vendredi 17 janvier 2020

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Honneur et déshonneur de la démocratie américaine

Alors que de nouvelles preuves sur les agissements criminels de Trump et de ses séides sont dévoilées dans l’affaire ukrainienne qui vaut au président des Etats-Unis d’être la cible d’une procédure d’«impeachment» (destitution), la Chambre des représentants vient de transmettre au Sénat les articles de sa mise en accusation dans cette affaire pour un procès devant la chambre haute du Congrès qui devrait commencer mardi prochain.
On a, ici, tout ce qui fait le déshonneur et l’honneur de la politique étatsunienne, permettre à un personnage tel que Trump d’accéder à la présidence et avoir le mécanisme pour pouvoir le destituer pour sa conduite scandaleuse à la tête du pays.
On est ainsi partagé entre un sentiment de fierté face à ce mécanisme démocratique de la destitution et la honte éprouvée que la plus vieille démocratie du monde ait pu mettre à sa tête un voyou, qui plus est, a perdu le vote populaire par près de trois millions de bulletins.
Si la fierté est de mise lorsque l’on voit ce cérémonial solennel au cours duquel la Chambre des représentants passe le flambeau de la procédure au Sénat, la honte nous reprend lorsque l’on sait que la majorité républicaine de ce dernier a déjà décidé d’acquitter Trump par simple esprit partisan tout en sachant qu’il est coupable.
Mais ce qui nous touche également c’est de voir comment une démocratie peut-être prise en otage par un populiste démagogue malhonnête avec tant de facilité alors que montent partout dans le monde ces mouvements de foules qui veulent détruire la démocratie représentative.
Les partisans de Trump n’ont ainsi rien à faire de la démocratie républicaine et s’assoient sans la moindre difficulté sur ses valeurs, ses principes et ses règles.
Il suffit d’assister aux meetings du président pour s’apercevoir que le mal est d’une grande profondeur.
Pour ceux que ça intéresse, un des sujets récurrents de ceux-ci – à part les insultes contre les démocrates – concernent les toilettes avec cette réflexion philosophique sur le nombre de fois que l’on doit tirer la chaîne (et si l’on a bien compris, pour lui, il s’agit de douze à quinze fois par jour)…
Et le plus inquiétant n’est pas le dérangement mental de Trump mais bien les applaudissements nourris que ces propos suscitent chez ses fans!
Bien sûr, on se dit qu’il n’a jamais été majoritaire dans le pays et qu’il ne le sera jamais.
C’est une mince consolation si l’on sait que le système électoral américain à deux étapes (vote populaire pour des grands électeurs qui élisent le président) dont il a bénéficié en 2016 pourrait une nouvelle fois lui donner la victoire en novembre prochain.
Le seul espoir est qu’un candidat centriste comme Joe Biden ou Michael Bloomberg, voire Pete Buttigieg ou Amy Klobuchar, l’empêche de décrocher un second mandat.
Parce que si tel n’est pas le cas, c’est bien nous qui pourrions tirer la chaîne quinze fois par jour pour évacuer les restes de la démocratie républicaine mélangées avec notre dégoût.


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