mercredi 11 septembre 2019

Une Semaine en Centrisme. LaREM, mouvement citoyen à la dérive populiste ?

Lors de la campagne présidentielle, les accents populistes d’Emmanuel Macron avaient été remarqués et avaient interpelé même s’ils étaient demeurés minoritaires en rapport avec son positionnement central.
De même, En marche ! devenu LaREM s’était plutôt positionné comme un mouvement citoyen également central lors des législatives qui avaient suivi.
Pour autant, la volonté de récupérer à son profit le mécontentement populaire concernant la « classe politique » posait déjà question quant à un discours qui pouvait adopter la posture « eux contre nous » très caractéristique du populisme qui tend à évincer du corps social les soi-disant élites qui ne travailleraient pas pour le « peuple » mais pour elles-mêmes, voire pour des puissances occultes où tous les fantasmes complotistes se mélangent...
La crise du mouvement de foule populiste des gilets jaunes qui a pris de court la majorité présidentielle avec sa violence exacerbée, a amené les dirigeants de LaREM – sans doute choqués exagérément – à, sinon vouloir le récupérer, en tout cas, démontrer que leur organisation n’était pas un parti comme les autres mais bien cette agglomération de citoyens « normaux » qui menait le même combat que les manifestants affublés d’un gilet jaune et, surtout, ceux qui les soutenaient dans les sondages.
Depuis la fin du Grand débat national, le changement de discours est une évidence.
Reste à savoir s’il s’agit de l’« acte II » de LaREM, celui où l’idée serait d’être le porte-voix de toutes les doléances venues d’en bas, une sorte de relais entre ce « peuple » en défiance et le gouvernent au défi de prendre en compte cette nouvelle donne supposée.
Pour l’instant, il est trop tôt pour affirmer qu’il y a un réel changement de ligne politique d’autant que dans les propos des mêmes dirigeants de LaREM, on parle toujours de réformes indispensables, de responsabilisation, de méritocratie, un discours au soubassement centriste.
Mais, très clairement, si tel devait être le cas, l’indispensable mise à niveau du pays serait sans doute sacrifiée sur l’autel de la popularité et de l’électoralisme.
Ce serait un mauvais coup pour tous ceux qui estiment qu’Emmanuel Macron n’a pas été élu pour être populaire mais pour remplir une mission de la plus haute importance.
Reste qu’une partie du discours tenu aujourd’hui, tant au gouvernement qu’à LaREM et même dans la bouche du Président de la République, peut être particulièrement dangereux pour le pouvoir.
Ainsi, s’il n’est pas basé sur du concret, il pourrait inciter ceux qui s’estimeraient trompés par ce « faux » « tournant populiste » – même si rien n’indique à l’heure actuelle qu’il s’agit vraiment de cela – à s’arcbouter encore plus contre le pouvoir en place, notamment par des actes plus violents qui trouveraient un écho dans la « majorité silencieuse ».
Et ils pourraient, a contrario, inciter ceux qui ont encore confiance dans son agir à lui tourner le dos par dépit.
Le cas de la réforme des retraites est emblématique de ce positionnement du « tout à la fois » et non plus du « en même temps ».
Ici, on promet qu’il faut une réforme profonde – ce pourquoi on a été élu – tout en promettant qu’on écoutera ce « peuple » et ses desideratas et que la réforme sera, in fine, celle qu’ils décideront même si elle n’est que superficielle.
On voit bien la contradiction du processus qui aboutira, soit à renier la volonté des électeurs (et à mettre le système des retraites dans une situation très difficile), soit à s’assoir sur des revendications irresponsables d’un mélange d’opposants, d’émeutiers et de corporatistes (qui de toute façon estimeront toujours qu’on ne va pas assez loin en leur faveur).
Autant dire que LaREM joue gros mais n’en a peut-être pas une conscience aussi forte quand on écoute certains de ses responsables qui semblent avoir endossé le costume du populiste aussi facilement qu’ils avaient endossé celui du réformateur.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

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