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mercredi 24 décembre 2025

Propos centristes. France – Budget: vote de la loi spéciale / Les 5 priorités du Gouvernement pour le début 2026 / Ne pas laisser à d’autres notre sécurité et notre diplomatie / L’échec du parlementarisme, c’est la dissolution / Les entreprises doivent mener une «révolution parentale» / La France solidaire du Danemark et du Groenland / Thierry Breton, interdit d’Etats-Unis…


Voici une sélection, ce 24 décembre 2025, des propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France à propos de la nomination du gouvernement puis de la démission du premier ministre.

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> La France dénonce les décisions de restriction de visa prises par les États-Unis à l’encontre de Thierry Breton et de quatre autres personnalités européennes. Ces mesures relèvent de l’intimidation et de la coercition à l’encontre de la souveraineté numérique européenne. La réglementation numérique de l’Union européenne a été adoptée à l’issue d’un processus démocratique et souverain par le Parlement européen et le Conseil. Elle s’applique en Europe pour garantir une concurrence loyale entre les plateformes, sans viser aucun pays tiers, et pour faire respecter en ligne les règles qui s’imposent déjà hors ligne. Les règles qui s’appliquent à l’espace numérique de l’Union européenne n’ont pas vocation à être déterminées hors d’Europe. Avec la Commission européenne et nos partenaires Européens, nous continuerons à défendre notre souveraineté numérique et notre autonomie réglementaire.

> À Nuuk, j’avais réaffirmé le soutien de la France à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Danemark et du Groenland. Le Groenland appartient à son peuple. Le Danemark en est le garant. J’associe ma voix à celle des Européens pour exprimer notre pleine solidarité.

 

► Sébastien Lecornu (Premier ministre)
[Nota: Nous faisons figurer Sébastien Lecornu dans cette liste alors qu’il n’est pas centriste mais appartient à l’aile droite de Renaissance, parti centriste/central et qu’il s’est toujours défini comme un homme de droite; c’est à ce titre que ses propos sont retranscrits ici et du fait qu’il a composé un gouvernement d’axe central.]
 > [Déclaration aux Français]
Depuis le mois de septembre, nous avons suivi une ligne simple et constante: repousser le désordre. Car il n'y a pas de progrès social dans le désordre, il n'y a pas de croissance économique dans le désordre. Car il n'y a pas de rayonnement de la France à l'étranger dans le désordre.
Gouverner dans ce contexte politique difficile que nous connaissons impose de tenir cette ligne sans céder ni à la facilité des postures, ni à la tentation du commentaire permanent. J'ai fait le choix avec les ministres de négocier et de rechercher des compromis utiles aux pays.
Le compromis n'est ni un renoncement, ni une confusion. La 5e République s'est d'ailleurs construite dans le dialogue entre le gouvernement et le Parlement. De Michel Debré à Michel Rocard en passant par Jacques Chirac. Mes prédécesseurs ont montré qu'il était possible de parvenir à des compromis parlementaires sans disposer d'une majorité absolue. Ils ont tous montré que la clarté n'excluait jamais le compromis dès lors que le cap était tenu.
Ce travail ne peut être crédible qu’à une condition: rester à distance des calculs partisans. Le gouvernement n'est pas là pour préparer une élection, mais pour faire avancer le pays dès maintenant. C'est un travail exigeant parfois. C'est ainsi que le budget de la sécurité sociale a été définitivement adopté par le Parlement, sans recours à l'article 49 alinéa 3 de notre Constitution. C'est une première depuis 2020.
Le déficit est réduit grâce à des mesures d'économies encore plus importantes que dans les deux dernières lois de financement de la sécurité sociale. L'essentiel a été sauf, notre modèle social est protégé l'accès aux soins et garanties.
Pour autant, et on le sait, ce texte n'épuise pas la question de la réduction des déficits qui sont encore trop élevés. D'autres décisions seront nécessaires pour constituer une base solide et responsable, quoi qu'en disent certains.
Concernant le projet de Loi de finance, la situation est différente, l'Assemblée nationale n'a pas discuté des dépenses de l'État et la Commission mixte paritaire a échoué au bout de seulement 30 minutes à rapprocher les positions de l'Assemblée nationale et du Sénat.
Prendre le temps de bâtir un bon Budget dans une démocratie comme la France n'est pas une faiblesse. En attendant, une loi spéciale est en cours de discussion au Parlement. Elle permettra au premier janvier de lever l'impôt et de faire fonctionner les services publics. Ce n'est pas pour autant un Budget et beaucoup d'effets négatifs sont à attendre si la situation perdurait.
Il faut donc un Budget en janvier et notre déficit doit être réduit à moins de 5% du PIB en 2026. Je reste persuadé que cela est possible si les calculs politiques sont mis de côté.
Le Parlement prendra ses responsabilités, le gouvernement aussi. Avec les différents ministres, nous allons tenter de faire converger, y compris pendant les fêtes, tous les groupes politiques afin de définir les grandes thématiques qui nous permettront de trouver une solution sur cinq grandes familles de sujets sur lesquels nous devons parvenir à un accord.
En premier lieu, évidemment l'agriculture, car l'ensemble des dispositifs d'aide au secteur agricole et viticole sont dans le Budget et nous ne pouvons pas faire défaut à ces hommes et ces femmes qui travaillent dur et font la fierté de notre pays.
Ensuite, alors que les Français éliront leurs maires en mars prochain, il nous faut aboutir sur le financement de collectivités locales. Elles participent à l'activité économique de nos territoires, à l'accompagnement de nos concitoyens et sont une force essentielle pour la transition écologique à travers des dispositifs comme le Fonds vert. À l'heure où je vous parle, le consensus n'est pas au rendez-vous.
Ce Budget doit aussi permettre d'améliorer l'offre de logements dans le pays. La situation actuelle n'est pas satisfaisante, C'est pourquoi nous devons converger vers des solutions dès 2026, avec notamment la mise en place du statut du bailleur privé.
Je pense aussi à l'ensemble des dispositifs pour nos concitoyens d'outre-mer, et en particulier au plan de refondation économique pour la Nouvelle-Calédonie.
Enfin, ce Budget pour 2026 doit nous permettre de continuer à préparer l'avenir de notre pays. Cela passe par les investissements dans la recherche, dans les universités et dans la formation pour les jeunes.
Ces cinq grands thèmes doivent nous permettre de nous rassembler et je vais être très clair, nous devons y arriver.
Je veux maintenant m'adresser plus particulièrement à ceux parmi les Français qui, en cette période, expriment une grande inquiétude. Au monde de l'entreprise et aux travailleurs. Grâce à vous, aujourd'hui, notre croissance tient. Elle est même supérieure à la moyenne européenne. Le taux d'emploi est le plus haut de ces 40 dernières années. L’inflation a été ramenée à moins de 1%, ce qui est bon pour le pouvoir d'achat.
Le gouvernement a conscience que l'absence durable de Budget et le manque de visibilité sont un danger pour l'investissement, pour l'emploi et pour la croissance. Elle se construit par des décisions cohérentes et durables et elle nécessite donc de la stabilité politique et des choix en matière de fiscalité.
Je veux aussi m'adresser aux agriculteurs. Votre situation exige du respect et de la détermination. Sur le traité du Mercosur, la position de la France est ferme. Aucun accord ne sera accepté s'il fragilise nos filières ou impose une concurrence déloyale. Le texte a évolué mais le compte n'y est toujours pas.
Par ailleurs, sur la politique agricole commune, la France mène une négociation offensive pour garantir le revenu des agriculteurs et notre souveraineté alimentaire. Les semaines à venir seront absolument décisives.
Enfin, face à l'épizootie qui menace le cheptel bovin français, l'État, avec l'aide des vétérinaires, des éleveurs, a vacciné plus du tiers des 750000 bovins des 10 départements du sud-ouest en moins d'une semaine. J'ai demandé à la ministre de l'Agriculture de travailler avec la communauté scientifique pour mettre au point un test fiable pour détecter la maladie. Je recevrai de nouveau les organisations professionnelles agricoles dès le 5 janvier.
 Au-delà de ces trois sujets, je veux aussi vous présenter les priorités du gouvernement pour la rentrée qui seront présentées au Conseil des ministres, d'autres seront débattues au Parlement.
Nous agirons pour améliorer le fonctionnement de nos services publics par le projet décentralisation et la réforme de l'État qui seront présentés dans les toutes prochaines semaines.
Nous agirons pour votre sécurité, en actualisant la loi de programmation militaire, pour accélérer leur armement de notre pays, en renforçant les polices municipales, pour mieux lutter contre les incivilités du quotidien et en mobilisant tous les services de l'État contre le narcotrafic.
Nous agirons aussi pour la vie quotidienne des Français, en poursuivant le déploiement des maisons France santé, pour lutter contre les déserts médicaux, en adoptant une stratégie énergétique claire et souveraine, en défendant notre autonomie et nos engagements climatiques, en particulier dans nos outre-mer, en créant l'allocation sociale unique pour faciliter l'accès au droit, pour lutter contre la fraude et garantir que les revenus du travail soient toujours plus importants que ceux de la solidarité.
En cette veille de Noël, je veux vous dire une chose simple, notre pays connaît des difficultés, mais il connaît aussi des succès dans les secteurs économiques, environnementaux, scientifiques, industriels et culturels, à l'intérieur du pays comme à l'international, et nous devons les amplifier. Tout ne se réduit pas aux discussions budgétaires, même si elles sont très importantes.
Nous n'avons pas le droit de nous résigner à l'impuissance. Nous irons au bout avec sérieux, patience et détermination. Je vous souhaite à toutes et à tous de belles fêtes de Noël avec une pensée particulière pour celles et ceux qui les passeront seuls et aussi pour celles et ceux qui travaillent, dont les agents du service public pendant les fêtes.

