lundi 14 octobre 2019

Actualités du Centre. Tunisie – Présidentielle & législatives : Où en est le Centre ?

Le parti centriste de Nabil Karoui
Après les élections législatives du 6 octobre et la deuxième tour de la présidentielle (organisée après le décès du président en place, Béji Caïd Essebi), le nouveau paysage politique tunisien semble avoir été chamboulé au détriment des formations centristes, les vraies et non pas celles qui se disent centristes parce qu’elles se situent entre l’islamisme et la démocratie.
Les législatives ont ainsi placé en tête les islamistes de Ennahdha (qui se revendiquent comme «modérés») devant le nouveau parti centriste «Au cœur de la Tunisie» (Qalb Tounes), fondé par une des figures du Centre tunisien (il fut une des chevilles ouvrières de la création de Nidaa Tounes, la coalition centriste dominante dans l’ancienne Assemblée des représentants du peuple), Nabil Karoui.
Comme toujours en Tunisie depuis l’instauration d’un régime démocratique, il est difficile de donner exactement la couleur politique de la plupart des formations qui ont concouru et obtenu des sièges dans le nouveau parlement.
Ainsi, pas moins de 21 partis ont obtenu au moins un député auxquels il faut ajouter l’élection de 10 «indépendants» affiliés à aucune formation politique.
Si l’on tente de faire le total des députés centristes élus par rapport aux revendications d’orientations politiques des différents partis, on abouti (sans compter les indépendants), à un chiffre supérieur à 70 députés sur les 217 que comptent l’Assemblée, soit loin de représenter la majorité.
De plus, ces diverses formations se revendiquant du Centre sont souvent dirigées par des personnalités qui sont en guerre les unes avec les autres ce qui réduit leur capacité de peser réellement dans les choix futurs d’un gouvernement dont l’élaboration devrait être confiée aux islamistes d’Ennahdha.
Ceux-ci n’ont pas encore tranché s’ils vont se tourner prioritairement vers les centristes et les autres forces démocratiques pour former une coalition puisqu’aucun parti n’a obtenu la majorité absolue ou plutôt vers les autres formations islamistes dont certaines sont qualifiées d’«extrémistes» ainsi que vers les nationalistes.
Ce prochain gouvernement ne devrait pas voir le jour avant fin novembre.
Du côté de l’élection présidentielle, les résultats du 13 octobre sont sans appel avec la victoire du professeur de Droit constitutionnel, Kaïs Saïeb avec plus de 70% des voix selon les dernières estimations devant le leader d’«Au cœur de la Tunisie», Nabil Karoui.
Ce dernier a estimé que son emprisonnement durant la plus grande partie de la campagne pour accusation de blanchissement et d’évasion fiscale (alors même qu’il n’a pas été jugé), lui a fait perdre le scrutin.
Quant à Saïeb, il est présenté comme un «conservateur» mais néanmoins un démocrate et non un islamiste comme certains ont voulu le présenter pour le décrédibiliser.
C’est un homme qui ne vient d’aucun parti et qui n’en dirige aucun, ce qui va rendre sa présidence compliquée.
En revanche, il pourra compter sur le peuple et notamment la jeunesse qui a été séduit par son discours et son honnêteté.
Pour conclure, ces élections n’ont pas été un succès pour le Centre qui était pourtant en position de force avant le scrutin.
Mais les problèmes d’égo ainsi que les scissions sans fin et les créations sans cesse de nouvelles formations l’ont affaibli et risque de n’en faire qu’un courant secondaire parce qu’incapable de parler d’une seule voix.
Ce qui, in fine, peut représenter un danger existentiel pour la jeune démocratie tunisienne.


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