le commerce et non pas pour la guerre. Un jour peut-être
l’Union deviendra-t-elle les Etats-Unis d’Europe mais on n’y est pas et, en
attendant, il faut une direction politique aux démocraties européennes et à
leurs alliés.
Ce ne peut-être ni la Commission,
institution nommée et non pas élue, ni le Conseil européen handicapé, lui, par
l’exigence d’unanimité. Cette direction politique peut d’autant moins être une
institution de l’Union qu’elle doit comprendre des Etats qui n’y appartiennent
pas. Elle devrait donc être constituée par les dirigeants allemand,
britannique, français, italien et polonais, par un G 5 dont Londres, Paris et
Berlin, seraient les organisateurs. C’est ce qui se cherche et se fait déjà. Il
faut maintenant le dire et le formaliser.
● Personnalités centristes
Clément Beaune (haut-commissaire au Plan)
> [Haut-commissariat au plan Pour commencer, rappelons que c’est une vieille
maison, qui fêtera ses 80 ans en janvier. Son ancêtre, le Commissariat
général du Plan, créé en 1946 par le général de Gaulle, devait coordonner la
reconstruction économique et planifier les grandes orientations industrielles,
agricoles et énergétiques. Dès l’origine, il a aussi été un lieu d’idées et de
débats entre syndicats, patronat et responsables politiques. Cette ambition
d’éclairer le long terme reste d’actualité : partout, on s’interroge sur
les effets durables des évolutions démographiques, climatiques, énergétiques,
de défense ou d’intelligence artificielle. Quels métiers, quels investissements
pour demain ? J’ajoute un enjeu essentiel, celui des arbitrages : si l’on
augmente, par exemple, le budget de la défense, quel impact sur les finances
publiques et sur les autres postes ? Il existe de nombreux think tanks, mais
nous sommes les seuls au cœur de l’État, avec un accès à l’ensemble des données
publiques. (…)
Nous avons en effet pour objectif de nous ouvrir, d’être bien plus visible.
Cela passera notamment par un travail sur la vidéo ou encore les consultations
en ligne. C’est également la raison qui nous a poussé à lancer « la Nuit
du futur », un débat public où l’on présente nos travaux. Les étudiants
interrogent directement nos chercheurs. On l’a fait à Sciences-Po en septembre,
à Lille sur le climat, et bientôt à Limoges. Je voudrais l’organiser chaque
trimestre dans une université. J’encourage vraiment nos équipes à aller sur le
terrain : ils sont au service du public. (…)
Dans 80 % des cas, nous nous auto-saisissons. Tous nos rapports sont ensuite
transmis au Parlement, au gouvernement et mis en ligne pour le grand public. Il
faut que nos travaux soient utiles : moins d’évaluations à froid et
davantage de propositions. Je veux aussi que l’on soit européen, car on ne peut
pas comprendre ni répondre aux débats actuels — chocs démographiques,
développement de l’IA, défense — sans regarder ce que font les autres. Pas pour
copier-coller, mais parce que les mêmes questions surgissent partout au même
moment. (…)
Le seul pays où l’on trouve vraiment un équivalent, c’est l’Espagne. Mais dans
tous les grands pays il existe un système de production d’idées pour le temps
long. Au Royaume-Uni, ce sont plutôt les grands think tanks, parfois proches du
gouvernement, comme Chatham House. En Allemagne, ce sont les fondations liées
aux partis qui jouent ce rôle. J’essaie donc depuis mon arrivée de
développer des partenariats : nous avons déjà organisé un événement avec
la Fondation Konrad Adenauer et nous tiendrons ensemble un séminaire européen
en janvier. Nous avons également réalisé une publication commune avec Chatham
House, ce qui est totalement inédit, sur la sécurité européenne.