> [Budget: loi spéciale / Intervention à l’Assemblée] je vais aborder plusieurs points pour être le plus précis possible dans les réponses que je peux vous apporter.
Vous avez raison de souligner que la loi spéciale n’est pas un budget. S’est trop installée dans le débat public l’idée que ce serait une loi facile à faire voter et dont on pourrait se satisfaire pendant longtemps puisqu’elle serait sans conséquence ni incidence sur le fonctionnement de l’État.
De même que l’exemple des crédits de la défense nationale a été largement commenté l’année dernière, je citerai cette année celui de la crise agricole –
 je vois entre autres le député Potier et je me souviens que les dernières séances de questions au gouvernement ont aussi été consacrées à ce sujet. Je vous rappelle que la plupart des mesures daccompagnement du monde agricole, quil sagisse de la crise de l’élevage ou de la crise de la viticulture dans le sud de la France, relèvent de dispositions inscrites dans le PLF pour 2026 et quon ne peut pas se permettre de les retarder indéfiniment. La loi spéciale n’est jamais qu’un texte qui permet à l’Assemblée nationale et au Sénat de poursuivre leur travail au 1er janvier en protégeant l’essentiel, c’est-à-dire la capacité à lever l’impôt, à engager la dette et à faire fonctionner les services publics. Il ne faut donc pas faire dire à cette loi ce qu’elle n’est pas.
Deuxième point : la commission mixte paritaire. Je tiens d’emblée à rendre hommage au rapporteur général de cette assemblée, Philippe Juvin, qui a fait objectivement montre de patience et d’engagement personnel.
Je tiens à le dire parce que quand vous prétendez que le bloc central ne se met pas d’accord avec lui-même, j’ai plutôt eu l’impression que le rapporteur général du budget de l’Assemblée national, issu du groupe formé par Les Républicains, a vraiment tout fait, jusqu’à la dernière minute, pour faire converger la copie de votre assemblée avec celle du Sénat, et je pense qu’on peut lui rendre hommage. Ce serait injuste que de ne pas rendre à César ce qui appartient à César, sans oublier les whips du groupe socialiste, et ceux des groupes qui veulent que cela fonctionne.
J’ai moi-même constaté un léger décalage horaire entre l’Assemblée nationale et le Sénat, un léger jet-lag qu’il va nous falloir tout de même corriger dans les temps qui s’annoncent. Quand je parle de décalage horaire, il n’y a pas malice : il se trouve que le Sénat a discuté et voté sur les deux parties du PLF, ce qui n’est pas le cas de votre assemblée pour des raisons que je n’ai pas à rappeler, et que les dépenses de l’État, bien qu’examinées par votre commission des finances, n’ont pas pu l’être dans cet hémicycle. Cela a créé un décalage absolument dommageable. Que la CMP n’ait malheureusement pas été conclusive, je m’y préparais, notamment après la séance des questions au gouvernement au Sénat la semaine dernière, qui ont montré une position on ne peut plus radicale. Mais que la CMP ait duré aussi peu de temps, ne permettant pas une sélection des sujets de fond qui aurait permis d’avancer ensuite, voilà ce que je trouve le plus dommageable.
Mais enfin, on n’est pas en situation de crise, donc avançons et regardons vers l’avenir. Je vais proposer, suite aux différentes discussions et rendez-vous que j’ai eus hier, de faire à temps masqué à partir de maintenant, y compris entre Noël et le jour de l’an, puis dès le lendemain, ce qui n’a pas été possible de mener à bien pendant la commission mixte paritaire. Ainsi, lorsque débuteront les travaux en commission des finances, puis dans l’hémicycle, nous aurons identifié les quelques grands sujets sur lesquels il nous faut travailler. Par exemple, une thématique, et non des moindres, ressort des discussions d’hier, et elle vous intéresse, monsieur le président : celle des collectivités locales. Je vois bien qu’il y a divergence mais que si nous nous y prenons correctement, avec méthode et beaucoup d’engagement, nous pourrons très vite mettre lce sujet de côté –
 en tout cas, jen forme le vœu.
Troisi
ème point : je redis quil faut que le déficit soit de 5 % du PIB. Et je suis en mesure de confirmer une bonne nouvelle, sous le contrôle des ministres en charge : nous allons bien terminer cette année avec 5,4 % de déficit, conformément à lengagement que le gouvernement avait pris au mois de septembre, mais qui n’était pas gagné d’avance. Le respect des 5,4 % permet de disposer d’un socle stable, fixe et solide pour engager évidemment un certain nombre de mesures pour l’année prochaine, les 5 % de déficit prévu étant un objectif qui me semble complètement tenable au moment où je vous parle, et il ne faut pas que nous le lâchions. C’est ce qui a pu aussi expliquer quelques mouvements d’humeur entre le ministre Lescure et le Sénat, sachant que 5,3 % de déficit n’était pas un niveau acceptable pour le gouvernement, je le redis de la manière la plus calme et la plus respectueuse qui soit.
Est-ce que nous voulons y arriver ? La réponse est oui. Est-ce que nous voulons y arriver avec un esprit de compromis semblable à celui qui a été le nôtre lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité socialPLFSS ? La réponse est oui également. Voulons-nous y parvenir dans une approche la moins partisane possible ? La réponse est, là aussi, oui. Le bloc est peut-être central, mais il n’est pas monolithique –
 lensemble des morceaux qui composent cet hémicycle ne le sont pas non plus, si jai bien tout compris depuis trois mois.
Voil
à qui devrait normalement nous amener normalement à pouvoir y arriver. En tout cas, on le doit pour la France et pour les Français.

> [Appels d’offres / Intervention à l’Assemblée] Le sujet est à la fois juridique – il faut respecter le droit européen et les règles de concurrence – et économique, la loi de loffre et de la demande devant conduire aux prix les plus bas possibles. Toutefois, la manière dont sont passés les marchés publics, y compris ceux du ministère des armées, interroge de plus en plus, voire suscite une incompréhension croissante, quand bien même on ne parle pas de matériels au cœur de la souveraineté nationale, comme des missiles nucléaires. Lorsque j’étais ministre des armées, j’ai demandé à la direction générale de l’armement de redonner de la visibilité sur la manière dont sont construits ses marchés publics. La ministre Vautrin va poursuivre ce travail.
Cela m’amène à me projeter sur notre plan de travail des prochaines semaines, sur ce que nous avons à accomplir. Comme je l’ai annoncé au congrès des maires, je signerai avant la fin de l’année le décret pérennisant le seuil de 100 000 euros pour les marchés publics de travaux. C’est particulièrement important pour les collectivités territoriales et pour les entreprises du BTP. D’autre part, nous allons rehausser le seuil pour les marchés publics de fournitures de 40 000 à 60 000 euros. C’est essentiel pour les collectivités locales et cela va constituer un choc de simplification pour beaucoup d’entreprises. En effet, on voit bien qu’avancer vers la simplification est compliqué et que les initiatives parlementaires autour du projet de loi que vous avez rapporté ont beaucoup divisé. Cela s’explique en partie par un peu de centralisme : à Paris, on veut que tout soit égalitaire et géré partout de la même manière.
Or, on le sait bien, une véritable simplification ne peut aller sans différenciation territoriale, sans adaptation aux circonstances et aux situations locales, ce qui n’est pas forcément gagné.
Deuxième élément, que la ministre des comptes publics vient de rappeler : il faudra adopter un budget de l’État au mois de janvier, afin d’assurer à nos entreprises la lisibilité fiscale dont elles ont besoin.
Enfin, il convient d’améliorer la protection commerciale à nos frontières –
 Serge Papin et ses collègues ont commencé de le faire – et notre capacité daction collective  on la vu à propos de la plateforme Shein –, notamment en rendant le droit commercial de lUnion européenne encore bien plus protecteur pour nos acteurs économiques à lintérieur de nos frontières.

► Gouvernement
● Ministres centristes/centraux
Laurent Nunez (ministre de l’Intérieur)

> [Reconduite aux frontières / Intervention à l’Assemblée] Je tiens à rappeler un principe fondamental : nous appliquons les lois et les règlements de la République. Or le droit au séjour dans notre pays doit être justifié par un ou plusieurs motifs et par une entrée régulière sur le territoire national. C’est donc bien légitimement que nous décidons d’obligations de quitter le territoire français quand des étrangers ne sont pas en situation régulière. Cette politique ne va évidemment pas s’interrompre. De la même façon, ne va pas s’interrompre celle consistant à régulariser, à titre exceptionnel, des étrangers en situation irrégulière qui remplissent certaines conditions fixées par la loi que les préfets apprécient seuls et de manière discrétionnaire. Ces régularisations peuvent être décidées pour des motifs humanitaires, pour des motifs personnels ou parce que les personnes concernées travaillent dans un des métiers en tension dont la liste a été rendue publique récemment.
Cette politique, qui va se poursuivre, ne crée ni automaticité ni droit opposable, comme le Conseil d’État l’a confirmé en validant la circulaire de Bruno Retailleau du 23 janvier 2025 sur laquelle le gouvernement n’envisage pas de revenir, même au risque de vous décevoir.
Il va continuer à l’appliquer avec beaucoup d’humanité.
L’admission exceptionnelle au séjour ne représentait que 10 % des délivrances initiales de titres et le chiffre est désormais tombé à 7 %. Cela devrait relativiser un peu vos inquiétudes. Nous allons continuer à accorder des admissions exceptionnelles, avec des critères plus restreints tenant compte de l’adhésion aux valeurs de la République et de l’absence de menace pour l’ordre public, ce qui me paraît constituer une politique de saine et bonne gestion.

 

Roland Lescure (ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique)
> [Budget: loi spéciale / Intervention à l’Assemblée] Le 14 octobre dernier, j’avais l’honneur, avec la ministre de l’action et des comptes publics, de présenter au Conseil des ministres un projet de loi de finances pour l’année 2026 ; un peu plus de deux mois plus tard, nous voilà réunis pour examiner ce projet de loi spéciale. Depuis le 4 novembre, la méthode inédite annoncée par le premier ministre a permis aux débats sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 d’avoir lieu ; elle a conduit au vote et à l’adoption du texte. Cette réussite crée un précédent et démontre que nous sommes capables de travailler ensemble pour faire converger nos positions ; elle trace une voie pour les futurs débats budgétaires.
En revanche, les discussions à l’Assemblée nationale n’ont pas permis d’aller au bout de l’examen du projet de loi de finances pour 2026. L’Assemblée nationale n’a pas pu examiner la partie « dépenses » du texte ni définir le budget qu’elle souhaitait pour la nation –
 sur la partie « recettes », on peut même dire que le budget auquel vous avez abouti était celui que vous ne souhaitiez pas, puisqu’il a été rejeté à la quasi-unanimité.
L’échec de la commission mixte paritaire de vendredi dernier relève sans doute de divergences politiques, mais elle est surtout liée à ce travail inachevé. Nous apprenons en marchant ; notre culture politique évolue. Prenons ces quelques semaines supplémentaires pour réussir, à l’image de nombreuses autres démocraties, à trouver un compromis budgétaire. Mais je me dois de vous mettre en garde alors que je vois poindre une certaine accoutumance à la loi spéciale. Affirmer que son adoption ferait s’écrouler le monde serait évidemment mensonger ; mais prétendre que nous pourrions nous en contenter au-delà de quelques jours ou de quelques semaines serait un déni de réalité. La loi spéciale nous offre simplement le temps nécessaire pour prolonger les débats et nous permettre d’aller au bout de l’examen du projet de loi de finances. C’est la roue de secours qui nous permet de faire quelques kilomètres avant d’arriver à bon port, de changer les roues et de repartir de plus belle.
Dans notre situation, le projet de loi spéciale, qui tient en quelques pages et trois articles, est un passage obligé. Il ne poursuit que trois objectifs : premièrement, continuer à lever l’impôt ; deuxièmement, garantir les ressources nécessaires au bon fonctionnement de nos collectivités locales ; troisièmement, permettre à l’État de continuer à émettre de la dette, afin d’assurer la continuité de son action et des services publics.
Je précise qu’adopter ce projet de loi spéciale ne reviendrait pas à reconduire le budget de l’année dernière. Sa mise en œuvre, comme celle des décrets de services votés, a pour seul objet d’ouvrir les crédits minimaux que le gouvernement juge indispensables à la continuité des services publics. Par ailleurs, la loi spéciale ne peut pas modifier les barèmes d’impôts ni prolonger les dispositifs fiscaux de l’année précédente –
 le Conseil d’État a été très clair sur ce point dans son avis sur le projet de loi spéciale de lannée dernière et il a rappelé sa position dans celui de cette année.
Ce que ne fait pas non plus la loi spéciale, c’est autoriser des investissements nouveaux. Si nous voulons soutenir la transition historique des filières de l’automobile ou de l’aéronautique –
 cette dernière étant pilotée par le Corac, le Conseil pour la recherche aéronautique civile –, mais aussi le financement des ordinateurs quantiques, MaPrimeRénov ou les investissements de nos armées, que vous avez très largement approuvés lannée dernière, il nous faudra un vrai budget. Et si nous voulons prolonger la garantie de l’État à l’AFD – Agence française de développement – pour la Nouvelle-Calédonie, le fonds de garantie « émeutes » ou encore la garantie accordée à lUnedic pour lui permettre de sendetter, il nous faudra aussi un budget !
Comme l
année dernière, la loi spéciale ne peut donc être quune solution temporaire. Cest un texte de jonction, un pansement, et son maintien au-delà de janvier risquerait de fragiliser grandement l’économie française. Il entraînerait trois incertitudes majeures que je souhaite partager avec vous. La première concerne les finances publiques et le niveau de déficit. Nous devons nous assurer – le premier ministre la rappelé tout à lheure lors des questions au gouvernement – que le déficit ne dépassera pas 5 % du produit intérieur brut lannée prochaine. Vous lavez compris, la loi spéciale limite ce que jappelle le bon gras  les investissements davenir, notamment dans les technologies, et ceux des collectivités territoriales –, mais elle n’empêche pas le mauvais gras – la hausse tendancielle des dépenses publiques – de continuer à progresser. Il y a donc une incertitude quant au déficit public, qui fait peser un risque réel de dérapage.
La deuxi
ème incertitude a trait à la croissance. Face à un budget encore incertain, chefs dentreprise et ménages risquent de reporter des dépenses dinvestissement. La croissance de l’économie française a été exemplaire jusqu’à ces dernières semaines ; faisons en sorte que cela continue d’être le cas.
Enfin, la dernière incertitude est liée au financement. Les taux d’intérêt sont en forte hausse depuis déjà quelques années partout dans le monde. Les écarts de taux d’intérêt entre la France et l’Allemagne se sont stabilisés et même un peu réduits ; veillons, là aussi, à faire disparaître à jamais la prime de risque politique qui pèse sur les marchés et renchérit d’autant notre endettement.
Pour toutes ces raisons, nous devrons nous réveiller le 1er janvier avec la même obsession qu’en nous couchant le 31 décembre : faire adopter un budget pour la France. Il vous revient à présent de finaliser rapidement vos travaux. Nous reprendrons le travail en janvier là où le Sénat s’est arrêté, afin de converger vers un budget qui puisse être adopté, du fait des échéances financières, économiques et électorales qui sont devant nous. Nous devons poursuivre nos efforts pour maintenir le déficit public sous le seuil des 5 %, condition nécessaire pour préserver la trajectoire qui ramènera la France sous les 3 % en 2029 ; c’est ainsi que nous pourrons enfin stabiliser la dette publique. Cet objectif est ambitieux, mais je suis convaincu qu’il est atteignable ; c’est notre devoir que de tout faire pour y parvenir.

