vendredi 4 janvier 2019

Une Semaine en Centrisme. Etats-Unis – Vers une Chambre des représentants démocrate centriste

Avant les élections de mi-mandat, deux Partis démocrates semblaient s’affronter dans une sorte de guerre larvée plus ou mois feutrée entre un centrisme et un socialisme (souvent plutôt une social-démocratie).
Cette guerre a été dépassée par la volonté d’infliger une défaite à Donald Trump et au Parti républicain.
Maintenant que les démocrates ont remporté la Chambre des représentants, quel va être leur positionnement et leur politique alors qu’ils viennent d’en prendre concrètement le contrôle ce 3 janvier?
Même si plusieurs membres de l’aile gauche ont été élus, nombre d’entre eux ont été battus alors que l’aile centriste a engrangé beaucoup plus de victoires et qu’elle a permis de faire basculer la chambre du côté démocrate (notamment en faisant gagner ces candidats dans des circonscriptions républicaines).
C’est donc, tout naturellement même si elle a été victime d’une fronde d’une petite minorité du noyau dur de la gauche du parti, que Nancy Pelosi, l’élue de centre-gauche de San Francisco, a retrouvé son poste de «speaker» (présidente) de la Chambre des représentants, seule femme a avoir occupé ce poste jusqu’à présent.
Dans son discours après son élection, elle a repris les fondamentaux progressistes et centristes du Parti démocrate, c'est-à-dire des Etats-Unis, terre des opportunités et d’une classe moyenne prospère, citant même Aristote «il est évident que la meilleure communauté politique est formée par les citoyens de la classe moyenne… laquelle classe moyenne doit être plus grande et plus forte que les autres classes.»
Car, a-t-elle ajouté, «la classe moyenne est la colonne vertébrale de la démocratie.»
Elle a également affirmé que la lutte contre le réchauffement climatique serait une priorité ainsi que l’assurance médicale et les retraites, toutes choses que Donald Trump n’a cessé d’attaquer depuis sa victoire à la présidentielle de 2016.
Si elle n’a pas cité nommément le populiste démagogue, c’est bien le personnage (avec toutes les enquêtes que les représentants démocrates vont mettre en route) et sa politique désastreuse, qu’elle visait en l’espèce.
Elle s’est même payée le luxe de citer Ronald Reagan, le président préféré des républicains, sur la nécessité de ne pas fermer les frontières pour critiquer en creux la politique d’immigration de Trump et sa volonté de construire son mur entre les Etats-Unis et le Mexique.
Car si le programme des démocrates est de faire avancer nombre de législations, notamment sociales et fiscales (tenter de mettre un terme au scandaleux enrichissement des plus riches grâce aux législations passées par les républicains depuis des années) pour lutter contre les «injustices», mais aussi dans le domaine des infrastructures et du climat, leur objectif est de s’attaquer à Trump, de tenter de l’incriminer pour ses multiples malversations, voire de mettre en route une procédure de destitution (le fameux «impeachment»).
Pour autant, les démocrates se veulent responsables et pragmatistes.
Pour eux, l’essentiel est de faire avancer les choses et de ne pas rester uniquement focalisés sur leur bataille contre Donald Trump même si les électeurs américains qui ont voté pour eux attendent qu’ils contrôlent ce président dangereux et incapable.
Ainsi, ils souhaitent tourner le dos à l’incapacité ces républicains a faire voter nombre de mesures essentielles pour le pays, en particulier en matière médicale et de mise à niveau des infrastructures parfois en ruines ou proches de la décrépitude.
D’autant que dans deux ans, il y aura une élection présidentielle qui sera d’une importance immense pour la démocratie américaine et les démocrates veulent mettre toutes les chances de leur côté pour se débarrasser définitivement d’un Trump qui déshonore la fonction et le pays avec en démontrant leurs capacités à faire avancer le pays.
Et, à l’opposé de ce qu’affirment les tenants de l’aile gauche du parti, c’est bien au centre que se gagnera cette élection et ce combat pour la dignité d’une démocratie républicaine retrouvée.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


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