jeudi 13 juin 2019

Actualités du Centre. Les réponses centristes à la Déclaration de politique générale du Premier ministre

Après la Déclaration de politique générale d’Edouard Philippe, le 12 juin, les divers groupes de l’Assemblée nationale ont répondu à ses propos.
Voici les interventions des présidents des groupes LREM (Gilles Le Gendre), MoDem (Patrick Mignola) et UDI-Agir (Jean-Christophe Lagarde).
Les deux premiers ont voté la confiance au Premier ministre alors que le troisième s’est abstenu majoritairement (membres de l’UDI) et a voté pour (membres d’Agir).
L’abstention des députés UDI et non un vote contre est sans doute une concession de Lagarde pour ne pas voir son groupe implosé entre les «pour» et les «contre» le pouvoir en place.

► Gilles Le Gendre (La république en marche, LREM)
M. le Premier ministre sollicite la confiance de notre assemblée. Rien ne l’y oblige, sauf le moment si particulier que connaît notre pays et qui requiert de nous tous, représentants de la nation, lucidité, gravité et courage.
Les six mois que nous venons de vivre, entre l’éclatement du mouvement des gilets jaunes et les élections européennes, ont, pour la seconde fois en deux ans, totalement bouleversé notre paysage politique. Plus que jamais, le Gouvernement et notre majorité doivent relever de grands défis, dont la réussite ne conditionnera rien de moins que le destin de nos concitoyens, la stabilité démocratique de notre pays et sa capacité à faire entendre sa voix en Europe et dans le monde.
La situation actuelle présente des paradoxes qui pourraient aisément nous abuser si nous n’en avions pas la lecture appropriée.
Premier paradoxe : la crise sociale, dont le mouvement des gilets jaunes a été le symptôme, a éclaté alors que se faisaient jour les premiers résultats – positifs – de notre politique. Au bout de deux ans d’exercice du pouvoir, nous avons déjà un bilan. Le chômage est au plus bas depuis une décennie, 500 000 emplois ont été créés et l’industrie cesse d’en détruire. L’investissement des entreprises croît à vive allure. Le pouvoir d’achat augmentera cette année de 850 euros en moyenne par ménage, ce qui est la plus forte hausse depuis quinze ans. L’attractivité du pays auprès des investisseurs étrangers se renforce, ferment essentiel de la croissance et de l’emploi.
Nul triomphalisme dans ces constats irréfutables, mais la fierté du travail réalisé par notre majorité et la preuve, administrée avec éclat lors du grand débat national, que la crise de confiance qui frappe encore notre pays puise ses origines dans un passé plus ancien et un malaise plus profond – un passé qu’il nous incombe encore de solder, un malaise qu’il nous revient toujours de guérir.
Deuxième paradoxe : lors du dernier scrutin européen, en dépit de la force du vote national-populiste, nos concitoyens ont accordé à la liste soutenue par notre majorité un score inédit à une élection intermédiaire – qui plus est, à l’issue d’une crise sociale aiguë – et ils ont lourdement sanctionné les partis qui nous avaient précédés au pouvoir durant des décennies.
Ce crédit politique, incontestable et précieux pour la suite de notre action, n’est pas un chèque en blanc. Il nous permet d’agir avec une détermination intacte pour réformer, transformer et mobiliser, mais il ne nous autorise pas tout. La ligne de crête est le programme dessiné par le Président de la République à l’issue du grand débat national et dont votre déclaration de politique générale, monsieur le Premier ministre, définit la mise en œuvre concrète et planifiée, sous l’appellation désormais convenue d’acte II du quinquennat.
Troisième paradoxe : le mouvement des gilets jaunes a perdu de son intensité mais personne, en tout cas pas nous, n’imagine que les fractures – sociale, territoriale, numérique, écologique – dont souffre notre pays ont été réduites en si peu de temps, quand elles s’étaient creusées de si longue date.
Nous réaliserons sans délai et avec ardeur le programme que vous nous proposez, monsieur le Premier ministre. Nous savons, vous et nous, que nous débutons une course de fond plutôt qu’un sprint. Il n’y a pas une minute à perdre mais nous devons cette vérité aux Français : la poursuite de la réparation du pays, déjà bien engagée, demandera encore du temps, beaucoup de temps.
Ces trois paradoxes suffisent à caractériser l’ambition de la mission qui nous attend. Celle-ci n’est d’ailleurs que le miroir des mutations proprement bouleversantes que notre pays doit accomplir. La volonté, réaffirmée avec constance depuis deux ans par nos concitoyens, de rebattre les cartes politiques est la preuve de leur conscience intime que ces transformations nécessitent des réponses nouvelles et des méthodes revisitées. Celles-ci doivent s’affranchir des codes usés qui ont entravé l’action des gouvernements ces dernières années.