> Une loi spéciale, c’est la roue de secours qui nous permet de faire les quelques kilomètres avant un budget 2026.
Il n'y a qu'un vrai budget qui nous permettra d'investir dans la décarbonation de notre industrie, dans la protection de nos commerçants et de notre marché ou dans l'Education.

> La France condamne avec la plus grande fermeté la restriction de visa décidée par les États-Unis à l’encontre de Thierry Breton, ancien ministre et commissaire européen, ainsi que de plusieurs autres personnalités européennes.
Ce cadre européen de régulation du numérique a été adopté démocratiquement pour garantir des règles claires, équitables et protectrices pour les citoyens comme pour les entreprises. Il s’inscrit strictement dans le champ de compétence européen et ne vise aucun pays tiers.
Ce cadre nous protège, nous devons le protéger!

 

Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> La France dénonce avec la plus grande fermeté la restriction de visa prise par les Etats-Unis à l'encontre de Thierry Breton, ancien ministre et Commissaire européen, et quatre autres personnalités européennes. Le règlement sur les services numériques (DSA) a été démocratiquement adopté en Europe pour que ce qui est illégal hors ligne le soit aussi en ligne. Il n'a absolument aucune portée extraterritoriale et ne concerne en aucun cas les Etats-Unis. Les peuples de l'Europe sont libres et souverains et ne sauraient se faire imposer par d'autres les règles s'appliquant à leur espace numérique.

> A Jérusalem, la France a été élue à l’unanimité à la présidence de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste en 2027. Je m'en réjouis et félicite Isabelle Rome et tous les diplomates mobilisés pour obtenir ce résultat. Face à la vague d’antisémitisme qui déferle dans le monde depuis deux ans, il est crucial de préserver la mémoire de la Shoah, et de la transmettre aux jeunes générations. « Seuls ceux qui ont connu Auschwitz savent ce que c’était. Les autres ne le sauront jamais. Au moins, comprendront-ils ? Au moins, se souviendront-ils ? Oublier les morts serait les tuer une deuxième fois. Et si, les tueurs et leurs complices exceptés, nul n’est responsable de leur première mort, nous le sommes de la seconde », disait Elie Wiesel. Ce travail de mémoire est un acte de résistance contre le poison de la haine anti-juive et du négationnisme. Enfant de la Haute-Loire, terre où les Justes du Chambon-sur-Lignon se dressèrent contre la persécution des Juifs, j'y prendrai toute ma part.

> Le conflit entre le Cambodge et la Thaïlande a déjà provoqué le déplacement de près d’un million de personnes. J’ai appelé mes homologues pour encourager un cessez le feu immédiat. Une paix juste et durable ne peut être obtenue que par la négociation.

 

Stéphanie Rist (ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées)
> [Honoraires des médecins / Intervention à l’Assemblée] L’adoption du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 suscite effectivement des inquiétudes chez de nombreux médecins et vous me permettez de rectifier les fausses informations qui circulent. Comme vous le savez, ce projet de loi est un texte de compromis dont les articles 24 et 26, qui déplaisaient aux médecins, ont disparu.
Il reste donc les articles 26  ter et quater qui donnent la possibilité de revoir annuellement les tarifs des actes par voie réglementaire. Je serai très claire : il n’est pas question de revenir sur la nomenclature, qui est en cours de révision, avant l’issue des travaux menés en concertation avec les professionnels avec lesquels je m’engage à rebâtir la confiance par le dialogue et les négociations conventionnelles avec la caisse d’assurance maladie.
La confiance, le dialogue, et les négociations conventionnelles seront aussi de mise en ce qui concerne les dépassements d’honoraires. Plusieurs réponses sont prévues sur le sujet : la révision en cours de la nomenclature ; le travail qui sera bientôt mené sur le sujet avec les professionnels –
 qui doivent réfléchir aux dépassements dhonoraires excessifs pratiqués par certains dentre eux et qui grèvent le budget de la sécurité sociale comme le pouvoir dachat de nos concitoyens – et enfin, la mission que j’ai lancée sur la coordination entre l’assurance maladie et les organismes complémentaires et qui alimentera ces réflexions. Nous travaillons donc à ces sujets avec les professionnels et les parlementaires pour préparer le budget de la sécurité sociale de l’année prochaine.

 

Amélie de Montchalin (ministre de l’Action et des Comptes publics)
> [Budget: loi spéciale / Intervention à l’Assemblée] Nous voilà réunis car la commission mixte paritaire qui a eu lieu vendredi dernier pour débattre du projet de loi de finances pour 2026 ne s’est pas avérée conclusive. Nous en prenons acte et vous présentons un projet de loi spéciale qui nous offre quelques jours supplémentaires pour doter au plus vite la France d’un budget –
 cest une nécessité vitale pour notre pays.
J
ai déjà eu loccasion de le dire et le premier ministre vient de le rappeler pendant les questions au gouvernement : la loi spéciale nest pas un budget. Ce n’est pas un choix politique ; c’est même plutôt un non-choix que notre pays ne peut pas se permettre. C’est un service minimum qui a été pensé dans le cas d’un processus budgétaire à l’arrêt et qui ne répond ni aux urgences auxquelles est confronté le pays ni aux exigences des Français.
Mais à ce service minimum correspondent des risques maximaux. Monsieur le président Coquerel, vous m’avez encore demandé, hier en commission des finances, de cesser de « dramatiser la loi spéciale ». Je ne la dramatise pas : je présente simplement à la représentation nationale, en toute transparence, ce que nous encourons et que nous avons d’ailleurs déjà subi au début de l’année 2025.
La loi spéciale, ce n’est pas le chaos, et c’est précisément pour éviter la crise que le gouvernement la présente. Mais elle ne résout rien car, sans budget, nous prenons le risque de ne pas pouvoir répondre aux besoins urgents des Français, de ne pas pouvoir investir et de laisser le pays immobile. Vous le savez, un service minimum n’a de sens que s’il est limité dans le temps. Le provisoire qui dure, c’est l’image même de la politique qui hérisse nos compatriotes ; il serait indigne d’un grand pays comme la France que nous en restions là.
La loi spéciale –
 mon collègue Roland Lescure vous la dit – ne comporte que trois articles. Le premier permet de continuer à prélever les impôts existants ; le deuxième reconduit les prélèvements sur recettes de l’État au profit des collectivités territoriales, dans les conditions prévues par la loi de finances initiale pour 2025 ; le troisième autorise les opérations d’emprunt et de gestion de la dette et de la trésorerie de l’État. En résumé, c’est le strict minimum, le service de la dette plutôt que celui de nos services publics et des Français.
Cette situation aura des conséquences très concrètes, perceptibles dès le 1er janvier pour les administrations, pour les entreprises et pour les Français ; là encore, je ne dramatise pas mais je vous dois de faire preuve de transparence. D’abord, les investissements nouveaux seront à l’arrêt. Cela aura des conséquences, notamment pour le ministère des armées, qui ne pourra pas passer de nouvelles commandes pourtant cruciales dans le climat de montée des tensions géopolitiques que nous connaissons, mais aussi pour ceux de la justice et de l’intérieur. En revanche –
 je veux rassurer sur ce point l’ensemble des entreprises concernées, ainsi que les Français –, nous continuerons bien sûr à honorer les engagements passés, notamment en ce qui concerne notre futur porte-avions pour lequel ce qui a été annoncé sera respecté.
Deuxième conséquence : la suspension des dépenses discrétionnaires. Les aides qui ne sont pas des dispositifs dits de guichet ne pourront plus être versées par l’État et ses opérateurs. Je précise néanmoins que les engagements déjà pris, les dossiers déposés et validés, en particulier pour MaPrimeRénov’, seront bien financés.
Troisième conséquence : le gel des recrutements publics, qui empêcheront en particulier de créer les 4 000 nouveaux postes prévus pour les ministères régaliens et de recruter les 8 800 nouveaux personnels du ministère de l’éducation nationale, en application de la réforme de la formation des enseignants –
 je salue au passage la première ministre, Mme Élisabeth Borne, qui a soutenu cette réforme avec conviction.
La loi sp
éciale et les services votés ne permettront pas de réaliser des économies pour les finances publiques. Aucune réforme structurelle ne peut être engagée en labsence de budget  si elle l’était, leffet sur les recettes de l’État serait négatif. La seule manière de réduire durablement le déficit, c’est d’exécuter un budget avec des objectifs clairs, assumés et contrôlés. C’est ainsi que le compromis trouvé en commission mixte paritaire en février 2025 fixant le déficit à 5,4 % a été soutenu par la représentation nationale et appliqué par le gouvernement.
Oui, nous éviterons le désordre, nous saurons répondre aux urgences absolues, nous continuerons à défendre les agriculteurs qui restent très engagés malgré la menace que représente pour eux la nouvelle épidémie de dermatose nodulaire contagieuse ; nous le ferons en particulier en prenant en charge la vaccination, en versant des indemnités lorsque des troupeaux sont abattus, en créant un fonds d’urgence. Mais vous comprenez bien que nous ne pouvons pas nous contenter de gérer l’année 2026 en ne répondant qu’aux urgences.
Mesdames et messieurs les députés, il ne peut y avoir de grève du compromis, et la trêve de Noël ne peut être une trêve de la responsabilité. Chaque jour de loi spéciale sera, en 2026, un jour de trop.
Un chemin de compromis a été trouvé pour le projet de loi de finances de fin de gestion et le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Il doit en être de même pour la loi de finances. Nous en avons l’ardente obligation. Vous trouverez le premier ministre, moi-même, Roland Lescure et l’ensemble des ministres à votre entière disposition pour y parvenir, dans les heures, les jours, les semaines qui viennent. Nous ne nous contenterons pas d’un service minimum, car c’est bel et bien un service premium que sont en droit d’attendre les Français qui vous ont élus et qui attendent un gouvernement en action.
C’est une exigence de responsabilité, de sérieux budgétaire et de respect envers les Français qui ne comprennent pas pourquoi, dans la vie, partout en France, nous savons nous mettre d’accord, et pourquoi à Paris, dans les hémicycles du Parlement, ce n’est que désaccords et blocages. Par respect pour nos concitoyens, nous pouvons et nous devons y arriver.

> [Budget] Certains nous poussent à utiliser le 49.3. En fait, le 49.3 et tous les articles de la Constitution nous donnent au fond un comment on peut faire mais pas comment on fait un compromis. Et pour faire un compromis, il faut au fond acter une chose, c'est que d'ailleurs, voyez tous les parlementaires, tous les ministres, on va tous retrouver nos enfants, on va retrouver nos familles, on va partir de Paris et on va voir des Français qui vont tous à mon avis nous dire une chose, c'est qu'ils attendent beaucoup de nous et ils veulent qu'on soit des responsables politiques.
Moi, je ne me satisfais pas de cette impuissance et je ne me satisfais pas non plus parfois d'une forme de posture dans les débats. Vous avez des acteurs politiques aujourd'hui qui veulent enjamber l'année 2026, préféré au fond que 2026 n'existe pas et qu'on soit tout de suite en 2027 parce qu'en 2027 il y a une présidentielle. Et je crois que pour nos enfants, pour ceux qu'on va retrouver, pour ceux qui nous donnent de l'énergie, pour ceux qui vous font penser à l'avenir, un compromis comme on a su le faire pour la sécurité sociale, on doit savoir le faire.

