dimanche 28 avril 2019

Une Semaine en Centrisme. Macron-Bayrou, la nouvelle alliance?!

François Bayrou & Emmanuel Macron
C’est un Bayrou pro-Macron dithyrambique et lyrique que l’on a vu ce dimanche sur le plateau de BFMTV.
Même si le discours du président du MoDem envers son allié, le Président de la République, s’était déjà adouci ces derniers temps passant d’un soutien «vigilant» à un soutien «sans réserve» (après avoir surfé quelque peu sur le mouvement de foule des gilets jaunes), l’emphase des propos entendus sans ces «en même temps» critiques et automatiques sur l’exercice du pouvoir d’Emmanuel Macron est une nouveauté.
Pour bien s’en rendre compte, voici un extrait de son interview:
«Les choses apportées par le Président de la République, ce sont les choses les plus profondes que l'on pouvait imaginer.
La France, au fond, est à la recherche de ce que j'ai appelé un grand projet national, quelque chose qui puisse nous permettre à la fois de saisir tout ce que le monde contemporain offre de chances technologiques, scientifiques et en même temps de trouver un sens à notre vie ensemble et que, dans cette vie que nous partagerons dans les années qui viennent, chacun ait sa chance.
Et vous dites que ce n'est pas une révolution. C'est une révolution.
[Ce n’est] pas seulement l'ensemble des mesures, mais la philosophie qui porte ces mesures [qu’il] a résumée lui-même dans une formule: ‘le progrès pour tous en demandant le meilleur à chacun’.
Vous voyez bien, c'est au fond la réponse à toutes les critiques apportées, y compris par les gilets jaunes. Certains avaient ou entretenaient le sentiment, mais si j'ose dire c'est la politique, qu'au fond ce qu'avait choisi Emmanuel Macron, c'était une société individualiste pour les plus forts.
Il s'est expliqué exactement sur ce point en disant que, ce qui compte, c’est à la fois d'utiliser toute l'énergie que peut apporter la compétition, le fait que les gens veuillent inventer, innover, pour la solidarité la plus concrète, pratique, de terrain, de la vie de tous les jours.
Mais, cela, c'est plus qu'un grand projet national. Si vous y réfléchissez bien, c'est la réponse, si on arrive à la mettre en œuvre, aux grandes inquiétudes de toutes les démocraties occidentales qui se traduisent assez souvent par de l'extrémisme, assez souvent par ce que vous appelez populisme, assez souvent par Donald Trump, par le Brexit, par ce qui se passe en Italie.
Là, c'est au contraire un projet de société qui se porte vers ce que nous avons de plus précieux parmi nos raisons d’agir.
(…) Bien sûr que c'est un défi. Et la preuve, c'est qu'il n'a jamais été réalisé nulle part aujourd'hui et que donc la volonté de relever ce défi-là, c'est extrêmement important. C'est sans précédent.
Cela répond, comme je le disais, à toutes ces inquiétudes sourdes dans lesquelles on vit.»
Si l’on n’avait pas indiqué plus haut que celui qui parlait était François Bayrou, personne n’aurait sans doute cité le président du MoDem et aurait plutôt parié sur la porte-parole de l’Elysée ou de LREM!
Mais pourquoi ce nouveau ton?
Certains diront que Macron fait désormais du Bayrou ou, en tout cas, se retrouve sur la même longueur d’onde pour un «nouveau projet national» que semble vouloir mettre en place l’hôte de l’Elysée et que réclame depuis des mois le maire de Pau.
Bien entendu, ce «nouveau» demeure encore flou des deux côtés mais la rhétorique semble la même.
Dès lors, plus besoin de ruer dans les brancards pour Bayrou mais de récolter les lauriers de sa lucidité et de se poser en un possible successeur d’Edouard Philippe à Matignon.
D’autres affirmeront, plus prosaïquement, que le leader du Mouvement démocrate ne peut pas, dans ces temps incertains et alors que des élections se profilent le 26 mai prochain, jouer contre son camp au risque de conséquences qu’il serait bien obligé d’assumer.
Néanmoins, il faut remettre un peu les choses en perspective.
Si le Président de la République a fait son mea culpa sur certains de ses propos, de ses comportements et des mesures prises comme la fin de l’indexation des petites retraites, il n’a pas changé son discours et de projet.
Il a seulement été l’objet d’attaques très dures, voire virulentes et mensongères, venues, à la fois, des extrêmes populistes, du «vieux» monde politique et des médias qui a été un terreau pour un mouvement de foule – certes soutenu un temps dans ses demandes démagogiques par une majorité de sondés – qui a été monté en épingle par nombre de journalistes et de politiciens alors qu’au plus fort de sa mobilisation, il n’a même pas représenté 0,5% de la population française.
Reste que, alors que Macron fêtera bientôt les deux ans de sa victoire à la présidentielle, Bayrou a peut-être enfin compris que la survie de la majorité présidentielle et donc de son parti (qui n’a eu d’élus que grâce aux largesses de LREM, obéissant aux ordres du Président de la République) passait par un soutien réel et non plus celui qui avait souvent plus l’air d’une défiance, voire d’une opposition et qui faisait le bonheur des médias qui attendaient à chacune de leurs invitations de celui-ci, la petite phrase assassine.
Quoi qu’il en soit, le soutien de Français Bayrou à Emmanuel Macron semble, en ce jour, total.
Jusqu’à ses prochaines déclarations?...

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC


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