Leur futur inquiète légitimement les Français. Mais le message qu’ils nous ont délivré à l’occasion du grand débat national ne fait pas de doute : « Nous sommes prêts à affronter ce futur », nous ont-ils dit, « à la condition que vous vous y preniez différemment dans la manière de gouverner le pays, avec nous, et non seulement pour nous. » Cette injonction nous oblige. Mettre l’humain au cœur de tout, disait le Président de la République, lors de sa conférence de presse du 25 avril dernier. Cette exigence, nous l’avons aussi entendue dans vos propos, à l’instant, monsieur le Premier ministre, et le groupe La République en marche la fera sienne tout au long du programme que vous nous invitez à réaliser avec votre gouvernement.
Mettre l’humain au cœur de tout, c’est d’abord rassembler les Français autour d’un rêve collectif.
Je sais les préventions qu’inspire le terme de « rêve » en politique. Du rêve à l’utopie, de l’utopie au mensonge, il y a des pas qu’aucun responsable ne peut prendre le risque de franchir. Je le dis pourtant ici clairement : au fil de quarante ans d’une crise exténuante, notre pays a perdu sa raison d’être ; notre nation, ce qui l’unit ; notre République, ses repères. Il compte sur nous pour retrouver sa raison d’être, pour regagner son unité, pour se réapproprier ses repères, pour construire et faire vivre son rêve.
Ce rêve collectif sera écologique, social et européen. Écologique, pour réussir cette transition qui devient la cause universelle de notre siècle, en particulier pour notre jeunesse. Social, pour construire cette société inclusive au profit des populations les plus fragiles, et aussi conquérir les nouveaux droits accompagnant les bouleversements sociaux, territoriaux, démographiques, sociologiques, entrepreneuriaux, écologiques, technologiques, face auxquels les anciens modèles sont en train de démontrer leurs évidentes limites ; nouveaux droits également en faveur des femmes, dans une lutte sans relâche contre les discriminations, grande cause de notre quinquennat. Européen, enfin, car, comme nous l’avons montré durant la récente campagne électorale, notre pays ne peut construire son avenir sans l’Europe, encore moins contre elle.
Monsieur le Premier ministre, il y a, dans le programme que vous venez de nous présenter, tous les éléments constitutifs de ce projet écologique, social et européen. Je n’ai pas besoin de les énumérer à nouveau.
Permettez-moi d’insister brièvement sur les quatre sujets qui sont, pour le groupe parlementaire de La République en marche, des priorités stratégiques. Premièrement, l’accélération de la transition écologique : notre majorité n’a pas à rougir du travail accompli depuis deux ans mais nous devons agir plus vite et plus fort, en vue de la sortie des énergies fossiles et du développement des mobilités plus douces, en faveur d’une agriculture à la fois plus durable et plus rentable, ainsi que d’une protection beaucoup plus volontariste de la biodiversité.
Nous connaissons le dilemme qui s’oppose à cette accélération et nous devons le résoudre : comment concilier développement économique et écologie ? Tous nos efforts doivent désormais tendre vers son dépassement. Il y va de l’avenir de la planète, de la santé de nos enfants, de la confiance durable de nos concitoyens dans le progrès. La résolution de ce dilemme ne sera possible que dans un cadre global nouveau, un modèle productif entièrement réinventé, celui-là même que les pionniers de l’écologie, à qui nous devons tant pour avoir ouvert la voie en affrontant le scepticisme dominant, ont aujourd’hui eux-mêmes tant de mal à imaginer. Cette approche globale et sur le long terme justifie, à nos yeux, une approche législative appropriée. Piste parmi d’autres, nous serions favorables à la mise à l’étude d’une loi de programmation écologique, sur le modèle de la loi de programmation militaire.
Deuxième priorité : la révision des lois de bioéthique. Nous nous réjouissons sans réserve de la volonté du Gouvernement d’en hâter la discussion et le vote. La procréation médicalement assistée sera désormais accessible aux femmes seules et aux couples de femmes. Nous serons fiers de tenir cette promesse que nous avions faite lors des campagnes de 2017, sans chercher à décrocher un trophée politique ni à heurter les consciences de qui que ce soit mais, au contraire, en contribuant à installer dans cet hémicycle un débat de qualité, à la hauteur des enjeux que recèlent ces textes d’une très grande complexité.
Troisièmement, la réussite des chantiers sociaux les plus emblématiques : l’assurance-chômage, les retraites et la dépendance. Nous savons que la réforme de l’assurance-chômage est réglementaire. Elle complète néanmoins une architecture nouvelle des droits et devoirs des salariés et des entreprises, votée par notre assemblée au cours des deux dernières années. Nous sommes favorables à tout ce qui favorise et accélère le retour vers l’emploi, y compris en utilisant à bon escient le levier de l’indemnisation. Mais il nous semble que les efforts qui seront demandés aux salariés pour accepter une couverture moins généreuse doivent aller de pair avec la mise en place d’un système le plus étendu possible de bonus-malus permettant de poursuivre la tendance déjà à l’œuvre d’une réduction des contrats courts au profit de l’emploi durable.
