lundi 16 janvier 2023

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. S’opposer, est-ce le rôle de la minorité en démocratie?

Une opposition, ça s’oppose.

Derrière ce truisme, il y a d’abord des significations.

Une opposition c’est une lutte contre.

S’opposer, c’est faire obstacle à quelque chose, agir contre quelqu’un, combattre, empêcher.

Que des termes négatifs…

S’opposer en politique ce serait donc quelque part plutôt détruire que construire puisqu’il s’agirait de contester systématiquement les décisions du pouvoir en place.

Dès lors, la pratique de l’opposition dans une démocratie est généralement d’être constamment dans un conflit avec ce pouvoir ce qui mine le système.

On est même souvent dans l’«oppositionisme» de principe avec des opposants dont la religion est d’être toujours contre.

Pourtant «opposer» c’est aussi mettre en regard deux visions différentes ou deux manières d’agir.

C’est bien sûr toujours d’être face à face avec une chose mais cela peut permettre néanmoins d’être parfois aussi côte à côte, en construction commune lorsque des visions différentes partagent quelques points identiques ou proches.

Avoir des divergences souvent profondes n’exclut pas d’avoir parfois des convergences réelles et de pouvoir former des consensus de circonstance.

Bien sûr, cette situation survient de temps à autres mais elle est tellement vue comme anachronique que l’on s’en étonne ou qu’on la présente comme une exception qui confirme la règle.

Alors oui, un système démocratique par essence reconnait la divergence d’opinion et la réalité que tout le monde n’est pas d’accord sur tout.

L’unanimisme en matière politique, qui serait une sorte de nirvana s’il correspondait à un vrai accord libre de toutes les parties, est plutôt suspect pour des démocrates tant il ressemble au fonctionnement d’une société totalitaire.

Cependant, une démocratie apaisée, c’est-à-dire mature, doit pouvoir pratiquer le consensus et le compromis le plus possible sans que cela soir vu – et du côté de la majorité et du côté de la ou des minorités – comme une sorte de dévoiement de leurs principes ou de compromission, au contraire mais comme la reconnaissance que quand ce qui rapproche est plus puissant que ce qui éloigne, on peut trouver un accord qui ne vous fera pas passer comme «traître» ou «vendu».

D’où, bien sûr, ce constat que nous sommes loin d’avoir atteint la maturité démocratique...

Peut-être, déjà, on pourrait bannir le terme «opposition» pour désigner la ou les minorités politiques car le rôle premier de celles-ci n’est pas, en effet, de s’opposer mais bien de représenter d’abord ceux qui les ont élues dans une démarche plus positive de défense d’une politique plus ou moins alternative à celle suivie par la majorité.

Ce serait également leur donner une image plus avantageuse.

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.