> [Compromis sur le Budget] Je crois qu'on doit y arriver. Le gouvernement prendra toutes ses responsabilités. Je ne me résous pas de cette impuissance et y arriver ce n'est pas attendre un miracle, c'est au fond faire ce que les Français attendent de nous et les respecter. Respecter ce que les Français attendent pour les urgences, pour l'essentiel pour la vie quotidienne et non pas donner le minimum, mais faire le maximum et donner le meilleur de nous-mêmes. Parce qu'au fond, on leur doit ça aussi, cette trêve qui n'est pas une trêve du compromis, qui n'est pas non plus une grève du compromis.

> [Déficit publique / Intervention à l’Assemblée] Je tiens à souligner ici que l’objectif des 5, 4 % de déficit – un chiffre bien sûr beaucoup trop élevé, on le sait tous – aura été tenu grâce à un effort inédit de l’État qui, en 2025, aura fait 23 milliards deuros d’économies pour compenser, cest un fait, la hausse modérée des dépenses des collectivités, mais aussi la hausse plus substantielle des dépenses de sécurité sociale. Ces 23 milliards deuros d’économies, il ne faut pas les passer par pertes et profits : ils sont le fruit dun très grand effort, et même le plus grand effort de réduction des dépenses de fonctionnement de l’État depuis vingt-cinq ans.

> [Croissance / Intervention à l’Assemblée] Nul ne souhaite mettre à mal la croissance économique, nul ne souhaite mettre à mal les Français qui travaillent, nul au fond ne souhaite mettre à mal ce qui fait notre prospérité d’aujourd’hui et de demain. Vous savez que la copie initiale du gouvernement proposait que l’action sur le déficit passe par la répartition suivante : deux tiers de baisse des dépenses, un tiers de hausse des recettes. Comme vous l’avez fait de manière décisive sur le PLFSS – je pense aux mesures proposées par votre groupe sur les heures supplémentaires ou à propos des pharmaciens –, il faut à nouveau faire œuvre de compromis. Dans cet esprit, nous devons trouver ce qui nous permettra d’avancer, sans blocage et dans l’intérêt du pays. Si je devais résumer ma pensée en quelques mots, je dirais : pas de trêve ni de grève, mais du compromis.

> [Mayotte / Intervention à l’Assemblée] Un an après ce terrible cyclone, je pense que nous avons tous ici pleinement conscience de la difficulté de la vie quotidienne et de la reconstruction à Mayotte. Il y a toutefois une bonne nouvelle pour l’archipel : le PLFSS a été voté par l’Assemblée. C’est une bonne nouvelle car nous allons pouvoir avancer l’application de la loi pour le développement économique des outre-mer à Mayotte au 1er juillet et investir 122 millions d’euros pour la rénovation du centre hospitalier de Mamoudzou. Il faut souligner l’impact de l’existence d’un budget sur la vie des Mahorais.
Par ailleurs –
 et je parle là sous le regard de Laurent Nuñez, qui représente notamment tous les services chargés de la sécurité civile –, jaffirme avec force que la continuité de l’État et la sûreté des Français sont partout des priorités. Il ny a pas de loi spéciale pour la sécurité ou pour les urgences, quil sagisse de la santé humaine ou animale, comme on le voit avec la crise agricole en cours. Je peux vous rassurer : nous ne gelons pas nos capacités d’intervention face aux urgences, notamment quand la vie humaine est en jeu.
Néanmoins, vous avez raison : certaines choses ne sont pas identiques avec ou sans budget.
Nous allons évidemment intégrer pleinement les enjeux de la loi de programmation pour la refondation de Mayotte et créer comme prévu le programme d’investissement territorial de l’État, doté de 4 milliards d’euros jusqu’en 2031, dont 675 millions d’autorisations d’engagement dès 2026. Toutefois, cet argent ne sera visible, tangible et, donc, actif à Mayotte que lorsque nous aurons un vrai budget. Il doit être voté le plus vite possible, car je ne doute pas que les députés seront d’accord avec cette création. Nous avons là une preuve flagrante du fait qu’il ne faut pas laisser le pays trop longtemps sous le régime de la loi spéciale. Sinon, à Mayotte, les écoles, le réseau d’eau et le futur aéroport devront attendre. Notre engagement est total, mais nous avons besoin d’un budget.

 

Catherine Chabaud (ministre délégué auprès de la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature chargée de la Mer et de la Pêche)
> Phare de Creac’h - Lancement de l’appel à manifestation d’intérêt :
162 ans après son allumage, le phare implanté sur l’île d’Ouessant entre dans une nouvelle ère
Le phare du Creac'h est bien plus qu'un repère maritime : c'est un symbole d'ingéniosité, un patrimoine culturel et affectif majeur. Il reste aujourd’hui encore une prouesse technique qui impressionne et émeut !
Mais nous devons agir : dans certains phares, nous avons déjà constaté des fuites de mercure, une substance dangereuse et toxique. L'État a donc pris la décision de le retirer progressivement de l'ensemble des phares français. Des travaux ont déjà eu lieu dans de nombreux phares comme celui des 7 îles.
Avec sa double lentille de Fresnel qui pèse 17 tonnes, le retrait du mercure dans le phare de Creac'h est un enjeu technique majeur. Nous devons inventer une nouvelle solution.
C'est pourquoi nous lançons aujourd'hui un appel à manifestation d'intérêt avec des exigences claires : concilier l’objectif de retrait du mercure avec les enjeux patrimoniaux et la conservation de Creac’h en termes de signalisation maritime. Nous mesurons tous le défi qui est le nôtre.
C’est pourquoi je compte sur la mobilisation de la recherche, des écoles d’ingénieur ou d’architecture, des industriels, des experts du patrimoine, des marins et de toute la communauté maritime, en France comme à l'étranger.
Plus nous aurons de réponses, plus nous serons à même de sélectionner des solutions innovantes répondant à l'ensemble des exigences. Et du reste, la bonne solution sera peut-être une conjugaison de plusieurs propositions.
Je vois ce moment comme une opportunité pour mettre en lumière le patrimoine des phares et plus largement celui du patrimoine maritime. Alors je compte sur votre mobilisation massive pour répondre à cet appel et le partager le plus largement possible !

 

Mathieu Lefevre (ministre délégué auprès de la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature chargé de la Transition écologique)
> À la suite de l’accident sur le site
Elkem, nous avons saisi, avec Monique Barbut, le Bureau d’enquêtes et d’analyses des risques industriels, qui a ouvert une enquête technique. Les causes seront établies avec rigueur et les conséquences tirées en matière de sécurité.

> L’État est aux côtés des forestiers ! À Seignosse, un premier foyer de nématode du pin a été détecté. Une action coordonnée avec Annie Genevard est engagée sans délai pour éradiquer ce ravageur, protéger le massif landais et la filière bois.

 

● Autres ministres
Serge Papin (ministre des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat)

> Il faut protéger le consommateur de produits non conformes, dangereux... Il faut protéger notre économie, les commerces ! C'est une concurrence déloyale, du dumping! C'est trop facile de dire que c'est moins cher.

> On m’a demandé si c’était la place d’un ministre d’aller ouvrir des colis à Roissy. Eh bien oui. C’est ce que je crois. Bien sûr, c’est symbolique. Mais sur le terrain, il y a aussi des équipes de la Répression des fraudes, la Dgccrf, qui bossent toute l’année, contrôlent 65 000 établissements et sites Internet par an et s’assurent que les consommateurs ne seront ni trompés ni mis en danger. Patron, mon rôle, c’était aussi d’aller voir comment ça se passait depuis le carrelage des magasins. Donc aujourd’hui, je fais pareil.

 

Annie Genevard (ministre de l'Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Souveraineté alimentaire)
> [PAC / Intervention à l’Assemblée] La politique agricole commune est la plus ancienne, la première des politiques de l’Union européenne ; c’est aussi, comme le dit souvent Michel Barnier, la plus moderne. En effet, cette politique n’a jamais cessé d’évoluer et, à travers l’alimentation, elle concerne chaque citoyen de chaque pays.
Pour cette politique dotée d’un budget de 65 milliards, la première exigence est, à tout le moins, de conserver ce budget en euros courants. La deuxième exigence, c’est de lui garder le caractère communautaire qui fait sa force : on ne peut affronter certains enjeux que collectivement, au niveau européen, par exemple les enjeux sanitaires. Nous nourrissons à ce sujet de grandes inquiétudes à propos de la proposition de la Commission européenne, qui tend à décommunautariser certaines dimensions de la PAC. Cela est vrai de son intégration dans un fonds unique, comportant une enveloppe libre, laissée à l’initiative de chacun des pays, ce qui les mettrait objectivement en concurrence les uns avec les autres, comme des définitions agricoles –
 celles de lactif agricole, des cultures pérennes, des prairies permanentes, ou de la conditionnalité environnementale. Or il nest pas possible de laisser chaque pays faire les choses à sa guise !
La strat
égie de la France consiste donc à sopposer à cette vision décommunautarisée et débudgétisée de la PAC. La France nest pas seule : dix-sept pays ont signé une résolution en faveur du maintien dun budget suffisant et du caractère communautaire de cette politique. Croyez-moi, nous ne lâcherons rien ! (

> Pour la première fois en France, le virus du nématode du pin a été détecté, dans les Landes. Il s'agit d'un ver qui bloque la circulation de la sève et entraîne une mort rapide des arbres infestés. Nous devons agir vite et fort pour protéger le massif forestier des Landes et, plus largement, l'ensemble de la filière bois française. Je veux rassurer la filière : elle ne restera pas seule face à cette situation. J'ai ainsi décidé cette semaine la prise en charge par l'Etat des coûts supplémentaires que supporte la filière pour appliquer ces règles. Protéger nos forêts, c’est protéger notre économie, notre biodiversité et nos territoires. L’État est au rendez-vous.

> Je prends connaissance des droits provisoires antisubventions imposés par les autorités chinoises sur les importations de produits laitiers européens. C’est inacceptable. Je l’ai rappelé aux ministres chinois rencontrés à Pékin lors du voyage d’État du Président de la République : les entreprises françaises ne bénéficient d’aucune subvention, ni européenne ni nationale, qui ne soit strictement conforme au droit commercial international. Avec la Commission et nos partenaires de l’Union européenne, la France est déterminée à défendre les droits et les intérêts des entreprises européennes visées et à contester fermement cette décision.

> Parmi les élevages auxquels s’attaque la dermatose nodulaire contagieuse, certains abritent des races à petits effectifs (Lourdaise, Mirandaise, Casta, Béarnaise, Bordelaise, Marine Landaise, …), qui pourraient tout simplement disparaître de notre patrimoine. Or ces races à faibles effectifs sont un pan de notre identité agricole, que nous devons particulièrement préserver, et dont la lignée génétique présente un intérêt majeur en matière de biodiversité. Pour préserver au mieux ces races à faibles effectifs, et à la suite des réunions de vendredi que le Premier ministre et moi-même avons tenues avec les organisations professionnelles agricoles, j’ai décidé aujourd’hui : - que la vaccination en cours dans le Sud-Ouest priorisera ces races ; - afin d’assurer la résilience de ces filières d’élevage à long-terme, d’accélérer et approfondir les travaux sur les menaces pesant sur ces races et les pistes de préservation possibles ; - de demander à la Commission européenne quelles seraient les conditions, au regard du droit actuel, qui permettraient une protection sanitaire particulière pour les races à faibles effectifs situées en-dehors du Sud-Ouest.

 

Françoise Gatel (ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation)
> La loi spéciale a été présentée hier soir en conseil des ministres. En l’absence d’un budget pour 2026, elle est nécessaire pour permettre aux services de l’Etat de continuer à fonctionner au 1er janvier : une sorte de service minimum sans possibilité d’investissement.
Elle ne permet pas de répondre aux attentes des Français, ni de réduire le déficit. Le travail parlementaire doit se poursuivre pour clarifier la situation, alors qu’une cinquantaine de dispositions ont déjà été votées dans les mêmes termes par l’Assemblée et le Sénat.