> Nous avons deux grands projets. Le premier, « France 2035/France 2050 », est un travail de prospective déjà en cours qui prolonge l’esprit du Plan. Une centaine de personnes travaillent sur dix thèmes majeurs, de la démographie au climat, des transports à la santé. Ce n’est pas une boule de cristal, mais une manière de dégager de grandes tendances, nourries par des chercheurs, des responsables publics et privés, des syndicalistes, parmi lesquels des figures comme le nouveau prix Nobel d’Economie Philippe Aghion. Le second exercice est une forme de plan quinquennal adapté à notre époque. Exemple très concret : la chute démographique pèse déjà sur notre sécurité. Nos armées rencontrent chaque année des difficultés de recrutement, car les classes d’âge sont moins nombreuses. Comment répondre à cette problématique sur le temps long ? Voilà notre rôle : mettre ces grandes questions à l’agenda politique et formuler des propositions.
> [Déclin démographique conditionne la
survie même du modèle français]
Complètement. Les plus de 70 ans seront bientôt plus nombreux que les
moins de 20 ans, un basculement inédit depuis 1945 et partagé par toute
l’Europe. Il faut affronter cette réalité tout en continuant à financer un
modèle social exigeant et de nouvelles priorités comme la défense ou la
transition écologique. Cela suppose d’assumer les débats sur le travail, la
retraite, l’immigration économique, l’innovation et la productivité. Si on
décroche sur l’IA, si on refuse de travailler plus longtemps et si on refuse
d’ouvrir le débat sur l’immigration économique, on est mort : la France
entrera dans un déclin lent et irréversible.
> [Haut-Commissariat au plan européen] Évidemment.
Et on essaie d’ailleurs de le créer. Mais je ne crois pas aux grandes
constructions administratives. Il y a déjà un réseau qui s’installe. Nous avons
tenu une réunion à Bruxelles il y a quelques semaines, et d’autres suivront.
L’enjeu, c’est d’abord un projet commun : travailler ensemble sur l’impact
du recul démographique ou la réponse à la transition climatique, plutôt que
chacun dans son couloir national. Pour cela, je multiplie les déplacements
européens, en Espagne notamment. Nous avons aussi lancé ce que j’appelle le
« Weimar des idées » : un format franco-germano-polonais
réunissant 30 fondations et think tanks.
Première rencontre en juillet à Paris, puis en janvier à Berlin.
Objectif : produire des propositions concrètes pour les gouvernements sur
des sujets comme la souveraineté économique ou l’IA. Il est aussi essentiel de
rencontrer les parlementaires européens pour partager et nourrir nos
réflexions. On ne peut pas débattre de la retraite ou de l’IA sans regarder ce
que font nos voisins. À terme, je souhaite une structure européenne, mais pas
un énième jardin à la française : plutôt une communauté vivante, agile, où
l’on se parle enfin des grandes questions communes.
> Nous allons publier au premier semestre 2026 un rapport un peu provocateur, intitulé : « L’Union européenne est-elle vraiment un enfer normatif ? » On parle beaucoup des normes, souvent pour dire qu’il y en a trop. C’est probablement vrai dans certains domaines, mais personne ne les mesure réellement. Nous voulons, pour la première fois je crois, les quantifier. Le rapport sortira au début du printemps, avec une étude portant sur plusieurs secteurs, dont l’automobile, la chimie et d’autres. L’idée est de comparer le coût et l’ampleur des normes en Europe, aux États-Unis et en Chine. Peut-être qu’on découvrira qu’on est complètement décalé, peut-être pas. Mais cela vaut la peine, car notre mission reste la même : éclairer le débat public, l’objectiver, le quantifier.
> Paradoxalement, cette instabilité politique rend notre mission encore plus indispensable. Je vois régulièrement les responsables de tous les groupes parlementaires, ainsi que les partenaires syndicaux et patronaux. Mais ce qui m’a le plus marqué, ce sont les nombreuses sollicitations venues du secteur privé : énergie, bâtiment, santé… Tous nous disent la même chose : ils ont besoin de visibilité, de trajectoires claires pour pouvoir orienter leurs investissements.
