lundi 15 janvier 2018

Une Semaine en Centrisme. Axe central: clarification à droite avec le départ de Juppé de LR

Alain Juppé
L’aile droite de l’axe central (regroupant les libéraux progressistes de droite, de gauche et du centre, d’Alain Juppé à Manuel Valls en passant par Emmanuel Macron et François Bayrou) poursuit son émancipation.
Après le ralliement de certains de ses membres à Emmanuel Macron avant le premier tour de la présidentielle, après la présence de ministres de droite dans le gouvernement de ce dernier et notamment du premier ministre, Edouard Philippe, après la création de Les Constructifs puis de Agir, regroupant tous les droitistes qui se veulent dans un soutien critique au président de la république, après la départ de personnalités comme Xavier Bertrand, le président de la région des Hauts-de-France, c’est au tour désormais de l’aile modérée et libérale de Les républicains de quitter cette dernière formation qui a décidé, avec l’élection de Laurent Wauquiez à sa tête de se radicaliser et de se rapprocher des thèses du Front national.
Ainsi, en deux jours, ce sont deux de ces figures qui ont décidé ce rompre les amarres après bien d’autres militants et élus auparavant.
D’abord, c’est Dominique Bussereau, président du conseil départemental de la Charente Maritime et de l’Assemblée des départements de France qui s’est mis «en congé» de LR.
Mais c’est surtout, Alain Juppé, le maire de Bordeaux, ancien premier ministre et fondateur de feue l’UMP qui a décidé de «prendre du recul» de ne pas payer sa cotisation au parti pour 2018.
Le maire de Bordeaux, lors de sa présentation de ses vœux à la presse, a expliqué, «J'ai fait savoir que je ne souhaitais pas rester à la tête de la fédération LR de Gironde. Je prends du recul en attendant de voir ce que devient LR notamment dans la perspective des élections européennes de 2019».
Ces dernières, selon lui, seront «un rendez-vous majeur, un point de clivage fondamental. Il y aura ceux qui sont contre et ceux qui sont pour» l'Europe.
En outre, il a estimé que «L'un des problèmes du parti Les républicains, c'est que sa composante centriste s'est détachée».
Alain Juppé n’a, par ailleurs, ni l’intention d’adhérer à La république en marche, ni «à créer un parti ou une chapelle» mais «veux être libre»: «J'ai envie de liberté et d'analyse».
Si ces départs ne sont pas une surprise tant l’aile libérale progressiste de LR n’y avait plus sa place, elles sont, à la fois, un coup dur pour la formation de droite qui se réduit comme peau de chagrin et un passage à l’acte qui renforce cet axe central dont on rappelle que Juppé souhaite son regroupement dans une liste unique pour les prochaines élections européennes de 2019.
Cette recomposition de l’espace politique de la droite française est dans l’ordre des choses comme l’est celle de l’espace politique de la gauche où une partie des réformistes à rejoint la président de la république ou ont intégré cet axe central informel pour l’instant.
Il faut rappeler que si l’élection d’Emmanuel Macron a été un accélérateur de cette recomposition, elle en est aussi une des conséquences.
Ainsi, l’apparition d’un axe central est antérieure à son offre politique et à la création d’En marche!
Toute son intelligence a été de formaliser ce mouvement en profondeur et, grâce à des circonstances favorables (notamment la défaite d’Alain Juppé à la primaire de LR face à François Fillon), de l’incarner et de le porter au pouvoir.
Quant à la Droite, les mois qui viennent devraient clarifier une situation qui peut encore bouger dans un sens ou l’autre.
Ainsi, si Wauquiez se voit contester de l’intérieur de LR – ce qui n’est pas du tout le cas pour l’instant –, cela pourrait redonner des couleurs à une aile modérée qui n’aurait pas besoin d’aller chercher ailleurs un espace politique.
En revanche, si le nouveau président du parti parvient à conforter son pouvoir et à mettre en avant ses idées et sa stratégie, on ne voit pas comment les libéraux progressistes pourraient demeurer dans LR sauf à se fourvoyer, en abandonnant leurs valeurs.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC


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