 

Philippe Baptiste (ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace)
> avec le ministère de l’Agriculture, nous avons décidé de renforcer recherche et surveillance. 4 chantiers : vaccins/diagnostics DIVA, déploiement du test et validation des kits, vecteurs et suivi environnemental, modèles épidémio-éco pour décider vite et bien. Mobilisation du PEPR « Élevages durables » (Agralife) et de l’ANR. Protéger les élevages, limiter l’impact, souveraineté alimentaire.

 

Maud Bregeon (porte-parole du Gouvernement)
> La loi spéciale est une solution temporaire, c'est un palliatif, c'est un sparadrap.

 

Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé de l’Europe)
> [Nouveau porte-avions] C’est une décision majeure parce que l’on est dans un monde qui est plus dangereux. On est dans un monde de conflictualité géopolitique et cela, c’est durable. Et donc, c’est au fond dans la continuité des décisions militaires qui ont été prises par le Président de la République au cours des huit dernières années. Sur les deux mandats d’Emmanuel Macron, on aura doublé le budget militaire de la France après des décennies de désarmement pour se préparer précisément à un monde plus dangereux. Et avoir ce deuxième porte-avions, c’est renforcer notre capacité de projection, c’est renforcer nos capacités militaires, technologiques, industrielles. C’est se donner un cap, celui de 2038, et donc c’est confirmer effectivement que la France est une grande nation, est une puissance de premier plan, c’est un acteur majeur des relations internationales, et donc on s’en donne les moyens.

> Typiquement, si nous n’avons pas de budget, on ne fait pas l’augmentation du budget militaire qui était prévue pour le projet de loi de financement. Et on le voit, encore une fois, on a une guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine à nos portes, une menace que fait peser la Russie sur nos démocraties, avec ses incursions aériennes de drones, ses attaques cyber contre nos infrastructures. On a des États-Unis qui se replient, qui pivotent, qui considèrent qu’aujourd’hui, l’Asie est leur priorité, donc qui nous laissent de plus en plus seuls pour assurer notre propre sécurité. Cela, c’est ce que nous disons depuis 2017. Il faut y mettre les moyens, il faut se préparer. C’est des travaux de temps longs quand on parle de ces grands programmes d’armement, un porte-avions, mais les autres programmes d’armement qui ont pu être lancés ces dernières années dans beaucoup de sujets, au niveau européen comme au niveau national. Il faut y mettre les moyens, il faut y mettre le temps. Et c’est pour cela que l’on a besoin de cette vision stratégique qui a été dévoilée par le Président de la République.

> Il faut prendre notre sécurité donc notre diplomatie en main et ne pas la laisser à d’autres et par exemple aux États-Unis seuls. On a cette guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine qui est un enjeu de sécurité majeur pour nous. Et donc bien sûr, dans ce Conseil européen que vous avez mentionné, on a pris des décisions historiques, celle de donner de la visibilité à l’Ukraine sur le soutien financier à son effort militaire comme son effort économique : 90 milliards d’euros d’emprunts européens, d’eurobonds, qui ont été décidés par les pays européens pour, là aussi, continuer à soutenir l’Ukraine. On avait, quelques jours auparavant, pris aussi la décision de renforcer l’immobilisation des avoirs russes qui sont gelés, qui, vous le savez, avant cela, étaient soumis tous les six mois à des renouvellements, à l’unanimité, ce qui créait vraiment une vraie insécurité sur leur immobilisation. Donc là, on a pris la décision de les immobiliser jusqu’à ce que la Russie paie des réparations. Cela, c’est pour le volet du soutien à l’Ukraine. C’est pour montrer que les Européens prennent en charge leur défense et leur sécurité. Ils sont les premiers soutiens financiers aujourd’hui de l’Ukraine.

> La diplomatie, c’est le dialogue qui est basé sur un rapport de force. On défend nos intérêts. Il ne s’agit pas de parler de confiance. Il y a là un processus diplomatique en cours qui est mené avec les Américains et les Ukrainiens. L’objectif, ce n’est pas de faire confiance. L’objectif, c’est de trouver une voie diplomatique pour mettre fin à cette guerre. Parce que si demain, on a un cessez-le-feu ou un accord de paix, il faudra donner des garanties de sécurité à l’Ukraine qui passeront par la suite à un soutien à l’armée ukrainienne et, on y a travaillé au sein de la Coalition des volontaires avec nos partenaires, au déploiement de contingents européens, là aussi pour dissuader. Et donc, vous voyez, on peut dissuader, avoir un discours de fermeté absolue, défendre nos intérêts et avoir ce travail diplomatique. Et d’ailleurs, il a déjà été mené par le Président. (…)
L’enjeu ici, dans le cadre d’un rapport de force, en coordination avec nos alliés, en coordination avec le président Zelensky, avec nos alliés européens, nous aussi, nous aussi, de prendre nos responsabilités dans la diplomatie, sans la moindre naïveté, avec une clarté absolue, sur les intentions de la Russie. La Russie qui continue à bombarder tous les jours : huit morts à Odessa vendredi parmi les civils, deux morts civiles à Kharkiv samedi, des bombardements quotidiens sur la ligne de front.

> Le Président de la République est en échange permanent avec le président Zelensky. Et d’ailleurs, c’était aussi le cas lorsque nous avions eu des échanges diplomatiques avec la Russie. Le Président avait courageusement essayé de trouver une voie diplomatique à cette guerre. C’est la Russie de Poutine qui avait choisi l’agression et la guerre. Avant le 24 février 2022, on le faisait très souvent aussi en coordination et parfois à la demande du président Zelensky. Donc bien sûr, l’enjeu, c’est de soutenir nos partenaires ukrainiens, de défendre nos intérêts, de ne pas laisser d’autres assurer notre sécurité à notre place et de le faire avec une lucidité absolue sur les intentions, sur la menace.

> Le risque, c’était de sortir de ce Conseil européen sans avoir donné la visibilité financière à l’Ukraine. C’était de sortir de ce Conseil européen, ce qu’espérait la Russie, sans accord du tout pour aider l’Ukraine. On avait une possibilité qui était les avoir gelés. Vous l’avez dit, cela n’a pas fait consensus autour de la table. Il y avait une autre possibilité qui était un emprunt européen comme on a su le faire à d’autres moments de crise, à d’autres tournants historiques comme la crise Covid. Là, on s’est mis d’accord sur 90 milliards qui permettent de donner la visibilité, le soutien financier dont les Ukrainiens ont besoin pour se défendre. Et d’ailleurs, les Ukrainiens ont été les premiers à saluer cette décision. Donc, il ne faut pas s’y tromper là-dessus. Et je voudrais le dire quand même, la France, le Président de la République ont joué un rôle pivot parce qu’on aurait pu sortir de ce Conseil européen avec, au passage, un Mercosur adopté en force sans aucune protection pour nos agriculteurs et aucun accord pour le soutien à l’Ukraine. Là, on a un accord pour l’Ukraine. On continuera de soutenir l’Ukraine et on continuera à cet égard de défendre nos intérêts de sécurité.

> J’ai vu les commentaires d’éditorialistes ou de politiques qui nous expliquaient que la France allait se faire rouler dessus, que le Mercosur allait être adopté en passage en force et qu’on n’allait avoir aucune protection pour nos agriculteurs. La France a toujours eu une ligne très claire qui était « le compte n’y est pas » et l’accord qui a été négocié par la Commission n’est pas acceptable en l’état.  (…)
Ce que je constate, c’est que cet accord, il aurait passé en force sans les moindres protections. Nous avons travaillé avec nos partenaires, les Italiens, les Polonais, d’autres, qui ont les mêmes préoccupations que nous, notamment sur le volet agricole. On a dit des choses très claires. Premièrement, on a besoin d’une clause de sauvegarde, c’est-à-dire un frein d’urgence pour bloquer les importations quand elles viennent de déstabiliser une filière ou un marché. Là, il y a des propositions qui ont été faites par la Commission européenne, mais elles doivent être adoptées, elles n’ont pas encore été adoptées. Deuxièmement, on a besoin de réciprocité dans les normes, parce que c’est quand même quelque chose d’assez basique. On ne peut pas laisser rentrer des produits en Europe qui sont fabriqués avec des pesticides, avec des additifs alimentaires, qui sont interdits. (…)
On a soumis des exigences très claires à la Commission européenne. On n’est pas seuls, encore une fois, avec les Italiens et avec d’autres, pour dire, nous, on attend des réponses claires. Il y a eu des avancées, encore une fois, il y aura par exemple des contrôles qui vont commencer à partir du 1er janvier, cela, c’est une demande de la France d’avoir des contrôles effectifs pour ne pas laisser rentrer des produits interdits en Europe, donc on attendra des réponses très claires de la Commission européenne. De la même façon…

> On a 80% à peu près de la PAC, et donc 20% qui font l’objet d’une incertitude sur les revenus de nos agriculteurs. Et cela, cela crée, à juste titre, beaucoup d’anxiété chez les agriculteurs. Nous, on a demandé de façon très claire, il faut que 100% des revenus de nos agriculteurs, 100% des paiements directs de la PAC, soient préservés, sanctuarisés dans le prochain budget européen. Et cela aussi, cela fait partie des choses sur lesquelles nous attendons des réponses très claires et rapides de la part de la Commission européenne.

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 

> Le projet de loi spéciale a été adopté à l’unanimité par l’Assemblée. Ce vote ne peut être qu’une étape. La situation impose désormais responsabilité, esprit de compromis et sens de l’intérêt général pour doter la France d’un budget en 2026.

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Sylvain Maillard (député) 
> Nous avons aujourd’hui voté la Loi spéciale pour garantir la continuité de l’Etat. Mais nous devons adopter un budget 2026 pour la France. C’est notre travail de député et nous recommencerons l’examen des textes dès le 5 janvier.

> C'est tout de même un échec que l'on n'ait pas trouvé la possibilité de voter un budget avant le 31 décembre.

 

Prisca Thevenot (députée)
> La loi spéciale n’est pas un budget. C’est un dispositif provisoire qui permet juste à l’État de continuer à fonctionner faute de loi de finances adoptée.

 

Pieyre-Alexandre Anglade (député) 
> Soutien à Thierry Breton injustement ciblé par l’administration Trump. En Europe, nous avons des règles, débattues et votées par les représentants des citoyens européens. Ceux qui opèrent sur notre continent doivent s’y conformer.

 

Marie Lebec (députée)
> Adoption de la loi spéciale : ce n’est pas un budget, mais le strict nécessaire pour garantir la continuité de l’État en l’absence de loi de finances. Dès janvier, nous serons pleinement mobilisés pour adopter rapidement un budget. Avançons!

 

