mardi 19 mai 2020

Vues du Centre. , Création d’un nouveau groupe de députés, épiphénomène politique mais malheureusement pas politicien


Par Jean-François Borrou

Assemblée nationale
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.

Or donc un nouveau groupe a été formé à l’Assemblée nationale.
Il n’est pas composé d’une cinquantaine de membres comme ont voulu nous le faire croire ses créateurs – et des médias en quête de sensationnalisme anti-Macron – il y a quelques semaines, ni même de la vingtaine qu’ils revendiquaient encore il y a quelques jours mais d’une quinzaine (17 très exactement).
Ses membres viennent essentiellement de LaREM qu’ils soient partis (voire exclus pour plusieurs d’entre eux) du parti présidentiel depuis les trois dernières années ou à l’occasion de la formation de ce groupe qui a décidé de s’appeler «Ecologie démocratie solidarité» dans une volonté manifeste de tenter de récupérer trois mots à la mode et tellement instrumentalisés ces derniers temps.
La principale information qui préside à ce nouveau rassemblement de députés n’est pas les personnes qui le composent, ni même ses idées mais le fait qu’il fait perdre la majorité absolue à LaREM à l’Assemblée nationale (mais qui pourrait la retrouver bientôt) mais pas à la majorité présidentielle qui est toujours dominante avec l’apport des élus MoDem et ceux d’Agir.
C’est dire le peu d’importance politique de cette initiative et de ses membres qui prétendent ne vouloir être «ni dans la majorité, ni dans l’opposition», ce qui signifie, évidemment, qu’ils sont dans l’opposition puisqu’ils ont quitté la majorité…
Certains se sont émus, à juste titre, que les promoteurs de ce groupe aient choisi une crise pandémique avec toutes ses implications sanitaires mais aussi économiques, sociales et sociétales pour jouer leurs cartes personnelles au moment où le pays a plus besoin d’unité que de division.
D’autres notent que la raison évoquée, les soi-disant dérives droitières du Président de la République et du Gouvernement, semble un peu à contretemps au moment où le pouvoir amorce un virage à gauche pour sortir le pays d’une possible catastrophe économique et sociale.
Mais, justement, pour ces «dissidents», c’était maintenant ou jamais.
Car leur volonté de scission qu’ils ont habillée d’un vernis idéologique aurait été de moins en moins crédible dans les semaines et les mois qui viennent avec les mesures qui vont être prises.
Dès lors, il fallait accélérer le mouvement quitte à ne se retrouver qu’une poignée et en espérant être le réceptacle à d’autres défections dans le futur.
Quant à leur «ambition» qui est de «Répondre à l’urgence écologique, moderniser la démocratie, réduire les inégalités sociales et territoriales», elle est identique à celle de la majorité qu’ils viennent de quitter!
Parlons un peu maintenant de ceux qui ont rejoint ce groupe.
On y trouve, notamment, deux personnages qui n’en sont pas à leur première trahison politique.
Il y a d’abord l’ancienne socialiste Delphine Batho qui, mécontente du sort qu’on lui fit sous le précédent quinquennat, devint une opposante absolue à François Hollande après avoir fait partie de son gouvernement.
Il y a Cédric Villani, celui qui n’a pas accepté de ne pas être nommé comme candidat LaREM pour les municipales à Paris et qui avait déjà trahi son engagement politique en se présentant contre le candidat officiel du parti puis refusant tout rapprochement par la suite.
On y trouve également Matthieu Orphelin, un proche de Nicolas Hulot, ce ministre qui déversa sa rancœur contre un gouvernement dont il fut le ministre de la Transition écologique lorsqu’il se rendit compte que faire de la politique ne ressemblait pas exactement à animer une émission de télévision.
Quant à Aurélien Taché, son parcours démontre plus une ambition personnelle que politique.
Notons enfin que s’il n’existe pas de mandat impératif pour un élu dans une démocratie républicaine libérale et parlementaire, et heureusement, aucun des membres de ce nouveau groupe n’a envisagé un seul moment d’aller se représenter devant les électeurs pour savoir s’il avait encore une légitimité après avoir retourné sa veste.
Car élus pour défendre une politique qui n’a pas changé fondamentalement depuis l’élection d’Emmanuel Macron, leur décision aurait sans doute nécessité une nouvelle élection.
Reste que, pour l’instant, la création de ce groupe est un épiphénomène politique mais malheureusement pas politicien.

Jean-François Borrou


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