Pour ceux qui étaient encore sceptiques sur les intentions de Trump à propos de l’Europe, le document rendu public hier par son gouvernement devrait définitivement lever leurs doutes.
Quant aux pro-Trump, ils seront ravis de son soutien.
Ainsi, la mise à jour annuelle de la stratégie de sécurité nationale des États-Unis à travers le monde qui vient d’être publiée indique que «notre politique générale pour l'Europe devrait donner la priorité» entre autres «à cultiver la résistance à la trajectoire actuelle de l’Europe au sein des nations européennes».
L’aide à cette «résistance» serait de soutenir encore plus les partis d’extrême-droite.
Ainsi, l’administration Trump se réjouit de «l’influence croissante des partis patriotiques européens» qui «est en effet source d’un grand optimisme».
Dans ce document, on assiste à une attaque
directe contre les valeurs de la démocratie européenne:
«Les grands défis auxquels l'Europe est confrontée incluent les activités de
l'Union européenne et d'autres instances transnationales qui sapent la liberté
politique et la souveraineté, les politiques migratoires qui transforment le
continent et engendrent des conflits, la censure de la liberté d'expression et
la répression de l'opposition politique, l'effondrement des taux de natalité et
la perte des identités nationales et de la confiance en soi.
Si les tendances actuelles se poursuivent, le continent sera méconnaissable
d'ici 20 ans, voire moins.
Dès lors, il est loin d'être évident que certains pays européens disposeront
d'économies et de forces armées suffisamment robustes pour demeurer des alliés
fiables. Nombre de ces nations persistent actuellement dans cette voie. Nous
souhaitons que l'Europe demeure européenne, qu'elle retrouve sa confiance
civilisationnelle et qu'elle abandonne son approche inefficace d'étouffement
réglementaire.»
Au-delà d’une phraséologie emphatique et marquée idéologiquement par un populisme et un extrémisme évident, ce document validé par Trump qui en signe l’éditorial est évidemment une ingérence inacceptable dans les affaires des pays européens et plus particulièrement ceux de l’Union européenne.
Il n’est guère une surprise sachant que les principaux alliés européens de Trump sont l’autocrate hongrois Orban et le nationaliste d’extrême-droite britannique Farage sans oublier la droitière radicale italienne Meloni et qu’il a déjà soutenu l’extrémiste populiste de droite Le Pen et son compère néerlandais Wilders.
Et bien sûr les dirigeants du parti néo-nazi allemand, AfD.
Trump avec ce document, officialise donc son combat contre la démocratie européenne.
Et il a suscité de nombreuses réactions comme
celle de la présidente de Renew Europe, Valérie Hayer:
«La Maison Blanche vient de publier un document sur sa nouvelle Stratégie de
sécurité nationale. La section consacrée à l’Europe est d'une rare hostilité,
parlant entre autres "d'effacement civilisationnel", "remise en
cause de la liberté d’expression", "perte des identités
nationales". Ce document est inacceptable et dangereux. L'administration
Trump n'a pas à se mêler de nos politiques intérieures. Elle n’a pas à remettre
en cause ce qui fait l’Union européenne, ses valeurs, ses choix démocratiques.
Elle n’a pas à tenter d’importer sur notre territoire la vision xénophobe et
ultra-conservatrice des réseaux MAGA. Non, nous ne renoncerons pas à notre
modèle de liberté d’expression. Nous ne renoncerons pas à la protection de nos
enfants sur les réseaux sociaux. Nous ne renoncerons pas à notre souveraineté
réglementaire. Les relations transatlantiques demeurent cruciales, mais avec
tous ceux qui respectent l'UE. Car cette nouvelle Stratégie est une
confirmation : cette administration Trump est un ennemi de l’Europe. Nous
devons cesser de nous comporter en ami avec elle. Alors, avançons dans
l'autonomie stratégique de l'Union européenne ! Accélérons sur la compétitivité
et la défense européenne, mettons fin à toutes nos dépendances ! Nous sommes
les seuls maîtres de notre destin.»
Quant au président du parti centriste italien
Azione, Carlo Calenda, il estime:
«Le contenu du document de directives
stratégiques américaines, la ‘Stratégie de sécurité nationale’, indique
clairement que les Américains considèrent l'Europe comme un adversaire
politique, susceptible d'être influencé par des partis souverainistes, étranglé
économiquement et contraint de se soumettre à Moscou.
Le retrait de l'OTAN est désormais officiel. Trump a mis l'Europe en grand
danger, ce qui permet à la Russie de mener des attaques de plus en plus
ouvertes contre les pays européens.
Il est nécessaire de répondre aux Américains par un sommet des principaux pays
européens qui rejette leurs accusations d'ingérence, élabore un plan pour
reprendre le contrôle des structures de commandement et de contrôle de l'OTAN
et réagisse fermement à toute action économique hostile.»
Au-delà de ces indignations qui se sont succédées depuis la publication du document, il serait bon que cette démocratie s’apprête à livrer bataille et pas simplement pat les mots.
[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]

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