> La fragmentation parlementaire est devenue la norme en Europe. Donc, finalement, notre paysage politique n’a fait que s’européaniser. Le problème, c’est que notre manière de fonctionner reste très française. Comme une poule face à un couteau : on ne sait pas comment gérer cette fragmentation. Cela dit, soyons optimiste, les choses bougent. Le Parti socialiste, par exemple, assume davantage sa culture du compromis. Là où nous restons mauvais, c’est sur la logique de coalition. En Allemagne, aux Pays-Bas ou ailleurs, la majorité négocie en amont, avant le budget ou les grandes lois, pour construire des accords solides.
> Je reste attaché au macronisme. Et je ne crois pas qu’il faille en effacer les marqueurs : la politique de l’offre en soutien à l’entreprise, ou encore l’engagement européen. Ces marqueurs-là, il y en a peut-être d’autres, mais ces deux grands marqueurs-là, pour moi, sont importants. Sont-ils attaqués ? Oui. Doit-on les défendre ? J’en suis persuadé. Mais le macronisme, c’est aussi une méthode, celle du dépassement des clivages droite/gauche. Je continue à croire à cette logique. On y revient d’ailleurs en ce moment même avec un gouvernement qui, pour avancer doit jouer le jeu des coalitions. Et je pense qu’il est très probable, que le prochain président, quel qu’il soit, n’ait pas de majorité claire à l’Assemblée nationale, et qu’il doive donc composer avec d’autres forces politiques.
> [Présidentielle 2027 marqué par un affrontement au second tour les deux extrêmes] Bien sûr que ce risque existe. Mais il y a aussi un autre risque, c’est qu’un candidat modéré parvienne à se qualifier au second tour, mais avec un score trop bas pour réussir à refaire son retard sur le candidat d’extrême droite. Je n’ai pas encore le mode d’emploi pour éviter ces deux situations, mais il faudra sans doute des stratégies de rassemblement dès le premier tour. Moi, je ne serai pas choqué qu’il y ait une alliance du centre et du centre gauche. C’est trop tôt pour le dire, et cela ne devrait pas se décanter avant les municipales, mais ce qui est certain, c’est qu’on ne peut pas affronter le premier tour dans l’irresponsabilité. Un premier tour trop fragmenté, c’est un second tour perdu contre l’extrême droite !
> J’ai toujours dit que je souhaitais m’impliquer pour les municipales à Paris. J’ai soutenu le choix de mon parti, Renaissance, de mener une campagne commune avec Pierre-Yves Bournazel (Horizons). Et sur ce point, j’ai toujours été clair : pour des raisons de cohérence idéologique et de conception, disons apaisée, de la vie politique, il fallait un candidat du bloc central plutôt qu’une candidate LR pour les municipales parisiennes. J’aurai ensuite l’occasion de m’exprimer et de m’impliquer.
Sarah El Hairy (haut-commissaire à
l’Enfance)
> 70% des violences sexuels sur enfants ont lieu à l'intérieur de la maison.
Trop d'enfants ne sont pas crus, pas entendus.
> Toute personne travaillant avec des enfants doit désormais avoir une attestation d'honorabilité. Là où il y a des enfants, il y a des prédateurs qui profitent de leur vulnérabilité
> Restitution des travaux de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant. Mobilités, temps scolaires, participation, soutien à la parentalité : l’engagement des 133 citoyens est un appel à la mobilisation de tous pour réorganiser les temps de l’enfant.
● Propos collectifs
> [Opinion signée par 82 députés: « Shein ne démocratise rien, il détruit
tout »]
Ce n’est pas la mode qui se démocratise, c’est Shein qui
se dédiabolise. Le visage le plus brutal de la fast fashion a fait son
apparition au BHV, dans un des magasins
français les plus emblématiques, et s’offre une respectabilité de façade, comme
si quelques portants bien éclairés pouvaient masquer l’envers du décor alors
qu’il détruit la planète, nos emplois et la santé des consommateurs. Une
mesure s’impose : l’interdiction de Shein sur le territoire français.