Paul Midy (député)
> [Budget: loi spéciale / Intervention à l’Assemblée] J’ai trois messages simples à vous envoyer. Premier message : il faut donner un budget à la France le plus rapidement possible.
Deuxième message : il faut donc adopter cette loi spéciale aujourd’hui et faire aboutir le travail de compromis que nous avons mené.
Troisième message : jusqu’au bout de ce travail, nous, membres du groupe Ensemble pour la République, avec notre président Gabriel Attal, continuerons de soutenir la croissance par le travail, un travail plus productif grâce à l’innovation, à nos entrepreneurs et à toutes les Françaises et à tous les Français qui travaillent.
Il faut donner à la France un budget aussi rapidement que possible car nous connaissons le coût de l’instabilité et du manque de visibilité : il se chiffre en dizaines de milliards d’euros et en milliers d’emplois.
Il faut adopter la loi spéciale que nous étudions aujourd’hui, non pas comme un budget mais comme un trait d’union entre le budget 2025 et le budget 2026, que nous devrons adopter rapidement.
Jusqu’à la fin de cet examen budgétaire, nous continuerons de soutenir la croissance par le travail. Il faut soutenir ceux qui travaillent pour une raison simple : dans notre pays, l’argent ne tombe pas du ciel. Il ne se trouve pas en grattant le sol pour en extraire du pétrole ou du gaz. Notre richesse vient du travail de tous nos compatriotes et de notre capacité à rendre ce travail aussi productif que possible grâce à l’innovation, qu’il s’agisse, avant-hier, de la mécanisation de l’agriculture, hier, de l’industrialisation ou aujourd’hui, des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle.
Plus de travail et un travail plus productif : voilà la seule voie que nous pouvons emprunter pour enrichir la France et les Français et pour nous payer la meilleure défense face aux menaces actuelles, la meilleure santé au monde et la meilleure éducation ou encore pour investir en vue de rendre notre économie verte et zéro carbone.
On ne sauvera pas notre pays en décourageant ceux qui travaillent et ceux qui innovent, en arrêtant de soutenir les apprentis, en compliquant la vie de nos microentrepreneurs, en mettant des bâtons dans les roues de nos entrepreneurs, et encore moins en assommant d’impôts ceux qui travaillent.
Jusqu’au bout de l’examen du budget, nous continuerons de soutenir la croissance grâce à nos entreprises, petites et grandes. Nous repousserons donc les horreurs que constituent les 34 milliards d’euros d’impôt sur nos entreprises votés par le RN, main dans la main avec LFI, pour écraser nos entreprises et l’emploi.
Vous disiez à l’instant, monsieur Tanguy, que nous avions accepté des hausses d’impôt proposées par les socialistes. Mais les augmentations d’impôt les plus importantes que nous avons refusées, ce sont les vôtres, ces 34 milliards d’euros ! Il y a malheureusement une chose qui ne changera pas en 2026, malgré tous les v?ux que vous pourrez faire le 31 décembre : le programme économique du Rassemblement national sera toujours, économiquement, un programme d’extrême gauche –
 comme celui de La France insoumise.
C’est un programme qui n’est pas seulement anti-étrangers, mais aussi anti-entreprises, donc anti-emploi et anticroissance et par conséquent antiaugmentation des salaires et antifrançais.
Pour notre part, nous serons toujours aux côtés de nos entreprises, de nos microentreprises, de nos TPE, de nos PME, de nos entreprises de taille intermédiaire (ETI), de nos grandes entreprises et de tous leurs salariés. Nous le serons plus encore en 2026 !
Jusqu’à la fin de la séquence budgétaire, nous continuerons de soutenir la croissance, grâce à la recherche et à l’innovation ; de soutenir nos chercheurs et nos chercheuses, en respectant totalement la loi de programmation de la recherche ; de soutenir nos entrepreneurs et nos entrepreneuses qui innovent, en protégeant le crédit d’impôt recherche (CIR), le crédit d’impôt innovation (CII) et les jeunes entreprises innovantes (JEI) ; de soutenir nos industriels et nos usines du futur, en préservant le plan France 2030 ; de soutenir le redressement nécessaire des finances publiques, en réduisant la dépense publique et en tenant nos engagements sur le déficit public.
Pour tout cela, il est nécessaire que nous nous mettions d’accord sur le budget, comme le demandent nos concitoyens. Cet accord est possible ! Nous ne cesserons jamais de lutter contre tous les défaitismes, contre tous les oiseaux de malheurs et, parce que c’est possible et que nous devons le faire, nous le ferons !

 

Jean-François Rousset (député)
> [Honoraires des médecins / Intervention à l’Assemblée] Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 suscite chez les médecins inquiétudes et interrogations – en particulier les articles relatifs aux prescriptions des médecins de secteur 3 et à la nomenclature des actes médicaux. Ces inquiétudes surviennent dans un contexte que chacun connaît  une situation financière préoccupante qui nous impose des efforts collectifs et partagés pour garantir la soutenabilité du système de protection sociale.
Les d
épassements dhonoraires représentent 4,5 milliards deuros par an et constituent un facteur reconnu d’inégalité d’accès aux soins. Quelque 75 % des jeunes spécialistes s’installent en secteur 2, sont conventionnés et sont autorisés à dépasser les tarifs opposables, parfois sans taxes ni mesures. Face à cette situation, l’inaction n’est pas une option car elle conduirait mécaniquement à une raréfaction de l’offre à tarifs opposables et à un transfert croissant de l’effort financier vers les patients – soit directement, soit par le biais de leurs complémentaires santé. Ces raisons m’ont conduit à remettre au premier ministre, ainsi qu’à vous, madame la ministre, le rapport d’information sur les dépassements d’honoraires établi avec mon collègue Yannick Monnet. Il présente dix propositions qui, si elles sont appliquées, devraient permettre d’améliorer la situation et de la rendre plus supportable.
Or ces propositions, parfois mal comprises, suscitent de fortes résistances. L’article 26  bis cible pourtant un nombre très limité de praticiens –
 environ 800 – qui exercent en secteur 3, cest-à-dire en dehors du cadre conventionnel avec lassurance maladie. Quant aux articles 26  ter et 26  quater, ils répondent à une revendication des médecins par l’actualisation de la nomenclature des actes médicaux et chirurgicaux – attendue depuis vingt ans et dont labsence est, selon eux, une des causes principales des dépassements dhonoraires. Elle permet la hiérarchisation des actes et la fixation des tarifs. Le PLFSS prévoit de préserver ce cadre tout en fixant un délai afin d’éviter les blocages.

 

● MoDem 
Marc Fesneau (député, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)

> [Loi spéciale] C’est d’abord un échec pour les parlementaires, en particulier pour ceux de l’opposition qui disaient : « Laissez-nous faire, nous sommes capables de nous entendre. » Force est de constater que nous n’en sommes pas là. La loi spéciale, je le dis au passage, est un pis-aller. Ce n’est pas une loi qui permet de résoudre les problèmes budgétaires du pays. Elle permet simplement de lever l’impôt, de reconduire le budget précédent, de reconduire un certain nombre de dépenses, de payer les fonctionnaires et d’emprunter sur les marchés. Ce n’est pas une solution satisfaisante et cela ne peut pas durer. Le Premier ministre avait fait le choix, à la demande d’un certain nombre, de ne pas utiliser le 49.3, en disant au fond : les parlementaires sont des êtres adultes, ce que je crois, et doivent être capables de s’entendre. Ce n’est pas ce qui s’est passé, parce que chacun essaie de rester sur ses lignes rouges. Reconnaissons que nous avons réussi à le faire sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale, et qu’on pouvait espérer que sur le projet de loi de finances, on pouvait le faire aussi. Reconnaissons également qu’il y avait un certain nombre de points de convergence, y compris entre le Sénat et l’Assemblée nationale. (…)
L’ennemi n’est pas le Sénat. D’abord, il faut respecter les deux chambres. On peut avoir des désaccords avec le Sénat, mais ses prérogatives ne sont pas celles de l’Assemblée nationale. Le dernier mot revient à l’Assemblée. Il faut saluer le travail qu’a fait Sébastien Lecornu pour essayer de trouver un compromis. Il n’y a pas de querelle entre Sébastien Lecornu et le Sénat. Il y a manifestement une querelle entre les Républicains, parfois entre les Républicains du Sénat et ceux de l’Assemblée nationale. On peut le regretter, mais ce sont les affaires des Républicains. Je regrette d’ailleurs qu’au final, le texte sorti du Sénat présentait un déficit qui dépassait les 5 %, autour de 5,3 ou 5,4 %. Il va donc falloir se remettre au travail dès la rentrée pour essayer de trouver un budget.

> J’ai toujours été interrogatif sur la question du 49.3. J’ai toujours dit : est-ce qu’on a besoin de se priver de cet outil, qui n’est pas un outil antidémocratique ? Le 49.3, c’est quoi ? C’est le gouvernement qui engage la responsabilité qui est la sienne sur un texte. Si les parlementaires votent contre, le gouvernement est renversé. Si ce n’est pas un acte démocratique, je ne sais pas ce que c’est. J’aimerais qu’on ait un budget voté par les forces politiques de façon naturelle. Mais si nous n’avons pas de budget voté par les voies normales, il reste le 49.3. J’entends un certain nombre de socialistes dire, plutôt derrière les micros que devant, que le 49.3 pourrait être une solution. Mais comme ils en ont fait un sujet de principe, ils n’osent plus dire qu’ils sont capables d’assumer un 49.3. La vie politique, à un moment, c’est assumer des choix. Assumer le choix de dire « je ne veux pas voter le budget », ça peut s’entendre. Mais assumer le choix de dire « il faut quand même un budget pour le pays », ça peut s’entendre aussi. Et à ce moment-là, le 49.3 s’imposerait.

> Les socialistes sont une soixantaine, le bloc central est autour de 200. Ce n’est pas simplement le choix des socialistes qui va faire le budget.
La logique, c’est qu’on trouve un point d’équilibre entre des forces politiques qui ne sont pas d’accord, et que ce ne soit pas simplement les conditions du Parti socialiste qui dictent les choses.
Tout le monde a intérêt à ce que nous entrions dans la séquence municipale, puis présidentielle, avec cette affaire budgétaire derrière nous, pour pouvoir envisager sérieusement les politiques publiques à conduire."

> Plus on se rapproche des municipales et de la présidentielle, plus le risque est que chacun essaie de marquer son identité. Ce n’est pas une navigation d’eau douce. On est plutôt par gros temps, sans majorité. Plus on se rapproche de la présidentielle, plus les écoutilles vont se fermer, et plus certains diront : « Moi, c’est mes lignes rouges, et rien d’autre », en oubliant un peu l’intérêt du pays.

> L’échec du parlementarisme, c’est la dissolution. On a réussi à travailler sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale. C’est une réussite du parlementarisme. Dissoudre, c’est six semaines d’élections. On ne règle pas les problèmes de fond, et on peut se retrouver dans la même situation de déséquilibre politique. Qu’est-ce que ça change ? Rien.

> [Crise agricole] Elle démarre sur une crise sanitaire. Il n’y a pas que ça, à mon avis, dans la crise agricole. Cette crise sanitaire nécessite de prendre des mesures qui sont des mesures extrêmement violentes pour les éleveurs qui sont concernés. La vérité m’oblige à dire que ce ne sont pas des mesures qui sont nouvelles. C’est une stratégie scientifique étayée dans de nombreux pays, qui montre plutôt ses effets. En tout cas, c’est la moins mauvaise des solutions. Mais nous sommes dans une société qui est très fracturée. Certains se servent de ça pour manier les théories du complot et inventer des problèmes qui n’en sont pas. Et il faut écouter la parole d’agriculteurs qui disent : « Je n’ai pas envie de voir mon troupeau abattu totalement. » Et donc, progressivement, la vaccination gagnant, peut-être que ça pourra faire évoluer le protocole sanitaire, mais nous sommes face à des contraintes. La ministre, comme tous les ministres de l’Agriculture qui ont été contraints à ce type de mesure, essaie de trouver un point d’équilibre entre ce que sont les nécessités sanitaires, les nécessités économiques et l’attention qu’il faut porter aux éleveurs, parce que c’est vrai que, pour un éleveur, perdre en vingt-quatre heures l’ensemble de son troupeau, c’est un drame. Ils ont raison quand ils disent qu’il faut essayer autre chose, c’est-à-dire isoler les bêtes touchées. Il ne faut jamais être fermé à la discussion. Ce n’est pas parce que c’est une urgence qu’on fait n’importe quoi. C’est une maladie avec 5 à 10 % de mortalité. Si toute la France était contaminée, c’est entre 900 000 et 1,5 million de bovins qui meurent. Donc on ne va pas tester pour voir. Il faut qu’on fasse des choses qui soient scientifiquement étayées. On peut regarder des choses nouvelles, mais il faut que ce soit étayé par la science, parce que sinon on est dans quelque chose qui ressemble à l’apprenti sorcier. Un ministre, un responsable public, ne peut pas être un apprenti sorcier. (…)
Il y a une émotion qui est très forte et je pense qu’il faut essayer de trouver les mots pour dire qu’on entend vraiment et qu’on écoute vraiment. On a essayé, moi quand j’avais eu l’affaire de la grippe aviaire, avec d’autres, de regarder s’il y avait des adaptations du protocole qui pouvaient être faites. Mais on ne peut pas en rabattre sur les questions sanitaires, parce que c’est l’intérêt général. Personne ne peut croire que tout ça est fait pour embêter les éleveurs. Personne ne peut croire que c’est fait pour autre chose que pour sauver les filières. On peut ne pas être d’accord, mais de grâce, ne nous faisons pas des procès en mauvaise foi. Les agriculteurs sont de bonne foi. (…)
Ils sont assez adultes pour ne pas être manipulés, me semble-t-il. Certains essaient de les manipuler, oui. Certains essaient de jouer. On voit bien que les extrêmes, par nature, et d’ailleurs dans une forme de collusion, quand on entend La France insoumise et le Rassemblement national à l’Assemblée nationale, on voit bien que, dès qu’il y a une crise, ils essaient de s’en saisir pour s’emparer de la misère du monde et en faire un objet politique. Il suffit de les voir à l’Assemblée nationale, venir avec leurs écharpes, les mêmes à La France insoumise qui empêchent, tous les matins, dès qu’on essaie de lever un certain nombre d’entraves et de contraintes, tous les textes qu’on essaie de faire voter à l’Assemblée nationale. On ne peut pas avoir un double discours. On ne peut pas dire « je défends les agriculteurs » et laisser à ce point un certain nombre d’entraves vis-à-vis de ce que sont leurs métiers et leurs contingences.