Concernant la réforme des retraites, elle sera sans conteste l’illusion – l’illustration la plus marquante de la volonté de notre majorité de refonder notre protection sociale sur une base beaucoup plus solidaire. La création d’un régime universel par répartition et par points, préparée par le Haut Commissaire Jean-Paul Delevoye, est attendue par nos concitoyens. Mais la complexité même du sujet et la prise en compte concrète des innombrables situations individuelles que la réforme devra embrasser imposeront au Gouvernement un investissement massif pour que celle-ci devienne le bien commun de tous les Français. Notre majorité, déjà organisée à cette fin, en prendra naturellement toute sa part.
La dépendance, enfin, sera, autant que la réforme des retraites, une des lois majeures du quinquennat pour rassurer nos concitoyens de toutes les générations quant aux évolutions profondes provoquées par l’allongement de la durée de la vie. Sur ce sujet, plus encore que sur tout autre, notre groupe parlementaire, déjà au travail, souhaite prendre une part active à l’élaboration des propositions qui seront faites aux Français et aux choix qui seront arrêtés pour les financer.
Quatrième et dernière priorité : la revitalisation des territoires et des services publics. Nous considérons, comme vous, monsieur le Premier ministre, que les deux sujets sont étroitement liés et s’articulent autour du besoin impérieux de proximité exprimé par nos concitoyens. Nous n’ignorons rien des difficultés à surmonter pour atteindre cet objectif et nous souscrivons aux projets que vous avez proposés pour y parvenir. De la clarification des responsabilités entre l’État et les territoires aux maisons « France service », du plan « ma santé 2022 » au programme « action publique 2022 », de la révision de la loi NOTRe – loi portant nouvelle organisation territoriale de la République – aux dispositions favorisant l’engagement de l’élu, en particulier le maire, ce vaste ensemble, cohérent autant qu’exigeant, nécessite d’être engagé rapidement, sans jamais perdre de vue le rôle essentiel que joueront l’engagement et le dévouement de nos fonctionnaires dans la réussite de ces transformations. Certes, il ne fera sentir ses pleins effets que sur la durée. Il importera donc que nous soyons capables de dégager des résultats rapides et visibles, même imparfaits ou incomplets. En aucun cas, nos concitoyens ne pourront douter de notre détermination à répondre à leurs exigences de services publics de très haute qualité. Une démarche d’expérimentation sera, à cet égard, la bienvenue.
Ces quatre priorités n’excluent aucun autre aspect du programme très complet que nous appliquerons : les transformations de l’école, le service national universel, le « pass Culture », la réforme de l’audiovisuel, l’adaptation de notre politique du sport, notamment en prévision des Jeux olympiques, la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, la lutte contre les pensions alimentaires impayées, le revenu universel d’activité, la politique de sécurité protégeant les populations les plus exposées, le débat annoncé sur l’immigration – nous le souhaitons à la fois apaisé, réaliste et raisonnable ; il devra s’accompagner d’une modernisation de notre politique d’aide publique au développement –, l’ajustement permanent de notre action en faveur du logement, au plus près des besoins de nos concitoyens et des réalités du marché. Tous ces chantiers, et bien d’autres, devront poursuivre le même objectif : transformer progressivement la spirale mortifère de la défiance en un cercle vertueux de la confiance chez nos concitoyens.
Nous avons mentionné l’incontournable contrainte du temps, inhérente à toute transformation d’envergure dans notre pays. Le tableau serait incomplet si nous n’évoquions pas également la contrainte financière, tout aussi impérieuse, qui pèse sur ladite transformation. Notre majorité peut s’enorgueillir d’avoir amorcé depuis deux ans une remise en ordre de nos finances publiques qu’aucune de ses devancières n’avait osée.
Celle-ci est le résultat combiné d’ajustements budgétaires classiques et de réformes de fond qui transforment progressivement notre modèle économique et social et rendront, à terme, à la fois la dépense publique et l’impôt moins lourds et plus efficaces.
La crise sociale et la réponse forte qui y a été apportée, que complète la prochaine baisse confirmée de l’impôt sur le revenu, peuvent freiner la courbe du redressement, en aucun cas l’inverser, encore moins compromettre la transformation de ce modèle. Celle-ci est le seul gage d’un desserrement définitif de la contrainte budgétaire et de sa manifestation la plus menaçante qu’est le poids de notre dette publique. Elle doit continuer d’être conduite avec la plus grande fermeté, à l’image, par exemple, du travail sur les niches fiscales, entrepris par notre groupe à l’issue du grand débat et que nous souhaitons poursuivre avec vous.