Shein, c’est d’abord une catastrophe environnementale. C’est l’incarnation d’un
modèle industriel fondé sur la surproduction et le jetable. L’entreprise met en
ligne des milliers de nouveaux produits chaque jour, fabriqués à bas coût en
Chine, transportés par avion, portés seulement quelques fois avant d’être
jetés, tant la qualité est mauvaise.
Derrière chaque tee-shirt à 3 euros, ce sont des tonnes de CO2 émises, des
rivières polluées par les teintures chimiques, et des montagnes de déchets
textiles envoyés en Afrique ou en Asie. À l’heure où la France s’engage à
réduire ses émissions et à promouvoir une économie circulaire, continuer à
tolérer ce modèle, c’est choisir le cynisme contre la cohérence.
Produits chimiques dangereux
Une enquête publiée la semaine dernière a révélé la présence de produits
chimiques et de substances dangereuses – notamment pour les enfants et les
femmes enceintes – comme le plomb dans les vêtements et accessoires Shein,
parfois à des taux largement supérieurs aux normes européennes. En laissant ces
produits toxiques inonder notre marché, nous mettons sciemment la santé
publique en danger. Sans parler des récents scandales des poupées
pédopornographiques et des armes de catégorie A en
vente sur la plateforme, qui révèlent jusqu’où cette entreprise est prête à
aller, au mépris absolu de toute éthique.
Certains défendent Shein au nom du « pouvoir d’achat », mais les classes
populaires ne sont pas condamnées à s’habiller avec des produits de mauvaise
qualité, tout comme elles ne sont pas condamnées à manger de la malbouffe. Une
politique progressiste devrait au contraire garantir à chacun l’accès à des
produits durables, réparables, fabriqués dans des conditions justes : en
soutenant les circuits courts, les ressourceries, la seconde main et les entreprises locales. La vraie démocratisation de la
mode passe par la qualité pour tous, pas par l’exploitation pour quelques-uns.
Les marques françaises et européennes sont soumises à des règles strictes :
salaire minimum, normes environnementales, contrôles qualité. Shein, de son
côté, profite de failles réglementaires et de la sous-déclaration des prix à la
douane pour échapper aux taxes. Résultat : nos créateurs, artisans et PME
de la mode ne peuvent rivaliser avec ces prix
artificiellement bas. En quelques années, cette concurrence déloyale a détruit
des milliers d’emplois en Europe et vidé de leur sens les notions mêmes de
savoir-faire et de durabilité.
Greenwashing
Les initiatives d’autorégulation, les promesses de mode plus responsable, les campagnes de greenwashing de Shein ne suffisent plus.
Tant que le modèle économique reposera sur la surproduction, aucune réforme
interne ne pourra le rendre durable.
Interdire Shein, ce n’est pas brider la liberté de consommer. C’est affirmer
que certaines pratiques sont incompatibles avec nos valeurs collectives et nos
engagements climatiques. C’est protéger les travailleurs, la santé publique et
la planète. La France, pionnière des lois antigaspillage et de la responsabilité environnementale, doit être à la
hauteur de ses principes.
Laisser Shein prospérer, c’est renoncer à tout
cela. Et puisque le débat ne peut plus se contenter d’indignation, la
Commission du développement durable de l’Assemblée nationale a convoqué les
dirigeants de Shein pour enfin les entendre sur leurs pratiques. Une audition
qu’ils avaient tenté d’esquiver. Shein n’est pas un modèle d’avenir, c’est
une impasse. Il est temps d’y mettre fin.
[Parmi les 82 députés signataires: Sandrine Le Feur, Antoine Armand, Erwan
Balanant, Anne Genetet, Olga Givernet, Jean-Michel Jacques, Sandrine Josso, Brigitte
Klinkert, Marie Lebec, Laure Miller, Hubert Ott, Jimmy Pahun, Maud Petit, Richard
Ramos, député du Loiret, Véronique Riotton, Charles Rodwell, Violette
Spillebout, Nicolas Turquois]

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.