lundi 9 juillet 2018

Une Semaine en Centrisme. Les «moments Obama» de Macron

Emmanuel Macron & Barack Obama
Barack Obama n’a pas été l’icône adulée par les Américains pendant les huit années de sa présidence que certains présentent parfois en France et dans le monde.
Sa popularité et sa couverture médiatique de 2009 à 2016 emprunte plus des montagnes russes que du long fleuve tranquille!
Et après une «Obamania» totalement délirante lors de la campagne présidentielle de 2007-2008 puis pendant les six premiers mois de sa présidence, est venu un «Obama bashing» tout aussi délirant.
De ce point de vue, la présidence d’Emmanuel Macron ressemble à celle du président américain, même si le président français a suscité une moindre adulation notamment dans les médias.
Si l’on peut faire ce rapprochement qui ne vaut évidemment pas totale similitude, c’est aussi parce que les thèmes et les programmes des deux hommes ainsi que leurs positionnements politiques ont beaucoup de choses en commun.
De même que les reproches qui leur ont été fait par la «machine» politico-médiatique et une partie de la population.
Voilà donc deux hommes qui se présentent à une élection présidentielle avec pour thèmes la réforme et le changement qu’ils prennent soin d’incarner directement en utilisant, en particulier, leur parcours brillant (académique et professionnel) et leur jeunesse ainsi que le fait de ne pas faire partie du marécage politicien.
Une stratégie qui marche à 100% puisqu’ils sont élus même si, et Obama, et Macron, ne bénéficient pas d’un raz-de-marée, loin de là.
En revanche, ils bénéficient chacun de circonstances très favorables (le rejet populaire des présidents en place, Bush et Hollande, l’incurie de leurs adversaires, McCain d’un côté, Fillon, Mélenchon et Le Pen de l’autre et une situation économique et sociale difficile qui leur permet de se présenter en recours).
Leurs élections respectives sont une divine surprise mais aussi pour tous ceux qui ne sont pas vraiment des fans, une sorte de sidération avec une nouvelle donne dans laquelle on ne sait plus très bien se situer.
Pour autant, et cela vaut à la fois pour Obama et pour Macron, la fameuse «machine» politico-médiatique va vite se remettre en route et va monter en puissance afin de faire une critique systématique de tout et n’importe quoi, c’est-à-dire de monter en épingle tout acte, tout fait, toute décision, tout comportement, comme s’il fallait au plus vite désacraliser les deux hommes.
Ce genre de bombardement ininterrompu marche toujours auprès d’une partie de la population, même parmi ceux qui ont voté pour les personnes en question, parce que le pouvoir et ceux qui l’exercent sont une cible appréciée pour ses tendances populistes, sa vision démagogique et sa jalousie de ceux «d’en haut», un exutoire au quotidien et aux difficultés qu’il suscite.
Dès lors, l’emballement n’est plus maîtrisable ou, en tout cas, très difficilement par ceux qui en sont victimes.
Barack Obama, bien que réélu en 2012 et bénéficiant au moment de son départ de la Maison blanche d’une popularité élevée, n’a pas réussi puisqu’après deux ans où il a pu faire passer ses réformes (notamment celle de l’assurance-santé), il a perdu la majorité à la Chambre des représentants puis au Sénat et les démocrates ont été souvent laminés lors des élections locales.
De même, les médias ont été particulièrement durs envers lui, sans parler de la haine qui a pu se déverser sur les ondes et les pages de nombre d’entre eux ainsi que sur les réseaux sociaux.
Il n’a jamais réussi à regagner, ne serait-ce même que leur neutralité, et il est certain que l’élection de Donald Trump est aussi une conséquence du comportement des journalistes à son égard (certains ont fait de ce point de vue leur autocritique).
Bien évidemment, Emmanuel Macron n’est pas encore dans cette spirale.
Mais une chose est sûre, en s’imposant sur la scène politico-médiatique où les acteurs bien en place ont ressenti cet avènement comme une sorte d’effraction, ils ont suscité haines et rancœurs tenaces.
Plus, leur positionnement au centre de l’échiquier politique leur ont valu et leur valent les critiques à la fois de la Droite et de la Gauche (et de leurs médias affiliés).
Face à cela, ils n’avaient pas et n’ont pas à leur disposition un parti structuré de longue date dédié à leur positionnement politique (Obama n’a pu transformer le Parti démocrate comme il le souhaitait) et pas de médias, ce qui a rendu et rend leurs tâches particulièrement difficile dans la durée.
Ainsi, il ne suffit pas de réaliser un «coup» politique (leurs élections respectives), il faut pouvoir occuper le terrain partout et tout le temps alors même que l’on est des «outsiders».
Une sorte de quadrature du cercle…
Pour Barack Obama, le combat est terminé, pour Emmanuel Macron il est en cours et le cours des choses qui commence à se dessiner (même s’il est difficile de tirer une conclusion définitive de ce qui se passe actuellement pour le futur) peut encore être inversé.
Cependant, s’il ne parvient pas à inverser cette tendance, il risque, lui aussi, d’avoir une deuxième partie de sa présidence difficile et d’être dans une situation délicate pour un possible deuxième mandat (comme ce fut le cas d’Obama).

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC


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