jeudi 20 septembre 2018

Une Semaine en Centrisme. Bayrou-Fesneau ou le méchant versus le gentil flic?

François Bayrou & Marc Fesneau
Après avoir été silencieux pendant des semaines, François Bayrou n’arrête plus de s’exprimer dans les médias alors que l’université d’été de son parti se déroule ce week-end.
Après Le Figaro, TF1, RTL, il est intervenu sur Cnews sans oublier son discours à ces universités qui sera retransmis et quelques interviews qui suivront.

Et le message du président du MoDem est clair, il faut tenir le cap, ne pas trahir les électeurs de Macron avec un discours où il rappelle qu’il soutien toujours ce dernier mais aussi d’une grande bienveillance avec l’opposition, notamment sur la commission d’enquête du Sénat sur l’«affaire Benalla».

De son côté, Marc Fesneau, le président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, donne désormais de nombreux interviews, lui qui est sortit de l’ombre pour le grand public en recueillant 86 voix (soit plus du double des députés de son parti) lors de l’élection au perchoir de cette même assemblée.

Il est en train de s’imposer comme le numéro deux du parti, rôle dévolu jusque là à Marielle de Sarnez, la fidèle d’entre les fidèles de Bayrou.

Si ses propos sont très proches de ceux de son mentor et président, ils divergent sur deux points fondamentaux.

Fesneau est dans une bienveillance, non seulement à l’égard de Macron mais aussi du gouvernement d’Edouard Philippe et de LREM (il salue les deux réformes à venir sur la pauvreté et la santé et comprend le report de la réforme des institutions) et se montre très sceptique sur la commission d’enquête du Sénat à propos de l’«affaire» Benalla.

Si Bayrou s’est fendu d’un commentaire positif sur ces réformes et d’une phrase de soutien au Président de la république, il a été noyé dans un discours très critique sur le fonctionnement du pouvoir en place.

Et l’on se rappelle qu’il a plusieurs fois vitupéré sur les abandons de mesures dans la réforme des institutions.

De plus, il n’a pas cessé de légitimité la commission du Sénat dont les objectifs avoué est de s’en prendre à la légitimité d’Emmanuel Macron, même s’il estime que l’«affaire» Benalla n’en est pas une.

On serait tenté de voir dans ces deux comportements, une différence d’appréciation politique (ce que Bayrou n’a jamais vraiment supporté de ces subordonnés) ou, peut-être le fameux duo gentil (Fesneau)-méchant (Bayrou) flics (ou, si l’on préfère, le gentil versus le méchant centriste)…

S’il s’agir d’une différence politique, les rapports entre les deux hommes devraient se tendre dans un avenir proche tant la ligne Bayrou est la ligne officielle sans discussion aucune.

En revanche, s’il s’agit de la stratégie gentil-méchant, le message envoyé au Président de la république, au Gouvernement et à LREM pourrait se résumer à «nous sommes toujours avec vous, nous nous voulons des alliés fidèle mais faites-nous enfin toute la place que nous affirmons mériter dans la majorité présidentielle ou nous pourrions aller au clash».

Une troisième analyse est possible.

Aujourd’hui, François Bayrou intervient comme quelqu’un d’extérieur aux travaux parlementaires, ce qui le coupe d’une réalité quotidienne que Marc Fesneau vit tous les jours avec ses collègues de LREM.

De plus, Fesneau ne peut oublier comme tous ses collègues du Mouvement démocrate à l’Assemblée nationale, qu’ils n’ont été élus que grâce à la volonté de Macron de leur faire de la place dans la majorité présidentielle et que, jusqu’à preuve du contraire, ils ne pourront sauver leurs sièges qu’en demeurant des alliés fidèles.

Pour autant, qui peut croire que Bayrou est déconnecté du jeu politique?

Alors, il s’agit peut-être des prémisses de la bataille des anciens contre les modernes qui toucherait enfin le MoDem (après avoir chamboulé tous les autres partis).

Ce qui expliquerait la volonté d’opposition soft de Bayrou à la «macronie» qui serait  pour lui un moyen d’exister politiquement en externe et en interne.



Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC




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