jeudi 23 mai 2019

Une Semaine en Centrisme. Est-ce la faute de l’UDI si le Centre ne sera pas en tête des européennes?

Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI
Jusqu’au bout de la campagne pour les élections européennes, Jean-Christophe Lagarde aura préféré centrer ses attaques sur Nathalie Loiseau et Emmanuel Macron plutôt que sur Marine Le Pen, c'est-à-dire sur des centristes plutôt que sur une nationaliste populiste d’extrême-droite, sur un programme proche du sien plutôt que sur les fake news répandus sans cesse par le Rassemblement national.
Et alors que se rapproche une bérézina électorale pour l’UDI, son président et ses amis, dans un effort désespéré de justifier leur défaite, s’en prennent à tout le monde, notamment en dénonçant les «duos» LREM-RN et Macron-Le Pen, sans parler de médias qui n’auraient pas joué le jeu, c'est-à-dire donner une visibilité identique à un parti qui est entre 1% et 2% des intentions de vote à ceux qui sont au-delà des 20%....
Une rhétorique malheureusement commune à tous les perdants qui, au lieu de prendre la responsabilité de leur échec, tentent de trouver toutes les justifications possibles dans des événements extérieurs, voire dans des complots…
En critiquant, en vilipendant et en caricaturant le programme de la liste Renaissance et en attaquant sans cesse sa tête de liste et le Président de la République, les dirigeants de l’UDI porteront certainement une responsabilité si les résultats de dimanche sont favorables à l’extrême-droite, aux antieuropéens et à ceux qui veulent détruire l’Union européenne.
Drôle de résultat pour un parti qui se dit «le plus européen» de tous et dont la liste a été baptisée «Les Européens»…
Déjà, en ayant présenté une liste qui n’avait aucune chance d’avoir des élus (elle n’a jamais eu des intentions de vote de 5% ou plus et est actuellement entre 1% et 2% dans les sondages comme nous le disions plus haut), Lagarde a pris le risque de se ridiculiser (c’est son problème), de ridiculiser l’UDI (pauvre Jean-Louis Borloo, son créateur) mais, plus important, de faire perdre le Centre.
Ainsi, par exemple, il est fort possible que les 1 à 2% dont sont crédités sa liste, au soir du 26 mai, auraient pu permettre à une liste centriste unifiée d’être en tête des intentions de vote et d’avoir plus de députés, dont certainement un à deux UDI, tout en faisant perdre l’extrême-droite qui a déjà gagné les européennes de 2014, un jour sombre de la démocratie française faut-il le rappeler à tous ceux qui l’ont oublié.
Mais, ce sont aussi dans les propos que Lagarde fait du tort au Centre comme dans ceux rapportés par Le Figaro où le président de l’UDI prédit une large victoire de RN tout en affirmant que personne n’a parlé d’Europe pendant la campagne, une fake news si l’on regarde toutes les déclarations faites, en particulier par LREM, le MoDem et les candidats de la liste Renaissance (et qui sont consultables sur notre site).
En s’en prenant systématiquement aux mesures défendues par la liste Renaissance, il a souvent été plus critique que ne l’ont été des adversaires du Centre et il a sans doute découragé des électeurs à voter pour celle-ci.
Ce jeu politicien n’est pas glorieux quand les menaces sur l’Union européenne sont si fortes comme elles le sont également sur la France.
Bien entendu, la faiblesse intrinsèque de l’UDI ne peut dédouaner tout le Centre si défaite il y a le 26 mai de la démocratie républicaine libérale et représentative.
Pour autant, il ne faudrait pas oublier une autre réalité.
En 2014, les centristes, regroupés autour d’une liste baptisée «L’Alternative» et réunissant le Mouvement démocrate de François Bayrou et l’UDI alors présidée par Jean-Louis Borloo, avaient obtenus 9,94% des voix et sept députés (ce qui leur avaient donc permis d’avoir des élus, ce qui aurait été impossible si les deux formations étaient allées aux élections chacune de leur côté).
Si les sondages ne se trompent pas, cette fois-ci, il devrait y avoir une vingtaine de députés et plus qu’un doublement des voix.
Ce qui n’est pas rien si l’on se rappelle que la liste du PS, alors au pouvoir avec François Hollande et ayant une majorité à l’Assemblée nationale, n’avait obtenu que 13,98% des voix et 13 sièges.
Dès lors, il semble bien que le Centre ne connaîtra pas la défaite le 26 mai.
Tout au plus et malheureusement, il ne devancera peut-être pas l’extrême-droite et, peut-être, une des causes en sera l’UDI.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


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