jeudi 12 mai 2016

Actualités du Centre. Brésil: Le centriste Temer remplace Rousseff à la présidence

Dilma Rousseff & Michel Temer
Or donc, après la Chambre basse, celle des députés (par 348 votes sur 481), le 18 avril dernier, c’est le Sénat par une large majorité (53 voix contre 22) qui vient de voter la mise en place d’une procédure de destitution de la présidente du Brésil, Dilma Rousseff.
Dans un premier temps, elle va être écartée du pouvoir, «suspendue» pendant 180 jours en attendant son procès, remplacée, en intérim, par le vice-président, le centriste Michel Temer, 75 ans, membre du PMDB (Partido do movimento democrático brasileiro ou Parti du mouvement démocratique brésilien).
Celui-ci est un parti politique «attrape-tout» situé au centre de l’échiquier politique mais regroupant des courants allant de la gauche radicale à la droite conservatrice.
Le PMDB est le principal parti en termes d’élus (69 sur 513 à la Chambre des députés et 18 sur 81 au Sénat dans un paysage politique extrêmement morcelé avec 28 partis représentés à la Chambre des députés et 14 au Sénat…).
Principal parti de la coalition gouvernementale formée par la présidente Dilma Rousseff (membre du Parti des travailleurs, regroupant des courants de gauche et de centre-gauche), le PMDB a rompu celle-ci ainsi que son soutient à la chef de l’Etat, accusée de détournement de fonds publics et dont une grande partie du pays demande la démission (60% selon le dernier sondage en date).
Cette décision avait été précipitée par la nomination de Lula, l’ancien président de la république et mentor de Rousseff par celle-ci comme son conseiller afin de lui éviter des poursuites judiciaires, lui aussi étant accusé de malversations, en l’occurrence d’avoir reçu des pots de vin, notamment de la firme pétrolière publique, Pétrobras.
Pour certains experts du Brésil, cette procédure peut être une chance pour assainir le monde politique où la corruption est très largement installée.
D’ailleurs, Temer est, lui aussi, sous la menace de poursuites.
Néanmoins le problème principal du pays, c’est bien évidemment sa dégringolade économique qui avait déjà commencée avant la chute des matières premières, notamment du pétrole, mais que cette dernière a beaucoup aggravée.
Le Brésil n’est plus ce pays qui cristallisait tant d’espérances en Amérique latine, à qui l’on avait donné, coup sur coup, l’organisation de la Coupe du monde de football (2014) et celle des Jeux Olympiques (qui auront lieu cet été), membre du fameux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), ce club des pays émergents qui faisaient envie à toute la planète voici encore trois ans.
C’est donc à une profonde dépression qui frappe le pays que Michel Temer et sa nouvelle équipe gouvernementale vont devoir s’attaquer sans délai.
Si les milieux d’affaires et industriels ainsi que financiers placent nombre d’espoirs dans les décisions futures, le pays, lui, est plus circonspect, notamment sur le nouveau président qui n’obtient que 3% des intentions de vote dans les sondages en cas de présidentielle avancée, réclamée majoritairement par les Brésiliens, la prochaine échéance ne devant avoir lieu qu’en 2018.
Si Rousseff est destituée et si de nouvelles élections ne sont pas organisées dans la foulée, Temer pourrait donc être le président du Brésil pour les deux prochaines années.



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