dimanche 29 juillet 2018

Actualités du Centre. Affaire Benalla: quand Le Monde tente de piéger Bayrou sur Macron

François Bayrou
Pour ceux qui s’en rappellent, lors de la campagne présidentielle, Le Monde a publié une interview d’Emmanuel Macron où toutes les questions étaient à charge avec une agressivité rarement vue de la part de journalistes qui étaient, en l’espèce, plus des opposants politiques que des professionnels de l’information, beaucoup de ces derniers s’étant demandé le pourquoi d’une telle hargne.
On connait dorénavant la volonté de celui qui se voulut un temps et un peu pompeusement «le journal de référence» d’être un outil de propagande anti-Macron (il suffit pour le démonter de reprendre l’ensemble de ses Unes à propos du Président de la république quel que soit le sujet évoqué depuis son accession au pouvoir), sans que l’on sache très bien pourquoi le quotidien est devenu si agressif pour un pouvoir politique situé au centre de l’échiquier politique.
La réponse se trouve sans doute dans le tournant qu’il a pris, bien avant l’arrivée de Macron à l’Elysée, au temps de la fin du mandat de François Mitterrand où, noyauté par l’extrême gauche représentée, entre autres, par messieurs Jean Paul Besset et Edwy Plenel (ce dernier, créateur du site d’extrême-gauche Mediapart, ayant récemment mené une interview télévisée à charge de Macron en compagnie de l’ancien journaliste sportif, Jean Jacques Bourdin dont beaucoup se sont émus pour sa totale partialité) où il s’attaqua systématiquement au Parti socialiste et à la social démocratie en général (François Hollande peut témoigner que c’est toujours le cas, lui qui fut une tête de turc du journal pendant toute la durée de son mandat).
Toujours est-il que l’interview réalisée il y a deux jours de François Bayrou est de la même veine avec des questions qui sont à charge pour Macron et dans une volonté de piéger le président du MoDem en le mettant soi-disant en porte-à-faux avec ces déclarations passées s’il défendait le Président de la république.

Voici l’analyse de cette interview:
- Première question orientée: «Pensez-vous que cette affaire est ‘une tempête dans un verre d'eau’, pour reprendre les mots de M. Macron, ou qu'elle est au contraire symptomatique d'une dérive du pouvoir?
Réponse ferme de Bayrou: «Il y a une disproportion surprenante entre les faits tels qu'ils apparaissent au fil des auditions et le maelström médiatique et politique que nous vivons. (…). Cela n'en fait pas une affaire d'Etat. (…) Dès lors, quelle est la substance de cette polémique ?»

- Deuxième question où l’interviewer fait une affirmation que rien ne vient jusqu’à présenté étayer pour faire réagir Bayrou: «M. Benalla a profité de sa proximité avec le président pour disposer de pouvoirs qui allaient au-delà de sa fonction, n'est-ce pas la preuve d'un excès du présidentialisme que vous dénonciez régulièrement par le passé?»
Réponse tout aussi ferme de ce dernier: «Je ne vois pas les pouvoirs que vous lui prêtez. (…)»

- Troisième question où, manifestement, l’interviewer veut que Bayrou critique Macron en faisant référence à ce qu’il aurait dit auparavant: «Lors de vos campagnes, vous avez souvent stigmatisé les avantages indus des dirigeants. Comprenez-vous les facilités matérielles dont disposait M. Benalla?»
Réponse de Bayrou qui ne se laisse toujours pas piéger: «Mais aucun des moyens mis à disposition ne l'était à titre personnel. (…) Il s'agissait de moyens professionnels qui étaient liés à sa fonction puisqu'ils ont dans l'instant disparu avec elle.»

