dimanche 9 novembre 2014

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’axe central ne doit pas devenir un gadget politicien

Les amabilités entre Manuel Valls et François Bayrou lors d’une visite du premier nommé au second à Pau ainsi que les déclarations à la télévision d’Alain Juppé affirmant qu’il n’était pas centriste ont donné un nouvel éclairage sur les intentions des uns et des autres à propos de cet axe central qui semble se dessiner entre les sociaux-libéraux de gauche, les centristes et les réformistes de droite.
On a la désagréable impression que celui-ci est en train d’être instrumentalisé, utilisé comme gadget politicien et ficelle électoraliste par certains qui ont besoin des voix centristes pour exister et se bâtir un avenir politique.
Comme par Manuel Valls avec ses appels du pied à François Bayrou mais dont on se demande quel programme propose-t-il pour une véritable alliance au centre.
Ou comme Alain Juppé avec ses appels du pied à ce même Bayrou ainsi qu’aux centristes de l’UDI mais qui déclare dans le même temps qu’il n’est pas centriste et qu’il ne veut pas une politique de l’eau tiède, une des critiques les plus virulentes que la Droite et la Gauche adressent si souvent aux centristes pour leur dénier une quelconque originalité et courage politiques.
Ou encore comme François Bayrou qui, en jouant à celui qui écoute Valls et Juppé, se reconstruit doucement une image personnelle de potentiel présidentiable mais dont on attend toujours le début d’un début de projet qui permettrait de dire pourquoi il est d’accord avec Juppé et intéressé par Valls.
De ce point de vue, la prudence et la circonspection des leaders de l’UDI, Hervé Morin et Jean-Christophe Lagarde en tête, semblent plus appropriées pour l’instant face à une réelle convergence de vues mais sans aucune discussion sur une quelconque plateforme commune.
Or cet axe central pour se concrétiser doit absolument passer par les idées avant de passer par les hommes et les femmes qui le porteront.
Non pas que son incarnation dans des personnalités politiques de premier plan soit pas ou peu importante, bien au contraire.
Mais l’opportunisme qui caractérise si souvent les positionnements au centre (et non du Centre) rend absolument nécessaire que cette possible coalition des humanistes progressistes et réformistes pragmatistes se fassent dans la clarté des projets et des programmes politiques ainsi que par l’onction du suffrage universel, in fine.
Si ce n’est pas le cas, s’il s’agit pour Manuel Valls se sauver sa peau, pour Alain Juppé de siphonner les voix centristes pour occuper l’Elysée et pour François Bayrou de pouvoir à nouveau se présenter en 2017, alors cet axe central aura un impact désastreux sur le Centre et les centristes mais aussi sur la vie politique tout court.
S’il n’est que ce gadget et cette ficelle, il profitera aux extrêmes, dont en particulier le Front national, qui pourront railler à foison ce rassemblement de notables plus préoccupés de leur avenir personnel que de celui de la France.
Ce serait un coup dur pour les valeurs portées par les centristes qui, une nouvelle fois, se trouveraient assimilées à de la démagogie et à de l’opportunisme alors qu’elles sont si importantes pour redresser le pays et construire son futur.


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