lundi 22 mai 2017

Actualités du Centre. Conseils du centriste Blair au centriste Macron

Tony Blair
Dans une tribune publiée récemment par Le Monde, l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, inventeur avec l’ancien président américain, Bill Clinton, de la Troisième voie (Third way) dans les années 1990, parlent de son expérience du pouvoir et donnent des conseils au nouveau président de la république française, Emmanuel Macron, qu’il adoube.
Si, aujourd’hui, Blair est devenu une personnalité controversée par son soutien sans réserve à la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein de George W Bush ainsi que dans son rôle de conseiller de chefs de l’Etat qui ne sont pas de grands démocrates, il reste celui qui a tenté et parfois réussi la synthèse entre un libéralisme économique assumé et un solidarisme social, ce qui a permis à la gauche du Royaume Uni de revenir au pouvoir après les années de la très conservatrice et ultralibérale Margaret Thatcher alors que tout le monde estimait alors que le Parti travailliste était proche de l’extinction.
Son parcours politique et sa pratique du pouvoir l’ont d’ailleurs conduit vers le Centrisme et l’on peut estimer qu’à la fin de son mandat, il était plus centriste que les Libéraux démocrates qui, pourtant revendiquaient l’appellation…
Son positionnement politique était très exactement celui revendiqué aujourd’hui par Emmanuel, le social-libéralisme et un progressisme qui prenait en compte la réalité, ce qui faisait défaut alors au Parti travailliste et permis son retour au pouvoir (Blair fut premier ministre pendant plus de dix ans et eut comme successeur un autre social-libéral, Gordon Brown) comme c’était le cas aux Etats-Unis où Bill Clinton recentra avec succès le Parti démocrate et demeura huit ans à la Maison blanche.
Il tente un retour politique, selon lui, européen convaincu, guidé par ses grandes craintes vis-à-vis de la montée des populismes sur le vieux continent et, en particulier, celui qui en Grande Bretagne conduit au Brexit qu’il combat en adversaire déterminé.
Voici des extraits de cette tribune
- «Bel exploit ! En à peine plus d'un an, Emmanuel Macron a fondé un mouvement et accédé à la tête de l'une des grandes puissances mondiales. Il y est parvenu avec un programme d'une grande clarté idéologique: en dépassant les vieux paradigmes de gauche et de droite et en s'inscrivant résolument contre le nouveau populisme qui déferle sur les pays occidentaux.»
- «Pour une bonne partie de la population des pays occidentaux, la mondialisation provoque un stress culturel et économique, qui crée du ressentiment et de la peur. (…)Les populistes surfent sur cette colère, exploitent des sujets comme l'immigration et créent des boucs émissaires. (…) Ce qu'Emmanuel Macron a compris, c'est qu'il n'y a qu'une seule réponse sérieuse : elle consiste non pas à traiter par le mépris des inquiétudes qui sont légitimes et compréhensibles, mais à expliciter les solutions qui amélioreront véritablement le sort de la population. Il faut pour cela défendre résolument les valeurs que nous partageons contre les extrémistes qui utilisent la religion comme instrument de haine, sans confondre l'islamisme radical avec l'islam. Il faut un Etat actif qui accompagne les victimes des mutations économiques, mais il faut aussi affirmer clairement qu'on ne peut pas arrêter le changement et que ceux qui disent le contraire mentent.»
- «Cette politique de centre progressiste est la seule à même de vaincre le populisme. Le monde a donc réagi avec un soulagement palpable et justifié à la victoire de Macron. Tous ceux d'entre nous qui croient au progrès en mettant la mondialisation au service du plus grand nombre souhaitent et ont besoin qu'il réussisse. Mais, comme il n'est pas sans le savoir, le plus dur commence à présent. Pour reprendre la formule du dirigeant politique américain Mario Cuomo, ‘on fait campagne en poésie mais on gouverne en prose’.
- «La méthodologie de la réforme est importante. La première chose à faire est de déterminer ce qui va vraiment faire bouger les choses. J'ai passé mon premier mandat à mener des réformes dont l'ampleur ne s'est pas suffisamment traduite dans le discours. Pourtant, on peut y perdre une bonne partie de son capital politique. J'en ai tiré comme leçon qu'il faut se centrer sur les choses réellement importantes. S'assurer que les mesures sont assorties d'effet.
La réalité, c'est que la plupart des gens savent que les réformes sont nécessaires pour la France. L'économie française possède de nombreux atouts mais elle ferait beaucoup mieux si l'Etat donnait de l'autonomie aux entreprises au lieu de les entraver. Ces réformes ne reviennent en rien à minimiser l'importance de la justice sociale; elles sont, bien au contraire, la seule façon de l'assurer, en créant la croissance et les emplois indispensables au bien-être de la population.»
- «J'ai constaté que le plus difficile quand on gouverne est de traduire les réformes dans les faits. L'administration est douée pour gérer le statu quo, nettement moins pour le modifier. J'ai découvert qu'il était essentiel d'établir des priorités et de créer des structures spécialement chargées de mettre en œuvre les réformes, avec des équipes formées dans ce seul but.»
- «L'Europe doit être réformée. Si l'on inscrit le programme des réformes de la France dans le cadre d'un programme de réformes de l'Union européenne, la proposition devient nettement plus attrayante. Cela souligne, comme il se doit, que le changement en France fait partie intégrante des transformations indispensables sur l'ensemble du continent et cela donne aux citoyens européens le sentiment que l'on entend leurs angoisses à propos de l'Europe et que l'on y répond.»
- «La politique du XXIe  siècle doit ressembler à son époque et se projeter dans l'avenir. Assurément, pour le nouveau président, le plus dur commence. Mais le cap est bon, et nombreux sont ceux qui, dans le monde, empruntent la même direction.»


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