vendredi 16 septembre 2016

Une Semaine en Centrisme. Les recompositions politiques c’est lors de la présidentielle, pas après

Si Valéry Giscard d’Estaing a été élu en 1974, c’est bien parce que le plus centriste des présidents de la V° République – à défaut d’être un vrai centriste – avait fait alliance avant l’élection, avec Jacques Chirac, qui aurait du «naturellement» soutenir Jacques Chaban-Delmas, provoquant une recomposition politique.
Si François Mitterrand a été réélu en 1988, c’est bien parce qu’il avait indiqué un changement de cap avec une alliance avec Michel Rocard, alors même que celle-ci semblait «naturellement» impossible, ce qui avait permis aux centristes d’entrer dans le gouvernement.
Prétendre que la recomposition politique doit avoir lieu après la présidentielle est un non-sens car ce genre de recomposition s’apparente plus alors à de simples débauchages de personnalités du camp adverse pour provoquer l’illusion d’une union nationale ad minima (comme après l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007), souvent à de l’opportunisme (comme après l’élection de George Pompidou en 1969 avec le changement de camp de nombreux centristes anti-Lecanuet).
Pourtant, dans tous les camps politiques, certains affirment le contraire.
C’est même un des arguments qui se veut «massue» de centristes, en particulier à l’UDI sous la houlette d’Hervé Morin et de sa bande de trublions anti-Lagarde pour justifier leur volonté de fermeture au centre-gauche afin de demeurer dans l’alliance soi-disant «naturelle» avec LR.
Bien entendu, c’est de la politique politicienne et électoraliste mais, fondamentalement, c’est une erreur d’appréciation et de régime constitutionnel.
L’élection présidentielle est, dans le régime de la V° République, la reine des élections.
Avec l’instauration du quinquennat et les législatives qui la suivent immédiatement, elle phagocyte désormais toute la vie politique, qu’on s’en réjouisse ou non, c’est une constatation.
C’est donc bien à ce moment que les grands choix du pays se discutent, que l’on choisit celui qui doit les mettre en œuvre.
Dès lors, c’est bien à ce moment là que les diverses offres se font et que chacun décide laquelle il va soutenir, électeurs et personnel politique, non après dans des marchandages qui étaient de mise dans le régime de la IV° République.
Dans cette dernière catégorie et pour la clarté et le bon fonctionnement de la démocratie, c’est donc à ce moment là que les soutiens se font et que se recompose logiquement la vie politique en vue des cinq années à venir.
Pour 2017, d’ailleurs, ces soutiens se font actuellement par rapport aux candidatures et aux programmes de ceux qui ont choisi de se présenter.
Même lorsqu’il ne s’agit que de candidature à la primaire de LR ou du PS.
On comprend bien que François Bayrou soutien Alain Juppé à la primaire de LR mais qu’il ne soutiendra pas Nicolas Sarkozy ou Jean-François Copé, voire Jean-Frédéric Poisson si par hasard ces deux derniers sortaient vainqueur de cette joute électorale.
Il ne pratique donc pas une alliance «naturelle», c’est-à-dire automatique avec un camp, mais soutien un candidat dont le projet et le programme politiques lui semblent les meilleurs.
Surtout, il indique qu’il ne pourra pas s’allier avec certaines personnalités de LR et soutenir leurs programmes parce que trop éloignés sur la manière de gouverner de ceux-ci et sur les propositions de ceux-là.
Et si Jean-Luc Mélenchon mais aussi sans doute Arnaud Montebourg ne se présenteront pas à la primaire du PS, c’est pour ne pas avoir à soutenir François Hollande si celui-ci la gagne.
Itou pour Emmanuel Macron.
Bien évidemment, on peut se présenter à la présidentielle au premier tour en expliquant que si l’on n’est pas présent au second tour on se désistera pour l’un des deux finalistes.
De même, on peut appeler à voter dans l’entre-deux tours pour le finaliste le plus proche de ses idées (ou le moins éloigné…).
Ceci est également valable pour un parti politique, par exemple, s’il veut faire barrage à un des finalistes qu’il considère comme dangereux.
Cela provoque ou non une recomposition politique mais ce soutien se produit toujours avant l’élection finale.
Pour autant, quand Edouard Balladur se désiste pour Jacques Chirac en 1995, il n’entre pas au gouvernement.
Et quand François Bayrou vote pour François Hollande, ce dernier ne lui ouvre pas les portes de son gouvernement.
On est bien donc, en V° République, dans un choix a priori parce que les institutions le valide et non dans un choix a postériori qui signifierait uniquement que les perdants veulent aussi être les gagnants pour quelques ambitions personnelles.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC



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