vendredi 22 juillet 2016

Présidentielle USA 2016. Le programme de Trump: peur sur l’Amérique

Donald Trump à la convention républicaine de Cleveland
La bouillie indigeste de Donald Trump qui a fait office de discours d’acceptation comme candidat républicain pour le 8 novembre prochain lors de la convention de Cleveland avait les mêmes ressorts que ses propos quotidiens: le populisme, la démagogie, le mensonge, la haine, l’attaque incessante envers Hillary Clinton couverte d’anathèmes et l’autocongratulation en tant que seul individu capable de sortir le pays de la déchéance et de la décadence dans lequel, selon lui, il est en train de sombrer.
Rien donc de nouveau à l’inverse de ce que nous promettaient les soutiens du promoteur newyorkais qui, selon eux, allait adopter une posture présidentielle.
A la place, on a eu un homme incapable de lire correctement un prompteur mais qui a aussi et surtout été incapable de s’adresser à la nation toute entière, continuant à caresser dans le sens du poil le cœur de son électorat hargneux, raciste et inculte.
Surtout, il y a eu cet ingrédient répété jusqu’à la nausée avec un ton apocalyptique et martial ainsi que les mensonges d’usage à la clé sur la situation réelle du pays, la peur, ce qui a donné les angoisses nécessaires à ses fans transis qui assistaient à la convention républicaine – ceux qui veulent mettre Clinton en prison, voire la fusiller – mais qui, accompagné de l’exclusion de l’autre (le démocrate, l’étranger, l’immigré, le gays, etc.) a fait peur à nombre d’Américains qui ont cru entendre certains des dictateurs Sud-américains des décennies passées, voire une réincarnation d’Hugo Chavez!
«Je suis terrifié» fut ainsi la première remarque que fit un commentateur sur CNN après le discours de Trump, le plus long d’acceptation depuis de l’ère moderne, en parlant de toutes les menaces contre les fauteurs de trouble, de toutes les promesses d’actions les plus dures que le candidat républicain a égrainé pendant une heure et quart.
En outre, le discours ne contenait aucune mesure concrète, aucun moyen d’atteindre toutes les promesses à l’emporte-pièce qu’il a faites.
Comme prévu, également, il a appelé à une Amérique recroquevillée sur elle-même, prônant l’isolationnisme et le protectionnisme, vantant un américanisme que plus personne de sensé ne défend, celui qui pouvait encore faire illusion dans les années 1950.
Certains journalistes ont été prompts à le féliciter pour avoir fait applaudir la communauté LGBT pour la première fois à la tribune d’une convention républicaine.
Ce qu’ils oublient, c’est que Trump a fait applaudir, non pas le combat de cette communauté mais le fait qu’il la défendrait contre les menaces extérieures, c’est-à-dire contre Daech, pas contre l’ostracisme dont elle est constamment l’objet dans les Etats gouvernés par les républicains…
Il a également tenté très maladroitement de récupérer les électeurs de Bernie Sanders, l’électorat noir et latino en s’autoproclamant leur meilleur défenseur mais sans aucune annonce de mesures particulières pour étayer cette affirmation.
Sans oublier les attaques sur le libre-échange et les riches, les faisant applaudir par des républicains qui en sont pourtant les principaux défenseurs alors même que quelques instants plus tard il annonçait qu’il baisserait les impôts, ce qui profitera à ces mêmes plus riches!
Tout cela n’a évidemment rien à voir avec le Centre et les valeurs du Centrisme alors que, pour gagner, il devra séduire une partie de l’électorat centriste qui n’a certainement pas trouvé de quoi faire un pas dans sa direction hier soir.
Reste la question de savoir si la vision cauchemardesque délivrée par Donald Trump peut toucher une majorité d’Américains et les faire basculer en sa faveur.
Cette vision du déclin n’est guère nouvelle, c’est même un grand classique dans la politique américaine depuis que le pays est devenue la première puissance mondiale.
A périodes répétées, les Etats-Unis se font peur et cultivent largement l’idée d’un inéluctable et rapide déclassement mondial ainsi que de la fin de leur supériorité dans tous les domaines.
Ce fut le cas dans les années 1950 avec le lancement du premier homme dans l’espace par les Soviétiques.
Ce fut le cas dans les années 1970 avec le fiasco de la guerre du Vietnam.
Ce fut le cas dans les années 2000 après les attentats du 11 septembre 2001.
Et ce fut le cas à bien d’autres moments de l’histoire des Etats-Unis, certains estimant que la peur des Américains d’un abaissement survient tous les vingt à trente ans en moyenne.
Néanmoins, la réaction du peuple et des électeurs n’a pas toujours été celle escomptée par les prophètes de malheur qui sont toujours extrêmement nombreux.
Ainsi, si le 11 septembre donna d’abord George W Bush, il donna ensuite Barack Obama.
Quant à Spoutnik, il donna John Kennedy et le Vietnam donna Jimmy Carter même si, ensuite, il donna Ronald Reagan dont le fond de commerce n’est pas très éloigné de celui utilisé par Donald Trump.
Pour autant, Reagan avait un discours d’unité que n’a absolument pas Trump, ce qui lui a permis de faire la différence en fin de course, puisqu’il était donné perdant jusqu’à l’ultime moment.
Mais il doit aussi sa victoire à l’ayatollah Khomeiny qui accepta de libérer les otages de l’ambassade américaine juste après les résultats de l’élection, ce qui est une des raisons majeures de la défaite de Carter…
En outre, la situation des Etats-Unis n’a rien de catastrophique actuellement avec une croissance économique, une baisse du chômage et un rayonnement international intact.
Trump espère que la peur du terrorisme islamique, de l’envahissement du pays par les immigrés illégaux et de la violence autour de la question noire l’aideront à lui donner une chance de se faire élire.
Oui, c’est bien la peur qui est le fond de commerce de Trump, le fond de commerce de tout populiste démagogue.


Sondages des sondages au 22 juillet 2016
Hillary Clinton en tête dans tous les sondages

Clinton
Trump
Ecart
Election projection
44,8%
41,4%
Clinton 3,4
Five Thirty Eight (1)
41,1%
38,3%
Clinton 2,8
Huffington Post
43,5%
40,7%
Clinton 2,8
New York Times
42,0%
40,0%
Clinton 2,0
Polltracker
43,9%
41,2%
Clinton 2,7
Real Clear Politics
44,0%
43,5%
Clinton 2,7
270 to win (1) (2)
45,0%
42,2%
Clinton 2,8
(1) Prend en compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours de sondages


Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC



Présidentielle USA 2016

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