« Mettre l’humain au cœur de tout », c’est aussi permettre aux Français de construire leur propre rêve, ce qui suppose de leur donner la parole et de les écouter. Dans son état actuel, notre Constitution ne le permet pas, en tout cas pas assez. C’est la raison pour laquelle notre groupe parlementaire aspire résolument à ce que la nouvelle réforme constitutionnelle proposée par le Gouvernement aboutisse. Le référendum d’initiative partagée, dont les conditions seront assouplies, et la future Chambre de la participation citoyenne ouvrent la voie à cette démocratie délibérative réclamée par nos concitoyens, sans mettre le moins du monde en péril notre démocratie représentative. L’introduction de la proportionnelle constituera aussi, à l’évidence, un facteur de respiration et une garantie de meilleure représentation démocratique.
Conscients des risques politiques – indépendants de notre volonté – qui pèsent sur la réforme institutionnelle, notre groupe considère qu’il n’est pas besoin d’attendre que celle-ci réussisse pour changer radicalement la donne dans le rapport des Français à la politique. Le grand débat national a démontré, contre les sceptiques et les méfiants, que le dialogue pouvait s’instaurer dans un cadre qui n’était pas qu’institutionnel.
À son issue, à cette tribune, je suggérais il y a quelques semaines que le grand débat ne s’arrête jamais. Cela ne dépend que de nous. C’est dans cet esprit que notre groupe accueille très favorablement la convention citoyenne pour la transition écologique ou la mobilisation nationale pour l’emploi et l’écologie. Nous serons aussi amenés, le jour venu, comme nous nous y étions engagés durant le Grand débat, à faire à votre gouvernement des propositions concernant, cette fois, la revitalisation de la démocratie sociale. Je parle ici des syndicats et du monde associatif, aux responsabilités respectives très différentes mais tous acteurs décisifs de notre vie collective et qui, à l’image de tous les autres, peuvent et doivent voir leur rôle être mieux reconnu et, le cas échéant, évoluer.
Monsieur le Premier ministre, le groupe La République en marche votera la confiance comme il l’a fait chaque fois quand vous avez sollicité son vote.
À ce stade du discours, il est d’usage d’assortir cette affirmation de nuances ou de conditions. Confiance rimerait avec vigilance ou irait de pair avec exigence.
Ce n’est pas du tout l’esprit qui nous anime. En revanche, la crise de l’hiver dernier, la manière dont nous avons planté les premières graines de sa résolution et les enseignements du grand débat national nous ont beaucoup appris sur notre manière de gouverner. Les Français, je l’ai dit, souhaitent que nous les rassemblions autour d’un projet, et le rassemblement, ainsi que la nécessaire considération qui va de pair, comptent au moins autant que le projet lui-même.
Le rassemblement des Français commence par celui de la majorité tout entière, cette majorité que nos concitoyens, défiant toutes les lois de l’apesanteur politique, ont choisi de donner au Président de la République en 2017 pour réaliser le programme sur lequel ils l’avaient élu.
Le rôle que vous jouerez, personnellement, dans la réussite de ce rassemblement, sera décisif, rassemblement dans le respect scrupuleux de la diversité de notre majorité, qui est aussi sa principale richesse, et en faisant de l’équilibre de ses sensibilités politiques le point d’appui constant de votre action.
Le Groupe La République en marche vous fait confiance, monsieur le Premier ministre, confiance réciproque, bien sûr, qui sera le gage de notre réussite collective, au service du pays.

► Patrick Mignola (Mouvement démocrate, MoDem)
Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, chers collègues, l’acte II du quinquennat sera celui du peuple, le peuple français qui attend un nouvel « en même temps » Cet acte II sera celui de l’ambition pour le pays et de l’attention à chacun de ses citoyens, celui qui prépare l’avenir de ses enfants en le conjuguant au présent de ses habitants.
En 2017, les Français ont renversé la table pour élire le plus jeune Président de la Ve République, et ils lui ont donné une majorité, la nôtre, pour gouverner, car leur pays ne tenait plus ses promesses, car ses dirigeants ne tenaient pas les leurs. Percluse de renoncements et de reculades, victime de quinquennats qui durent deux ans, la France arrêtée dans un monde qui avance, la France immobilis in mobile, avait cessé de leur donner des chances, quels que soient leurs efforts pour les saisir.
Alors, monsieur le Premier ministre, vous qui, en effet, arriviez d’ailleurs mais partagiez avec nous le diagnostic, le projet et son urgence, vous avez avec votre Gouvernement, et nous avons avec la majorité, déployé toute l’énergie possible pour remettre le pays en mouvement. Avancer là où, trop souvent, on avait reculé, réformer quand on annonçait la réforme impossible, réparer ce qui pouvait l’être au plus vite et transformer pour ne plus avoir à réparer ensuite : vous vouliez, nous voulions, tenir tous les engagements du Président de la République parce que nous n’avions plus le droit de manquer à notre parole.