> [Mercosur] Le président de la République a fixé un certain nombre de conditions. On ne peut pas à la fois dire qu’il faut des conditions de réciprocité, des clauses de sauvegarde, c’est-à-dire que si ça déséquilibre les marchés, on stoppe les importations, et, si on les obtient, dire de toute façon qu’on ne signera pas. Par ailleurs, les accords commerciaux, il y a vingt-sept pays membres. Il faut une minorité de blocage. Si le président de la République n’avait pas trouvé cette minorité de blocage depuis des années, le Mercosur serait déjà signé. Par ailleurs, on a besoin d’échanger. Ça fait vingt-cinq ans que ça dure. (…)
C’est le problème de ces accords, et en particulier du Mercosur. Ce sont des accords dont la négociation a commencé il y a vingt-cinq ans. Entre-temps, il s’est passé beaucoup de choses. Personne n’est au courant, puis tout d’un coup le périscope sort et on dit : « Eurêka, on a trouvé un accord. » Il y a un problème de méthode. Mais dès lors qu’on obtiendrait un certain nombre de choses, la question se posera. Et par ailleurs, on peut être tout seul contre, ça ne change rien dans l’espace européen. Il vaut mieux dire la vérité. Le problème de fond de l’agriculture, c’est un problème de compétitivité : accès à l’eau, charges, contrats."

 

Maud Petit (députée)
> [Mayotte / Intervention à l’Assemblée] Il y a un an, le cyclone Chido frappait Mayotte avec une violence inédite. Son bilan est le suivant : des dizaines de vies perdues, 17 000 logements endommagés, plus de 4 000 familles déplacées, des écoles, des routes, des exploitations agricoles ravagées et près de 60 % des réseaux électriques et hydrauliques touchés. Actuellement, nos amis mahorais sont dans l’obscurité.
Un an après, chacun, à Mayotte, vit encore avec les traces de cette catastrophe. L’État a réagi vite, avec la mobilisation de la Sécurité civile, des fonds d’urgence et de premières enveloppes votées dans les lois d’urgence et de reconstruction adoptées en 2025. Malheureusement, seule une partie des 420 millions d’euros annoncés a été effectivement engagée ou décaissée. Plus de 2 000 dossiers d’indemnisation sont en attente et l’accès à l’eau reste instable dans six communes. À cette lenteur administrative s’ajoute désormais un contexte institutionnel et financier particulièrement préoccupant puisqu’à ce jour, aucun budget de l’État n’est adopté.
Le recours à une loi spéciale a des conséquences pour l’éducation de nos enfants, les hôpitaux, les agriculteurs, les commerçants, les collectivités, etc. C’est d’autant plus le cas aussi pour Mayotte que, pour l’archipel, 2026 n’est pas une année comme les autres. En effet, pour la première fois, il faudra y financer deux budgets distincts : celui du département et celui de la nouvelle région de Mayotte, dont la création, désormais actée, est attendue par la population. Cette évolution institutionnelle majeure exige des crédits clairs, sanctuarisés et anticipés, notamment pour la reconstruction post-Chido, la remise à niveau des infrastructures et la relance économique.
Mayotte ne peut ni ne doit être victime d’un gel budgétaire national. Elle a besoin de visibilité, de continuité et d’un engagement ferme de l’État.

 

Jean-Paul Mattei (député)
> [Budget: loi spéciale / Intervention à l’Assemblée] Permettez-moi d’exprimer mon regret quant à l’issue de la CMP. Si le manque de temps a joué, il est difficile de ne pas y voir une occasion manquée : un accord aurait pu émerger si nos collègues sénateurs avaient fait preuve d’une volonté plus affirmée en ce sens. Nous aurions aimé les rencontrer de manière informelle avant la réunion de la commission mais cela n’a malheureusement pas été possible.
Avec un accroissement de 12 milliards du déficit public, la copie du Sénat marquait un coup d’arrêt au rétablissement de nos finances publiques –
 en dépit des discours tenus antérieurement à ce sujet. Il était évident que ce texte devait être profondément révisé en reprenant certains compromis noués ici, à lAssemblée. Notre débat, riche, avait porté sur certains sujets que vient d’évoquer le président de la commission des finances  davantage de justice fiscale –, mais aussi sur une responsabilité réelle dans la maîtrise des dépenses.
Après l’échec de la CMP, la loi spéciale s’impose pour garantir le fonctionnement de l’État, compte tenu de l’échéance impérative du 31 décembre. Rappelons-le clairement : cette loi spéciale est un pis-aller. Elle immobilisera une nouvelle fois le pays pour plusieurs semaines, alors même que le monde qui nous entoure évolue à toute vitesse, parfois de manière inquiétante. Nous avons urgemment besoin d’un budget non seulement pour renforcer notre sécurité, intérieure et extérieure –
 sur la défense et sur la lutte contre le narcotrafic, nous avons su trouver un consensus lors des derniers débats –, mais aussi pour investir, innover et préparer l’avenir.
Si les blocages devaient persister malgré l’urgence, le groupe Les Démocrates réaffirme que le recours au 49.3 serait indispensable. Les conséquences d’une absence prolongée de budget seraient trop lourdes pour notre économie, nos services publics et nos concitoyens.
Dans quelques jours, nous devrons reprendre le travail pour bâtir un budget ambitieux et pragmatique. Je souhaite évoquer quelques priorités dans cette perspective. Naturellement, je ne partage pas l’analyse du président de la commission des finances sur le pacte Dutreil. On peut très bien ne pas partager complètement les conclusions du rapport que la Cour des comptes a consacré à ce sujet. Le pacte Dutreil est un outil très important pour la souveraineté des entreprises françaises.
Premièrement, nous devons nous appuyer sur la copie initiale du gouvernement, base solide et équilibrée qui comporte des mesures de justice fiscale, notamment la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR), la contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises et le dispositif relatif aux holdings patrimoniales –
 prévu à larticle 3 du projet de loi de finances, ce dispositif a été complètement dénaturé ; jaimerais que lon puisse le rétablir.
Deuxi
èmement, nous devons poursuivre l’effort de réduction des dépenses, en assumant des priorités claires. Il s’agit de ramener le déficit sensiblement au-dessous des 5 % du PIB, pas seulement de frôler ce seuil – je rappelle que la copie initiale du gouvernement prévoyait un déficit de 4,7 %. Notre devoir de responsabilité consiste à la fois à aller chercher des recettes complémentaires, mais avec mesure, et à examiner certaines dépenses pour les contrôler.
En tout cas, ce budget doit comporter un message clair de justice pour que les efforts demandés soient compris et acceptés par l’ensemble de nos concitoyens.
Adopter une loi spéciale est un impératif immédiat ; construire un budget à la hauteur des attentes des Français en est un autre. C’est en poursuivant le dialogue engagé que nous pourrons y parvenir.
Je suis certain que, si toutes les personnes de bonne volonté se remettent au travail après Noël, nous parviendrons à un compromis début janvier et pourrons ainsi, en responsabilité, donner un budget à notre pays.

 

● Parti radical
Nathalie Delattre (présidente)
> Le Sénat examine aujourd’hui une loi spéciale pour garantir la continuité de l’État. Dès janvier, nous devrons bâtir un budget responsable : maîtriser la dépense tout en protégeant nos secteurs vitaux. Le compromis est indispensable pour la stabilité de la France.

 

► Autres 
● Commission européenne
Stéphane Séjourné (Vice-président exécutif à la Prospérité et à la Stratégie industrielle)

> Mon prédécesseur Thierry Breton a agi pour l’intérêt général européen, fidèle au mandat donné par les électeurs en 2019. Aucune sanction ne fera taire la souveraineté des peuples européens. Solidarité totale avec lui et tous les Européens concernés.

 

● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Valérie Hayer (députée, présidente) 

> [Relations avec la Commission européenne en 2025] J'ai voulu rappeler à Ursula von der Leyen que nous partageons ses priorités politiques, mais que l'agenda n'avançait pas assez vite. Nous adhérons aux grandes ambitions sur la transition écologique, la compétitivité ou la défense européenne, mais nous devons accélérer notamment sur le déploiement du Plan Draghi dont une faible part est aujourd’hui mise en œuvre. Le message central que je lui adresse est double : accélérer et faire véritablement vivre une majorité pro‑européenne au Parlement, en s’impliquant davantage auprès des groupes politiques qui soutiennent le projet européen au quotidien.  (…)
Être exigeant avec la Commission, c’est lui rappeler le mandat qui lui a été confié par une majorité pro‑européenne. Nous avons voté pour Ursula von der Leyen sur la base d’engagements précis : si ces engagements tardent, c’est notre responsabilité de le dire, sans pour autant basculer dans une opposition systématique qui serait stérile. Nous attendons qu’elle assume davantage de leadership politique, qu’elle s’ancre clairement dans une majorité pro‑européenne et qu’elle cesse de laisser ouverte l’option d’alliances avec l’extrême droite, qui affaiblissent le projet européen au lieu de le renforcer. L’agenda positif arrive trop lentement, ce qui crée de la frustration chez les députés pro‑européens

> [Parlement européen] C’est la grande nouveauté de ce mandat. Auparavant, nous avions deux majorités possibles, vers la gauche ou vers la droite, mais toujours pro‑européennes ; aujourd’hui, il existe une majorité pro‑européenne et une majorité droite–extrême droite, déjà vue à l’œuvre sur certains textes emblématiques, et c’est un profond changement de nature. Le PPE  a assumé, à plusieurs reprises, préférer travailler avec l’extrême droite, ce qui le transforme en marchepied de la stratégie de normalisation des partis populistes et met en danger la capacité du Parlement à défendre une vision ambitieuse de l’intégration européenne.  (…)
Cette instabilité brouille effectivement le message envoyé aux Européens. Quand la droite traditionnelle se met à voter avec l’extrême droite sur des textes structurants, pour l'adoption du premier paquet législatif Omnibus, elle donne le sentiment que le socle pro‑européen se fissure, alors que l’Union a précisément besoin de clarté et de cohérence dans un contexte international extrêmement tendu. À Renew, nous avons défini une ligne : pas de majorité avec l’extrême droite, ni par opportunisme, ni par calcul à court terme. 

> La ligne de Renew Europe est claire. Nous sommes favorables à la simplification pour soulager les entreprises, mais sans détricoter les textes adoptés, notamment le pacte vert. La transition environnementale est au contraire un élément clé de notre indépendance et un levier de souveraineté, quand on sait que l’Union dépense chaque année 400 milliards d’euros pour importer des hydrocarbures. Accuser le pacte vert de nos difficultés économiques est une erreur : les vrais problèmes, ce sont les prix de l’énergie, le retard sur des réformes comme l’Union des marchés de capitaux, le vingt-huitième régime, la préférence européenne… Des législations et modèles que nous aurions dû adopter il y a dix ans !

> Mario Draghi, lui-même, a lié la décarbonation aux enjeux de compétitivité. Mais au Parlement européen, je vois effectivement une forme de radicalisation des positions, de trumpisation à l'européenne avec une obsession sur les questions migratoires et la volonté débridée d'effacer le Pacte vert ! Alors, je le redis au PPE qui, je l'espère, est encore un groupe pro-européen : le pacte vert, contrairement à ce que certains prétendent, n'est en aucun cas la raison de nos difficultés économiques.

