vendredi 22 septembre 2017

Une Semaine en Centrisme. LREM-MoDem, le jeu du chat et de la souris pour la primauté au centre

Officiellement tout va bien entre Emmanuel Macron et François Bayrou qui s’envoient des compliments à tour de bras.
Selon les proches du chef de l’Etat, celui-ci répèterait souvent que le maire de Pau lui «a beaucoup apporté» et, précisent ces mêmes proches, pas simplement électoralement parlant, mais également  par «sa culture, sa profondeur et sa connaissance du pays».

Quant à Bayrou, il continue à parler de manière récurrente de son admiration pour son cadet.

Même chose pour La République en marche et le Mouvement démocrate.

Ainsi, le président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, Marc Fesneau, peut affirmer que si «chaque groupe a sa propre identité», cela n’empêche par qu’ils aient «de nombreux points de jonctions» et des «contacts très réguliers».

Dont acte.

Cependant à y regarder de plus près, c’est bien une concurrence entre les deux formations de la majorité qui est en cours.

Une concurrence initiée le plus souvent par le MoDem.

Cette volonté de se démarquer afin exister pour ce dernier est surtout un moyen de démontrer qu’il est le seul parti des deux à être réellement centriste, à avoir un projet et une ligne d’action, à être proche des citoyens et à être là dans la durée et pour durer.

En creux, cela signifie que François Bayrou et ses lieutenants ne croient absolument pas à la pérennité du mouvement macronien dans le temps et qu’ils parient sur son lent délitement qui pourrait se faire largement au profit de leur parti.

Selon eux, ils pourraient, à terme, récupérer plusieurs députés déjà très proches de leurs idées.

Des éléments concrets plaident en faveur de leur thèse comme les problèmes récurrents de coordination de LREM ainsi que du manque de consistance de beaucoup de ses élus sans oublier que les positionnements politiques de ces derniers sont parfois antinomiques ce qui produit parfois une ligne politique globale absente et des prises de position pour le moins incohérentes que le chaperonnage de l’Elysée et de Matignon tente tant bien que mal d’encadrer.

De son côté, le Mouvement démocrate, donné sans cesse mourant, a réussi à survivre depuis 2007 et à connaître une étonnante résurrection en 2017 au moment où tout le monde publiait son acte de décès.

Bien évidemment, c’est grâce à l’élection d’Emmanuel Macron mais François Bayrou est convaincu (ou feint de l’être…) que sans son aide, le leader d’En marche n’aurait pu accéder à l’Elysée.

Donc, il estime être un des éléments essentiels de cette victoire et il ne veut pas se la faire voler.

Il se voyait premier ministre mais avait trouvé au ministère de la Justice, surtout en tant que ministre d’Etat et numéro trois du gouvernement, une récompense qui le contentait alors.

Son départ pour cause d’affaire d’attachés parlementaires européens fictifs l’a obligé à se concentrer sur le MoDem en attendant des jours meilleurs pour ses projets personnels.

Il est persuadé que son parti a une carte majeure à jouer et qu’il est légitime qu’il fasse tout pour qu’il soit, à terme, le cœur pensant et agissant de la majorité présidentielle.

Chimère ou réalité, il bénéficie, pour l’instant, de l’inorganisation de LREM pour cette ambition mais il sait qu’il faut vite qu’il s’installe dans une position stratégique avant que cette dernière trouve enfin son unité et sa vitesse de croisière.

Evidemment, il n’est pas question pour les leaders de La République en marche de laisser François Bayrou les phagocyter.

A terme, ils estiment que leurs 313 députés feront politiquement poids face aux 47 du MoDem.

Cependant, ici et maintenant, leur préoccupation est de ne pas être seulement le réceptacle d’hommes et de femmes dont souvent le point commun est leur différence…

Evidemment, cette compétition entre LREM et le MoDem vaut pour ce quinquennat et cette législature mais aussi pour la bataille électorale qui aura lieu dans cinq ans.

Parce que si Emmanuel Macron se voit bien alors rempiler à l’Elysée, François Bayrou ne se voit absolument pas prendre sa retraite, ni avoir un rôle subalterne et secondaire.



Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC




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