vendredi 5 avril 2024

La quotidienne centriste du 5 avril 2024. En voulant augmenter la démocratie, ne risque-t-on pas de la bloquer?


Nombre d’initiatives (proportionnelle, suppression de 49-3, recours facilité au référendum notamment à celui d’initiative populaire, donner plus de pouvoir au Parlement et moins au Président de la république qui ne serait plus élu au suffrage universel, donner plus de pouvoir aux collectivités locales etc.) fleurissent ici et là, à gauche, à droite et au centre, et, en théorie, sont de bonnes suggestions afin de revitaliser la démocratie française et l’augmenter.

Sauf qu’il y a la réalité.

Et la réalité c’est que la proportionnelle – mode de scrutin le plus démocratique – aujourd’hui aurait malheureusement comme conséquence de bloquer le Parlement.

Non pas parce qu’il faudrait trouver à chaque fois des majorités de circonstance mais parce que les oppositions se feraient un malin plaisir, en cas de majorité relative de bloquer systématiquement l’action du gouvernement comme c’est souvent le cas actuellement, concrètement et quotidiennement, à l’Assemblée nationale.

Et la réalité c’est que le recours systématique au référendum serait une aubaine pour tous les partis populistes et extrémistes qui instrumentaliseraient constamment la question posée pour en faire un plébiscite contre le gouvernement en place.

Plébiscite qui rappelle de mauvais souvenir tant les deux empires autoritaires voire dictatoriaux que la France a expérimenté ces deux cents dernières années l’utilisaient pour affermir leur pouvoir.

Et la réalité c’est que supprimer le 49-3 (qui permet l’adoption d’un texte par le rejet d’une motion de censure), ne ferait pas que les députés seraient plus responsables mais au contraire que le blocage serait facilité et sans grandes conséquences pour eux mais énormes pour le gouvernement du pays.

Et la réalité, c’est qu’instiller une dose très importante de décentralisation sur celle qui existe déjà aurait pour conséquence de créer des petits chefs locaux avec des majorités à leur dévotion qui entreraient, pour leur ambitions politiciennes, systématiquement en «résistance» contre un pouvoir central qui ne serait pas du même bord partisan que le leur.

On a d’ailleurs vu cette «résistance» théorisée et appliquée par la Droite au Sénat – assemblée représentant des élus locaux – ainsi que dans les villes, les départements et les régions qu’elle contrôle alors même que la représentation nationale, celle de l’Assemblée, adoptait démocratiquement des lois qui étaient remises en question par le Sénat, les collectivités locales et territoriales, sans parler de l’action du gouvernement.

La réalité en ce 21e siècle, c’est qu’augmenter la démocratie reviendrait souvent à la bloquer.

C’est évidemment un terrible constat qui montre, à la fois, l’irresponsabilité chronique d’une grande partie des élus qui considèrent la politique comme un grand spectacle où la confrontation, l’agitation et le fracas valent bien mieux que la recherche du consensus et du compromis mais également d’une irresponsabilité des peuples et des individus qui vivent constamment dans les émotions sans faire appel à la raison.

Terrible constat parce que l’état actuel de la démocratie française est loin d’être optimum et qu’il conviendrait de l’améliorer voire de parfois prendre des mesures fortes comme celles que nous avons listées ci-dessus.

Terrible constat parce que cela démontre que nous ne sommes pas (encore?) prêts à nous servir de l’outil qu’est la démocratie de manière responsable et respectueuse.

Dès lors, entre le risque de la bloquer et la voir parfois mal fonctionner, le moindre des maux est bien la deuxième option.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour] 

 

 

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