mercredi 23 décembre 2020

Une Semaine en Centrisme. L’urgence d’un parti centriste aux Etats-Unis

Alors que l’on s’apprête, enfin, à chasser du pouvoir – auquel il s’accroche de toutes ses forces crapuleuses pensant même maintenant à instaurer la loi martiale, donc faire un coup d’Etat, pour se maintenir au pouvoir – un démagogue qui a encore un peu plus perverti l’idéal d’un parti qui n’a plus de républicain que le nom pour inaugurer la présidence d’un centriste déjà fortement critiqué par l’aile gauche du Parti démocrate de plus en plus partisane et de moins en moins démocrate, la création d’un vrai et grand parti centriste étasunien est d’une urgence évidente.

Ne serait-ce que pour défendre la démocratie républicaine.

C’est vrai que l’on en parle depuis longtemps et que si toutes les tentatives, nombreuses, qui se sont faites jour pour proposer une nouvelle offre politique aux Américains, ont été des échecs, il semble exister une réelle fenêtre pour qu’une initiative centriste voit le jour et puisse s’implanter.

Car l’intolérance de plus en plus grande de la Droite et de la Gauche, prisonnières de leurs ailes radicales et extrémistes, est devenue un réel repoussoir pour un grand nombre d’Américains qui sont obligés de voter démocrate s’ils ne partagent pas les idées réactionnaires des républicains et républicain s’ils ne veulent pas d’un monde communautariste voulu par les démocrates où, chez les uns et chez les autres, l’intolérance, le rejet, voire la mise au pilori, de ceux qui ne pensent pas comme eux, la violence et les pratiques totalitaires sont devenus leur mode d’action.

Mais un troisième parti national et situé au centre de l’échiquier politique – et malgré ce que l’on vient de dire – aurait-il une chance de se hisser à la hauteur des deux qui dominent la vie politique depuis le milieu du XIX° siècle, de l’emporter lors d’une présidentiel ou même, tout simplement, d’exister électoralement parlant?

D’autant que le système des grands électeurs pour la présidentielle et majoritaire à un tour pour les représentants et les sénateurs ne facilitent guère l’implantation d’une nouvelle formation

Les politistes et politologues s’écharpent sur cette question depuis longtemps.

Beaucoup de spécialistes estime qu’il n’existe pas d’espace politique suffisant pour une formation centriste alors que d’autres prétendent le contraire.

Ici les chiffres se contredisent et permettent à chacun de prétendre avoir raison!

Ainsi, les sondages récurrents sur l’envie d’un parti du Centre montrent qu’une majorité d’Américains sont pour, entre 58% et 60%, par exemple, pour celui de l’institut Gallup qui a été réalisé à périodes répétées au cours des deux dernières décennies.

A l’inverse, la part des «independents» (ceux qui affirment n’être affiliés à aucun des deux grands partis) qui se disent centristes est d’environ 15% selon les enquêtes d’opinion (les autres étant proches de ces partis et parfois même beaucoup plus radicaux quant à leur positionnement partisan).

Néanmoins, cela ne signifie pas qu’une partie de l’électorat républicain et, surtout, une partie de l’électorat démocrate ne soient pas centristes et que s’il y avait la possibilité de voter pour une formation située au centre de l’échiquier politique qui aurait une vraie chance de l’emporter, ils ne portent pas leurs bulletins en sa faveur.

Tous les sondages montrent qu’il existe une frange non-négligeable d’électeurs républicains et surtout démocrates qui se disent centristes.

La victoire du centriste Joe Biden, d’abord lors de la primaire démocrate puis lors de l’élection générale en est une preuve.

Tout comme l’avait été les deux mandats de Barack Obama auparavant.

Reste qu’il faudrait la conjonction de plusieurs éléments en sa faveur pour qu’une nouvelle formation voit le jour.

Si l’on peut estimer que l’une d’elle, une crise de la démocratie à laquelle se surajoute une crise de la société sur laquelle s’est greffée les crises sanitaire, économique et sociale, est remplie, une autre, tout aussi importante ne l’est pas, des personnalités de premier plan qui s’investissent dans l’entreprise.

Ainsi, une des seules initiatives qui fut couronnée d’un certain succès fut la création d’un parti progressiste au début du XX° siècle qui bénéficia de l’aura d’un de ses leaders, l’ancien président extrêmement populaire, Theodore Roosevelt qui était, par ailleurs, un centriste.

Pour autant, sa candidature à la présidentielle de 1912 fut un échec puisqu’il ne parvint pas à l’emporter et les progressistes disparurent au fil des ans et des élections.

Aujourd’hui on ne voit pas un Barack Obama, un Bill Clinton ou une Hillary Clinton quitter le Parti démocrate et fonder un parti centriste.

Quant à Mickael Bloomberg qui se positionne comme «independent», il a dû, à chaque fois qu’il s’est présenté à une élection, s’affilier à l’un des deux grands partis existants (républicain lorsqu’il concourra avec succès pour la mairie de New York, démocrate lorsqu’il tenta sans succès d’être candidat à la présidentielle de cette année).

Reste que si l’émergence d’un parti centriste puissant ressemble plus à une gageure qu’à une réelle possibilité du fait de tous les obstacles dont nous venons de parler, l’urgence, elle, est bien là.

Et parfois l’urgence soulève des montagnes.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

 

 

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