mardi 13 juin 2017

Une Semaine en Centrisme. La République en marche est-elle l’axe central à elle seule?

La vague LREM et l’effondrement de LR, du PS et de l’UDI créent une nouvelle donne politique dont on a encore du mal à percevoir exactement toutes les conséquences pour les années à venir.
Bien entendu, il y a, dimanche prochain, un second tour et il faudra attendre les résultats finaux afin de mesurer cette vague, notamment en termes de nombre de députés de la majorité présidentielle.
En outre, il faudra voir si cette majorité tiendra le coup, à la fois en interne mais aussi face au pays, à ses problèmes et aux résistances qu’elle va inévitablement rencontrer.
Pour autant, l’évidence est là, il y a une reconfiguration du paysage politique indéniable, que celui-ci dure le temps d’un homme – Emmanuel Macron – comme il dura le temps d’un autre –Charles de Gaulle – ou qu’elle soit le début d’une nouvelle ère, si ce n’est de faire de la politique, en tout cas de la structure même des organisations et de la composition du personnel politiques.
En attendant, La République en marche semble avoir un temps d’avance sur la reconstruction partisane dont nous avons longuement parlé ici depuis longtemps et qui passe par la constitution d’un pôle central humaniste, réformiste face à un pôle de gauche radicale et un pôle de droite radicale.
Selon ce que l’on pouvait analyser du changement qui allait se mettre en place, on voyait plutôt une tri-coalition regroupant au centre de l’échiquier politique, la droite et la gauche réformistes et progressistes venant d’une part de LR et de l’autre du PS ainsi que le Centre tout entier et de chaque côté une coalition regroupant autour du Front national à droite et de La France insoumise (anciennement Front de gauche) à gauche toutes les mouvances allant de la radicalité à l’extrémisme.
Une situation française – mais que l’on retrouve plus ou moins dans la plupart des démocraties occidentales – dictée par l’évolution de la démocratie républicaine avec la montée en puissance de l’autonomisation de l’individu mais aussi par la situation politique de la planète et des défis posés par la mondialisation (avec son volet économique, la globalisation) et ses avatars négatifs, le réchauffement climatique et le terrorisme.
Or, les résultats du premier tour des législatives semblent indiquer que LREM pourrait être, à lui seul, le pôle central et non une coalition partisane comme on pouvait l’imaginer.
C’est vrai qu’aujourd’hui encore, nombre de ceux qui appartiennent à cet axe central, comme Alain Juppé ou Manuel Valls, ne sont pas affiliés à La République en marche et ne se réclament pas tous de la majorité présidentielle.
Cependant, le gros de leurs troupes, lui, est déjà passé du côté de chez les macronistes ou s’apprête à le faire après les législatives en adhérant ou non à LREM.
Et, à part la négociation entre Emmanuel Macron et François Bayrou avant le premier tour de la présidentielle, il n’y a pas eu de discussions autour de la constitution d’un axe central issu d’une coalition de partis ou de courants issus de partis.
Dorénavant, il semble que cela ne sera ni nécessaire, ni utile pour que la politique de l’axe central soit mise en œuvre car La République en marche pourra le faire à elle seule.
Dès lors, par sa présence à l’Elysée et par sa majorité à l’Assemblée nationale, le mouvement créé par Emmanuel Macron est bien en passe d’être à lui seul l’axe central même si François Bayrou affirme que son parti, le MoDem, ne s’est pas adossé à LREM et qu’il s’agit bien d’une coalition, une affirmation aussi peu crédible que celle qui fait de l’UDI un partenaire à égalité de LR.
Est-ce un bien?
Tous ceux qui pointent son hégémonie dangereuse ne font que des spéculations.
Sans oublier que LREM n’est pas un parti classique mais un rassemblement autour d’une personnalité et, surtout, d’une volonté de changement progressiste et de réformes profondes sans pour autant avoir une vision identique sur nombre de sujets.
Cela promet des discussions à l’intérieur du mouvement.
Cependant, a contrario de ceux qui pensent que cela sera un foutoir, elles seront du même ordre que celles qui auraient eu lieu dans une coalition de partis.
Et le mouvement gaulliste a connu nombre de tensions au cours de la présidence de son chef, justement de par la diversité de ce rassemblement avec nombre de personnalités qui le quittèrent pour cette raison sans que cela ne remette jamais en question son existence et sa force.
En cela, La République en marche sera l’axe central, tout au moins dans une première phase.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC


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