samedi 27 septembre 2008

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Etats-Unis

Présidentielle 2008

Premier débat de la campagne avec la crise financière en ouverture


Le premier débat télévisé entre Barack Obama et John McCain, un temps mis en cause par la suspension temporaire de la campagne du candidat républicain, a finalement eu lieu, dans la nuit de vendredi 26 à samedi 27 septembre à Oxford (Mississippi), abordant les domaines prévus de politique étrangère et de sécurité nationale. Mais la crise financière qui touche actuellement les Etats-Unis a aussi été longuement évoquée lors du début de la rencontre. Pendant un peu plus d'une heure et demie, les deux candidats à la Maison Blanche ont exposé leurs programmes, répondant aux questions du journaliste Jim Lehrer thème par thème, dans des segments de deux minutes, avant de débattre pendant une dizaine de minutes.

La crise financière. En raison du contexte, la crise qui touche actuellement les Etats-Unis devait obligatoirement être traitée pendant ce débat. De nombreux sondages rapportent que l'état de l'économie est de loin la première préoccupation des électeurs. Le thème a donc été abordé d'emblée, Jim Lehrer leur demandant quelles étaient leurs positions vis-à-vis du plan de relance de l'administration Bush, et quelles étaient leurs propositions pour sortir dela crise. Pour Obama, cette crise constitue le "verdict final" de la présidence de George Bush, "huit ans de politiques ratées soutenues par le sénateur McCain". Il s'est dit "optimiste" sur l'état des négociations. John McCain s'est quant à lui félicité que "démocrates et républicains [aient pu] s'asseoir pour négocier et mettre un dispositif au point" et a souhaité que les négociations donnent naissance à un texte pour lequel il pourra voter. Très prudents, Obama et McCain ont soigneusement évité de lancer des attaques trop violentes dès le début du débat, obligeant même le présentateur à les encourager à s'adresser l'un à l'autre. Les échanges ont commencé à devenir plus nourris quand les deux candidats ont détaillé leurs réponses pour venir à bout de la crise, notamment leurs propositions fiscales. John McCain a accusé son rival de vouloir augmenter les dépenses publiques, alors que lui prône une baisse de celles-ci, ainsi qu'une baisse des impôts, pour relancer l'économie. Barack Obama a répondu en soulignant qu'il n'augmenterait pas les taxes pour les familles "qui gagnent moins de 250 000 dollars par an", répétant que cette crise est le résultat d'une politique de dérégulation soutenue par John McCain. Après avoir été relancés plusieurs fois, les deux hommes ont également reconnu que la crise aura des conséquences sur leurs éventuelles présidences. Obama a jugé que le budget sera "sans aucun doute affecté", mais a énuméré plusieurs programmes qu'il entend privilégier : l'indépendance énergétique, le renouvellement des infrastructures et l'éducation. McCain a pour sa part proposé le gel de dépenses dans des domaines autres que la défense et les anciens combattants, ce que le démocrate a comparé à "utiliser une hache quand il faut un scalpel".

Les fronts en Irak et en Afghanistan. La discussion sur la guerre en Irak a été sans aucun doute la plus disputée de la soirée. Barack Obama s'en est pris à son rival, qui a soutenu la guerre dès 2003 alors que lui avait voté contre "quand c'était encore politiquement risqué" de le faire. Le sénateur de l'Arizona a répondu en assurant qu'à ses yeux les Etats-Unis "gagnent en Irak" et que la stratégie de "surge" (30 000 troupes supplémentaires envoyées en 2007) mise en place par l'administration Bush "a été couronnée de succès (...) nous allons revenir au pays dans la victoire et l'honneur". Il n'a pas manqué de souligner qu'Obama était opposé à cette stratégie, avant de la soutenir. McCain s'est néanmoins peint comme un opposant au gouvernement fédéral. Il a rappelé qu'il était contre "le traitement des prisonniers, sur Guantanamo Bay et sur la façon dont la guerre en Irak a été menée". "J'ai un bilan et les Américains me connaissent bien et savent que je suis indépendant et un 'maverick' au Sénat", a-t-il lancé.

Le candidat démocrate a reconnu que la situation s'était améliorée en Irak, mais a estimé que le gouvernement "avait perdu de vue l'essentiel" en se concentrant en Irak et en laissant la situation dégénérer en Afghanistan, l'objectif principal dans la guerre contre le terrorisme à ses yeux. Il a promis d'envoyer trois bataillons supplémentaires sur place, avant de rappeler qu'il considérait l'invasion de l'Irak en 2003 comme une erreur (aucune arme de destruction massive n'a été trouvée, les Américains n'ont pas été accueillis comme des héros). McCain a rétorqué en moquant Obama pour s'être dit prêt à lancer des frappes ciblées contre Al-Qaida au Pakistan, estimant qu'Islamabad était un allié précieux. Les deux candidats se sont également mutuellement accusés d'avoir voté contre le financement des troupes déployées en Irak. Les relations avec l'Iran et la Russie. L'Iran et la Russie ont constitué les deux autres principaux points de divergence. Comme il l'a fait à de nombreuses reprises pendant ce débat, John McCain a assuré que son rival "ne comprenait pas" la situation diplomatique mondiale et manquait d'expérience. Il a raillé sa "naïveté", prononcé en français, parce qu'il était prêt à rencontrer le président d'un Etat comme l'Iran. "Le sénateur Obama a déclaré deux fois au cours de débats qu'il négocierait avec Ahmadinejad, Chavez et Castro, sans conditions", a-t-il ajouté, rappelant que le président iranien avait promis à plusieurs reprises "de rayer Israël de la carte".

M. Obama a pour sa part plaidé pour une "diplomatie ferme et directe" avec Téhéran et a affirmé qu'en tant que président, il "se réservait le droit de rencontrer lespersonnes de son choix à un moment et un endroit de (son) choix (...) si je pense que cela peut contribuer à la sécurité des Etats-Unis". Il n'a pas manqué de pointer que Henry Kissinger, qui conseille la campagne de John McCain, était favorable a une rencontre au niveau présidentiel avec l'Iran. Le camp républicain s'est empressé de diffuser après le débat un communiqué assurant que M. Kissinger récusait les propos de Barack Obama. Sur la Russie, l'un et l'autre étaient d'accord pour refuser un retour à la guerre froide, mais ont condamné l'intervention russe en Géorgie le mois dernier. "Je pense que compte tenu de ce qui s'est passé au cours des dernières semaines et des derniers mois, l'ensemble de notre attitude vis-à-vis de la Russie doit être réévalué, car une Russie résurgente et très agressive est une menace pour la paix et la stabilité de la région", a expliqué Obama. McCain n'a pas hésité pour sa part à qualifier la Russie "d'Etat contrôlé par des apparatchiks du KGB". Les deux hommes ont en outre promis de soutenir l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN.

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