Nous avons obtenu des résultats concrets. Le chômage baisse, la croissance augmente, le gain de pouvoir d’achat paie aujourd’hui un demi-loyer et paiera, demain, un treizième mois pour tous les travailleurs de ce pays. Pourtant, les Français continuent, selon le titre provocateur d’Hervé Le Bras, de Se sentir mal dans une France qui va bien. C’est de notre faute, mais pas seulement de la nôtre. Une objectivité intellectuelle, même sommaire, aurait pu conduire l’oratrice qui m’a précédé à cette tribune à en convenir. Mais va, quand on est aux responsabilités, on assume même celle des autres ! Mais c’est bien notre responsabilité si les Français pensent que ce qui est accompli pour le pays ne se traduit pas assez vite, et pas pour tous dans leur quotidien. Portons-la donc, cette responsabilité, non pas comme un cilice, mais comme une aspiration à faire mieux et à faire avec eux.
Vous l’avez dit tout à l’heure, nous n’avons pas suffisamment comblé les failles sociales profondes et les inégalités que la mondialisation avait creusées entre ceux qui avaient su suivre et ceux qui n’avaient pas pu, ou parfois pas voulu, car ce monde leur était étranger dans un pays qui n’avait pas su les y préparer. Comme souvent en politique, la caricature facile est venue, celle d’un Président des riches alors qu’il ne l’était guère de naissance, celle d’un Président des métropoles alors qu’il n’en était guère d’origine. Les Français ont mis un maillot jaune et nous ont fait faire le Tour de France du grand débat : un grand peuple, un exercice démocratique inédit, à régulièrement réitérer ! Vous l’avez exprimé tout à l’heure, monsieur le Premier ministre, et nous devons vous savoir gré de cette humilité, si rare en politique, notre majorité était sûrement celle de la France mais pas assez celle des Français.
Alors oui, l’acte II sera celui des Français rassemblés. Au terme de l’acte I, le pays est debout ; à l’acte II, il doit marcher, et marcher ensemble. C’est d’ailleurs le titre de la pièce : En Marche ! Et c’est le groupe du Mouvement Démocrate qui le signe !
Nous devons continuer à mettre en mouvement le corps politique et social, mais en réaffirmant, aux côtés des Français, l’horizon vers lequel nous avançons ensemble. Notre projet est celui d’une économie libérée mais régulée, au service d’un modèle social unique au monde et de l’immense défi environnemental que notre génération a la responsabilité de relever, une société du progrès partagé, qui corrige les excès du capitalisme mondialisé pour que le fruit du travail des petits ne soit plus capté principalement par les grands.
Nous n’acceptons pas que le salarié de l’industrie gagne mieux sa vie, mais enrichisse principalement l’actionnaire et finance des parachutes dorés, que l’ouvrier du bâtiment nourrisse plus sûrement le propriétaire foncier qui a vendu son terrain, que l’agriculteur se lève tous les jours pour survivre, mais fasse d’abord prospérer la grande distribution. Nous sommes favorables à l’économie ouverte et libre, car la France a beaucoup à y gagner, mais nous assumons de la réguler, car il n’y a aucun calcul de croissance qui vaille s’il ne tient pas compte de nos empreintes écologiques et de l’épanouissement humain. Nous voulons la croissance et le capital, mais la croissance verte et le capitalisme à visage humain !
Alors oui, monsieur le Premier ministre, le groupe du Mouvement Démocrate et apparentés fait confiance à votre Gouvernement pour continuer à réformer le pays en répondant mieux aux attentes sociales. Oui, nous devons réformer l’assurance-chômage et tout notre effort doit être concentré sur ceux qui sont éloignés de l’emploi. Ceux qui disposent des compétences pour retrouver un travail doivent le faire sans attendre, car l’assurance-chômage est une couverture sociale et pas un droit de tirage pour les entreprises et certains salariés permittents.
Nous devons aussi aux Français cette grande loi de prise en charge de la dépendance, qui concerne toutes les familles et engage nos dignités individuelles et collectives.
Nous leur devons une vraie réforme des retraites, concertée, rassurante et ambitieuse, comme celle que nous venons d’accomplir pour la fonction publique.
Face aux défis technologiques, nous devons être au rendez-vous de la loi bioéthique, à la fois pour tenir la parole du Président de la République et pour réfléchir ensemble à notre cadre de vie commun.
Face au défi climatique, nous devons poursuivre nos efforts en légiférant en faveur de l’économie circulaire, de l’énergie, mais aussi de l’eau, dans sa protection comme dans sa gestion sur nos barrages, car elle est un bien précieux de l’humanité. Nous voulons une écologie politique nouvelle, qui sorte des constats, des intentions et des victoires symboliques sans réalisme et sans effets, qui ne se satisfasse pas du statu quo, car les Français ne peuvent pas tout supporter d’un seul coup, mais qui progresse, entraîne et organise des transitions efficaces et irréversibles.
Nous devons relever un défi démocratique : inventer une citoyenneté nouvelle. Les Français veulent être mieux associés et entendus par une démocratie plus interactive, par la vitalité des collectivités locales et par une représentation plus équitable de leurs élus nationaux. Il est indispensable, comme vous l’avez rappelé, que nous bâtissions avec les maires un nouveau contrat républicain, sur la fiscalité locale, sur l’adaptation de la loi NOTRe et, nous le pensons aussi, sur l’engagement des élus.
