vendredi 25 décembre 2020

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le Brexit est un bienfait pour l’idée européenne

Pour qu’il n’y est pas de méprise, il convient de dire en préambule que le départ effectif du Royaume Uni de l’Union européenne au 1er janvier 2021, avec une période de transition et un accord qui doit encore être avalisé par 28 parlements, n’est factuellement pas une bonne nouvelle pour les Européens et l’Union européenne.

Pour la première fois l’UE rétrécit au lieu de grossir tant en matière de territoire que de population qu’économiquement et politiquement parlant.

Pour la première fois un pays la quitte au lieu de la rejoindre (on ne parle pas du cas différent de la Norvège qui avait refusé son adhésion après un référendum).

Et des millions de gens vont être impactés négativement dans leurs vies quotidiennes.

Concrètement, la présence des britanniques dans une Europe unie se conclut sur un échec qui à un coût matériel et surtout humain pour l’UE et, avant tout, le Royaume Uni.

Ayant dit cela, il est tout aussi évident que leur sortie est un bienfait pour l’idée européenne et doit être une opportunité saisie par les 27 membres restant (ou par certains d’entre eux) de refonder cette union vers une plus grande intégration, une plus grande coopération et la volonté d’être enfin cette entité qui, seule, leur permettra de ne pas être une agrégation de 27 petites et moyennes nations qui subiront le monde mais d’être, collectivement, un des acteurs qui le forge et le modèle pour le bien de ses habitants mais également de toute la planète tant les valeurs humanistes portées par le projet européen sont nécessaires dans ce monde chaotique et instable.

Il ne faut surtout pas porter le deuil mais se réjouir de ne plus avoir au sein de l’UE un pays qui a tenté de la détruire avant d’y entrer, de la manipuler et de la déstabiliser constamment pendant qu’il en était et qui projette, une fois dehors, de continuer cette manipulation et cette déstabilisation éventuellement pour sa destruction.

Il faut se réjouir de pouvoir ouvrir une nouvelle étape de ce projet européen et saisir l’opportunité d’avancer avec tous les membres prêts à jouer le jeu d’une vraie Europe intégrée.

Il faut se réjouir de ne plus avoir dans ses rangs le pays qui mettait systématiquement des obstacles aux décisions et à la gouvernance de l’UE et en profiter pour élaborer une vraie réforme institutionnelle.

Mais, pour cela, il faut des gouvernants responsables et compétents qui comprennent réellement les enjeux et les défis qui sont devant l’Union européenne et, surtout, qui les parviennent à les faire partager par tous les Européens tout en prenant les mesures adéquates sans trembler, sans renoncement qui sont nécessaires et en arrêtant d’accuser sans cesse l’union de tous leurs manquements nationaux.

Parce que, si l’on peut être, comme moi, un Européen convaincu par idéal d’un monde uni et régi par l’humanisme et la démocratie, l’impératif est tout autre aujourd’hui.

En réalité, il ne s’agit même plus de rêver l’Europe, elle est une injonction catégorique pour que ceux qui la composent ne soient pas laissés sur le bord de la route du XXI° siècle.

Que le Royaume Uni ait refusé ce destin commun, c’est son problème désormais.

Que l’Union européenne n’approfondisse pas les liens qu’elle a tissés au cours de son existence serait une erreur monumentale, pire, une faute historique.

Et le Brexit lui en donne l’occasion.

 

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