samedi 23 janvier 2021

L’Humeur du Centriste. L’ère d’être contre tout et son contraire

Slogan des gilets jaunes
L’irresponsabilité et la démagogie atteignent leur plus haut degré dans la politique lorsque pour exister, faire le buzz ou simplement quand on n’a pas d’idées, de valeurs et de principes qui vous guident, d’être contre tout.

Contre la taxe carbone, contre la réforme des régimes des retraites, contre le changement se statut de la SNCF, contre la limitation à 80 km/h sur les routes nationales, contre tout et n’importe quoi, voilà une posture bien plus populaire et facile que d’être pour.

Mais il y a un comportement encore plus pervers et indigne, utilisée par un grand nombre de politiciens jusqu’à plus soif, être contre tout et son contraire!

Cela permet de critiquer systématiquement ses adversaires en prenant le contrepied de ce qu’ils disent – sans se soucier que l’on a soi-même défendu la position à laquelle on s’oppose –, une technique utilisée surtout par les oppositions au pouvoir en place.

Les extrémistes sont, bien entendu, les premiers à utiliser ce stratagème mais ils sont loin d’être les seuls.

Prenons l’exemple des mesures à prendre pour lutter contre la covid19.

Lorsque les mesures de confinement ou de couvre-feu sont prises, elles sont liberticides ou illibérales, quand elles sont levées ou retardées, ce serait par irresponsabilité et incompétence!

Lorsque le gouvernement veut vacciner le plus rapidement possible, il est irresponsable parce qu’il met peut-être la vie de beaucoup en danger et quand il décide de prendre un peu de temps pour que tous les potentiels vaccinés donnent leur assentiment éclairé, il est irresponsable parce qu’il met peut-être la vie de beaucoup en danger!

Oui, ça marche à tous les coups…

Et l’on pourrait multiplier les contradictions grossières, ridicules mais aussi dangereuses que la crise de la covid19 a mis en exergue.

Pour résumé cette attitude, dans tous les cas, la mauvaise décision serait prise….

On pourrait trouver le procédé comique et affligeant en même temps sauf qu’il donne de l’eau au moulin de tous les élucubrationistes (que certains appellent complotistes) et de tous ceux qui veulent défier la règle commune par principe ou par seul intérêt égoïste.

De plus, il montre dans toute sa cruauté l’irresponsabilité de politiciens qui n’hésitent pas à dévoyer leur mission pour tenter de grappiller le plus possible de l’attention et quelques voix supplémentaires lors des élections et de se faire inviter sur les chaînes d’information en continu où même s’ils seront contredits par les faits, ils auront pu faire un peu de retape pour leur petite personne.

Cette posture d’être contre tout et son contraire est devenue aujourd’hui virale en partie grâce aux réseaux sociaux où il suffit d’un clic pour dire tout et n’importe quoi sur tout et n’importe quoi en l’affichant à ceux qui veulent bien vous écouter, et ils sont nombreux quand une «colère», une «fureur», une «rage» et que sais-je encore est littéralement vomie.

De ce point de vue, Emmanuel Macron n’a pas tort de dire que nous sommes une nation de «66 millions de procureurs» mais il aurait pu ajouter que la Terre est une planète de près de 8 milliards de procureurs!

Et il a raison de dire que «ce n'est pas comme ça qu'on fait face aux crises et qu'on avance».

Ici, il n’est pas inutile de relire ce qu’en disait le philosophe Clément Rosset à propos de la victoire du non au référendum sur la constitution européenne en mai 2005 au cours d’un entretien avec un de ses pairs, Raphaël Enthoven.

«Dans ce combat inéquitable entre la raison et la démagogie, le non avait sur le oui l’avantage décisif de s’opposer sans proposer quoi que ce soit. Or il est facile d’emporter les suffrages de la majorité quand on se contente de contester. La contestation est incontestable : sa raison d’être est de s’en prendre à ce qui est. Or il est beaucoup plus difficile – et surtout plus courageux – d’améliorer le monde que de le jeter, tout entier, aux cabinets. Pendant la campagne, Dany Cohn-Bendit avait eu cette phrase, étonnamment impeccable: ‘Mieux vaut la moitié de quelque chose plutôt que la totalité de rien.’ Je n’y enlève pas une virgule, mais il faut bien reconnaître que, face à l’emphase des ‘nonistes’, les partisans du oui faisaient pâle figure, avec leurs propositions concrètes, tristement réelles. Si le non avait été autre chose que l’expression du refus radical et inconséquent de la réalité elle-même, ceux qui ont voté non seraient pour le moins troublés de constater, aujourd’hui, que leur victoire n’a en rien amélioré la situation des gens qui souffrent ni accru la souveraineté de la France. Mais non… Si c’était à refaire, le non l’emporterait de nouveau, car tel n’était pas leur problème ; les ‘nonistes’ étaient trop occupés à dire non pour voir au-delà. Leur but était moins de changer quoi que ce soit que de tout changer d’un coup, ou bien de ne rien changer du tout, ce qui revient au même. De sorte que le réel est un piège qui, tel l’oracle d’Œdipe, s’annonce toujours et ne prend personne au dépourvu, mais déconcerte l’humanité par son intolérable simplicité.»

On ne saurait mieux le dire.

Centristement votre.

Le Centriste

 

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