mercredi 26 septembre 2007

Actualités du Centre. Par les extrémités du Milieu

Voici le texte paru dans Les Echos et signé Favilla sur la stratégie politique de François Bayrou
« En politique comme au football, on attaque aussi bien par le milieu que par les ailes. Mais les tirs doivent toujours aboutir au centre, où se trouvent les buts adverses. En relançant son Mouvement démocrate, ou « Modem », François Bayrou cherche sans doute à appliquer ce procédé classique, mais avec un air de révolution. N'en déplaise à ses détracteurs, il n'y a pas à trop ironiser là-dessus. Tout le monde le fait. Les socialistes invoquent la rénovation ou la refondation, bien que pas encore avec succès. Nicolas Sarkozy a obtenu sa victoire sur le mot d'ordre analogue de rupture, bien qu'en s'appuyant sur un parti en place. L'originalité de Bayrou a été d'assumer bravement l'éclatement du sien. Il est vrai que, classée centriste, l'UDF ne présentait pas l'image dérangeante ambitionnée par son leader. Il a donc choisi, sur les décombres de sa propre formation, de déstabiliser à la fois la gauche et la droite. Survient alors son premier défi : comment être un dérangeur du centre ? Pour ce faire, il lui faut emprunter aux deux bouts du spectre politique des formules ou des postures aux tonalités extrêmes. En étant disculpé d'être au centre, mais en espérant rester au milieu du jeu.
En dénonçant chez les socialistes un « refus idéologique du réel », il rejoint à la vérité les analyses de bon nombre d'entre eux, mais rejoint aussi les critiques les plus sévères de la droite à l'égard de la gauche. Se retournant vers la droite, il trouve des accents autrement plus incendiaires, comme empruntés à Olivier Besancenot ou à Marie-George Buffet. Il y est question de collusion du pouvoir et des medias avec les puissances d'argent, de subordination au monde du profit, de pratique bonapartiste du pouvoir par Nicolas Sarkozy... Les 45.000 adhérents revendiqués par le Modem n'ont rien qui doivent étonner. Aux moments où l'opposition est en panne, il y a toujours une oreille pour des discours dénonciateurs. Alors, hors des partis se rassemblent occasionnellement des troupes indistinctes de gens excédés, de citoyens qui voudraient moraliser ou rationaliser la politique, d'idéalistes déterminés, de militants dans le besoin ou, plus platement, de recalés du suffrage universel à la recherche d'une investiture. Vis-à-vis de cet échantillon somme toute représentatif, la responsabilité d'un leader est écrasante. Qu'il s'abandonne au discours destiné aux « braves gens », et il ressuscite le parti de « l'homme quelconque » (« uomo qualunque »), qui donna des idées à Mussolini en 1920. Qu'il espère ainsi, comme certains l'en soupçonnent, déshabiller le PS et il rejoindra la gauche, malgré qu'il en ait. On exclut naturellement qu'il s'accorde avec la droite (à quoi bon, alors, avoir sabordé l'UDF ?). On finit par penser que, ainsi campé au milieu du gué, le leader maxime a décidé d'aller jusqu'aux extrémités de lui-même. Nul doute qu'il y parviendra. »

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