Les maires, ce n’est pas un réseau politicien, c’est d’abord la vie quotidienne des Français et la courroie d’application indispensable à nos décisions !
Sur la révision constitutionnelle et institutionnelle, nous avons l’opportunité formidable d’inscrire l’écologie, la différenciation territoriale, la démocratie participative, la réforme de la justice dans la Constitution, et la représentation proportionnelle dans la loi. S’agissant de la réduction du nombre de parlementaires, travaillons à une solution commune avec le Sénat pour réaliser un engagement auquel tiennent les électeurs. La Haute Assemblée et la Chambre Basse peuvent peut-être se rejoindre à une hauteur commune, celle des attentes des Français !
Pour mettre en œuvre ce projet et ces réformes, pour que la société politique contemporaine ne soit plus, comme le disait Camus, « une machine à désespérer les hommes », vous avez besoin d’une majorité solide et ouverte et les Français ont besoin, nous le pensons profondément au sein du Mouvement Démocrate, d’un Parlement fort qui vote des lois efficaces. Notre majorité doit s’enorgueillir de ressembler à la France, qui ne saurait être elle-même si elle donne la préférence au rétroviseur pour cultiver son identité plutôt que de porter le regard à l’horizon pour son avenir.
Certes, nous venons de la gauche, de la droite et du centre mais, face à un problème des Français, nous ne devons pas nous demander s’il sonne de gauche ou s’il sonne de droite, nous devons apporter des solutions.
C’est parce que trop longtemps la droite a clivé sur les sujets sociétaux que la France a ouvert des plaies et nourri des divisions ; c’est parce que trop longtemps la gauche a nié les libertés économiques dans leur principe qu’elle n’a pas su en juguler les excès. Les Français ont dépassé le clivage en 2017, l’ont confirmé en 2019 ; ils ne nous demandent pas de nous renier, mais de nous dépasser pour le bien du pays. Notre majorité ne doit pas cultiver ses différences au moment où, au contraire, elle doit s’ouvrir à plus différent qu’elle dans l’intérêt du pays. Notre majorité gagnera à s’ouvrir à de nouveaux soutiens, en respectant leurs différences, plutôt qu’à cultiver les siennes.
Au Parlement, n’oublions pas de faire la loi pour le peuple, et donc de la faire bien !
Si la loi est celle du peuple, elle n’est pas nécessairement la liste de toutes les envies des administrations centrales. Elle est celle discutée avec la représentation nationale. Et si la loi est celle de la République, elle n’est pas non plus le réceptacle des marottes de tous les parlementaires. Si nous voulons accomplir tout ce qui est de notre charge, chers collègues, pensons moins au site nosdeputes.fr qu’au peuple et à ce qu’il attend de nous!
Monsieur le Premier ministre, en nous demandant si nous avons confiance en vous, vous nous demandez aussi si vous pouvez avoir confiance en nous. La réponse du Mouvement démocrate et apparentés est bien sûr positive, et elle est exigeante, vis-à-vis de vous et de votre gouvernement. Et elle est exigeante vis-à-vis de nous-mêmes. Car cette confiance engage notre parole devant les Français.

► Jean-Christophe Lagarde (Union des démocrates et indépendants, UDI)
Monsieur le Premier ministre, le discours de politique générale que vous venez de prononcer doit inaugurer l’acte II du quinquennat. Vous me permettrez ce clin d’œil personnel : je trouve de bon augure qu’il ne soit pas cette fois-ci escamoté par un discours que le chef de l’État aurait prononcé la veille – j’y vois un changement de méthode et une meilleure appropriation de l’esprit de nos institutions.
L’acte I s’est achevé par la force des choses et des manifestations. Au cours des six derniers mois, vous êtes intervenu solennellement quatre fois à cette tribune. Ces quatre moments rapprochés où Assemblée et Gouvernement se sont retrouvés face à une situation d’incertitude montrent à quel point le semestre que nous venons de vivre a été troublant, inquiétant, souvent dangereux, en tout cas crucial. Il nous semble hélas que si nous avons subi une telle période, c’est avant tout parce que la majorité a commis la même erreur que toutes celles qui l’ont précédée : croire qu’elle avait toujours raison par la grâce d’une élection. C’est du reste un peu par ce constat que vous avez terminé votre intervention.
Si vous voulez réussir un acte II du quinquennat, il nous semble que c’est ce changement-là qui est le plus nécessaire et urgent. La capacité d’écoute, monsieur le Premier ministre, chers collègues, n’est pas synonyme de paralysie, c’est une faculté d’entraînement. Savoir prendre les alertes venant d’autres rangs pour ce qu’elles sont et non pas pour des attaques n’est pas une faiblesse mais au contraire une force. La volonté d’accepter des compromis n’est pas un reniement mais un élargissement.
