jeudi 22 juin 2017

Actualités du Centre. Comment l’UDI recrée l’UMP, son épouvantail d’antan!

Thierry Solère
L’Histoire fait toujours de ces drôles de tours dont elle a le secret.
En créant le groupe «Les républicains constructifs, UDI et indépendants», les leaders de la confédération centriste recréent l’UMP qui était pourtant l’épouvantail qu’ils agitaient constamment pour justifier leur existence!
Explications.
En 2002, lors de la création de l’UMP suite à la victoire de Jacques Chirac sur Jean-Marie Le Pen, Alain Juppé est chargé de mettre sur pied une formation politique qui va réunir toute la droite républicaine et centriste.
Beaucoup de membres de l’UDF alors dirigée par François Bayrou se laissent charmer par les sirènes chiraquiennes et entrent à l’UMP avec, en point d’orgue, la nomination à Matignon de l’un d’entre eux, Jean-Pierre Raffarin.
François Bayrou dénonce cette volonté d’un parti unique et garde la voie d’une indépendance du Centre avec une petite partie de ses troupes dont notamment 30 députés.
A l’issue du deuxième tour de la présidentielle de 2007 où Bayrou est arrivé en troisième position au premier, celui-ci refuse de soutenir Nicolas Sarkozy et crée, dans le foulée, un Mouvement démocrate à sa botte (mais l’UDF l’était déjà) qui se veut de centre-gauche, un peu à l’image du Parti démocrate américain, mais aussi un mouvement de citoyens, un peu à l’image de ce qu’est La République en marche actuellement.
Du coup, la grande majorité de ses députés et une partie de ses adhérents quittent l’UDF pour créer le Nouveau Centre qui se définit comme un parti centriste faisant partie de la majorité présidentielle sarkoziste tout en gardant son indépendance, c’est-à-dire en ne rejoignant pas l’UMP.
En 2012, après la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, les centristes du Nouveau Centre en déshérence et en danger de disparition se divisent puis, tous, rejoignent l’UDI – au départ un simple groupe à l’Assemblée nationale – formée par Jean-Louis Borloo qui, avec son Parti radical, avait quitté l’UMP quelques mois auparavant parce que s’y trouvant trop à l’étroit (suite aussi à sa non-nomination comme Premier ministre…).
L’UDI reprend le positionnement de l’UDF en 2002 et du Nouveau Centre en 2007, c’est-à-dire un parti dont l’allié «naturel» est la Droite mais qui veut garder son indépendance «centriste».
Affaiblie par le départ de Borloo et minée de l’intérieur par les querelles picrocholines de personnalités mégalo-narcissiques, l’UDI est devenue, au fil du temps, un simple cartel électoral.
Cependant, la déroute de LR à la présidentielle et la perte de près de la moitié de ses députés ainsi que les haines internes encore plus exacerbées posaient la question même de l’existence de l’UDI.
Si cette interrogation demeure encore, elle a trouvé une réponse pour l’instant dans la création de ce groupe à l’Assemblée nationale sous la houlette de Thierry Solère réunissant une partie de LR et l’UDI, c’est-à-dire des gens de droite et du Centre, exactement la configuration de l’UMP en 2002!
On ne sait pas très bien encore comment va fonctionner et combien de temps va exister ce groupe qui pourrait n’être qu’une structure d’accueil provisoire pour des élus qui ne savent pas encore très bien comment se positionner face à Emmanuel Macron, d’une part, et à une Droite sonnée et sans aucune ligne directrice actuellement, d’autre part.
Mais, une chose est sûre, le rapprochement évident de l’UDI avec LR depuis des mois, a trouvé un aboutissement dans cette alliance qui, rappelons-le, était la raison même de l’existence d’une confédération centriste indépendante du parti de droite.
On a bien compris que Jean-Christophe Lagarde, très fragilisé, tente de faire d’une défaite cuisante, une victoire mais personne n’est dupe qu’il a conduit l’UDI dans le mur.
Cela ne signifie pas forcément que celle-ci va disparaitre.
Etonnamment, elle pourrait même se régénérer dans cette nouvelle configuration si elle sait jouer intelligemment, ce qui a été loin d’être le cas jusqu’à présent.
Il est encore trop tôt pour pouvoir faire une prédiction en ce sens d’autant que ce nouveau positionnement politique pourrait n’être qu’un leurre qui ne durera que le temps du passage (plus ou moins long) au pouvoir de Macron ou celui (plus ou moins long) pour la Droite de retrouver des couleurs et des forces.


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