> [Orientations pour le prochain cadre financier pluriannuel (CFP) post 2027] Il y a des avancées importantes que nous saluons : le soutien à l’Ukraine, la montée en puissance de la défense, un fonds pour la compétitivité notamment porté par Stéphane Séjourné, le mécanisme de conditionnalité et des progrès sur les ressources propres. Mais le compte n'y est pas ! Le montant global n’est pas à la hauteur des défis et l’architecture proposée soulève des inquiétudes, notamment le risque de renationalisation de certaines politiques comme la PAC ou la Politique de cohésion, qui concernent 44% du budget, et le risque de concurrence entre fonds qui devraient au contraire être complémentaires. Cette proposition de la Commission constitue le début d'un long processus de négociation. Renew Europe sera dans une logique constructive, mais nous serons vigilants pour adopter un budget pluriannuel adapté aux enjeux. (…)
Si nous voulons exister à la mesure de nos ambitions, il faut plus d’argent public et un budget pluriannuel beaucoup plus solide. Alors que l’agenda Draghi doit permettre de mobiliser l’investissement privé, le Parlement est favorable à un effort budgétaire massif, à la hauteur des centaines de milliards d’euros nécessaires d’ici 2030 pour financer la décarbonation, l’innovation et la défense. C’est pourquoi nous ferons des ressources propres une condition sine qua non de notre accord sur le futur budget, afin de dépasser les blocages des contributions nationales et donner à l’UE de véritables moyens autonomes, comme cela avait déjà été esquissé avec le plan de relance post‑Covid.

> Les États doivent admettre que leur contribution au budget européen est un investissement, pas un coût ! C'est assumé par la France. La contribution française permet des économies d’échelle, des projets qu'elle ne pourrait financer seule et une capacité d’influence accrue. Quand l’extrême droite propose de réduire cette contribution, elle défend en réalité un "Frexit" caché qui affaiblirait la France et l’Union, sans offrir de réponse crédible aux défis de sécurité, de climat ou de compétitivité. Pour avancer, il faut assumer de nouvelles ressources propres – par exemple liées à la taxe carbone aux frontières ou à certains grands acteurs économiques – et rompre avec l’illusion qu’on peut répondre à tous les défis avec un budget quasi inchangé. 

> On en revient toujours à l’agenda Draghi : retrouver de la compétitivité, créer des emplois en Europe et faire émerger des entreprises et technologies dont le reste du monde ne pourra se passer. Cela suppose de soutenir l’innovation, de sécuriser l’accès aux matières premières critiques, de bâtir des partenariats stratégiques sur plusieurs continents et d’assumer le rapport de force, y compris avec nos partenaires, pour ne plus être dépendants sur les plans économique et sécuritaire. Plus l’Europe sera indispensable dans certaines chaînes de valeur, plus elle pourra peser dans les négociations commerciales et géopolitiques. 

> La présidente de la Commission européenne incarne aujourd’hui l’Europe et elle doit assumer un leadership clair, notamment dans ses interactions avec nos rivaux et partenaires extra-européens. Quand elle porte des initiatives comme SAFE, EDIP ou un plan d’investissement ambitieux, elle montre la voie de cette Europe puissance qui assume son autonomie stratégique sans renier ses valeurs fondatrices. Cette incarnation doit toutefois s’appuyer sur une majorité claire au Parlement européen et sur des États membres prêts à suivre, sans quoi le discours reste sans traduction concrète. La séquence de l'été face à Donald Trump, avec la signature d'un deal asymétrique, m'a conforté dans cette idée. Ce que je demande à Ursula von der Leyen, c'est du leadership.

> Nous devons retrouver une capacité d'initiative pour répondre aux défis qui sont les nôtres et accélérer sur l'agenda d'autonomie.

> Il faut renforcer la jambe européenne au sein de l’OTAN et non pas se placer en confrontation. L’objectif est de bâtir une défense européenne autonome, capable de garantir notre sécurité si certains partenaires nous lâchent. Mais il faut rester dans un cadre de partenariat et de coalition, comme celle initiée par Emmanuel Macron pour soutenir l’Ukraine avec la Coalition des volontaires. Des partenariats, oui ; la dépendance stratégique, non ! Nous devons créer les conditions d'une indépendance pour notre sécurité militaire.

> Donald Trump mène une guerre culturelle contre notre modèle, en lien avec des acteurs comme Elon Musk, et se montre extrêmement agressif sur la compétitivité et le commerce. Cela doit pousser l’Europe à ne plus se reposer sur le "parrain américain", à anticiper le pire – y compris un retrait partiel des États-Unis – et à accélérer la construction de sa propre défense et de sa propre puissance économique. Les crises récentes nous ont brutalement rappelé que nous devons penser non seulement au meilleur scénario, mais aussi au pire, et préparer l’Union à ces chocs.

> Pour nous, Européens, la défense est un point de fragilité vis-à-vis des États-Unis. Pourquoi avons-nous signé un deal réellement asymétrique sur les droits de douane ? Parce que nous devions avoir la garantie que les États-Unis resteraient à nos côtés pour soutenir l'Ukraine. Si nous étions plus forts en termes de défense européenne, très probablement que ce deal serait meilleur. En tout cas, le contexte de négociation aurait été différent.
Parallèlement, l’accélération de la défense européenne est indispensable pour dissuader la menace russe et offrir des garanties de sécurité durables à l'Ukraine, y compris après un éventuel cessez‑le‑feu ou l'engagement d'un processus de paix. 

> L’élargissement n’est plus seulement un projet d’extension du marché unique, c’est devenu un instrument d’influence géopolitique pour rassembler des pays partageant notre modèle démocratique. La condition reste un élargissement sur la base du mérite – respect de l’État de droit et critères économiques – et, de notre côté, une réforme de la gouvernance pour rester efficaces à plus de 30 États, notamment en limitant les vétos paralysants qui bloquent parfois des décisions vitales. L'élargissement est aussi une manière de contrecarrer les influences russes ou chinoises dans notre voisinage.

> La fragmentation et la polarisation se retrouvent au Parlement européen comme dans de nombreux parlements nationaux. Face à cette guerre culturelle menée par l’extrême droite, en lien avec Donald Trump et le réseau MAGA ou Vladimir Poutine, tous les pro‑européens – du PPE aux socialistes en passant par les centristes – doivent apprendre à travailler ensemble sur l’essentiel plutôt que de se diviser sur l’accessoire. Cela plaide, selon moi, pour un véritable saut fédéral : renforcer le projet européen est la condition pour stabiliser nos démocraties, restaurer la compétitivité et ramener la prospérité sur le continent.
Les crises ont confirmé que les intuitions sur l’autonomie stratégique, le pacte vert ou l’importance d’un budget européen ambitieux étaient justes, mais elles ont aussi mis en lumière l’inertie de notre système décisionnel, d’où l’urgence de le réformer pour agir plus vite et plus fort.

 > Solidarité totale avec le Danemark et le Groenland suite à la nomination d'un envoyé spécial américain. Le Groenland appartient à son peuple. L'intégrité territoriale et la souveraineté doivent être pleinement respectées en vertu du droit international.

 

Christophe Grudler (député)
> [Les États-Unis interdisent de visa Thierry Breton et quatre autres Européens] La médiocrité la plus totale de la part des Etats-Unis, et surtout de l’administration Trump… qui n’accepte la liberté de parler (« freedom of speech ») que pour lui-même… et sanctionne ceux qui ne pensent pas comme lui. L’Europe ne lâchera rien.

 

Nathalie Loiseau (députée)
> J’étais en septembre au Groenland, pour découvrir ce territoire étonnant et écouter ceux qui l’habitent. Pas un seul ne souhaite que sa terre passe sous le contrôle des États-Unis. Nous devons nous montrer solidaires de ce peuple et de notre allié le Danemark.

> [Les États-Unis interdisent de visa Thierry Breton et quatre autres Européens] Ne nous y trompons pas : derrière cette mesure, c’est la souveraineté des Européens à décider de leurs lois et à les faire appliquer qui est attaquée. Il est temps que la Commission européenne avance sur les résultats des enquêtes concernant d’autres violations possibles du DSA.

 

Sandro Gozi (député)
> [Les États-Unis interdisent de visa Thierry Breton et quatre autres Européens] La décision de Rubio de déclarer Thierry Breton persona non grata est inacceptable, c’est de l’intimidation politique pure. S’attaquer à ceux qui défendent nos règles c’est s’attaquer à notre souveraineté. L’Europe ne se laissera pas intimider.

 

● Personnalités centristes
Clément Beaune (haut-commissaire au Plan)

> Pendant longtemps, les élites ont été dans le déni, considérant que l’extrême droite n’accéderait jamais au pouvoir en France. On est passé du déni à la résignation. Puis, de la résignation à la complaisance.

> [Les États-Unis interdisent de visa Thierry Breton et quatre autres Européens] Souveraineté, liberté, réciprocité ! L’Europe ne peut être vassale.

 

Sarah El Hairy (haut-commissaire à l’Enfance)
> « Les entreprises doivent mener la prochaine révolution parentale »
Partout dans le monde, la baisse de la natalité sonne comme une alarme silencieuse. La France n’y échappe pas : nous enregistrons aujourd’hui le plus faible nombre de naissances depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais derrière ces chiffres se cache une question bien plus profonde que les équilibres démographiques ou le financement de la protection sociale : celle de la place que nos sociétés, et en particulier nos entreprises, accordent encore aux familles.
Nous parlons sans cesse d’«équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle». Mais soyons lucides : nous parlons beaucoup moins d’équilibre entre vie professionnelle et vie parentale.
La parentalité reste le grand angle mort des politiques de ressources humaines. C’est la seule responsabilité à temps plein que l’on s’imagine pouvoir gérer… en marge d’une journée de travail.
Cela doit changer. Et cela doit changer maintenant.
En tant que haute-commissaire à l’Enfance, j’appelle les employeurs, publics comme privés, des grands groupes internationaux aux petites entreprises locales, à reconnaître que soutenir les parents n’est pas un avantage accessoire. C’est une responsabilité stratégique. La parentalité n’est pas un frein à la productivité : elle est au cœur de notre avenir collectif.
De grandes entreprises engagées sur le sujet en France ont compris qu’en soutenant les parents, elles n’offrent pas un « plus » : elles investissent intelligemment. Elles attirent les talents. Elles les fidélisent. Elles créent des environnements où l’on n’a plus à choisir entre son enfant et sa carrière. Certaines offrent la possibilité d’aménager son temps de travail ou accompagnent le retour de congé de maternité, de paternité ou d’adoption. D’autres encore accordent des jours particuliers pour être auprès de son enfant ou proposent des temps d‘information sur des sujets tels que les besoins du jeune enfant ou les dangers des réseaux sociaux pour les adolescents.
Trop souvent encore, les parents cherchent à être des employés exemplaires comme s’ils n’avaient pas d’enfants, et des parents exemplaires comme s’ils n’avaient pas de travail.
Ce modèle n’est pas seulement irréaliste. Il est destructeur.
D’une part, car les politiques favorables aux parents influencent directement la natalité. Mais aussi, car elles influencent la santé mentale, l’innovation et l’égalité femmes-hommes. Dans le secteur privé, on sait que les femmes gagnent encore en moyenne 22% de moins que les hommes, qu’elles exercent plus souvent à temps partiel et dans des métiers moins bien rémunérés. Une société qui décourage la parentalité est une société qui s’épuise elle-même.
C’est pourquoi j’adresse ce message aux dirigeants, en France comme ailleurs :
Votre politique de parentalité est une politique publique.
Vos choix RH façonnent le monde dans lequel grandira la prochaine génération.
Vous n’êtes pas des acteurs secondaires, vous êtes des alliés décisifs.
Imaginons un monde où :
- la flexibilité n’est plus un privilège mais une évidence ;
- les solutions de garde font partie de la stratégie de rémunération ;
- le congé parental est accessible, encouragé, et sans impact sur la trajectoire professionnelle.
- les moments clés de l’enfance ne sont plus des problèmes logistiques, mais des temps reconnus et partagés ;
- les pères sont pleinement soutenus dans leur rôle, et non jugés lorsqu’ils le prennent au sérieux.
Soutenir les parents, ce n’est pas abaisser nos exigences. C’est élever notre vision.
Nous sommes à un carrefour. Certains continueront de commenter la baisse de la natalité comme un simple indicateur statistique. Je crois, au contraire, que c’est un révélateur. Celui de notre capacité, ou non, à faire société.
L’avenir des enfants n’est pas une affaire privée. Il est un projet commun.
Et les entreprises doivent être au premier rang de cette nouvelle révolution parentale.