Lorsqu’il évoque les majorités de projet, l’ouverture, les mains tendues et les compromis nécessaires, le président Patrick Mignola parle d’or – et aucune majorité n’a su le faire jusqu’à présent. Voilà ce que notre groupe attendait depuis le début du quinquennat ! C’est ce qui motivait notre abstention d’espoir en 2017 sur votre première déclaration politique générale. Malheureusement, je ne peux pas vous citer d’exemple réussi qu’il faudrait reproduire. En revanche, j’ai quelques  contre-exemples, comme la question du statut des aidants familiaux.
L’an dernier, une proposition de loi défendue par notre collègue Paul Christophe et nos amis sénateurs, prévoyant une indemnisation de ces Français dont vous avez raison de rappeler qu’ils soufrent parce que fragilisés par la vie, a été vidée ici même d’une grande partie de son contenu. Pourtant, quelques mois plus tard, le Président de la République annonçait qu’un statut serait créé pour ceux qui consacrent leur temps à épauler un proche en situation de dépendance. Et quand un rapport commandé par la ministre des solidarités et de la santé a préconisé une indemnisation, nous nous sommes réjouis car nous ne revendiquons aucun droit de propriété sur les idées – même pas les nôtres. Mais nous regrettons le temps perdu, les mains tendues et non saisies. Nous attendons l’avenir pour voir.
Nous voulons néanmoins aborder ce que vous considérez comme un acte II avec lucidité et honnêteté. Contrairement aux caricatures habituelles selon lesquelles le Gouvernement n’aurait commis que des erreurs ou connu que des échecs contre lesquels nous aurions tenté de le prévenir, nous estimons qu’il a aussi des réussites à son actif.
Notre pays a progressé en matière d’éducation, d’assouplissement des relations au travail, d’attractivité économique, qui est sans doute le facteur le plus important pour faire reculer le chômage, et de baisse du chômage, qui est d’ailleurs plus forte qu’il n’y paraît. En effet, si le chômage a baissé en apparence d’environ 200 000 personnes, au sens du Bureau international du travail, il faut ajouter à ce chiffre les 80 000 emplois aidés supprimés de la sphère publique qui ne sont pas venus grossir les rangs de pôle emploi : cela signifie que notre économie compte environ 280 000 chômeurs de moins. La situation s’est donc améliorée, même si elle reste fragile – les salariés d’Ascoval, dans la circonscription de Béatrice Descamps, ceux de General Electric, dans celle de Michel Zumkeller, le savent mieux que quiconque.
Après les longues semaines du grand débat, le chef de l’État a admis avoir appris sur la France et sur les Français. Il a revendiqué d’avoir changé, et il a accepté de revenir avec humilité sur des erreurs comme la hausse de la CSG pour tous les retraités, la taxation des carburants, qui ne servait pas l’environnement,  ou encore l’absence de prise en compte des réalités locales, contrairement à ce que nous demandions, pour la limitation de la vitesse à  80 kilomètres par heure. Nous vous en donnons acte.
Nous restons néanmoins très préoccupés par la fracture territoriale qui s’amplifie entre les métropoles mondialisées, d’un côté, et les banlieues et territoires ruraux de l’autre, au risque de les voir s’affronter. À nos yeux, cela doit devenir l’une de vos priorités fondamentales. La France qui réussit doit profiter à tous lorsque sa situation s’améliore. À ce propos, et après vous avoir entendu, monsieur le Premier ministre, je regrette le report sine die d’une réforme constitutionnelle qui aurait au moins permis d’établir le droit à la différenciation, à nos yeux indispensable à la performance de nos territoires et à l’efficacité de leurs politiques.
Sur plusieurs sujets, vous avez le mérite d’avoir rattrapé un retard pris par notre pays depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies, malgré les alternances. Mais il a parfois manqué le cap pour aller plus loin et, au-delà du rattrapage, pour prendre de l’avance. C’est possible, c’est surtout souhaitable pour les réformes à venir, qui seraient porteuses de d’autant plus de sens pour les Français.
Je pense à une vision globale et ambitieuse de la transformation de notre modèle écologique, ou à la baisse de l’impôt sur le revenu qui, de notre point de vue, ne doit pas concerner uniquement les contribuables relevant des deux premières tranches d’imposition – nous ne disons pas cela au profit des plus hauts revenus, mais parce qu’il est nécessaire de revoir la politique générale d’imposition de notre pays. Cela ne peut d’ailleurs pas se faire en trois ans, mais sans doute cela peut-il se préparer, ne serait-ce que pour la suite.
Je pense aussi à la programmation de moyens pour la dépendance, dont nous parlons depuis douze ans au moins dans le débat public et dans l’hémicycle et qui n’a malheureusement jamais connu le plus petit début de réalité, cependant que la situation s’aggrave. Vous avez raison de dire que les moyens nécessaires sont considérables. Raison de plus pour s’atteler à la tâche le plus tôt possible, car, le temps passant, la difficulté ne fait que croître. Je pense encore à l’indispensable réforme des retraites et à la réindexation des petites retraites, ou au nouvel acte de décentralisation tant attendu – hélas ! pour l’instant privé du droit à la différenciation.
