samedi 30 avril 2022

Editorial du CREC. Deuxième quinquennat de Macron: continuité, rupture ou les deux en même termps?!

Emmanuel Macron a affirmé que son second quinquennat serait, à la fois, une continuation et une rupture des cinq années passées.

Voilà qui ressemble à la quadrature du cercle…

On comprend que le président sortant devait, à la fois, lors de la campagne électorale, chercher à garder la confiance de ceux qui avaient voté pour lui en 2017 et à convaincre ceux dont il avait besoin pour battre la candidate d’extrême-droite.

Ceci étant dit, il y aura donc un changement dans la continuité!

C’est comme cela qu’il faut comprendre son appel à trouver des «compromis».

On l’a vu avec l’aménagement de la réforme des retraites qu’il veut réaliser où il fallait réaffirmer la nécessité d’une transformation du système tout en laissant la porte ouverte à une négociation qui amenderait plus ou moins fortement le projet.

De même avec sa volonté d’être encore plus volontariste en ce qui concerne les mesures en faveur de l’environnement et de lutte contre le changement climatique alors même que nombre de mesures ont déjà été adoptées et que la ligne fixée cherchait à établir une sorte d’équilibre entre croissance et maîtrise des menaces écologiques.

Mais, dirons certains, n’était-ce pas le cœur de l’ambition politique qu’il proposait en 2017 avec le «en même temps», le «ailleurs», le «ni droite, ni gauche» et le «et de droite, et de gauche»?

Oui et non.

Oui, parce que ce qu’il souhaite toujours faire est de prendre en compte l’ensemble d’un problématique pour trouver la meilleur solution.

Non, parce que ce qu’il a promis c’est de trouver un compromis, non pas entre des solutions différentes mais par rapport aux opinions divergentes des Français sur telle ou telle question.

D’où d’ailleurs sa volonté de faire nombre de grands débats, de conventions citoyennes, de discussion entre les partenaires sociaux et l’Etat et peut-être des référendums tout en cherchant un consensus au Parlement.

Vaste dessein qui ressemble quelque peu à une sorte d’union nationale qui ne veut pas dire son nom.

Cette vision d’Emmanuel Macron n’est pas nouvelle, lui qui voulait réconcilier droite et gauche, mais elle s’est aussi imposée à lui suite aux diverses crises de son premier quinquennat avec la contestation de la démocratie républicaine notamment lors du mouvement de foule des gilets jaunes, avec l’épidémie de la covid19 qui a mis en tension l’appareil d’Etat et le système de soins, avec la guerre de Poutine contre l’Ukraine qui est une menace, à la fois, sur la paix mais également la prospérité comme le montrent la baisse de la croissance et l’inflation.

Reste que cette proposition qui ressemble à un oxymore d’un changement dans la continuité, où la rupture d’avec avant doit s’accorder avec la poursuite de ce qui a été fait, semble au premier abord impossible à faire même si l’on peut imaginer des compromis et des consensus avec la prise en compte d’urgences comme pour la question du climat.

Cependant, un des grands obstacles à cette mise en œuvre d’une telle politique – outre la paralysie d’une discussion sans fin lors des diverses instances populaires réunies – vient  de ce que les forces qui s’opposent à Emmanuel Macron ne sont en recherche ni de compromis, ni de consensus mais de bloquer sa présidence ou de gouverner à sa place.

C’est pourquoi les élections législatives seront si importantes pour définir, à la fois, la manière dont le président gouvernera et la façon dont se positionnera son opposition.

S’il remporte une large victoire, il pourra imposer son agenda avec cette ouverture du dialogue.

Jusqu’où, personne ne peut le dire parce que nombre de paramètres ne peuvent être appréhendés correctement et que les événements non-voulus et imprévus sont capables de changer la donne.

En revanche, s’il ne ressort aucun gagnant véritable, une sorte d’immobilisme pourrait empêcher le compromis nécessaire parce que contrairement à ce que l’on croit personne ne voudra apparaitre comme faible en acceptant les mains tendues.

Et s’il perd les législatives la question ne se posera même pas même si une cohabitation amènera à trouver dans certains domaines des solutions communes mais qui seront loin du compromis et du consensus nécessaires.

 

 

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