- Quatrième question où l’interviewer met un peu plus les pieds dans le plat en critiquant et en accusant directement Macron: «Vous évoquez le maelström médiatique mais n'est-ce pas M. Macron le premier fautif? En dissimulant les faits, en attendant les révélations de la presse pour se séparer de son collaborateur, n'a-t-il pas alimenté la défiance et le soupçon?»
Réponse de Bayrou qui renvoie la presse à son (ir)responsabilité dans cette affaire: «La presse révèle ce qu'elle découvre. C'est une démarche civique. Mais la surenchère dans l'exploitation de ces révélations n'est plus maîtrisée. Nous sommes entrés dans l'ère du soupçon universel : n'importe qui, dans n'importe quel domaine de responsabilité, peut être mis en accusation, sans preuve et sans fondement. Les réseaux sociaux, les télévisions en continu, les fuites des enquêtes… Tout le monde est entraîné dans une sarabande de dénonciations. Et tout cela n'est plus régulé par aucune de nos institutions. C'est un sujet pour tous les démocrates.»

- Cinquième question où l’interviewer tente de revenir par un autre biais à la responsabilité de Macron comme le montre la sixième question: «S'il n'y a pas d'abus de pouvoir, selon vous, comment expliquez-vous alors la genèse de cette crise politique?»
Réponse de Bayrou:
(…) Il y a eu une instrumentalisation politique. Ceux qui exerçaient le monopole du pouvoir depuis des décennies essayent de déstabiliser le nouveau président. Pour eux, son élection n'est qu'un accident de l'histoire. Ils veulent revenir à la situation antérieure et pensent son élection fortuite. Ils se trompent. L'élection de 2017 a répondu à une attente profonde du pays qui voulait sortir de l'impuissance généralisée et changer le modèle français d'exercice du pouvoir au sein de l'Etat. Devant ce changement, il y a des résistances très fortes.»

- Sixième question qui revient à une attaque directe de Macron en le comparant à Sarkozy, personnalité que Bayrou déteste: «En 2009, dans votre livre ‘Abus de pouvoir’, écrit contre Nicolas Sarkozy, vous affirmiez ‘qu'un peuple comme le nôtre, avec son histoire, avec sa profondeur, n'a surtout pas besoin de quelqu'un qui se croit un –surhomme’. Quand M. Macron dit ‘Qu'ils viennent me chercher’, ne se place-t-il pas dans la position du surhomme ?
Réponse de Bayrou: «C'est une formule que j'ai trouvée inutilement western. Je pense qu'il voulait dire ‘S'ils veulent s'en prendre à quelqu'un, qu'ils s'en prennent à moi, je ne me défausserai pas…’ Quand je parle avec lui, je ne vois pas un homme tenté par l'ivresse de toute-puissance. Au contraire, il pense sa responsabilité devant l'Histoire en mesurant la difficulté de la tâche. Avec cette crise, il peut désormais vérifier chaque jour la dureté des résistances qui lui sont opposées.»

- Septième question où revient en force la critique continuelle du Monde à propos d’un Macron qui ne serait pas démocrate et plutôt proche d’un personnage comme Napoléon III: «N'est-il pas tenté par une forme de césarisme moderne? Son souci permanent est de construire une relation directe avec les Français en critiquant les contre-pouvoirs comme la presse ou en diminuant les pouvoirs du Parlement…»
Réponse de Bayrou: «La relation directe avec les Français est constitutive non seulement de la V° République, mais de toutes les démocraties modernes.»

- Après une huitième question qui attaque la réforme constitutionnelle voulue par Macron, la neuvième s’attaque à La république en marche auquel est alliée dans la majorité présidentielle le MoDem de Bayrou: «Avant la prise de parole de M. Macron, la majorité a semblé perdue. Est-ce que les macronistes sont mûrs pour traverser de tels moments?»
Réponse de Bayrou qui manie ici l’esquive: «L'organisation de la majorité présidentielle n'est pas encore aboutie. Les deux organisations, La République en marche et le MoDem, partagent beaucoup de convictions, mais n'ont ni la même tradition, ni le même socle doctrinal, ni la même pratique politique. Or, elles sont coresponsables de l'avenir, embarquées sur le même bateau. Il faut bâtir la charpente de ce bateau.»

- Enfin la dixième et dernière question tente une dernière fois de faire dire à Bayrou ce qu’il a refusé de dire lors des neufs premières: «A l'aune de son exercice du pouvoir, vous arrive-t-il de regretter votre alliance avec M. Macron?»
Réponse ferme de Bayrou: «Jamais. (…)»


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