Nous accueillons votre agenda, mais nous restons attentifs et vigilants quant à ce que sera son contenu réel. Nous espérons toujours un nouveau pacte social, fiscal et écologique, qui s’attaquera aux racines et pas seulement aux symptômes. Ce pacte ne peut être construit que collectivement, avec l’ensemble des forces politiques volontaires, avec les élus locaux, avec les syndicats réformistes et les corps intermédiaires qu’il faut entendre pour les mobiliser. Le problème n’est pas ce fameux « manque de pédagogie » derrière lequel nous avons vu toutes les majorités s’abriter quand elles rencontraient des difficultés : c’est, au contraire, un besoin de concertation et de mains tendues sur chaque projet. À la fin de votre intervention, monsieur le Premier ministre, vous avez dit l’avoir compris ; nous apprécierons les actes.
Cette politique de l’ouverture est nécessaire, pas par calcul, mais parce que l’unité du pays a été sérieusement abîmée ces dernières décennies. Elle est à construire. Elle doit se faire dans un cadre de responsabilité, pas aux frais financiers ou environnementaux de la prochaine génération, pas sur le dos de nos enfants. Réduire les impôts avec une dette à 2 300 milliards d’euros sans un plan sérieux de réduction de la dépense publique, c’est satisfaire les parents en alourdissant la facture pour les enfants.
C’est aussi au-delà de nos frontières que nous devons construire des réponses, en direction des populations déboussolées d’une mondialisation dérégulée. Le Président de la République en a fait le juste constat, hier, devant l’Organisation internationale du travail : quand un système économique laisse tant de citoyens sur le côté de la route, il devient illégitime à leurs yeux. Réintroduire des règles de concurrence équitables et protectrices de notre environnement est la seule façon de rétablir une confiance durable, un espoir. C’est particulièrement vrai pour l’Europe, qui est notre seul outil possible pour peser efficacement dans le monde et, en même temps, pour reconquérir des souverainetés perdues face à de grandes puissances continentales qui usent et abusent de la dérégulation mondiale.
À nous de forger cet outil en abandonnant le culte de la concurrence libre et non faussée qui obsède la Commission de Bruxelles depuis longtemps ; à nous de faire de l’euro une monnaie qui nous émancipe du dollar ; de faire face aux géants d’internet qui pillent nos données pour s’enrichir ; de bâtir une recherche européenne qui nous évite le décrochage technologique en cours ; d’utiliser la politique agricole comme un modèle d’aménagement du territoire, de préservation de l’environnement et d’amélioration de la santé par l’alimentation ; de mobiliser l’épargne populaire pour lutter contre le réchauffement climatique – autrement dit, de faire de l’environnement une priorité pas seulement pour nous – et d’imposer le respect de nos propres règles environnementales aux produits que nous importons. Nous savons que la situation politique en Allemagne ne facilite pas les choses, mais cela ne doit pas vous faire perdre de vue ces impérieuses nécessités.
Comme je vous le disais, nous attendons de cet acte II qu’il parle enfin à toute la France, celle qui vous a soutenus au second tour de l’élection présidentielle, et surtout qu’il s’adresse à la multitude de ceux qui se sentent oubliés, dont vous parliez tout à l’heure. C’est votre seconde chance pour le faire. Peut-être est-ce la dernière. Lorsqu’on dirige la France, en politique comme dans les autres domaines, il n’y a pas d’ennemis. Ceux qui ne sont pas à 100 % d’accord à vous, ne sont pas à 100 % contre vous. Il ne faut jamais attendre d’être au pied du mur pour débattre et échanger les points de vue.
« Nous ne reprendrons pas le cours normal de nos vies » avait dit le Président de la République le 10 décembre dernier. Rien ne serait pire que des espoirs déçus, que des leçons oubliées, bref, qu’un repli partisan, alors que l’état délabré de notre lien social commande le contraire. Le groupe politique UDI et indépendants suit une ligne constante depuis le début : il est constructif, comme le sont, en fait, tous les Français. Être constructif, c’est parfois dire « non » pour faire réfléchir, mais c’est toujours dire « oui » au meilleur compromis, à condition qu’il soit rendu possible, ce qui nécessite d’être au moins deux.
Cela nous a conduits, depuis le début du quinquennat, à refuser la défiance automatique, systématique, et finalement caricaturale à force d’être mécanique. Mais la confiance n’est pas non plus un a priori : elle se construit par l’exercice du réel au-delà des discours et des mots. Cela demeure notre attente. Le groupe UDI et Indépendants l’exprimait, en 2017, par une abstention d’espoir qui n’a pas été satisfaite. Aujourd’hui, ce sera pour nous, majoritairement, une abstention d’attente de voir se traduire en acte les nouvelles intentions que vous venez d’afficher.


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